La Main (film, 2022)

film réalisé par Danny Philippou et Michael Philippou et sorti en 2022
La Main
Description de l'image La Main (film, 2022).png.
Titre québécois Parle-moi
Titre original Talk to Me
Réalisation Danny Philippou
Michael Philippou
Scénario Danny Philippou
Bill Hinzman
Musique Cornel Wilczek
Sociétés de production Causeway Films
Head Gear Films
Metrol Technology
Screen Australia
Talk to Me Holdings
The South Australian Film Corporation
Pays de production Drapeau de l'Australie Australie
Genre Horreur
Thriller
Durée 94 minutes
Sortie 2022

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

La Main ou Parle-moi au Québec (Talk to Me) est un film australien, réalisé par Danny Philippou et Michael Philippou, sorti en 2022.

Synopsis modifier

Un groupe d'adolescents découvre le moyen d'entrer en contact avec le monde des esprits grâce à une main embaumée dont la règle principale est de ne pas tenir la main plus de 90 secondes. L'expérience devenue virale sur les réseaux sociaux, Mia (Sophie Wilde), bouleversée par une tragédie familiale, décide de tenter l'expérience mais les conséquences vont être bien plus violentes et terrifiantes que prévu.

Thèmes modifier

Santé mentale modifier

Le film « Parle-moi » explore le thème de la santé mentale, principalement par le personnage de Mia. Dès le début du film, elle apparait comme une adolescente attristée en raison du décès de sa mère il y a quelques mois. Elle entretient une relation distante avec son père et préfère l’éviter en se réfugiant dans la famille de sa meilleure amie, Jade. Lorsque, pendant une fête, un des amis de Mia présente une main en céramique qui peut les permettre de se faire posséder par des esprits, Mia est la première à essayer. « Parle-moi » utilise l’action de la possession spirituelle pour symboliser la situation mentale de Mia à la suite de la mort de sa mère. Pour Mia, cet évènement a créé un traumatisme et la main est une façon d’oublier son malheur. La possession spirituelle symbolise souvent cette dissociation à l’extrême par cette perte de jugement rationnel par l’esprit qui prend le contrôle de la personne[1]. Par cette occupation d’un autre que soi, la possession a souvent été associée avec le trouble dissociatif de l’identité[1]. Ce trouble, qui est souvent associé à un évènement traumatisant chez le patient, se caractérise par la présence d’une autre identité distincte, que les personnes atteintes décrivent souvent comme une sensation de possession[2]. Cette dissociation est une façon pour l’individu de tolérer ce trauma pour échapper aux sensations désagréables[2]. Dans « Parle-moi », la possession monstrueuse est le symbole du désir de dissociation de Mia qui ne veut pas affronter la vérité de la mort de sa mère.

Monstruosité morale modifier

Le film « Parle-moi » explore le concept de la monstruosité morale. Alors que le monstre biologique témoigne de l’informe, le monstre moral est une monstruosité chez un humain qui n’est pas physiquement informe[3]. La première hypothèse sur la monstruosité morale par Platon est caractérisée par la satisfaction des besoins et des désirs qui prennent le dessus sur la raison[4]. Dans « Parle-moi », les possessions spirituelles de Mia qui surviennent symbolisent cette monstruosité morale. Lorsque Mia invite Daniel, son ancien copain pour lequel elle a toujours des sentiments, qui est maintenant le petit ami de sa meilleure amie, Jade, à dormir chez lui, on assiste aux désirs de Mia prendre le dessus par l’intermédiaire de la possession. Alors que Mia se réveille, elle voit un esprit dans le coin de la pièce s’approcher du lit. L’esprit commence alors à sucer les orteils de Daniel d’une manière sexuelle. Mia cri et Daniel se réveille, il aperçoit, non pas un esprit, mais Mia qui suce ses orteils. Cette scène démontre la tendance à Mia, par l’effet de la possession, de se dissocier de sa monstruosité morale en voyant ses actions et ses désirs comme le produit d’un esprit[1], se détachant donc complètement de ceux-ci par peur de s’avouer à elle-même cette monstruosité.

Substances illicites et addiction modifier

La possession dans le film « Parle-moi » est aussi utilisée comme métaphore pour l’utilisation de substances illicites chez les adolescents, et particulièrement la pression des paires quant à cette utilisation. En effet, le cercle social fournit un rôle de modèle aux adolescents[5]. Le film démontre ce phénomène par Riley, le petit frère de Jade, qui lors de la première séance avec la main, est effrayé, mais à force qu’il observe le groupe se faire posséder, il veut absolument participer et supplie à Mia de lui laisser un tour. D’un autre côté, les possessions de Mia tout au long du film symbolisent la sensibilité des gens atteint d’un trouble post-traumatique à l’addiction aux substances illicites. Selon une étude, on estime que 60% des personnes atteintes d’une addiction ont un trouble de stress post-traumatique[6]. En effet, lors de sa première possession, Mia dépasse le temps recommandé et cela l’amène à se faire posséder à nouveau sans avoir besoin de la main tout au long du film. Elle ira même jusqu’à voler la main dans l’espoir de parler à sa défunte mère. Son désir d’accéder à la main qui symbolise une substance illicite, pour se réconcilier avec son traumatisme, la mort de sa mère, symbolise cette citation de Dr. Beckam « Si vous pensez à un évènement traumatique en fumant votre cigarette, vous pouvez y penser encore mieux »[6].

Psychanalyse modifier

Le thème de la psychanalyse est aussi présent dans le film « Parle-moi » par la figure du monstre qui est la mère de Mia. Sa mère défunte, en raison de son suicide, apparait à Mia en tant que fantôme à plusieurs reprises. En psychanalyse, le suicide de la mère cause un sentiment d’ambivalence chez l’enfant qui se sent attristé mais frustré par l’abandon de la mère[7]. Selon la psychanalyste Mélanie Klein, l’enfant peut tomber dans un période schizo-paranoïde, où il peut halluciner la présence de la mère pour combler le vide de son absence[7]. Le fantôme de la mère de Mia symbolise parfaitement cette période car Mia cherche constamment son apparition pour être réconfortée par sa présence tout au long du film.

Fiche technique modifier

  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

  • Titre original : Talk to Me
  • Titre français : La Main
  • Titre québécois : Parle-moi[8]
  • Réalisation : Danny Philippou et Michael Philippou
  • Scénario : Bill Hinzman et Danny Philippou, d'après une idée de Daley Pearson
  • Musique : Cornel Wilczek
  • Direction artistique : Gareth Wilkes
  • Décors : Bethany Ryan
  • Costumes : Anna Cahill
  • Photographie : Aaron McLisly
  • Montage : Geoff Lamb
  • Production : Kristina Ceyton et Samantha Jennings
  • Sociétés de production : Causeway Films, Head Gear Films, Metrol Technology, Screen Australia, Talk to Me Holdings et The South Australian Film Corporation
  • Sociétés de distribution : Maslow Entertainment (Australie) ; SND Films (France), VVS Films (Québec)[8]
  • Pays de production :   Australie
  • Langue originale : anglais
  • Format : couleur
  • Genre : horreur, thriller
  • Durée : 94 minutes
  • Dates de sortie :
  • Classification :
    • France : interdit aux moins de 16 ans
    • Québec : 13 ans et plus (horreur, violence)

Distribution modifier

  • Sophie Wilde (VF : Déborah Claude) : Mia
  • Alexandra Jensen (VF : Julie Mouchel) : Jade
  • Joe Bird (VF : Esteban Oertli) : Riley
  • Otis Dhanji (VF : Maxym Anciaux) : Daniel
  • Miranda Otto (VF : Nathalie Homs) : Sue
  • Zoe Terakes (VF : Charlotte d'Ardalhon) : Hayley
  • Chris Alosio (VF : Mike Fédée) : Joss
  • Marcus Johnson : Max
  • Alexandria Steffensen : Rhea
  Source et légende : version française (VF) sur RS Doublage[9]

Tournage modifier

Le tournage a lieu, entre avril et , à Adelaide, en Australie-Méridionale, pour les studios et le lycée de Para Hills High[10].

Accueil modifier

Sortie modifier

Le film s'est vendu à de nombreux distributeurs internationaux au festival de Cannes 2022[11]. Le , le film a fait ses débuts lors d'une avant-première au festival du film d'Adélaïde[12]. Au festival du film Sundance 2023, le film a sa première mondiale dans sa programmation de minuit[13].

Le film a sa première européenne à la Berlinale et également projeté à South by Southwest (SXSW) en [14]. Le , il a également eu sa première canadienne au FanTasia[15]. Le , le film est sorti en salles en Australie, avant de sortir le lendemain en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et à l'international[16]. Début , il est interdit au Koweït pour avoir présenté un acteur transgenre, Zoe Terakes, malgré la projection de films dans d'autres parties de la région conservatrice du Golfe, inclus aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite[17].

Critiques modifier

Le film recueille 95 % de critiques positives, avec une note moyenne de 7.810 et sur la base de 247 critiques collectées, sur le site internet Rotten Tomatoes[18]. Sur Metacritic, il obtient un score de 76100 sur la base de 44 critiques collectées[19].

Suite modifier

Une suite est prévue pour 2025[20].

Notes et références modifier

  1. a b et c (en) Mohammed Abouelleil Rashed, « More Things in Heaven and Earth: Spirit Possession, Mental Disorder, and Intentionality », Journal of Medical Humanities, vol. 41,‎ , p. 365-366 (lire en ligne)
  2. a et b Meaghan Altman, Introduction à la Psychologie, Tophat, (lire en ligne), Module 14: Troubles psychologiques
  3. Mathieu Duperrex, « Qu'est ce qu'un monstre? », Enfances et Psy, vol. 2, no 51,‎ , p. 17-18 (lire en ligne)
  4. Matthieu Duperrex, « Qu'est ce qu'un monstre? », Enfances et Psy, vol. 2, no 51,‎ , p. 19 (lire en ligne)
  5. Karl Bohrn, « L'influence du groupe des pairs sur les usages de drogues », Psychotropes, vol. 9, nos 3-4,‎ , p. 197 (lire en ligne)
  6. a et b Cyril Tarquinio, « Chapitre 6. Psychotraumatisme et pathologies addictives », Les psychotraumatismes,‎ , p. 119-137 (lire en ligne  )
  7. a et b Marie-Frédérique Bacqué, « Suicide maternel et psychanalyse », Études sur la mort, vol. 1, no 127,‎ , p. 79-83 (lire en ligne)
  8. a b et c « Parle-moi », sur cinoche.com (consulté le ).
  9. « Fiche de doublage - La Main », sur RS Doublage.
  10. « Lieux et date de tournage - Talk to Me (2022) » (tournage et production), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
  11. (en) « Bankside Films scores slew of deals on Cannes slate (exclusive) », sur Screendaily (consulté le ).
  12. (en) « First look at TALK TO ME, upcoming horror feature by Youtube sensation RackaRacka », sur adelaidefilmfestival.org (consulté le ).
  13. (en) « ‘Talk To Me’ Directing Duo Danny & Michael Philippou Sign With WME Following Film’s Midnight Premiere At Sundance », sur Deadline (consulté le ).
  14. (en) « ‘Talk to Me’, ‘Marungka Tjalatjunu (Dipped in Black)’ off to Berlin », sur if.com.au (consulté le ).
  15. (en) « Fantasia Film Festival Second Wave Announces Serial Killer ‘Red Rooms’ As Opening Film, ‘Talk to Me,’ and More », sur bloody-disgusting.com (consulté le ).
  16. (en) « How to watch Talk to Me in Australia », sur Flicks (consulté le ).
  17. « Le Koweït interdit la diffusion d'un film avec un acteur transgenre non binaire au casting », sur France Info (consulté le ).
  18. (en) « Talk to me (2022) », sur Rotten Tomatoes (consulté le ).
  19. (en) « Talk to me (2022) », sur Metacritic (consulté le ).
  20. (en) Anthony D'Alessandro, « ‘Talk 2 Me’ In The Works From A24 & Danny And Michael Philippou », sur deadline.com, (consulté le ).

Liens externes modifier