Nawaf al-Fares (en arabe : نواف فارس الصياح) est un ancien ambassadeur syrien en Irak qui a fait défection du gouvernement au pouvoir dirigé par Bachar al-Assad le 11 juillet 2012, lors du soulèvement syrien[1],[2].

Nawaf al-Fares
Fonctions
Ambassadeur de Syrie en Irak

(3 ans et 10 mois)
Biographie
Nom de naissance Nawaf Fares alsayah
Lieu de naissance Boukamal, Syrie

Carrière modifier

Nawaf al-Fares est un vétéran du régime d'Assad et a occupé des postes de direction en tant que membre dirigeant du corps diplomatique syrien sous la présidence d'Hafez Assad[1]. Il a été haut fonctionnaire de la branche régionale syrienne du parti Baas socialiste arabe dans la province de Deir al Zour[3]. En outre, Fares a occupé des postes de sécurité supérieurs en Syrie[4]. Il est également ancien gouverneur de province[5]. Il a été gouverneur de trois gouvernorats importants : le gouvernorat de Lattaquié (jusqu'en 2000)[6], le gouvernorat d'Idlib (nommé en 2000)[6] et le gouvernorat de Quneitra[7].

Son mandat d'ambassadeur en Irak commence le 16 septembre 2008[3],[8]. Il est ainsi le premier ambassadeur syrien à Bagdad depuis trente ans[9]. Le 11 juillet 2012, il démissionne à la fois du parti Baas et de son poste d'ambassadeur de Syrie en Irak[3].

Défection modifier

Al Jazeera rapporte le 11 juillet 2012 que Fares a fait défection du gouvernement syrien. Sa défection est considérée comme un événement significatif pour l'avenir du soulèvement syrien[10]. Le même jour, Fares publie une déclaration vidéo sur Facebook, affirmant que les forces gouvernementales syriennes tuent des civils et qu'il a rejoint les rangs de la révolution du peuple syrien. Il appelle en outre les membres de l'armée syrienne à rejoindre cette révolution et à sauver le pays et les citoyens[11].

Le 12 juillet 2012, le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshiyar Zebari déclare aux journalistes à Paris que Nawaf al Fares se trouve au Qatar[12].

Le 12 juillet 2012 également, le ministère syrien des Affaires étrangères et des expatriés à Damas publie une déclaration rejetant Fares. La déclaration affirme que Fares "a été relevé de ses fonctions" et "n'a plus aucun lien avec l'ambassade de Syrie à Bagdad"[2]. Il est en outre déclaré par le ministère qu'il devrait être puni en raison de ses "responsabilités juridiques et disciplinaires"[13].

Dans son interview du 15 juillet 2012 sur CNN, Fares déclare qu'il a tenté de convaincre le gouvernement syrien de changer son approche envers le peuple et qu'une intervention militaire étrangère est nécessaire pour mettre fin au chaos en Syrie[14]. Dans une interview à la BBC, Fares avertit que le gouvernement syrien utiliserait probablement des armes chimiques contre les rebelles et évoque la possibilité qu'il l'ait déjà fait[15].

Vie privée modifier

Fares est un musulman sunnite[1] d'Abu Kamal, une ville de l'est de la Syrie près de Deir al Zor[9]. Sa famille aurait notamment des origines de la tribu sunnite de la province irakienne d'Anbar, qui s'étend jusqu'au désert oriental de la Syrie[2]. Il a été rapporté que Fares est le chef d'un clan important, Al Jarrah, dans la région d'Abu Kamal adjacente à l'Irak[7]. Al Jarrah est une branche de la confédération tribale Al Uqaydat, la plus grande de l'est de la Syrie[7]. Le clan compte près de 1,5 million de membres répartis sur 40 % de la Syrie et a des relations de parenté avec l'Arabie Saoudite, le Koweït et le Qatar[16]. Il était puissant et proéminent en raison de sa légitimité, puisée dans l'affrontement contre les forces françaises dans les années 1940, et de la carrière de Fares au sein du gouvernement baasiste[7].

Références modifier

  1. a b et c Mariam Karouny, « Assad loses envoy in first diplomatic defection », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c Rick Gladstone et J. David Goodman, « Syria Says Defecting Ambassador Is Fired », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a b et c « Syria crisis: Deserter Manaf Tlas 'in touch with opposition' », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Nawaf Fares: defected Syrian raises suspicion », AFP,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Syrian ambassador to Iraq defects to opposition », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b « Intelligence Briefs: Syria », Middle East Intelligence Bulletin, vol. 2, no 10,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a b c et d Hassan Hassan, « A Damascus loyalist defects as violence affects the tribes », The National,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Report: Syria ambassador in Baghdad defects, joins rebel forces », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Martin Chulov, « Syria's ambassador to Iraq has defected, says opposition », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Syria defections raise pressure on Assad », Al Jazeera, (consulté le )
  11. « Top Syrian envoy urges revolt », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. John Irish, « Defecting Syrian envoy now in Qatar-Iraqi minister », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Defected Syria envoy: Only force can topple Assad », CBS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Ivan Watson, « Ex-Syrian ambassador calls for foreign military intervention », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Syria: Assad regime 'ready to use chemical weapons' », BBC News, (consulté le )
  16. Hassan Hassan, « Why tribes matter in Syria », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )