Lucie Deltour

juge belge

Lucie Deltour (aussi connue comme Lucie Moresco), née à Liège le 22 avril 1912 et décédée à Tontelange le 23 avril 1991, est une avocate et juge belge. En 1977, elle devient la première femme à être nommée chef de corps dans la magistrature belge[1].

Biographie modifier

Née à Liège le 22 avril 1912, Lucie Deltour est d'origine modeste. Son frère souffrant d'un handicap, les espoirs familiaux se reportent sur elle. Elle effectue sa scolarité au lycée de Waha [1]. Après avoir décroché un diplôme de docteure en droit à l'université de Liège en 1935, elle obtient une licence en notariat bien que la profession ne soit pas encore ouverte aux femmes (à partir de 1950)[1].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle épouse un réfugié roumain, Moresco, mais ce dernier repart en Roumanie dès le conflit terminé et la laisse seule avec leurs deux petites filles[1].

Sa carrière juridique démarre à Liège et se poursuit à Bruxelles et enfin à Arlon.

Elle décède à Tontelange le 23 avril 1991[1].

Carrière juridique modifier

La carrière juridique de Lucie Deltour débute en 1935 avec son entrée au barreau de Liège en tant qu'avocate[1].

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle devient secrétaire d'administration à Bruxelles : après l'Office national de coordination des allocations familiales, elle rejoint l'Office national des pensions pour ouvriers puis l'Office national pour l'emploi et le chômage[1].

Le 17 avril 1957, elle quitte Bruxelles et son poste de fonctionnaire pour siéger comme juge au tribunal de première instance d'Arlon. En septembre de la même année, elle devient juge des enfants. Elle poursuit sa carrière en tant que juge de la jeunesse (dès septembre 1966). En novembre 1975, elle est nommée vice-présidente du tribunal[1].

Enfin, en février 1977, Lucie Deltour accède à la présidence du tribunal d'Arlon. Première femme à être nommée chef de corps dans la magistrature belge, elle occupera ce poste jusqu'à sa mise à la retraite (le 22 avril 1982)[1].

Elle est également membre de l'Union nationale des magistrats et de l'Union internationale des magistrats[1].

Engagement modifier

En Résistance modifier

Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle entre dans la résistance et participe à la presse clandestine[1]. Elle reçoit plusieurs médailles et distinctions pour son engagement.

En tant que femme modifier

En plus d'être la première femme à être nommée chef de corps dans la magistrature belge, Lucie Deltour est membre de l'Association belge des femmes juristes (fondée en 1956) et de la Fédération belge des femmes diplômées des universités[1].

Sur la place des femmes en magistrature, elle constate :

Après la guerre, on prenait prétexte des lois sur la milice pour écarter les femmes de la magistrature. On disait aussi qu'elles risquaient de devoir s'absenter des séances pour allaiter... Depuis, on s'est rendu compte que la fonction n'était pas exercée différemment par une femme que par un homme[2].

Distinctions modifier

Lucie Deltour a reçu plusieurs médailles et distinctions[1] :

Toponymie modifier

Sur le site du Sart Tilman (Université de Liège), une rue porte le nom de « rue Lucie Deltour »[3].

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l et m Eliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Lannoo Uitgeverij, , 637 p. (ISBN 978-2-87386-434-7, lire en ligne), p. 174-175
  2. Suzanne van Rokeghem, Jacqueline Aubenas et Jeanne Vercheval-Vervoort, Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, Luc Pire Editions, , 303 p. (ISBN 978-2-87415-523-9, lire en ligne), p. 177
  3. Plan détaillé du campus Sart Tilman (ULiège, septembre 2015)