Manifestations de 2023-2024 en Géorgie

manifestations en Géorgie

Les manifestations de 2023-2024 en Géorgie sont une série de manifestations de rue qui se déroulent dans toute la Géorgie en mars 2023, puis à partir d'avril 2024, contre le projet de loi du gouvernement qualifiée de « pro-russe » car comparée à la loi de 2012 en Russie et portant sur les agents étrangers.

Manifestations de 2023 en Géorgie
Description de cette image, également commentée ci-après
Manifestation le 8 mars 2023 à Tbilissi.
Informations
Date - (première phase)
Depuis le (deuxième phase)
Localisation Drapeau de la Géorgie Géorgie
Caractéristiques
Revendications Arrêt de la promulgation de la loi sur les agents étrangers
Protection de la liberté de la presse en Géorgie
Protection des relations de la Géorgie avec l'Union européenne
Bilan humain
Arrestations 135
Parties au conflit civil
Opposition
Mouvement national uni
Girchi - Plus de liberté
Pour la Géorgie
Nouveau centre politique - Girchi (en)
Soutenu par :
Présidente de la Géorgie
Gouvernement de Géorgie (Garibachvili II et Kobakhidze)
Ministre des affaires intérieures
Police de Géorgie
Majorité parlementaire
Rêve géorgien
Pouvoir au peuple
Personnages-clés
Nika Melia
Giorgi Vashadze
Zurab Japaridze
Elene Khoshtaria
Aleko Elisashvili
Nika Gvaramia
Salomé Zourabichvili
Irakli Kobakhidze
Irakli Garibachvili
Bidzina Ivanichvili
Mamuka Mdinaradze
Vakhtang Gomelaouri
Grigol Liluachvili
Nombre
20 000
Pertes
Plusieurs blessés 58

La police aurait utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations, en particulier dans la capitale Tbilissi[1],[2].

Le projet de loi controversé est abandonné par le gouvernement Garibachvili II mais relancé l'année suivante par le gouvernement Kobakhidze.

Contexte modifier

Dans le contexte de nouvelle guerre froide, de la guerre russo-ukrainienne et de l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022, le parti majoritaire Rêve géorgien du milliardaire et ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili est soupçonné de vouloir museler la société civile, la liberté de la presse et les médias indépendants, et ainsi de nuire aux relations entre la Géorgie et l'Union européenne et au processus d'adhésion du pays dans cette organisation au profit de ses relations avec la Russie.

En vertu du projet de loi, les organisations non gouvernementales et les médias indépendants qui reçoivent plus de 20% de leur financement de l'étranger doivent se déclarer comme agents de l'étranger. Pour les opposants au projet de loi, cela imite une loi de 2012 en Russie qui a depuis été utilisée pour réprimer la dissidence.

Déroulement modifier

Première phase (mars 2023) modifier

Le 7 mars, des policiers géorgiens ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau devant le bâtiment du Parlement géorgien au centre-ville de Tbilissi contre des manifestants qui s'opposent à un projet de loi que certains voient comme empêchant la liberté de la presse[3]. Le 8 mars, les manifestants ont tenté de pénétrer par effraction dans le bâtiment du parlement en Géorgie.

Le projet de loi a été adopté en première lecture, avec 76 voix pour et 13 contre, au parlement[4].

Le ministère de l’intérieur géorgien annonce que « près de 50 policiers » ont été blessés dans les manifestations, faisant état de « violents incidents ». Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées.

Le 9 mars, le Gouvernement géorgien annonce avoir retiré sans condition le projet de loi en cause[5]. Plus tard le même jour, le ministère de l'Intérieur affirme que toutes les personnes arrêtées les 7 et 8 mars ont été libérées[6].

Deuxième phase (avril-mai 2024) modifier

Le , le nouveau Premier ministre Irakli Kobakhidze annonce le retour du projet de loi controversé, abandonné par le précédent gouvernement en mars 2023 suite à des manifestations massives[7],[8]. Le terme « agent de l’étranger » est ainsi supprimé et remplacé par « organisation servant les intérêts d’une puissance étrangère ». De nouvelles manifestations éclatent en opposition à cette loi à partir du 15 avril suivant[9]. La présidente de la Géorgie Salomé Zourabichvili dénonce à nouveau une tentative du gouvernement et du parti Rêve géorgien de compromettre le processus d'adhésion de la Géorgie à l'Union européenne au profit de l'influence russe, et annonce qu'elle utilisera son droit de véto[10].

Le projet de loi est adopté par le Parlement de Géorgie en première lecture le avec 83 voix[11].

Le , face à la contestation soulevée par la réintroduction du projet de loi, le milliardaire dirigeant de Rêve géorgien et ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili prononce un discours durant une contre-manifestation où les Occidentaux, l’opposition et la société civile sont désignés comme des ennemis[12].

Le , le projet de loi est approuvé par le parlement en deuxième lecture avec 83 voix pour et 23 contre[13].

Réactions modifier

Gouvernement de Géorgie modifier

Le Premier ministre géorgien Irakli Garibachvili a réaffirmé le 7 mars son soutien à la loi, affirmant que les dispositions proposées sur les agents étrangers étaient conformes aux « normes européennes et mondiales »[14].

Le ministère géorgien de l'Intérieur a demandé aux manifestants de se disperser, avertissant que des « mesures légales » seraient prises pour rétablir le calme. Le ministère aurait déclaré que la manifestation avait dépassé le cadre d'un rassemblement pacifique et s'était transformée en violence. Le ministère a également déclaré que la police avait également été contrainte d'utiliser la force proportionnelle pour rétablir l'ordre public.

Plus de 60 organisations de la société civile et médias ont déclaré qu'ils ne se conformeraient pas au projet de loi s'il était promulgué.

La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, a apporté son soutien aux manifestants, affirmant que « la voie de l'intégration européenne doit être protégée »[15]. Elle annonce son intention d'opposer son veto au projet de loi controversé, adopté le 6 mars en première lecture, avec 76 voix pour et 13 contre, au parlement[16]. Le projet de loi est finalement retiré par le gouvernement le [17].

États-Unis modifier

L'ambassade des États-Unis en Géorgie a publié une déclaration sur l'avancement de la législation du Parlement le 7 mars. L'ambassade a déclaré que les lois inspirées par le Kremlin sont incompatibles avec le désir clair du peuple géorgien d'intégrer l'Europe et son développement démocratique. La déclaration mentionne également que ces lois nuiront aux relations de la Géorgie avec ses partenaires stratégiques[18].

Union européenne modifier

Le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, déclare que le projet de loi géorgien est une « très mauvaise évolution » pour la Géorgie et son peuple. Il estime que la forme de loi risque d'avoir un effet dissuasif sur la société civile et les organisations médiatiques. Estimant que le projet de loi pourrait sérieusement affecter ses liens avec l'UE, il exhorteé la Géorgie à maintenir son engagement en faveur de la promotion de la démocratie[19].

Les États-Unis et l'Union européenne déclare qu'il sera difficile pour la Géorgie d'adhérer à l'OTAN ou à l'Union européenne si cette loi doit être adoptée. Des organisations internationales se disent préoccupées par le projet de loi, affirmant qu'il va à l'encontre du développement démocratique de la Géorgie.

Notes et références modifier

  1. (en) « Georgians throw stones, petrol bombs at police in protest over new law », sur Reuters,
  2. (en) « Georgians protest against draft law on media, nonprofits », sur ABC News,
  3. (en) « Thousands protest at Georgian 'foreign agent' bill », sur BBC News,
  4. (en) « Protests erupt as Georgian parliament passes draft foreign agents bill », sur CNN,
  5. (en) « Georgia's ruling party withdraws controversial Foreign Agents Bill », sur euronews, (consulté le )
  6. « La Géorgie annonce la libération de manifestants arrêtés depuis mardi (ministère de l'Intérieur) », sur RFI, (consulté le )
  7. « En Géorgie, le retour du projet de loi controversé sur les agents de l’étranger », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « En Géorgie, un projet de loi controversé sur l’« influence étrangère » revient devant le Parlement », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Des milliers de Géorgiens à nouveau rassemblés à Tbilissi contre la loi sur "l'influence étrangère" », sur France 24, (consulté le )
  10. « Invité international - Adhésion à l'UE: «La Géorgie n’a pas le droit de rater cette chance», avertit la présidente Zourabichvili », sur RFI, (consulté le )
  11. « En Géorgie, les députés adoptent en première lecture une loi sur l'"influence étrangère" », sur Franceinfo, (consulté le )
  12. « En Géorgie, les Occidentaux, l’opposition et la société civile désignés comme des ennemis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « En Géorgie, des milliers de manifestants dans les rues après l’adoption en deuxième lecture par le Parlement sur la loi sur l’« influence étrangère » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) « Police use water cannon in Georgia to disperse protests at ‘authoritarian’ law », sur The Guardian,
  15. « Cette loi digne de l’ère soviétique déclenche des manifestations monstres en Géorgie », sur Le HuffPost, (consulté le )
  16. « Manifestations en Géorgie contre une loi controversée : la présidente soutient les manifestants », sur France 24, (consulté le )
  17. « Géorgie : le parti au pouvoir retire son projet de loi sur les "agents de l'étranger" », sur France 24, (consulté le )
  18. (en) « U.S. Embassy Statement on Parliament’s Rushed Advancement of Kremlin-Inspired Legislation on So-Called “Foreign Influence” », sur U.S. Embassy in Georgia,
  19. (en) « EU's Borrell condemns Georgia foreign influence law », sur Reuters,