Centre hospitalier Le Vinatier

hôpital psychiatrique à Bron près de Lyon
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Centre hospitalier Le Vinatier
Image illustrative de l’article Centre hospitalier Le Vinatier
Grande allée et chapelle.
Présentation
Coordonnées 45° 44′ 25″ nord, 4° 53′ 54″ est
Pays France
Ville Bron
Fondation 1876
Site web http://www.ch-le-vinatier.fr
Services
Nombre de lits 350
Spécialité(s) Psychiatrie
(Voir situation sur carte : France)
Géolocalisation sur la carte : métropole de Lyon
(Voir situation sur carte : métropole de Lyon)

Le centre hospitalier Le Vinatier, anciennement asile départemental d'aliénés de Bron jusqu'en 1937[1], est un hôpital psychiatrique fondé en 1876 et situé dans la ville de Bron, dans la région lyonnaise, en France.

Histoire modifier

À la suite du vote de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés, qui affirme que « chaque département est tenu d'avoir un établissement public, spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés »[1], et sous l'action du médecin catholique Joseph Arthaud, un terrain de 37 hectares situé à 4 kilomètres au sud-est de la ville de Lyon est acheté en 1868 par le conseil général du Rhône afin d'y accueillir un futur asile[2].

La conception des bâtiments est confié à l'architecte en chef du département, Antonin Louvier, auteur de la construction de la prison Saint-Paul et de la restauration de la chapelle de la prison de Villefranche-sur-Saône[2],[3]. L'établissement ouvre ses portes en 1876 sous le nom d'Asile départemental d'aliénés de Bron[1]. Les psychiatres et infirmiers, inspirés par les principes humanistes du docteur Philippe Pinel, œuvrent pour un meilleur traitement des malades et l'évolution des conditions d'hospitalisation.

En 1912, Emile Malespine est interne après avoir réussi son concours, il est titularisé par le directeur Lépine.

En 1937, l’asile de Bron prend le nom « d'hôpital départemental ». Un potager, un verger, une dizaine d'hectares de vignes - qui donneront le nom de Vinatier - ainsi qu'une ferme voient le jour sur les vastes terrains qui atteignent alors 112 hectares. Ces nouveaux aménagements, via l'accomplissement de travaux agricoles, favorisent la vie collective. En 1938, dans un souci de modernisation et d'évolution, des services pour enfants dits « libres et ouverts » sont créés.

Sous le régime de Vichy 2 000 personnes internées à l'hôpital psychiatrique du Vinatier sont mortes de faim[4].

En 1950, les progrès médicaux ouvrent de nouvelles perspectives de traitement. La mixité des services et l'organisation des soins basées sur le secteur psychiatrique opèrent une véritable reconfiguration des soins en 1970.

En 1986, le dispositif public de secteur psychiatrique connaît une vaste réorganisation qui s'accompagne d'une diversification des modes de prise en charge. L'hôpital devient alors le Centre Hospitalier Le Vinatier. Des Centres Médico-Psychologique (CMP) sont installés dans la ville, au plus près des lieux de vie des malades. Ils sont complétés par des hôpitaux de jour (HDJ) et des Centres d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP). Ces dispositifs thérapeutiques contribuent à éviter une hospitalisation et permettent un suivi médical et soignant, avant et après l'hospitalisation [2].

Patients célèbres modifier

  • Hervé de Maupassant (1856-1889) : né le 18 mai 1856, Hervé de Maupassant, jeune frère de Guy de Maupassant, présente dès la trentaine des troubles du comportement dont l'étiologie psychose ou syphilis reste incertaine. Il est admis sous contrainte au Vinatier en août 1889, grâce à un stratagème imaginé par son frère Guy, qui lui a présenté l'hôpital comme un domaine à acheter. Il y meurt trois mois plus tard, le 13 novembre 1889, et est inhumé au cimetière de Bron. Depuis 1979, la concession étant arrivée à terme, ses restes sont conservés dans une case perpétuelle sous l'identité fallacieuse de « Veuve de Maupassant ».
  • Sylvain Fusco (1903-1940) : en 1923, Sylvain Fusco commet un homicide involontaire, à la suite duquel il est emprisonné pendant deux ans, puis est forcé d'intégrer, au titre de la conscription, les bataillons d'Afrique où il sombre dans un mutisme psychotique radical. Admis au Vinatier en 1930, il restera mutique jusqu'à sa mort mais commencera à dessiner en 1935 des graffitis sur les murs de sa chambre et à peindre sur les murs des cours. Le docteur André Requet lui proposera du matériel de dessin et de peinture qu'il investira secondairement. Cette deuxième éruption créative verra naître des chefs-d'œuvre dont certains sont exposés au musée d'Art brut de Lausanne : triomphe d'une représentation hiératique et mystérieuse de la femme, de ses visages aux bouches typiques, de ses gorges opulentes, de ses nudités à la fois pulpeuses et maternelles, volontiers gigantesques. L'artiste est considéré comme le premier patient du Vinatier mort de faim en 1940, au début de la terrible famine hospitalière qui a duré jusqu'en 1943. Depuis 1994, un foyer de l'hôpital du Vinatier honore la mémoire de Sylvain Fusco.
  • Berty Albrecht (1893-1943) : figure marquante de la Résistance au sein du réseau Combat sous son nom de jeune fille (Wild), Berty Albrecht est née le 15 février 1893. À la suite de l'invasion par les Allemands de la zone Sud le 11 novembre 1942, Berty Albrecht craint la déportation et décide alors de simuler des crises de folie. Elle parvient ainsi à être internée fin novembre 1942 au Vinatier, d'où elle croit pouvoir s'échapper plus facilement que de la prison. Son séjour au Vinatier durera un peu moins d'un mois, puisque la veille de Noël elle est libérée par des membres de Combat. Elle bénéficiera également pour sa libération de l'aide de sa fille Mireille et de son médecin traitant, le docteur Foex qui manifeste une solidarité protestante : un exemple d'engagement et de courage de la part du personnel soignant de l'hôpital du Vinatier sous l'Occupation. En mai 1945, son corps est retrouvé dans le jardin potager de la prison de Fresnes. Berty Albrecht est inhumée dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont Valérien à Suresnes.
  • Nordahl Lelandais (né en 1983) : ancien militaire français, soupçonné de plusieurs meurtres et agressions sexuelles sur mineurs. À la suite d'une sévère dépression, il est hospitalisé à sa demande au Vinatier dans une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), du au [5].

Description modifier

Site principal modifier

Situé aux portes de Lyon, sur la commune de Bron, le site principal du Centre hospitalier Le Vinatier s'étend désormais sur un parc de 72 ha.

Dans le cadre du plan Hôpital 2012, Le Centre hospitalier Le Vinatier a achevé une nouvelle étape de sa profonde mutation via la construction d'un bâtiment de 33 434 m2 dédié à la prise en charge de l'adulte. Situé au cœur de l'établissement, ce nouvel édifice accueille 350 lits d'hospitalisation de psychiatrie d'adultes ainsi que le pôle de direction et des locaux d'enseignement. 

Cette restructuration permet la concrétisation physique de l’organisation médicale et polaire de l’établissement, l’engageant ainsi pour les prochaines années.

Structures extra hospitalières modifier

Le Centre hospitalier Le Vinatier dispose d'une soixantaine structures extra hospitalières réparties sur son territoire, au plus près du domicile de la population qu'il dessert.

  • Les Centres médico-psychologiques (CMP) regroupent des équipes soignantes pluridisciplinaires dédiées aux actions de prévention, de diagnostic, de soins ambulatoires et d’interventions à domicile. Ils assurent également les missions de « premier accueil » afin d’orienter les usagers en fonction de leurs besoins.
  • Les Centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel (CATTP) qui proposent des actions de soutien et de thérapie de groupe favorisant ainsi les liens sociaux et l’autonomie des usagers
  • Les hôpitaux de jour (HDJ) correspondent à des soins individualisés en journée destinés à favoriser la réinsertion de l’usager dans son milieu de vie. Ces structures peuvent être regroupées au sein de Centre de Jour (CDJ)
  • Les familles d’accueil. L’accueil familial thérapeutique adulte ou enfant représente une alternative à l’hospitalisation. Ce mode de prise en charge propose un suivi thérapeutique dans un cadre familial.
  • Les appartements thérapeutiques. Il s’agit de structures de soins favorisant la réinsertion sociale et le développement de l’autonomie dans les actes de la vie quotidienne du patient. Les appartements thérapeutiques s’inscrivent dans un contexte de vie individuelle ou collective avec un suivi médical et une présence soignante.

Organisation modifier

Selon les règles de la Psychiatrie de secteur, le Centre Hospitalier du Vinatier couvre 15 % du territoire du département du Rhône et dessert 46 % de sa population. Le reste du département étant partagé entre le Centre Hospitalier Saint Cyr au Mont D'Or et le Centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu[6].

Il est notamment chargé de l'organisation des soins psychiatrique de :

  • Lyon 1er-2e-3e-4e-5e-6e-8e arrondissements
  • Bron
  • Caluire-et-Cuire
  • Décines-Charpieu
  • Meyzieu
  • Neuville-sur-Saône
  • Rillieux-la-Pape
  • Vaulx-en-Velin
  • Villeurbanne

(et d'autres communes de moindre taille)[7]

L'offre de soins du Centre hospitalier Le Vinatier se structure au tour de dix pôles :

  • 4 pôles psychiatriques polyvalents
    • Pôle PEA (psychiatrie enfant)
    • Pôle Est (psychiatrie adulte)
    • Pôle Centre rive gauche (psychiatrie adulte)
    • Pôle Ouest (psychiatrie adulte)
  • 6 pôles psychiatriques transversaux
    • Pôle PSA (Psychiatrie du Sujet Âgé)
    • Pôle SMD-PL (Santé Mentale des Détenus - Psychiatrie Légale - Unité hospitalière spécialement aménagée)
    • Pôle HU-ADIS (Hospitalo-Universitaire Autisme et Déficiences Intellectuelles)
    • Pôle USIP-UMD (Unité de Soins Intensifs en Psychiatrie - Unité pour Malades Difficiles)
    • Pôle UP (Urgences psychiatriques - Communes aux trois hôpitaux du Rhône cités plus haut)
    • Pôle MOPHA (Médecine Odontologie PHArmacie)
  • Un pôle Direction
  • Une structure hors-pôle : la présidence de CME regroupe le Département d'Information Médicale (DIM), le Département Qualité Sécurité Hygiène (DQSH) et la bibliothèque médicale[8].

Structures associées modifier

Sur le site principal, se trouve également plusieurs structures associées ou partenaires, de formation et de recherches.

On y trouve également le Neurocampus Michel Jouvet, en partenariat avec l'Université Claude-Bernard-Lyon-I et les Hospices civils de Lyon: un centre de recherche en neurosciences[13],[14],[15].

Accès modifier

Le complexe hospitalier est desservi par les lignes de tramway T2 et T5 (arrêts "Desgenettes" et "Essarts-Iris"), et T6 (arrêt "Vinatier"). Il est également desservi par la ligne de bus C8 (arrêt "Hôpitaux Desgenettes Vinatier").

Notes et références modifier

  1. a b et c Centre hospitalier Le Vinatier, « Mieux connaître le Centre Hospitalier > Créé en 1876 » (consulté le )
  2. a b et c Bibliothèque municipale de Lyon, « Le Vinatier : gestion du patrimoine et vision d’avenir » (consulté le )
  3. Direction régionale des Affaires culturelles, « Antonin Louvier, architecte du département » (consulté le )
  4. « Lyon. Des milliers de patients morts de faim à l'hôpital du Vinatier : "ils se dévoraient les doigts" », sur actu.fr,
  5. « Hospitalisation de Nordahl Lelandais à Lyon : "à sa demande et pour une durée indéterminée" », sur france3-regions.fr, (consulté le )
  6. http://www.ch-le-vinatier.fr/documents/Publications/documents_generaux/sante_mentale_rhone.pdf
  7. http://www.ch-le-vinatier.fr/documents/Documents/03_le_vinatier/organisation/le_territoire/cartographie_adultes.pdf
  8. « Pôles et services », sur Site Internet du Centre Hospitalier Le Vinatier (consulté le ).
  9. https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/system/files/2017-06/Infirmier.pdf
  10. « IFSI du Centre Hospitalier Le Vinatier », sur Site Internet du Instituts de formation (consulté le ).
  11. « Annuaire des écoles de cadres de santé : liste des IFCS », sur ancim.fr (consulté le ).
  12. « Présentation de l'IFCS-TL », sur Site Internet du Instituts de formation des cadres de santé - CH Le Vinatier (consulté le ).
  13. Cyrille Seux, « Santé. Neurocampus : un site sans pareil dédié à la recherche sur le cerveau », Le Progrès,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. https://crnl.univ-lyon1.fr/index.php/fr/Accueil/Neurocampus-de-Lyon
  15. « Neurocampus de Lyon : un pôle unique de recherche en neurosciences - Université Claude Bernard Lyon 1 », sur Université Claude Bernard Lyon 1 (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Au cinéma modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier