Les Cinq Sens et les Quatre Éléments

tableau de Jacques Linard

Les Cinq Sens et les Quatre Éléments (titre complété de « avec objets aux armes de la famille de Richelieu ») est une peinture à l'huile sur toile datée de 1627, du peintre français de natures mortes Jacques Linard. Elle est conservée au musée du Louvre à Paris, en dépôt du musée national des Beaux-Arts d'Alger depuis 1970[1].

Les Cinq Sens et les Quatre Éléments
avec objets aux armes de la famille de Richelieu
Artiste
Date
Type
Matériau
Dimensions (H × L)
105 × 153 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
No d’inventaire
DL 1970-12, DL 1970 12Voir et modifier les données sur Wikidata

Description

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Cette nature morte constitue une allégorie des Cinq Sens et des Quatre Éléments : le luth, le flageolet et la partition pour l’Ouïe, le miroir et le verre de vin pour la Vue, les fleurs pour l’Odorat, les fruits pour le Goût, les mortier et pilon et la boîte de copeaux pour le Toucher ; les légumes pour la Terre, le réchaud pour le Feu, le paradisier et le soufflet pour l’Air, enfin l’aiguière pour l’Eau[1].

La nature morte a sans doute aussi valeur de vanité en raison de son sujet : les sens humains et animaux sont joints aux éléments terrestres, rappelant ainsi la Fugacité et l’Impermanence qui sont évoquées. En outre, quelques symboles habituels des peintures de vanités sont représentés : les cartes à jouer et les dés dans le tiroir ou l’iris, isolé au premier plan à gauche, près de la boîte de copeaux[1].

Les armes aux trois chevrons visibles sur le gobelet et l’aiguière sont celles de la maison du Plessis de Richelieu, peut-être une tentative de la part de Linard pour se signaler aux yeux du cardinal de Richelieu[2],[3].

La coupe chinoise évoque les terres lointaines[4] avec la scène peinte qui montre le poète Su Shi buvant du vin sur son bateau auprès d’un poème de ce peintre lettré intitulé La Falaise rouge[5]. Elle est connue par plusieurs autres versions, notamment au musée Topkapi à Istanbul et au British Museum à Londres[1].

Les objets sont peints dans une lumière très claire et égale et avec un naturalisme sans concession, et disposés selon trois plans successifs et superposés[1].

Le tableau est signé et daté en bas à droite, sur le tiroir : « 1627. Linard »[1].

Analyse

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La composition s'inscrit dans la tradition de la nature morte flamande des premières années du XVIIe siècle du genre des « breakfast pieces » ou « tables servies », qui se développe alors dans l'Europe du Nord, représenté par des artistes comme Osias Beert et Clara Peeters[1],[2]. Le principe consiste à juxtaposer des objets, généralement liés à un repas, selon une perspective cavalière (due au peu de profondeur) et sur un fond généralement sombre pour mettre en valeur les coloris et les textures[4].

Jacques Linard donne à sa composition une ampleur et une ambition nouvelle en y joignant d'autres genres comme celui de la peinture de fleurs et celui de la vanité, donnant au tableau sa signification d'une allégorie des cinq sens et des quatre éléments. Cette œuvre est un résumé de la nature et de sa perception par l'homme[4].

Exposition

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Cette peinture est exposée dans le cadre de l'exposition Les Choses. Une histoire de la nature morte au musée du Louvre du 12 octobre 2022 au 23 janvier 2023, parmi les œuvres de l'espace nommé « Sélectionner, collectionner, classer »[6].

Notes et références

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  1. a b c d e f et g « Les Cinq Sens et les quatre éléments », sur collections.louvre.fr (consulté le ).
  2. a et b (en) András Szántó, « Don’t Shoot the Messenger: Why the Art World and the Press Don’t Get Along », dans Lawrence Rothfield, Unsettling "Sensation", New Brunswick (New Jersey), Rutgers University Press, (ISBN 0-8135-2934-4 et 0-8135-2935-2, SUDOC 169438732).
  3. Jean-Claude Boyer, « Richelieu et la « curiosité » : quelques remarques », dans Jean-Claude Boyer, Barbara Gaehtgens et Bénédicte Gady, Richelieu, patron des arts, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, (ISBN 978-2-7351-1195-4, OCLC 886897664, BNF 42071969, SUDOC 137408382, présentation en ligne).
  4. a b et c Bertrand Dorléac 2022, p. 104.
  5. Philippe Nusbaumer, Jacques Linard (1597-1645) : catalogue de l'œuvre peint, Le Pecq-sur-Seine, P. Nusbaumer, , 186 p. (ISBN 2-9511860-6-1, BNF 40151996, SUDOC 109097645).
  6. Bertrand Dorléac 2022, p. 100.

Voir aussi

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes

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