Monument Brunswick

mausolée à Genève
Monument Brunswick
Vue avant du monument.
Présentation
Type
Partie de
Architecte
Matériau
Construction
1879
Commanditaire
Hauteur
19,5 m
Patrimonialité
Localisation
Canton
Commune
Coordonnées
Carte

Le monument Brunswick est un mausolée situé dans la ville suisse de Genève.

Histoire modifier

Chassé de son pays en 1830, le duc Charles II de Brunswick part en exil à Paris avant de venir s'établir à Genève où il meurt en 1873. Par testament, il lègue sa fortune à la ville à condition d'avoir « de belles funérailles et d’un monument à son nom »[1]. C’est un événement qui fait sensation car « sa fabuleuse fortune échappe à ceux qui prétendent à sa succession »[2]. Une fortune estimée à 24 millions de francs-or, équivalant à environ un milliard de francs au début du XXIe siècle[3].

Aucun mausolée n'ayant encore été bâti dans la ville, cette demande posthume suscite de nombreux débats avant qu'une décision soit prise de l'élever dans le jardin des Alpes, ancien port naturel du quartier des Pâquis[4]. Pour l’historien Henri Ripoll, ce mausolée « relève de la démesure, de la transgression » : dans une ville où les pratiques funéraires font l’objet d’une grande retenue, il devient le monument de loin le plus coûteux et le plus ostentatoire. De plus le choix de l’emplacement est exceptionnel car le duc a explicitement exclu l’enterrement et exigé une « position proéminente et digne ». Des dérogations à l’enterrement dans les cimetières existent bien à l’intention des propriétaires désirant être enterrés dans leur campagne, mais concernant le duc c'est la reconnaissance générale qui s’exprime, au vu des sommes généreusement cédées à la communauté[5].

Le monument est construit par Jean Franel en 1879, comme réplique du tombeau des Della Scala à Vérone[6], flanqué de deux lions de pierre et d'une statue équestre (œuvre de Julien Cain) représentant le duc[7]. L'ensemble est inscrit comme bien culturel suisse d'importance nationale[8].

Le coût du monument monte finalement à 1 768 386 francs. Une énorme dépense, mais la fortune héritée permet aux autorités « d’éponger la dette publique, élargir des rues, paver les chaussées, construire des abattoirs à La Jonction, une école d’horlogerie à Saint-Gervais, une école primaire aux Pâquis, en bref, combler les manques en matière d’équipement et d’assainissement ». Une fondation pour les infirmes et les convalescents est dotée de 500 000 francs. On crée des promenades publiques, on soutient l’orchestre municipal, et on construit le Grand Théâtre[9].

Des détériorations à la partie supérieure du monument sont constatées en 1880-1881 déjà. Des réparations importantes sont exécutées mais en 1890, par crainte d'accident, la partie supérieure est démolie. En particulier, la statue équestre du duc est déplacée à proximité de l'Hôtel Beau-Rivage. Selon les explications de l’architecte Louis Viollier dans un article de 1892, certaines « règles de construction » n’ont pas été observées, les formes de l'architecture gothique ont été copiées sans en comprendre l’esprit[10].

Des travaux d'entretien du monument, de l’esplanade et des bassins sont réalisés en 1977-1981[11],[12]. En 1998, un crédit de 3,8 millions est accepté pour la réfection du monument[13].

Références modifier

  1. « Monument Brunswick », sur geneve-tourisme.ch (consulté le )
  2. Ripoll 2009, p. 45.
  3. RTS Découverte, 2014.
  4. « Monument Brunswick », sur myswitzerland.com (consulté le )
  5. Ripoll 2009, p. 45, 54-55.
  6. Brulhart prénom1=Armand, Stephan Torre et Laurence Faulkner, Les bains des Pâquis, Slatkine, (ISBN 2-8321-0061-9, OCLC 84689767, lire en ligne), p. 15-
  7. « Jardin des Alpes / Monument Brunswick », sur ville-geneve.ch (consulté le )
  8. [PDF] L'inventaire édité par la confédération suisse, canton de Genève
  9. Ripoll 2009, p. 60-61.
  10. Viollier 1892.
  11. Canton de Genève, Office du patrimoine et des sites, « Objet n° 2011-27048 : Monument Brunswick »,
  12. Claude-André Fradel, « Genève, le monument Brunswick en travaux », Négatif 24 x 36,
  13. Armand Brulhart, « Le monument Brunswick ou le goût européen de l'école genevoise de sculpture », Le Temps,‎ (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • David Ripoll, « L'ère des bijoux : Genève et le Duc de Brunswick », dans Donatella Bernardi (dir.), Post Tenebras Luxe, Genève, Labor et Fides, , 144 p. (ISBN 978-2-8309-1363-7, lire en ligne), p. 45-63
  • Monument Brunswick, Genève, Ville de Genève, , 48 p.
  • Nathalie Chollet, Le Monument Brunswick, Genève, Service de la conservation du patrimoine architectural de la Ville de Genève, , 44 p.
    Public cible : enfants (9-12 ans)
  • (de) Julia Becker-Döring, "Der letzte Welfe" : die architektonische Selbstdarstellung Herzog Karls II. im Monument Brunswick, Freiburg (CH), , 116 p.
  • M.B., « Le monument Brunswick est plus allemand qu'on ne le croit = Das Monument Brunswick ist deutscher als man glaubt », La Tribune des arts, Tribune de Genève,‎
  • Martine Koelliker, « Le monument Brunswick », Magazine Ville de Genève : journal du personnel, Genève, vol. 102, no 15,‎
  • Martine Koelliker, « Précision historiques relatives au monument Brunswick : une "pièce montée" de toutes pièces ? », dans Pierres et des hommes : matériaux pour une histoire de l'art monumental régional : hommage à Marcel Grandjean, Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, , 717 p., p. 629-642
  • Tibor Dénes, Le roman-fleuve d'un monument genevois, Genève, Impr. populaires, , 7 p.
    Voir la Revue du Vieux Genève, 1974, n⁰ 141
  • Tibor Dénes, « La vraie histoire d'un monument genevois », Musées de Genève : bulletin mensuel des musées et collections de la Ville de Genève, no 132,‎ , p. 2-7
  • Louis Viollier, « Le Mausolée du duc Charles de Brunswick à Genève et le monument de Vérone », Schweizerische Bauzeitung, vol. 19,‎ , p. 128-131 (DOI 10.5169/seals-17407)

Filmographie modifier

  • Pierre Haemmerlé et David Ripoll, interview par Frédéric Miara; Ulrich Teiger, Le monument Brunswick - GE, RTS Découverte, RTS,  (consulté le ).

Liens externes modifier

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