L'Éléphant et le Singe de Jupiter
| L'Éléphant et le Singe de Jupiter | ||||||||
 Gravure de Nicolas-Dauphin de Beauvais d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759 | ||||||||
| Auteur | Jean de La Fontaine | |||||||
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| Pays |  France
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| Genre | Fable | |||||||
| Éditeur | Claude Barbin | |||||||
| Lieu de parution | Paris | |||||||
| Date de parution | 1693 | |||||||
| Chronologie | ||||||||
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L'Éléphant et le Singe de Jupiter est la vingt-et-unième fable du livre XII de Jean de La Fontaine situé dans le troisième et dernier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1693 mais daté de 1694.
Texte de la fable modifier
Autrefois l'Eléphant et le Rhinocéros,
En dispute du pas[N 1]et des droits de l'Empire[N 2],
Voulurent terminer la querelle en champs clos.
Le jour en était pris, quand quelqu'un vint leur dire
Que le singe de Jupiter,
Portant un caducée[N 3], avait paru dans l'air.
Ce Singe avait nom Gille[N 4], à ce que dit l'Histoire.
Aussitôt l'Eléphant de croire
Qu'en qualité d'Ambassadeur
Il venait trouver Sa Grandeur.
Tout fier de ce sujet de gloire,
Il attend maître Gille, et le trouve un peu lent
A lui présenter sa créance[N 5].
Maître Gille enfin, en passant,
Va saluer Son Excellence.
L'autre était préparé sur la légation[N 6] :
Mais pas un mot : l'attention
Qu'il croyait que les Dieux eussent à sa querelle
N'agitait pas encor chez eux cette nouvelle.
Qu'importe à ceux du firmament
Qu'on soit Mouche ou bien Eléphant ?
Il se vit donc réduit à commencer lui-même :
Mon cousin[N 7] Jupiter, dit-il, verra dans peu
Un assez beau combat, de son trône suprême.
Toute sa cour verra beau jeu[N 8].
Quel combat ? dit le Singe avec un front sévère.
L'éléphant repartit : Quoi vous ne savez pas
Que le Rhinocéros me dispute le pas ?
Qu'Eléphantide a guerre avecque Rhinocère[N 9] ?
Vous connaissez ces lieux, ils ont quelque renom.
Vraiment je suis ravi d'en apprendre le nom,
Repartit Maître Gille : on ne s'entretient guère
De semblables sujets dans nos vastes lambris[N 10]
L'Eléphant, honteux et surpris,
Lui dit : Et parmi nous que venez-vous donc faire ?
Partager un brin d'herbe entre quelques Fourmis :
Nous avons soin de tout. Et quant à votre affaire,
On n'en dit rien encor dans le Conseil des Dieux :
Les petits et les grands sont égaux à leurs yeux.
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, L'Éléphant et le Singe de Jupiter, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 494
Notes modifier
- De la préséance, avoir le pas sur quelqu'un c'est marcher avant lui dans les cérémonies
- Droit attaché au pouvoir suprême
- Emblème de paix du dieu Mercure qui sépara avec une baguette deux serpents qui se battaient et qui, réconciliés, s'enroulèrent autour de la baguette.
- C'est également le nom du singe de la fable Le Singe et le Léopard
- Lettres qui l'accréditent comme ambassadeur
- Mission du légat, c'est-à-dire de l'envoyé du Pape. La fable évoque donc les bons offices de l'Église dans les conflits européens.
- Terme d'honneur que les rois donnent aux cardinaux, aux princes de leur sang, et aux principales personnes qu'ils veulent honorer.
- Littré rattache cette métaphore au jeu de cartes.
- Ce sont les noms imaginaires et burlesques de leurs capitales respectives
- Le mot lambris désigne des revêtements de décoration des murs ou des plafonds, d'où au sens figuré, des appartements décorés.
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