Maurice Delorme (germaniste)

Germaniste, résistant français

Maurice Delorme, né à Chavannes-sur-Reyssouze le [1] et mort en , est un germaniste et un résistant français, engagé à 17 ans dans les FFI.

Maurice Delorme
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(à 31 ans)
Nationalité
Activité
Autres informations
Membre de

Il est l'auteur d'un livre sur Hölderlin et la Révolution française, paru de manière posthume en à Monaco aux éditions du Rocher.

Biographie modifier

D'après les informations de l'éditeur de l'ouvrage posthume Hölderlin et la Révolution française () de Maurice Delorme, celui-ci naît en Bresse en [2]. Il s'engage à dix-sept ans dans les FFI[2]. Après la guerre, il se consacre aux études germaniques et obtient son agrégation en [2]. Il meurt prématurément[3], emporté par « une grave maladie [...] en  »[2].

Hölderlin et la Révolution française (1959) modifier

 
Dans son ouvrage posthume Hölderlin et la Révolution française (1959), l'interprétation par le jeune germaniste Maurice Delorme (1926-1958) du roman Hypérion (1797-1799) s'inscrit dans une « vision très politique »[4] d'un Hölderlin-Hypérion « révolutionnaire ».
 
Hölderlin, silhouette 1797.

Selon le germaniste français Lucien Calvié, l'interprétation par Maurice Delorme de Hypérion (Hyperion oder Der Eremit in Deutschland, 1797-1799), de Friedrich Hölderlin (1770-1843) s'inscrit dans une « vision très politique de Hölderlin », telle que Pierre Bertaux la propose en 1968-1969, à la suite d'ailleurs du critique marxiste hongrois Georg Lukács, qui la formule dès 1934-1935[5], et de celle précisément, en , de Delorme [4]. Tandis que pour Lukács, Hyperion serait « l'esquisse d'un roman-citoyen » (der Entwurf eines Citoyen-Romans), Maurice Delorme est d'avis que « le roman pourrait s'appeler : “les Confessions d'un révolutionnaire” »[note 1],[6] « confessions » (Bekenntnisse) devant être pris au sens de Rousseau, souligne Pierre Bertaux[7].

Dans l'interprétation du Hypérion de Hölderlin par Delorme, Lucien Calvié considère que « les Grecs de 1770 “représentent” les Allemands des années 1790, les troupes russes “représentent” les troupes françaises en Allemagne et les Turcs ou Ottomans, enfin, “représentent” l’Ancien régime allemand et européen, injuste et oppressif »[4]. Il cite ainsi Delorme : « ... on peut voir un symbole dans le fait que ce soit aux compatriotes d’Hypérion (où nous avons plus d’une fois reconnu les Allemands de la fin du XVIIIe siècle) que Hölderlin adresse les critiques visant les révolutionnaires français […]. Hölderlin en avait à la passivité des Allemands qui, n’ayant pas su utiliser la présence des armées révolutionnaires pour faire leur révolution eux-mêmes, ont justifié partiellement l’attitude hostile des soudards français […] »[8],[4]. Maurice Delorme ajoute : « On entrevoit là un état d’esprit qui a dû être souvent celui de Hölderlin : se mettre au service des Français, purement et simplement, malgré les imperfections flagrantes de leur révolution. »[8] ,[4].

Chez Maurice Delorme lui-même, quant à la « cohérence » de son interprétation, Lucien Calvié observe un « nouvel aller-retour entre le présent vécu et la référence au passé historique – le résultat de l’expérience politique précoce de Delorme, celle du tout jeune résistant à l’ordre nazi, dit « nouveau », instauré en Allemagne, en France et dans la plus grande partie de l’Europe de 1940 à 1944 »[4].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Dans son livre Hölderlin et la Révolution française, Maurice Delorme intitule son commentaire du Tome I du Hyperion de Hölderlin : « HYPÉRION ou la confession d'un révolutionnaire », et son commentaire du Tome II : « SUITE DES CONFESSIONS D'UN RÉVOLUTIONNAIRE : l'échec ».

Références modifier

  1. Mémoire des hommes
  2. a b c et d Quatrième de couverture de Maurice Delorme, Hölderlin et la Révolution française, Monaco, Éditions du Rocher, 1959, citation de l'éditeur : « Maurice Delorme, né en Bresse en 1926 […] Dans les FFI à 17 ans ; se consacre après la guerre aux études germaniques. Agrégé en 1957. Une grave maladie l’emporte en février 1958 ».
  3. (de) Hölderlin-Jahrbuch 1967/1968 (im Auftrag der Hölderlin-Gesellschaft (de)), 15. Band, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), Tübingen, [lire en ligne] : Adolf Beck (de), « Hölderlin als Republikaner », p. 30. Beck écrit : « der frühverstorbene Maurice Delorme » (« Maurice Delorme, mort prématurément »)
  4. a b c d e et f Lucien Calvié, « Antiquité et actualité grecques, Révolution française et nation allemande dans le roman Hypérion de Hölderlin (1797-1799) », Anabases, 1 | 2005, p. 45-57 ; mis en ligne le 01 septembre 2011, consulté le 16 octobre 2023, [lire en ligne] ; DOI : https://doi.org/10.4000/anabases.1274
  5. . Georg Lukács, « Hölderlins Hyperion », Internationale Literatur 6 (1935), p. 96-110 (traduction française : Les Cahiers d’Action 2 [1946], p. 28-47 et in G. Lukács, Goethe et son époque, trad. de l’allemand par L. Goldmann et M. Butor, Paris, Nagel, 1949) : références bibliographiques indiquées par Lucien Calvié.
  6. Maurice Delorme, Hölderlin et la Révolution française, Monaco, éditions du Rocher, 1959, p. 130 et 158.
  7. (de) Hölderlin-Jahrbuch 1967/1968 (im Auftrag der Hölderlin-Gesellschaft (de)), 15. Band, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), Tübingen, [lire en ligne] : Pierre Bertaux, « Hölderlin und die Französische Revolution », p. 14.
  8. a et b Maurice Delorme, Hölderlin et la révolution française, Monaco, Éditions du Rocher, 1959, p. 168-169: cité par Lucien Calvié.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Texte de référence modifier

Études modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier