John Stonehouse

politicien britannique

John Stonehouse
Illustration.
John Stonehouse en 1967.
Fonctions
Député

(2 ans, 5 mois et 30 jours)
Élection février 1974
Réélection octobre 1974
Circonscription Walsall North
Législature 46e, 47e
Prédécesseur William Wells (en)
Successeur Robin Hodgson
Ministre des Postes et Télécommunications

(8 mois et 18 jours)
Premier ministre Harold Wilson
Gouvernement Wilson (2)
Prédécesseur lui-même en tant que Postmaster general
Successeur Christopher Chataway
Postmaster general (en)

(1 an et 3 mois)
Premier ministre Harold Wilson
Gouvernement Wilson (2)
Prédécesseur Roy Mason
Successeur lui-même en tant que ministre des Postes et Télécommunications
Ministre d'État à la Technologie (en)

(1 an, 4 mois et 16 jours)
Premier ministre Harold Wilson
Gouvernement Wilson (2)
Prédécesseur aucun
Successeur William Mallalieu
Ministre de l'Aviation

(1 an, 1 mois et 8 jours)
Premier ministre Harold Wilson
Gouvernement Wilson (2)
Député

(16 ans, 11 mois et 11 jours)
Élection 1957 (en)
Réélection 1959, 1964, 1966, 1970
Circonscription Wednesbury (en)
Législature 41e, 42e, 43e, 44e, 45e
Prédécesseur Stanley Evans (en)
Successeur circonscription abolie
Biographie
Nom de naissance John Thomson Stonehouse
Date de naissance
Lieu de naissance Southampton
Date de décès (à 62 ans)
Lieu de décès Totton
Nationalité britannique
Parti politique Labour Co-op
Diplômé de London School of Economics

John Stonehouse est un homme politique britannique né le à Southampton et mort le à Totton.

Député travailliste de 1957 à 1976, il occupe plusieurs postes subalternes dans les gouvernements de Harold Wilson dans la deuxième moitié des années 1960.

En 1974, il simule sa propre mort afin de refaire sa vie avec sa maîtresse en Australie. Il est retrouvé au bout de quelques semaines et extradé. Le scandale et le procès pour fraude qui s'ensuivent lui coûtent sa carrière politique.

Biographie modifier

Origines et études modifier

John Thomson Stonehouse le à Southampton. Il est le quatrième et dernier enfant de William Mitchell Stonehouse, ingénieur au General Post Office, et de sa femme Rosina Marie Taylor. Son père est un syndicaliste actif, tandis que sa mère siège au conseil municipal de Southampton de 1936 à 1970 ; elle est maire de la ville en 1959[1].

Stonehouse quitte l'école à l'âge de 16 ans et trouve un emploi de secrétaire au service de probation de Southampton. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans la Royal Air Force. Après la fin du conflit, il reprend ses études et obtient un Bachelor of Science de la London School of Economics en 1951. C'est durant cette période, en 1948, qu'il épouse sa première femme, Barbara Joan Smith, une sténographe ; ils ont deux filles et un fils[1].

Carrière politique modifier

John Stonehouse s'implique dans le mouvement coopératif britannique (en). Il séjourne avec sa famille en Ouganda entre 1952 et 1954 pour contribuer au développement des coopératives dans ce protectorat britannique. Cette expérience africaine lui confère une certaine crédibilité dans les débats entourant la décolonisation de l'Empire britannique. De retour dans la métropole, il devient directeur de la London Co-operative Society (en) de 1956 à 1962, puis son président de 1962 à 1964[1].

 
John Stonehouse (deuxième en partant de la gauche) assiste à la présentation officielle du Concorde à Toulouse le .

Une élection partielle dans la circonscription de Wednesbury (en), dans le Black Country, permet à Stonehouse d'entrer à la Chambre des communes en 1957. Après la victoire travailliste aux élections générales de 1964, il est nommé sous-secrétaire parlementaire à l'Aviation dans le premier gouvernement de Harold Wilson. Au gré des remaniements, il détient ensuite les porte-feuilles de sous-secrétaire parlementaire aux Colonies (1966-1967), ministre de l'Aviation (1967), ministre d'État à la Technologie (en) (1967-1968), postmaster general (en) (1968-1969) et enfin ministre des Postes et Télécommunications (1969-1970). Aucun de ces postes subalternes ne lui vaut de place au sein du cabinet, mais il est nommé membre du Conseil privé en 1968[1].

Simulation de décès et condamnations modifier

Les conservateurs reviennent au pouvoir après les élections générales de 1970. Toujours député (de Wednesbury, puis de la nouvelle circonscription de Walsall North à partir de février 1974), John Stonehouse se consacre dès lors à diverses activités commerciales et philanthropiques[1].

Stonehouse est porté disparu le  : il se serait noyé au large de Miami au cours d'une baignade en mer. En réalité, il compte refaire sa vie sous une fausse identité en Australie en compagnie de sa secrétaire Sheila Buckley, qui est également sa maîtresse. Pour ce faire, il a détourné des sommes considérables de ses entreprises, il a récupéré des passeports au nom des maris de deux veuves de sa circonscription. Sa tentative de fuite fait long feu : cinq semaines après sa disparition, il est arrêté par la police australienne qui est à la recherche d'un autre éminent sujet britannique fraîchement disparu, Lord Lucan[1].

Extradé en Grande-Bretagne pour y être jugé, Stonehouse démissionne de son poste de député en 1976 (son siège est remporté par un conservateur à l'élection qui suit). Il est condamné et passe trois ans et demi en prison[1].

Dernières années modifier

Après sa libération, Stonehouse se consacre à des activités caritatives et écrit plusieurs romans. Son premier mariage s'achève par un divorce en 1978 et il se remarie trois ans plus tard avec Sheila Elizabeth Buckley, avec qui il a un fils. Il meurt d'un infarctus du myocarde dans son domicile de Totton, près de Southampton, dans la nuit du [1].

Postérité modifier

Activités d'espionnage modifier

Plus de vingt ans après sa mort, il est révélé publiquement que John Stonehouse a été un agent des services secrets militaires de la République socialiste tchécoslovaque. En 1979, la Première ministre britannique Margaret Thatcher et des membres de son cabinet apprennent qu'il a travaillé pour les services tchèques contre rémunération à partir de 1962, fournissant des informations d'ordre politique et technique, notamment dans le domaine de l'aviation, contre 5 000 £ de compensation. Thatcher et son cabinet estiment les preuves insuffisantes pour donner lieu à un procès[2].

Dans les médias modifier

Deux biographies de John Stonehouse sont publiées en 2021. Celle écrite par sa fille Julia, John Stonehouse, My Father: The True Story of the Runaway MP, s'efforce de réhabiliter sa mémoire, notamment en niant les accusations d'espionnage portées à son encontre, à l'inverse de celle écrite par son petit-neveu Julian Hayes, Stonehouse: Cabinet Minister, Fraudster, Spy[3].

En 2023, la mini-série télévisée britannique Stonehouse : député, amant et espion (Stonehouse), inspirée de sa vie et avec Matthew Macfadyen dans le rôle-titre, est diffusée sur ITV au Royaume-Uni et en 2024 par Arte en France.

Ouvrages modifier

  • 1960 : Prohibited Immigrant
    Récit de son voyage en Afrique en 1959.
  • 1975 : Death of an Idealist
    Autobiographie.
  • 1982 : Ralph
    Roman.
  • 1986 : The Baring Fault
    Roman.
  • 1987 : Oil on the Rift
    Roman.
  • 1989 : Who Sold Australia?
    À titre posthume.

Résultats électoraux modifier

Date Circonscription Parti Voix % Résultat
23 février 1950 Twickenham Labour Co-op 23 088 35,1 battu
25 octobre 1951 Burton Labour Co-op 24 151 49,3 battu
28 février 1957 (en) Wednesbury (en) Labour Co-op 22 235 62,2 élu
8 octobre 1959 Wednesbury (en) Labour Co-op 24 157 52,1 élu
15 octobre 1964 Wednesbury (en) Labour Co-op 23 473 53,7 élu
31 mars 1966 Wednesbury (en) Labour Co-op 26 041 58,9 élu
18 juin 1970 Wednesbury (en) Labour Co-op 23 998 53,8 élu
28 février 1974 Walsall North Labour Co-op 32 458 63,6 élu
10 octobre 1974 Walsall North Labour Co-op 28 340 59,5 élu

Références modifier

  1. a b c d e f g et h Nicholls et McNally 2010.
  2. (en) Alan Travis, « Margaret Thatcher in cover-up after Czech spy exposed John Stonehouse », sur The Guardian, (consulté le )
  3. (en) Andrew Rawnsley, « John Stonehouse, My Father by Julia Stonehouse; Stonehouse by Julian Hayes – review », sur The Guardian, (consulté le )

Bibliographie modifier

Liens externes modifier