Parc-aux-cerfs (Versailles)

quartier de Versailles à l’époque de Louis XV, aujourd'hui quartier Saint-Louis

Le Parc-aux-cerfs est le nom donné à un quartier de Versailles à l’époque de Louis XV, correspondant aujourd'hui au quartier Saint-Louis. Il s'y trouvait une propriété abritant les jeunes concubines du roi, faisant qu'ensuite l'expression « Parc aux cerfs » désignera un lupanar.

Entrée du Parc-aux-Cerfs (extrait du livre de Louis-Gabriel Bourdon), 1790.

Historique modifier

Le nom de ce quartier provient d'un enclos enfermant des cerfs à l'époque de Louis XIII qui chassait à Versailles (il y fit construire un relais de chasse puis plus tard un petit château). À la suite du développement du château sous Louis XIV, la ville dut s'agrandir, le « parc aux cerfs » fut donc loti et urbanisé pour loger de nombreuses personnes travaillant au château et dans les administrations du royaume[1]. Ce quartier s'est ensuite nommé quartier de la Cathédrale, et s’appelle aujourd'hui quartier Saint-Louis, du nom de cette cathédrale[2].

Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, après la fin de sa liaison physique avec le roi en 1752, installa, dans une demeure de ce quartier (le terrain étant la propriété d'un de ses proches et le pavillon, 4, rue Saint-Médéric, propriété de son intendant), des femmes, souvent très jeunes, qui y étaient entretenues pour satisfaire la concupiscence du roi. Elle veillait à ce qu’aucune de ces concubines ne devienne sa rivale en prenant de l’ascendant sur le roi. Plusieurs de ces femmes eurent des enfants de Louis XV ; elles étaient alors parfois mariées à un membre de la Maison du roi qui endossait la paternité de l’enfant. Ce pavillon du Parc-aux-cerfs décrit alors comme « un vaste sérail » fait partie pour l'imagination populaire des folies luxurieuses[3].

 
L'Odalisque blonde, peinture de François Boucher représentant Marie-Louise O'Murphy, avant qu'elle ne devienne une « résidente » du Parc-aux-cerfs.

Parmi les concubines du Parc-aux-cerfs, figura la « belle O’Murphy », peinte par François Boucher et dont, dans l’Histoire de sa vie, Casanova prétend avoir su jouer assez habilement pour la livrer encore vierge au roi. Il semble aussi que Jeanne du Barry soit aussi passée par le Parc-aux-cerfs avant de devenir favorite officielle[4].

Dans la culture populaire modifier

L’imagination populaire s’étant approprié le lieu (abandonné et revendu en 1771), l’expression « Parc aux cerfs » est devenue une périphrase pour parler d’un lupanar. La propagande anti-royaliste ou dévote l’utilisera aussi pour présenter Louis XV comme un tyran débauché. Ainsi, contrairement à la légende, le roi ne se rendit jamais dans cette demeure, les femmes ne faisant qu’y loger, étant ensuite amenées au palais par le sieur Lebel, un de ses valets de chambre qui les faisait passer dans une chambre appelée le « trébuchet » où le monarque décidait du sort de la belle[5].

Bibliographie modifier

  • Joseph Valynseele, Les Enfants naturels de Louis XV : étude critique, biographie, descendance avec de nombreux documents inédits, éditeur : Paris : Centre d’études et de recherches historiques, 1953, 343 p., 25 cm.
  • Jean Hervez, Le parc-aux-cerfs et les petites maisons galantes, Bibliothèque des curieux, 1925
  • Bernard Hours, Louis XV et sa cour de, Presses Universitaires de France, 2002, 304 p.
  • Jacques Dumaine, Louis XV et le Parc-aux-cerfs, La Vie Amoureuse, 1958, 94 p.
  • Louis-Gabriel Bourdon, Le Parc aux Cerfs ou l'origine de l'affreux déficit, par un zélé patriote, 1790.

Notes et références modifier

  1. Site journals.openedition.org texte d'Alix de Bouvier : « À la cour et à la ville. Le logement des ducs et pairs à Versailles ».
  2. Site cosmovisions.com, page « Le Parc-aux-Cerfs, à Versailles ».
  3. Irina Aleksandrovna Rodimt︠s︡eva, Michel Saudan, Sylvia Saudan-Skira, De folie en folies, Bibliothèque des Arts,‎ , p. 100.
  4. Camille Pascal, Le goût du roi : Louis XV et Marie-Louise O'Murphy, Librairie Académique Perrin, , 327 p..
  5. Patrick Wald Lasowski, L'Amour au temps des libertins, Editions First-Gründ, , p. 184.

Lien externe modifier