Maurizio Bolognini

artiste italien

Maurizio Bolognini (né le 27 juillet 1952) est un artiste des nouveaux médias. Ses installations se concentrent sur l'esthétique des machines[1] et reposent sur l'activation minimale et abstraite de processus technologiques qui évoluent indépendamment de l'intervention directe de l'artiste, à la croisée de l'art génératif, l'art public et la cyberdémocratie.

Maurizio Bolognini (2004)

Parcours

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Maurizio Bolognini est né à Brescia, en Italie. Avant de devenir artiste des nouveaux médias, il a obtenu des diplômes en études urbaines et en sciences sociales de l'Université de Birmingham, au Royaume-Uni, et de l'Université IUAV de Venise. Il a travaillé comme chercheur dans le domaine des techniques de communication structurées (telles que la méthode Delphi en temps réel) et de la cyberdémocratie, qu'il a ensuite utilisées dans certaines de ses installations interactives. Ses intérêts de recherche et sa vaste gamme d'œuvres d'art se sont concentrés sur trois dimensions principales des technologies numériques :

 
Ordinateurs scellés (Nice, 1997). Cette installation utilise des codes informatiques pour créer des flux infinis d'images aléatoires qui ne seront jamais accessibles au public.

— La possibilité de confier son action artistique à la temporalité infinie de la machine, comme dans ses Machines Programmées. Dès ses débuts en 1988, cette série a introduit le concept de l'infini dans son travail et s'est concentrée sur « l'expérience de disproportion (et de disjonction) entre l'artiste et son œuvre, rendue possible par les technologies informatiques » ; [2]

— Les flux spatio-temporels de la communication technologique et l'interaction entre les espaces géographiques et numériques, qui ont inspiré des œuvres telles que Altavista (1996), Antipodes (1998)[3], et Museophagia (1998-99). Ces créations exploitent les flux de communication en ligne en mettant l'accent sur leur infrastructure physique et les combinent souvent avec des actions réalisées lors de voyages sur de longues distances ; [4]

— L'introduction de nouvelles formes d'interactivité fondées sur des techniques de communication structurées et la cyberdémocratie, qu'il a utilisées dans ses œuvres interactives telles que les machines d'intelligence collective CIM (Collective Intelligence Machines, depuis 2000) [5] et son œuvre ICB (Interactive Collective Blue, 2006)[6].

Certaines de ces œuvres ont été développées grâce à une coopération intense avec Artmedia, le Laboratoire d'esthétique des médias et de la communication de l'Université de Salerne, et le Laboratoire Musée d'Art Contemporain (MLAC - Museo Laboratorio Arte Contemporanea) de l'Université Sapienza de Rome. En 2003, le MLAC a publié une monographie sur l'œuvre de Bolognini. En 2004, Artmedia a organisé une exposition visant à mettre en lumière une tendance européenne dans l'art des nouveaux médias, basée sur le concept du sublime technologique. L'exposition comprenait des œuvres de Roy Ascott (Anglais), Maurizio Bolognini (Italien), Fred Forest (Français), Richard Kriesche (Autrichien) et Mit Mitropoulos (Grec)[7].

Machines programmées / Ordinateurs scellés

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Série SMSMS-SMS Mediated Sublime/CIM (ordinateur, téléphones portables du public, vidéoprojecteur), Imola, Italie, 2006 : une installation interactive qui vise à impliquer le public dans l'expérience de la manipulation et de la consommation du sublime technologique.

En 1988, Bolognini a commencé à utiliser des ordinateurs personnels pour générer des flux d'images aléatoires en expansion continue. Dans les années 1990, il a programmé des centaines de ces ordinateurs et les a laissés fonctionner à l'infini (la plupart d’entre eux fonctionnent encore aujourd’hui). À propos de ses Machines Programmées, il a écrit : « Je ne me considère pas comme un artiste qui crée des images précises, et je ne suis pas simplement un artiste conceptuel. Je suis celui dont les machines ont tracé plus de lignes que quiconque, couvrant des surfaces illimitées. Je ne m'intéresse pas à la qualité formelle des images produites par mes installations, mais plutôt à leur flux, à leur infinité dans l'espace et le temps, et à la possibilité de créer des univers parallèles d'information composés de kilomètres d'images et de trajectoires infinies. Mes installations servent à générer des infinis incontrôlables. » [8]

Les Machines programmées (et en particulier les Ordinateurs scellés, 1992, qui sont des machines qui, une fois programmées à produire des images fortuites, ont été scellées de manière qu'il soit impossible de les raccorder à un moniteur) [9] sont considérées parmi ses œuvres les plus significatives. Ces Machines ont été exposées dans de nombreux musées et galeries d’art, en Europe et aux Etats-Unis. En 2003, une soixantaine de machines ont été exposées dans trois expositions simultanées organisées au Laboratoire d'Art Contemporain de Rome, au CACT Ticino (Center for Contemporary Art) en Suisse et au Williamsburg Art & Historical Center de New York. En 2005, le Musée d'Art Contemporain Villa Croce de Gênes, a consacré une rétrospective et une monographie à ces œuvres[10].

Depuis 2000, Bolognini se concentre sur la combinaison des machines programmées avec des dispositifs de communication, comme dans les machines d'intelligence collective. Il s'agit d'installations interactives connectant certaines de ses machines génératives au réseau de téléphonie mobile[11], pour permettre une interaction en temps réel de type Delphi entre les membres du public. Ces installations délèguent des choix à la fois aux appareils électroniques et aux processus de communication et de démocratie électronique dans le but d'impliquer le public dans de nouvelles formes « d'art génératif, interactif et public ».

Le travail de Maurizio Bolognini a été considéré comme pertinent pour la théorie du sublime technologique [12] et l'esthétique du flux (par opposition à l'esthétique de la forme) et a été considéré comme un développement ultérieur de l'art conceptuel au sein de l'art néo-technologique[13].

Voir aussi

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Références

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  1. Andreas Broeckmann (2016), Machine Art in the Twentieth Century, Cambridge Ma: MIT Press, (ISBN 9780262035064), pp. 1, 6, 115-116.
  2. Maurizio Bolognini (2008), Postdigitale, Rome: Carocci Editore, p. 24.
  3. Vincenzo Cuomo, "L’altro nella rete", Kainós, 2, 2003.
  4. Derrick de Kerckhove, "Museophagia - The art gallery in the age of its digital reproduction", in Piero Cavellini (ed.) (1999), Maurizio Bolognini. Raptus, Brescia: Nuovi Strumenti, pp. 19-25.
  5. Maurizio Bolognini, "De l'interaction à la démocratie. Vers un art génératif post-digital" / "From interactivity to democracy. Towards a post-digital generative art", Artmedia X Proceedings. Paris, 2010.
  6. Maurizio Bolognini (2008), Postdigitale, Rome: Carocci Editore, pp. 20-21.
  7. Mario Costa (2003), New Technologies: Ascott, Bolognini, Forest, Kriesche, Mitropoulos. Artmedia, University of Salerno, Museo del Sannio.
  8. Sandra Solimano (ed.) (2005), Maurizio Bolognini. Programmed Machines 1990-2005, Genoa: Villa Croce Museum of Contemporary Art, Neos, p. 15.
  9. "Maurizio Bolognini « L'artiste des nouvelles technologies »" communiqué de presse de la galerie DEPARDIEU
  10. Sandra Solimano (ed.) (2005), Maurizio Bolognini. Programmed Machines 1990-2005, Genoa: Villa Croce Museum of Contemporary Art, Neos.
  11. Maurizio Bolognini, "The SMSMS Project: Collective Intelligence Machines in the Digital City", Leonardo/MIT Press, 37/2, 2004, pp. 147-149; Maurizio Bolognini, "Infoinstallations et ville numérique", Ligeia. Dossiers sur l’art, 45-48. Paris, 2003, pp. 57-60.
  12. (2003), Mario Costa, New Technologies: Ascott, Bolognini, Forest, Kriesche, Mitropoulos, Artmedia, University of Salerno, Museo del Sannio, pp. 7-12; Andreas Broeckmann, "Software Art Aesthetics", in David Olivier Lartigaud (ed.) (2008), Art orienté programmation, Paris: Sorbonne University.
  13. Sandra Solimano, "Metaphors and Moves", in Maurizio Bolognini. Personal Infinity, Brescia: Nuovi Strumenti, pp. 17-18; Robert C. Morgan, "Maurizio Bolognini: The Problematic of Art", Luxflux, 4, 2004, p. 96.