Albert Ayler

saxophoniste de jazz américain

Albert Ayler, né le à Cleveland (Ohio) et mort par suicide le à New York, est un saxophoniste (ténor, alto, et soprano) américain.

Albert Ayler
Naissance
Cleveland (Ohio)
Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès (à 34 ans)
New York
Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre musical Jazz - free jazz
Instruments Saxophone ténor, saxophone alto, saxophone soprano
Années actives 1952 – 1970
Labels Bird Notes, Debut, ESP-Disk, Impulse!

Biographie

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Issu d’une banlieue de la classe moyenne supérieure afro-américaine de la ville de Shaker Heights[1], c’est dès son plus jeune âge qu’Albert Ayler s’adonne à la musique. Entre son père Edward, qui joue du violon et chante à l’église, et sa mère Myrtle, qui y chante également, c'est dans un environnement tantôt autoritaire, tantôt protecteur qu'il grandit. En plus de l’apport musical de ses parents, c’est avec beaucoup d’assiduité que le jeune Albert pratique le saxophone alto et écoute de nombreux disques d’artistes de jazz tels Lionel Hampton et Lester Young. En 1942 naît son frère Donald Ayler. Ce dernier commencera le saxophone pour très vite l’abandonner au profit de la trompette. Plus tard, Donald rejoindra Albert dans son futur quintet pour remplacer Don Cherry[2].

Au début des années cinquante, il continue sa formation musicale à la John Adams High School[3] où il sera l’élève de Benny Miller (qui aura notamment joué avec Charlie Parker). Là, il participe à un orchestre amateur fondé par un camarade. Son premier travail professionnel est une tournée avec l'orchestre rhythm 'n' blues de l'harmoniciste Little Walter. C’est également à cette époque qu’il s’intéresse au Be Bop de Charlie Parker. En plus de la musique, Albert développe beaucoup d'intérêt pour le golf, sport dans lequel il excelle[4].

En 1960, son service militaire l'amène en France, à Orléans (où, dans la fanfare du régiment, le Racially Integrated 76th Army Band, il abandonne le saxophone alto pour le saxophone ténor). La nuit, dans les casernes américaines, Albert se joint aux orchestres constitués de musiciens français et américains. C’est dans ces mêmes formations qu’il développe son style qu’on lui reproche d’être trop différent, esthétiquement absurde. Albert sait jouer et faire preuve d’un bon sens de l’improvisation mais il ne sait pas lire la musique (ce qu’il apprendra un peu plus tard grâce à un chef d’orchestre français). À la même époque, on le retrouve à jouer dans des jam-sessions dans divers bars et clubs de jazz de Paris, suscitant le même désarroi auprès de son auditoire. Là encore, l’artiste ne suit pas les carcans mélodiques, rythmiques et esthétiques imposés par le blues de l’époque. Ces années françaises auront amené le jeune saxophoniste à développer son jeu et son identité d’artiste[5].

Il retourne à la vie civile en Californie, puis à Cleveland, mais son style en gestation heurte ses auditoires. De retour en Suède l'année suivante, il reçoit un meilleur accueil et enregistre en 1962 son premier disque avec deux musiciens locaux : Torbjörn Hultcrantz et Sune Spånberg ; puis, l'année suivante, le disque My name is Albert Ayler avec Niels-Henning Ørsted Pedersen. Au « Jazzhus Montmartre », à Copenhague (à l'époque sorte de quartier général du jazz scandinave), il joue fréquemment et écoute quelques hôtes presque permanents de cette région : Don Cherry, Don Byas et Dexter Gordon.

De retour à New York, il est engagé dans quelques night clubs de Greenwich Village, enfin porté par l'essor du free jazz. Mais en 1964, ses premiers enregistrements américains (des negro spirituals), en compagnie de Sunny Murray, Henry Grimes et Call Cobbs, ne trouvent pas d'éditeur. La firme ESP, vouée au jazz d'avant-garde, publie enfin la même année le premier d'une série de microsillons de compositions d'Ayler (le premier Ghost, est un des manifestes du free jazz). Le succès n'est toujours pas au rendez-vous. Il enregistre toutefois la musique du film New York Eye and Ear Control de Michael Snow.

De nouveau au Danemark, il retrouve Don Cherry dans l'Albert Ayler Quartet, puis, revenu à New York, il parvient à se produire avec son fidèle ami Sunny Murray et son frère Donald Ayler au Village Gate, au Town Hall, au Judson Hall, au Slug's.

En 1966, une longue tournée le conduit de nouveau en Europe. Il se produit le à la salle Pleyel, au Paris Jazz Festival. On retrouve une partie de ce concert sur le disque Lörrach, Paris 1966. L'accueil d'une partie de la critique est hostile (par exemple Jef Gilson). Mais il trouve en John Coltrane, conquis par son style (« he is profoundly ahead of me »), un appui de taille. Malheureusement pour peu de temps. À la mort de Coltrane, en 1967, ce sont les frères Ayler qu'il a chargés de la rituelle musique funéraire, la traditionnelle fanfare étant réduite à un simple quartet.

Introduit par Coltrane auprès des dirigeants du label Impulse!, accueillant tous les avant-gardistes, il produira une série de disques à un rythme assez soutenu jusqu'en 1969, accompagné par un personnel fluctuant, mais comportant fréquemment le violoniste Michael Sampson, le bassiste Alan Silva et le batteur Beaver Harris, auxquels se joint la chanteuse et poly-instrumentiste Mary Parks (Mary Maria). En 1969, il tente d'intégrer des musiciens de pop ou de rock, en des sortes d'essais de « fusion », sans grand succès.

En 1970, il donne deux concerts à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, et reçoit, enfin, un accueil triomphal. Quelques mois après, on le retrouve noyé dans le port de New York, à trente-quatre ans. Selon Daniel Caux, le meilleur connaisseur français d'Ayler et organisateur de ses concerts à la fondation Maeght, il s'agit d'un suicide.[réf. nécessaire]

Discographie

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  • 1962 : Albert Ayler: The first recordings, vol. 1[6] (GNP Crescendo)
  • 1962 : The Albert Ayler: The first recordings, vol. 2[7] (Bird notes)
  • 1963 : Albert Ayler free jazz / My Name Is Albert Ayler[8](Freedom Records)
  • 1964 : Goin' home[9] (Black Lion Records)
  • 1964 : Spirits (Witches & Devils)[10] (Arista & Freedom Records)
  • 1964 : Swing low sweet spiritual[11] (Osmosis Records)
  • 1964 : Prophecy [live][12] (ESP Disk)
  • 1964 : Spiritual Unity[13] (ESP Disk)
  • 1964 : New York eye & ear control[14],[15](ESP Disk)
  • 1964 : Vibrations (Freedom)
  • 1964 : The Hilversum session (Osmosis)
  • 1964 : The Copenhagen tapes (Ayler)
  • 1965 : Bells [live][16] (Calibre)
  • 1965 : Spirits Rejoice[17],[18](ESP)
  • 1966 : La Cave Live, Cleveland 1966[19]
  • 1966 : At Slug's saloon, vol. 1 [live] (Get Back)
  • 1966 : At Slug's saloon, vol. 2 [live] (ESP)
  • 1966 : Lörrach, Paris 1966[20] [live] (hatOLOGY)
  • 1966 : In Greenwich Village [live] (Impulse!)
  • 1966 : Albert Ayler: the cillage concerts, vol. 7 [live] (ABC / Impulse! / MCA)
  • 1966 : Complete live at Slug's
  • 1967 : Love cry (Impulse!)
  • 1968 : New grass (Impulse!)
  • 1969 : Music is the healing force of the universe (Impulse!)
  • 1969 : The last album (Impulse!)
  • 1970 : Live on the riviera[21]
  • 1970 : Nuits de la fondation Maeght - 1970, vol. 1 (Shandar)
  • 1970 : Nuits de la fondation Maeght - 1970, vol. 2[22] (Shandar)
  • 2017 : European Radio Studio Recordings 1964 (Hatology)
  • 2017 : Copenhagen Live 1964 (Hatology)

Note : Si l'on excepte quelques titres sous la direction de Cecil Taylor ou de Sunny Murray, Albert Ayler n'a enregistré que ses propres disques, et raconte sa vie et ses musiques aussi[23].

Rééditions chez Hathut Records[24] dans la collection Ezz-thetics, d'enregistrements ESP-Disk "revisités"[25].

Notes et références

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  1. Jeff Schwartz, « Albert Ayler : sa vie et sa musique », (consulté le ).
  2. Emmanuel Clerc, Albert Ayler, Vibrations, Le mot et le reste, , 132 p. (ISBN 9782384311958), p. 17-22.
  3. Patrick Regan, « Albert Ayler », (consulté le ).
  4. Emmanuel Clerc, Albert Ayler, Vibrations, Le mot et le reste, , 132 p. (ISBN 9782384311958), p. 23-27.
  5. Emmanuel Clerc, Albert Ayler, Vibrations, Le mot et le reste, , 132 p. (ISBN 9782384311958), p. 21-22.
  6. « Albert Ayler – The First Recordings Vol. 1 », sur Discogs (consulté le )
  7. « Something Different! The First Recordings Vol. 1 & 2, by Albert Ayler », sur Go! Bop! (consulté le )
  8. « Albert Ayler – The First Recordings Vol.1 », sur Discogs (consulté le )
  9. « Albert Ayler – The First Recordings Vol.1 », sur Discogs (consulté le )
  10. « Albert Ayler – The First Recordings Vol.1 », sur Discogs (consulté le )
  11. « Albert Ayler – The First Recordings Vol.1 », sur Discogs (consulté le )
  12. « Albert Ayler – The First Recordings Vol.1 », sur Discogs (consulté le )
  13. « Spiritual Unity AND NEW Spiritual Unity 50th Anniversary Expanded Edition, by Albert Ayler », sur Discogs (consulté le )
  14. « New York Eye & Ear Control, by Albert Ayler », sur Albert Ayler (consulté le )
  15. « New York Eye And Ear Control revisited, by Albert Ayler », sur ezz-thetics by Hat Hut (consulté le )
  16. « Albert Ayler: Bells & Prophecy: Expanded Edition (2 Disc), by Albert Ayler », sur Albert Ayler (consulté le )
  17. « Spirits Rejoice, by Albert Ayler », sur Albert Ayler (consulté le )
  18. « Spirits Rejoice & Bells revisited, by Albert Ayler », sur ezz-thetics by Hat Hut (consulté le )
  19. « La Cave Live, Cleveland 1966 revisited, by Albert Ayler », sur ezz-thetics by Hat Hut (consulté le )
  20. « Berlin, Lörrach, Paris & Stockholm. Revisited, by Albert Ayler Qintet », sur ezz-thetics by Hat Hut (consulté le )
  21. « Live On The Riviera, by Albert Ayler », sur Albert Ayler (consulté le )
  22. « Albert Ayler - Revelations, by Albert Ayler », sur Elemental Music Records (consulté le )
  23. « The Albert Ayler Story, by Albert Ayler », sur Albert Ayler (consulté le )
  24. « Hat Hut Records Ltd. », sur Discogs (consulté le )
  25. « REVISITED », sur Discogs (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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Ouvrages en français

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Ouvrages en anglais

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Articles connexes

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Liens externes

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