Lotte Jacobi, de son vrai nom Johanna Alexandra Jacobi, née le à Toruń en Prusse (attachée à la Pologne en 1918) et morte le aux États-Unis, est une photographe américaine d'origine allemande.

Lotte Jacobi vit à Berlin, New York (1935-1955) puis dans le New Hampshire (1955-1990). Elle est notablement reconnue pour ses portraits de personnalités.

Biographie modifier

Née en 1896, elle est issue d'une famille exerçant son activité dans la photographie depuis plusieurs générations antérieures[1]. Le surnom « Lotte », qui lui est donné par son père[2], est le seul qu'elle a utilisé professionnellement. En 1916, elle épouse Fritz Honig, et un an plus tard, donne naissance à un fils, Jean. En 1924, ils divorcent. Elle envoie son fils à l'école en Bavière et étudie elle-même dans cette ville à la Staatliche Höhere Fachschule für Phototechnik[1], une école de photographie créée dans cette ville depuis 1900.

En 1927, Jacobi rejoint l'entreprise familiale de photographie à Berlin[1] et débute à cette époque son œuvre de photographe[1],[3]. Elle s'intéresse aussi au cinéma[3] et réalise quelques films. Ses photos sont prisés des personnalités : elle réussit en effet à obtenir une expression naturelle ou un regard différent sur eux. Son cliché de Lotte Lenya, par exemple, en 1928, avec une coupe de garçonne, une cigarette à la main, et un regard mis en valeur, est un chef-d'œuvre[1]. Elle fait ainsi le portait de W. H. Auden, Martin Buber, Käthe Kollwitz, Klaus et Erika Mann, Karl Valentin, Liesl Karlstadt, etc[1].

Fin 1932, elle voyage en Union soviétique, en particulier en Tadjikistan et Ouzbékistan où elle prend de nombreuses photos[1]. Elle rentre à Berlin en , un mois après l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Constatant les persécutions croissantes contre les Juifs et victime d'une interdiction d'exercer comme juive, elle quitte l'Allemagne avec son fils et arrive en à New York, où elle ouvre un studio photo[1]. Lotte Jacobi acquiert notamment une réputation par ses portraits photographiques, qui forment une sorte de chronique de l'époque de ce Berlin antérieur au nazisme[3].

En 1940, Jacobi épouse Erich Reiss, un éditeur et écrivain allemand. Il meurt en 1951. Pendant ce temps, elle continue la photographie de portrait dans son studio. Dans les années 1940, elle invente et expérimente également un type de photographie dite photogénique, des photographies sans utiliser d'appareils photos, en recourant à des morceaux de verre ou de cellophane torsadé pour interrompre les faisceaux d'une source lumineuse, placée au-dessus d'une feuille de papier photographique. Ceci s'apparente en partie à la réalisation de photogrammes, et lui permet d'obtenir des images très abstraites[1],[4],[5]. En 1955, elle quitte New York et déménage à Deering, dans le New Hampshire, où elle ouvre un nouveau studio[4].

Jacobi continue à photographier jusqu'au début des années 1980. Elle reçoit en 1983 le prix Erich-Salomon. Elle meurt en 1990[4].

Références modifier

  1. a b c d e f g h et i Elisabeth Moortgat, « Lotte Jacobi », dans Luce Lebart et Marie Robert (dir.), Une histoire mondiale des femmes photographes, Éditions Textuel, , p. 146
  2. (en) Kelly Wise, Lotte Jacobi, Danbury: Addison House, , p. 27
  3. a b et c « Jacobi, Lotte », sur Encyclopedia Universalis
  4. a b et c « La photographe Lotte Jacobi », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. (en) « Lotte Jacobi », sur Centre international de la photographie

Liens externes modifier