Julien-Marie Durand

prêtre et archéologue de l'Ariège
Julien-Marie Durand
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 66 ans)
RieucrosVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Prêtre chrétienVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Henri Paul Durand
Mère
Émilie Louise Richou

Julien Marie Durand, né le à Bélesta, en Ariège, et mort le à Rieucros, en Ariège[1], est un prêtre catholique français qui a exercé ses fonctions dans l'est du département de l'Ariège. Il est connu pour ses travaux en archéologie préhistorique sur l'Holocène en Ariège. Il était membre de la Société préhistorique française.

Biographie modifier

Curé de campagne modifier

Julien Durand est l'ainé des six enfants d'Henri Paul Durand, ouvrier scieur, et d'Émilie Louise Richou, morte à 41 ans en 1919.

Après la mort de sa mère, il est placé comme apprenti-pâtissier à Toulouse. Après son service militaire à Lyon, il entre au séminaire de Changis (Seine-et-Marne), puis au grand séminaire de Mazères (Ariège). Il est ordonné prêtre en 1935. Il sera successivement curé de Montségur de 1936 à 1941, de Mijanès de 1941 à 1945, et enfin de Rieucros de 1945 jusqu'à sa mort.

Fait brièvement prisonnier en 1940, il s'évade avant la frontière allemande avec quatre autres compagnons d'infortune, et traverse la France à bicyclette pour rejoindre l'Ariège. En contact avec le maquis du Donezan, qu'il soutient depuis sa cure de Mijanès, il est arrêté et conduit à la villa Lauquié, siège de la Gestapo à Foix. Cette fois encore il s'évade, empruntant opportunément un vélo qui se trouvait là et qu'il rendra plus tard[2].

Préhistorien modifier

Près de Montségur, Julien Marie Durand fouille minutieusement le niveau prémoustérien de la grotte du Tuteil, dont il publie une description de l'industrie en quartzite, sans bifaces, avec l'abbé Henri Breuil.

Dans le chainon de la Bartefeuille et surplombant le Lasset, sur le territoire de la commune de Bénaix, il fouille de 1936 à 1942 le gisement préhistorique de la grotte de las Morts. Occupée en ses deux entrées opposées et présentant un habitat couvrant 200 m2 sur chaque station, elle a livré huit foyers s’échelonnant de 6500 à Une sépulture d’enfant et une flute en os, objet assez rare dans les Pyrénées, ont été trouvées[3],[4].

En 1952, il découvre les fresques romanes de l'église semi-rupestre de Vals sous plusieurs couches de badigeon. Il fouille également à proximité de cette église classée monument historique en 1910[5].

Collection modifier

Les objets archéologiques provenant des fouilles de l'abbé Durand ont été déposés au musée d'Archéologie nationale, à Saint-Germain-en-Laye, au musée de l'Ariège au château de Foix et au musée de Vals, géré par l'association des Amis de Vals, fondée par l'abbé en 1962, et qui se présente sous forme d'un "bar-expo"[6].

Hommage modifier

Un document de synthèse de ses recherches a été établi en 1988 par le Service géologique national[7].

Publications modifier

Principale publication modifier

Dans La Préhistoire de l'Ariège, du Néolithique I à la période de la Tène, ouvrage de 225 pages paru en 1968, illustré de photographies, de cartes, de coupes stratigraphiques, de graphiques et de relevés, l'abbé Durand a livré une vue d'ensemble de la préhistoire de l'est de l'Ariège, du Néolithique au premier Âge du fer inclus.

Il détaille avec précision et rigueur les résultats du gisement de la grotte de Las Morts, près de Montségur, sur la commune de Bénaix, où a été faite une fouille stratigraphique relevant minutieusement tout le « mobilier », envoyé ensuite au Musée des Antiquités nationales. Puis il liste les objets trouvés par ses prédécesseurs au XIXe siècle, époque où les recherches se préoccupaient peu de la datation, de l'environnement et du contexte des objets. Il les compare alors avec ceux trouvés à Las Morts et qu'il a pu dater, et avec ceux trouvés en stratigraphie au XXe siècle par des archéologues. Cette comparaison de formes et de types lui permet de proposer une vue d'ensemble des industries ariégeoises néolithiques[2].

Sont listées 105 stations ariégeoises allant du Néolithique au second âge du fer, certaines comprenant plusieurs sites, avec indication bibliographique des publications relatives. Est présent un répertoire alphabétique des objets trouvés en Ariège, avec indication de la fréquence, mention d'origine, localisation actuelle (musée ou collection particulière) et ses caractéristiques essentielles, avec reproduction dans la plupart des cas. Une bibliographie de 230 références donne l'essentiel des articles publiés jusqu'aux années 1960 en France, et partiellement à l'étranger, sur la préhistoire récente en Ariège[2].

Sur la préhistoire en Ariège modifier

  • Le Néolithique des cavernes en Ariège, Las Morts. 1er congrès des Sociétés académiques et savantes, Toulouse, 1943.
  • avec Henri Breuil, Le Prémoustérien du Tuteil (Ariège), bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, T. I, 1946, pp. 11 à 22.
  • Notes sur le Néolithique Ariégeois, bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, T. I, 1946, pp. 82-84.
  • Observations sur l'industrie préhistorique de Fontanet (Ariège), bulletin de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire de Toulouse, 1947, pp. 241-247.
  • De quelques fossiles directeurs des industries holocènes, en Ariège, congrès des Sociétés académiques et savantes, Agen, 1948.
  • Essai de classification d'industries holocènes, en Ariège, d'après les fossiles directeurs de Las Morts, bulletin de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire de Toulouse, 1950-1951, pp. 355-363.
  • Contribution à l'étude de l'habitat et du retranchement pendant la période holocène en Ariège, 78e congrès des Sociétés savantes, Toulouse, 1953.
  • Industrie de l'Age du Bronze du Tuteil (Montségur, Ariège), bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, T. II, 1956, pp. 89-94.
  • La Préhistoire dans la Haute vallée de l'Hers - Las Morts, bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, T. XIII, 1958, 24 pages, 14 pi. 162
  • Inventaire des objets de métal de l'Age du Bronze, découverts en Ariège, OGAM. T. XVI, 4-6, 1964, pp. 361-392, 4 pl., 1 carte, 1 tableau.
  • La Préhistoire de l'Ariège, du Néolithique I à la période de la Tène, 1968, Société ariégeoise des sciences, lettres et arts, 24e volume, 225 pages, 71 pl., 9 cartes.

Sur l'église Notre-Dame de Vals modifier

L'abbé Julien Durand a également publié notes et plaquettes sur l'église semi-rupestre de Vals, dont :

  • Les fresques romanes de Vals, dans Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts, 19e volume, 1960-1961, p. 23-35
  • L’église rupestre carolingienne de Vals (Ariège), dans Bulletin de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire, décembre 1962, p. 21-45

Références modifier

  1. Archives départementales de l'Ariège, commune de Bélesta, année 1904, acte de naissance no 2, vue 19/172, avec mention marginale de décès
  2. a b et c Ce paragraphe est une synthèse de l'article illustré Julien Durand à Vals ou les belles heures d’un abbé préhistorien de Christine Belcikowski lire en ligne articulé sur de nombreuses références. Des précisions notamment géographiques ont été incluses.
  3. Laurence d'Azinat, « Morenci entre mythe et réalité », sur Archives Azinat.com,
  4. « Protohistoire », sur Pays des Pyrénées cathares (consulté le )
  5. « Eglise Notre-Dame et croix de pierre », notice no PA00093933, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Hélène Bouillon, « L’église veille sur les traces du passé », sur La Dépêche du midi,
  7. Martine François, « DURAND Julien Marie , abbé », sur Comité des travaux historiques et scientifiques - Institut rattaché à l’École nationale des chartes, fiche créée le 06/07/2010 - dernière mise à jour le 28/09/2023

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier