Mariam Sankara

femme politique
Mariam Sankara
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Biographie
Naissance
Nom de naissance
Mariam SéréméVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Conjoint

Mariam Sankara, née Sérémé (qui est écrit également dans certaines sources Sermé) le , est la veuve de Thomas Sankara. Thomas Sankara est le président du Burkina Faso (anciennement appelé Haute-Volta) du jusqu'à son assassinat le . Pendant cette période, elle devient de fait la Première dame du pays. En exil pendant plusieurs décennies, elle est de retour au Burkina Faso brièvement en 2007 puis en 2015. Elle continue un combat pour que la lumière soit complètement faite sur la mort de son mari, y compris sur une éventuelle implication de l'État français.

Biographie modifier

Née le [1], elle se marie avec Thomas Sankara le . Elle est alors étudiante[2]. Lui est officier, lieutenant au moment du mariage, aux convictions marxiste et panafricanistes. Il devient capitaine et s'empare du pouvoir, par un coup d'État militaire, en , et s'impose comme président de ce qui est alors la République de Haute-Volta. Il tente de réaliser ce qu'il appelle une révolution démocratique et populaire et lance la mise en œuvre de réformes radicales. Il est tué dans un coup d'État en [3], orchestré par son ancien ami et collègue, Blaise Compaoré, principal bénéficiaire. À la suite du coup d'État, Mariam Sankara refuse dans un premier temps des propositions d'asile à l'étranger. Elle est retenue en résidence surveillée à Ouagadougou, mais sa situation devient difficile[4].

Elle est finalement contrainte de fuir le Burkina Faso avec ses deux enfants, Philippe, né le , et Auguste, né le . Elle se réfugie à Libreville au Gabon[5], puis s'exile en France, à Montpellier, avec ses enfants, et y passe les vingt années suivantes. En 1997, elle dépose une plainte auprès de la justice burkinabè à propos de l'assassinat de son époux[6], mais ce n'est qu'en que la Cour suprême juge que l'instruction de l'affaire peut être poursuivie[7]. Avec l'ouverture progressive du régime de ce pays, elle est finalement en mesure de retourner au Burkina Faso en 2007, pour assister aux commémorations organisées en l'honneur de l'anniversaire des 20 ans de la mort de son mari[2]. De grandes foules l'accueillent, à son arrivée à la capitale Ouagadougou[8].

Fin d', un soulèvement éclate au Burkina Faso en vue de protester contre le président Blaise Compaoré, qui tente de prolonger ses 27 ans de présidence. À cause de ces protestations, Blaise Compaoré est contraint de démissionner et de quitter le pays. En réponse à ce soulèvement populaire, Mariam Sankara publie une déclaration félicitant le peuple burkinabè de sa victoire, et appelant à poursuivre Blaise Compaoré pour ses crimes[9]. Elle revient à nouveau dans son pays en 2015[10],[11],[12]. Elle continue un combat pour que la justice burkinabè fasse la lumière sur la mort de son mari. Elle fait également en France une demande de levée du secret défense sur les documents liés à cet événement et une demande d’enquête parlementaire auprès de l’Assemblée nationale française[12],[13].

En janvier 2020, Mariam Sankara et une cinquantaine d'intellectuels publient une déclaration demandant l'ouverture d'un débat « populaire et inclusif » sur la réforme du franc CFA en cours et rappelant que « la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique »[14].

Le 6 avril 2022, le tribunal militaire de Ouagadougou condamne, par contumace, Blaise Compaoré, successeur et ancien ami de Thomas Sankara, désormais exilé en Côte d’Ivoire, à la prison à perpétuité pour « complicité d’assassinats » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Mariam Sankara assiste à l'aboutissement de la plainte qu'elle avait déposée[6].

Références modifier

  1. (en) Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Selected Decisions of the Human Rights Committee Under the Optional Protocol, Nations unies, (lire en ligne), p. 251
  2. a et b Christophe Boisbouvier, « Confidences de… Mariam Sankara », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  3. Benjamin Roger, « Mariam Sankara : Je ne voulais pas croire que mon mari avait été tué », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  4. « Burkina-Faso : la veuve de Thomas Sankara retenue à Ouagadougou », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. « Burkina-Faso : la veuve de Thomas Sankara réfugiée au Gabon », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. a et b Sophie Douce, « Trente-quatre ans après l’assassinat de Thomas Sankara, la fin d’un procès historique au Burkina Faso », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Jean-Matthew Tamba, « French MP demands trial of Thomas Sankara assassins », Africa Review,‎ (lire en ligne)
  8. (en) « Burkina commemorates slain leader », BBC News, Londres,‎ (lire en ligne)
  9. « Démission de Blaise Compaoré : Mariam Sankara exulte », Ouaga.com, Ouagadougou,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Yaya Boudani, « La veuve de Sankara accueillie au Burkina Faso par une foule en liesse », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  11. « Mariam Sankara sur les ruines de l'ancienne Assemblée du Burkina », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  12. a et b Sabine Cessou, « Mariam Sankara, une veuve entre ombres et lumières », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  13. « Mariam Sankara, la veuve de l'ex-président burkinabé Thomas Sankara », France Culture,‎ (lire en ligne)
  14. « Déclaration d'intellectuels africains sur les réformes du franc CFA », sur Mediapart, (consulté le ).