Liste des Justes de Maine-et-Loire

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Durant la Seconde Guerre mondiale, les occupants allemands font de l'Anjou (d'Angers précisément) l'un important centre opérationnel. Rapidement, le régime hitlérien procède au lancement de son projet "Solution finale". On recense en France environ 77 000 déportations de juifs vers les camps de concentration, soit 25% de la communauté juive en France. Ainsi, 220 000 Juifs sur 300 000 présents dans l'hexagone furent sauvés et 85% d'enfants Juifs échappèrent aux camps d'extermination grâce au dévouement de nombreux citoyens français. Certains, pour un dévouement exceptionnel, sont nommés "Justes parmi les nations" par le Comité de Yad Vashem. Le Maine-et-Loire en compte 26.

Les Justes de Maine-et-Loire modifier

En l'espace de deux jours en Maine-et-Loire[1] (les 15 et 17 juillet 1942) une série d'arrestations est instiguée par les nazis qui occupent le territoire, 879 personnes sont parquées dans le bâtiment du grand séminaire à Angers puis ajoutées au convoi numéro 8 du 20 juillet pour Auschwitz. On dénombre seulement 16 survivants de cette rafle. Sur toute la durée de la guerre, on compte 218 déportés sur 398 personnes recensées en juin 1942[2]. Toutefois, près d'une trentaine d'hommes et de femmes ont été reconnus Justes parmi les Nations pour avoir sauvé la vie de victimes potentielles de la Shoah, au risque de leur vie et en refusant toute rémunération pour leur courage.

Liste des Justes de l'Anjou
NOM[3] Prénom Commune[4] Juifs sauvés Date d'attribution du titre

de "Juste parmi les nations"

Circonstances
ANDROUIN Marie et Ernest Clefs Yvon Chicheportiche

Charles Spac

11 octobre 2000 Le jeune Yvon Chicheportiche fut mis à l'abri chez les Androuin en janvier 1943.Son père assurait sa subsistance jusqu'à son arrestation puis sa déportation en novembre 1943. Les Androuin élevèrent donc le jeune garçon jusqu'à ce qu'il soit pris en charge par l'OSE en décembre 1945. Entretemps, les Androuin avaient aussi abrité Charles Spac qui avait échappé à la rafle du 22 novembre 1943 au Camp de Beauregard[5]. Dans ce camp situé sur la commune de Clefs, 71 travailleurs juifs ont été arrêtés ce 22 novembre puis déportés dans le convoi du 7 décembre 1943 à Auschwitz. Seuls 7 en sont revenus[6].
ANTIER Auguste (père) et Marie-Joséphine

Auguste (fils)

Champtoceaux Jean Wagener 26 octobre 2008 Confié en septembre 1942 par sa mère à l'association « La Famille du Prisonnier », Jean Wagener âgé de 7 ans est recueilli par le couple Antier et leur fils qui en font tout de suite un membre de leur famille. Quand ses parents viennent le chercher après la Libération, la séparation est difficile.
AUDUREAU Charlotte Baugé Ginette Piekarski (épouse Vujovic)

Berthe Piekarski (épouse Zysman)

7 octobre 2007 Charlotte Audureau, la mère supérieure de la Communauté des Filles du Cœur de Marie à Baugé accueille en 1943 dans son couvent Ginette Piekarski et sa sœur Berthe âgée de 2 et 6 ans et les nones les élèvent tendrement jusqu'en 1947 quand leur mère peut à nouveau prendre soin d'elles[7].
BLANCHET

MEUNIER

Odette

Jean

Vernoil Laure Moscovici

Jean-Claude Moscovici Liliane Moscovici

10 mai 1994 Odette Blanchet est une résistante âgée de 18 ans en 1942, agent de liaison et de renseignement au sein du mouvement Libération-Nord, secteur de Tours, du 1er avril 1942 au 1er décembre 1944[8] et au réseau CND Castille à Tours sous les ordres de Jean Meunier[9]. Elle abrite et fait abriter Laure Moscovici l'épouse d'un médecin juif arrêté le 1er septembre 1942 (et rescapé d'Auschwitz[10]), va « kidnapper » dans un refuge de l'UGIF ses deux jeunes enfants, Liliane et Jean-Claude Moscovici qui avaient été internés à Drancy avant d'âtre libérés, pour les abriter chez Jean Meunier puis les regrouper avec leur mère. Jean Meunier (dit Gutenberg[11]) fournit les faux papiers nécessaires à Laure Moscovici et à ses enfants. Après la guerre, Odette Bochereau se marie avec Léo Bergoffen, juif qui a été déporté à Auschwitz. Jean-Claude Moscovici est l'auteur de Voyage à Pitchipoï. Jean Meunier, un des fondateurs du journal La Nouvelle République du Centre deviendra député et ministre.
BOCHEREAU
LAUNAY
Henriette
Henriette
Saint-André-de-la-Marche Mme Mireille Prymak

Edith Prymak (épouse Frydman)

28 avril 2002 Henriette Launay et sa fille Henriette (plus tard épouse Bochereau) avaient lors de l'Exode en 1940 accepté d’héberger Mireille Prymak, juive immigrée de Pologne en 1933, et sa fille Edith alors âgée de quelques mois. Mireille repartit reprendre son travail à Paris après quelques semaines mais laissa Édith aux bons soins des deux Henriette qui firent œuvre de nourrices pendant un an. Puis Mireille revint chercher sa fille pour la ramener à Paris mais les mesures anti-juives l’obligèrent à la confier à nouveau aux deux nourrices pour la mettre en sécurité. En effet, le père de la fillette fut arrêté et déporté à Auschwitz où il périt. Le voyage étant trop dangereux pour Mireille, la jeune Henriette prit le risque de se déplacer à Paris pour ramener Édith à Saint-André où elle séjourna jusqu’à la fin de la guerre[12].

Edith Frydman née Prymak et Henriette Bochereau se sont régulièrement revues depuis la guerre. La première établie en Israël est venue passer régulièrement ses vacances à Rezé chez Henriette Bochereau et notamment célébrer le centenaire d'Henriette Bocherau à Rezé[13]. Elles ont participé aux cérémonies du souvenir à Jérusalem. Henriette Bochereau est décédée à l'âge de 101 ans en septembre 2020 [14]

DOSSOGNE Evelina et André Les Rosiers-sur-Loire Myriam Uriewicz (épouse Girard) 17 Janvier 2010 Evelyna et André Dossogne accueillent Myriam Uriewicz, petite fille juive de douze ans dont la mère est bientôt arrêtée avec sa fille. Avec la complicité du maire et des instituteurs du village, Myriam, rebaptisée Renée reste auprès d'eux jusqu'au printemps 1945 quand elle retrouve son père et son frère aîné[15].
HEINTZ

HEINTZ
HEINTZ
HEINTZ

Marie-
Thérèse

Mathilde
Cécile
Marguerite

La Ménitré Benjamin Cahen

Denise Cahen (épouse Weill)

2 avril 1995 Marguerite Heintz (plus tard épouse Piaumier), réfugiée de Forbach avec sa mère Mathilde et ses deux sœurs Marie-Thérèse (plus tard épouse Dupré) et Cécile (plus tard épouse Lucien) prévient en 1943 Benjamin et Denise Cahen (plus tard épouse Weill) de leur arrestation imminente et avec sa mère et ses sœurs, les cache chez elles avant de leur procurer un moyen de passer en zone libre[16].
GIOUX André Ingrandes Mme Bloch (mère)

Madeleine Bloch

4 avril 2001 André Gioux est maire d'Ingrandes-sur-Loire et professeur bénévole de pilotage. En 1942, la mère et la sœur de son élève Jean-Charles Bloch qui connaissent André Gioux pour l'avoir reçu à Paris, sont prévenues de l'imminence de leur arrestation par un employé de la mairie de leur domicile parisien. Ne pouvant passer la ligne de démarcation car leurs cartes d'identité les identifient comme juives, elles trouvent refuge chez André Gioux qui leur fait fournir des papiers au nom de de Vernan qui leur permettent de gagner Nice où elles passeront tout le reste de la guerre.
MARTIN Juliette et Albert Vaulandry M. David Adler

Rosette Adler (épouse Goldstein)

10 août 1999 Albert et Juliette Martin, fermiers à Vaulandry fournissent parfois en 1942 un repas à David Adler, travailleur au camp de Beauregard. Inquiet pour la sécurité de sa fille Rosette (née en 1938[17]) restée à Paris avec sa mère, il demande aux Martin de bien vouloir l'héberger. Les Martin acceptent en disant : « Nous avons trois filles, nous en aurons quatre. » David Adler fut arrêté, déporté à Auschwitz et mourut lors d'une marche de la mort. Rosette Adler resta 3 ans après la Libération chez les Martin avant que sa mère puisse la reprendre[18].

En 2014, Rosette Adler devenue Rosette Goldstein apporta son témoignage pour obtenir que la France indemnise les victimes de la déportation transportées par la SNCF[19],[20].

MAURICE Yvonne et René Parçay-les-Pins Léon Nepomiatzi

Geneviève Nepomiatzi Guy Nepomiatzi Jaqueline Nepomiatzi

26 décembre 2005 Yvonne et René Maurice ont accueilli les quatre enfants de la famille Nepomiatzi de 1942 à la Libération[21],[22]
MAUSSION René et Marie Challain-la-Potherie Jacques Sztern

Hélène Karczewer

9 août 2004 René et Marie Maussion et leur fille Marie-Renée ont hébergé durant trois ans Jacques Sztern (6 ans) et ils accueillirent sa cousine, Hélène Karczewer (plus tard épouse Zylbermann) pour la placer chez des voisins. « Tous les habitants du village devaient savoir que j'étais un enfant caché, aucun d'entre eux n'a jamais rompu la loi du silence », rapportera Jacques Sztern[23],[24].
PACTEAU Marie-Eugénie Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde Claude Popiolek

Suzanne Popiolek

15 novembre 2009 Marie-Eugénie Pacteau, fermière à Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde accueillit pendant 3 ans environ Claude Popiolek, dont la cousine Suzanne était aussi hébergée près de là. Claude resta avec Marie-Eugénie Pacteau un an après la fin de la guerre, jusqu'à ce que sa mère et sa grand-mère puisse le reprendre[25].

Claude Popiolek, qui n'a jamais revu Madame Pacteau après la fin de la guerre[26], lui a rendu hommage dans son ouvrage La douce France, ce jour-là[27].

PINGUET

TERRIEN

Anne-Marie

Xavier

Noellet Henri Goldberg

Bernard Goldberg

23 septembre 2008 Henri et Bernard Goldberg ont été hébergés par Anne-Marie Pinguet et l'abbé Xavier Terrien après la rafle du vel d'hiv jusqu'à la Libération[28].


Bibliographie modifier

  • Alain Jacobzone, L’éradication tranquille. Le destin des juifs en Anjou, Ivan Davy, (présentation en ligne)
  • Limore Yagil, Histoire du sauvetage des Juifs dans la région d'Angers: Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Sarthe, Mayenne et Loire-Inférieure : 1940-1944, Geste édition, (présentation en ligne)

Notes et références modifier

  1. Le département de Maine-et-Loire recouvre peu ou prou l'Anjou
  2. Jacqueline Sainclivier, « « Alain Jacobzone, L’éradication tranquille. Le destin des juifs en Anjou (1940-1944) » », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 1, no 110,‎ (lire en ligne)
  3. Tous les noms de la liste sont issus de la liste de Yad Vashem : Tous les Justes de France - Région : Pays de la Loire sur le site de Yad Vashem -France
  4. Toutes les communes appartiennent au département de Maine-et-Loire
  5. « Androuin Marie - Androuin Ernest », sur Comité français pour Yad Vashem,
  6. « « Clefs se souvient des Juifs de Beauregard » sur le Courrier de l'ouest »,
  7. (en) « Audureau Charlotte », sur Yad Vashem - The Righteous Among the Nations Database,
  8. « Odette Blanchet épouse Berghoffen, agent de liaison à Libération-Nord », sur Musée de la Résistance en ligne
  9. « Odette Blanchet »
  10. « Jean Meunier », sur Yad Vashem (France)
  11. « Jean Meunier, dit "Gutenberg" et "Farinet" », sur Musée de la Résistance en ligne
  12. « Bochereau Henriette - Launay Henriette », sur Yad Vashem (France)
  13. « Rezé. Henriette, 100 ans, a sauvé Édith pendant l’occupation allemande », sur Ouest France,
  14. « Reconnue Juste parmi les nations, Henriette Bochereau s’est éteinte », sur maville par Ouest-France,
  15. « Dossogne André - Dossogne Evelina », sur Yad Vashem (France)
  16. « Lucien Cécile - Piaumier Marguerite - Dupré Marie-Thérèse - Heintz Mathilde », sur Yad Vashem (France),
  17. (en) Howard Greenfeld, The Hidden Children, (ISBN 0-395-66074-2, lire en ligne), p 28
  18. « Martin Albert - Martin Juliette », sur Yad Vashem (France)
  19. « Victimes américaines indemnisées par Paris », sur 24 heures,
  20. AFP, « A Annapolis, Rosette Goldstein demande réparation à la SNCF pour son rôle dans la Shoah », sur France-Amérique,
  21. « Maurice René - Maurice Yvonne », sur Yad Vashem (France)
  22. « Léon, Jacqueline, Geneviève et Guy Népomiatzi avec Yvonne Maurice »
  23. « Maussion René - Maussion Marie », sur Yad Vashem (France)
  24. Benoît Robert, « 28 Justes ont sauvé des juifs dans le département », sur Ouest France,
  25. « Pacteau Marie-Eugénie », sur Yad Vashem (France)
  26. « Marie-Eugénie Pacteau parmi les justes », sur Yad-Vashem (France),
  27. Claude Popiolek, La douce France, ce jour-là, Éditions Amalthée, (présentation en ligne)
  28. « Terrien Xavier - Pinguet Anne-Marie », sur Yad-Vashem (France)