Joanny Durand

sculpteur français

Joanny Durand est un sculpteur, graveur et écrivain français, né le à Boën-sur-Lignon (Loire) et mort le à Sainte-Agathe-la-Bouteresse (Loire).

Il a réalisé de nombreux monuments aux morts dans le département de la Loire. Ses sculptures et ses gravures sont marquées par le style Art déco et le réalisme des années 1930.

Biographie modifier

Joanny Durand est né le dans le département de la Loire, à Boën-sur-Lignon, où son père, Jean Antoine Durand est vigneron. En 1888, ses parents s’installent à Saint-Étienne[1]. De 1901 à 1904, Joanny Durand suit des cours de ciselure et de gravure sur armes à Saint-Étienne à l'École régionale des arts industriels en 1884 (qui devient École régionale des beaux-arts en 1923)[2]. Il obtient une bourse pour étudier la sculpture à Paris auprès de Jean-Antoine Injalbert[1], Jean Dampt et Eugène Marioton[3]. Après son service militaire (1905-1906), il étudie aux Beaux-Arts de Paris et travaille chez Élie Gonon, un graveur stéphanois installé à Paris[2]. Il se marie en 1913 à Paris avec Alice Hélène Mangenot. Ils auront un fils, Clovis, né en 1918[1]. En 1928, il épouse en secondes noces Marie Louise Frater.

Mobilisé en 1914, il est grièvement blessé lors de la première bataille de la Marne et réformé en . Il est mutilé de guerre à 60 %. Dans les années 1920, il réalise de nombreux monuments aux morts, principalement dans le département de la Loire, des œuvres représentatives des courants patriotiques et régionalistes de son époque, et marquées par l'Art déco et le réalisme des années 1930[4].

Il obtient une médaille d’or à la 4e Exposition internationale d’arts décoratifs modernes et de l’habitation de Nice en 1929[5]. Il quitte Paris pendant la Seconde Guerre mondiale et s'installe à Sainte-Agathe-la-Bouteresse dans la propriété familiale de sa mère, Antoinette Decour. Il est professeur de dessin, de modelage et de sculpture sur pierre à l'École de beaux-arts de Saint-Étienne de 1940 à 1951[2].

Outre la gravure d'armes et de médailles, il a pratiqué la gravure sur bois et la céramique. Il est également l'auteur d'un recueil de poèmes (La Folle en liberté, vers 1952[6]) et d'un recueil de contes du Forez, Les Contes de mon cuvage[7].

Joanny Durand meurt le [8] à Sainte-Agathe-la-Bouteresse. Il est inhumé dans sa propriété.

Œuvres modifier

Sculptures modifier

Quatorze monuments aux morts ont été recensés, dans la Loire, le Puy-de-Dôme, le Rhône et à Paris. Aux côtés des représentations classiques de poilus et de familles en deuil, on trouve des thèmes plus originaux avec des guerriers gaulois ou des chevaliers.

Le Monument aux morts de Saint-Julien-d'Oddes, inauguré en 1923, représente ainsi un Gaulois brandissant une épée[9].

Celui de la ville de Thiers, inauguré en 1923, est composé d'un guerrier gaulois soutenant un poilu[10],[11].

À Boën-sur-Lignon, un guerrier gaulois se tient avec un poilu devant la France victorieuse[12]. De même, le bas-relief aux étudiants morts pour la France représente un guerrier gaulois et un soldat romain dos à dos[13].

On relève une inspiration médiévale dans le Monument aux morts de Sail-sous-Couzan, inauguré en 1948. De part et d'autre d'un poilu gisant, deux chevaliers en armure se tiennent debout avec leurs chevaux[14],[15].

Enfin, le Monument des élèves et des professeurs du lycée Claude Fauriel, inauguré en 1922 à Saint-Étienne[16], se compose d'un bas-relief figurant une fresque historique, où chaque personnage incarne une grande bataille de France : Poitiers, Bouvines, Patay, Valmy et la bataille de la Marne[17],[18]. La figure de Jeanne d'Arc se trouve au centre du monument.

D'autres monuments s'attachent à la figure emblématique du poilu. Il s'agit des monuments du cimetière de Boën-sur-Lignon, inauguré en 1922[19],[20], de Sainte-Agathe-la-Bouteresse, inauguré en 1922[21],[22], et de Cezay, inauguré après 1925[23],[24].

Certaines de ses réalisations montrent des femmes et des familles en deuil. C'est le cas du Monument aux morts de La Fouillouse, inauguré en 1922[25], de celui de Villié-Morgon, inauguré en 1923[26], de Chazelle-sur-Lyon, inauguré en 1924[27],[28] et de Leigneux, inauguré en 1924[29].

Le Monument aux morts de Saint-Rambert-sur-Loire, inauguré en 1924, représente une allégorie de la Patrie[30].

Joanny Durand a également exécuté les bas-reliefs du fronton de l’hôtel particulier Subit-Gouyon, de style Art déco, à Saint-Étienne (1930-1931)[31]. Ils représentent des scènes de cueillette, de chasse et de pêche ainsi que des colombes. Des bas-reliefs illustrant les travaux des champs sont également visibles dans sa maison et atelier, à Sainte-Agathe-la-Bouteresse[32].

Gravures modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c Daniel et Marie-Claude Baby, Joanny Durand et les monuments aux morts de la Loire, Montbrison, Cahiers de Village de Forez, , 32 p. (ISSN 0241-6786), p. 5-6.
  2. a b et c Eric Perrin, Témoins de pierre. Monuments aux morts de la Grande Guerre, Lyon, Édition Patrimoine rhônalpin, , 41 p. (ISBN 978-2-909692-38-8), p. 15
  3. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 448.
  4. Gilbert Garde (dir.), Grande encyclopédie du Forez et des communes de la Loire, Le Coteau, Horvath, (ISBN 2-7171-0333-3), p. 227-231.
  5. « Service régional de l'Inventaire d'Auvergne. Les escaliers de la gloire : le monument aux morts de Thiers », (consulté le ).
  6. Joanny-Durand (préf. Émile Pagès), La Folle en liberté, S.l, c. 1952..
  7. Joanny-Durand (préf. Jean-José Frappa), Les Contes de mon cuvage, traduits du patois forézien, Saint-Étienne, impr. de Bornier et de Mans, s.d. 1946, 2e éd. (SUDOC 006094139).
  8. La notice de la BNF mentionne par erreur l'année 1956.
  9. « Saint-Julien-d'Oddes », sur Les monuments aux morts.
  10. « Thiers », sur Les monuments aux morts.
  11. Service régional de l'Inventaire d'Auvergne, Les Escaliers de la gloire : le monument aux morts de Thiers, 2015, 12 p.
  12. « Boën », sur Les monuments aux morts.
  13. « Les monuments aux morts sculptés en France : Paris. Association des étudiants de Paris », (consulté le ).
  14. « Sail-sous-Couzan », sur Les monuments aux morts.
  15. « Inventaire général du patrimoine culturel », sur base Mérimée.
  16. Daniel et Marie-Claude Baby, Joanny Durand et les monuments aux morts de la Loire, Montbrison, Cahiers de Village de Forez, , 32 p. (ISSN 0241-6786), p. 11.
  17. Voir la base des monuments aux morts.
  18. 36000 cicatrices. Les monuments aux morts de la Grande Guerre, Paris, Édition du patrimoine, Centre des monuments nationaux, , 95 p. (ISBN 978-2-7577-0495-0), p. 78.
  19. « Monuments à Boën », sur Les monuments aux morts.
  20. « Inventaire général du patrimoine culturel », sur Base Mérimée.
  21. « Monument à Sainte-Agathe-la-Bouteresse », sur Les monuments aux morts.
  22. « Inventaire général du patrimoine culturel », sur Base Mérimée.
  23. « Monument à Cezay », sur Les monuments aux morts.
  24. « Inventaire général du patrimoine culturel », sur Base Mérimée.
  25. « Monument à La Fouillouse », sur Les monuments aux morts.
  26. « Monument à Villié-Morgon », sur Les monuments aux morts.
  27. « Le célèbre sculpteur Joanny Durand a laissé sa griffe à Chazelles ».
  28. « Monument à Chazelles-sur-Lyon », sur Les monuments aux morts.
  29. « Monument à Leigneux », sur Les monuments aux morts.
  30. Daniel et Marie-Claude Baby, Joanny Durand et les monuments aux morts de la Loire, Montbrison, Cahiers de Village de Forez, , 32 p., p. 23-24.
  31. « Hôtel Subit-Gouyon », sur Base Mérimée.
  32. « Maison et atelier de Joanny Durand », sur Base Mérimée.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Daniel et Marie-Claude Baby, « Joanny Durand et les monuments aux morts de la Loire », Cahiers de Village de Forez, no 133, 2015, Montbrison, 32 p. (ISSN 0241-6786).
  • Daniel et Marie-Claude Baby, « Joanny Durand », Bulletin municipal de Leigneux, , p. 6 ([PDF] en ligne).
  • Monique Luirard, La France et ses morts. Les monuments commémoratifs dans la Loire, Saint-Étienne, université de Saint-Étienne, Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur les structures régionales, 1978, 144 p.
  • Pierre Mathieu, « Le célèbre sculpteur Joanny Durand a laissé sa griffe à Chazelles », Patrimoine et histoire industrielle, agricole et architecturale de Chazelles-sur-Lyon, (en ligne).
  • Patrimoine et histoire de Chazelles-sur-Lyon, « Joanny Durand 1886-1955. Un sculpteur forézien à découvrir » ([PDF] en ligne).
  • Éric Perrin, « Joanny Durand », in : Témoins de pierre. Monuments aux morts de la Grande Guerre, Lyon : Édition Patrimoine rhônalpin / Bourg-en-Bresse : M&G Édition, coll. « Vademécum Patrimoine rhônalpin », 2015, p. 15. (ISBN 978-2-909692-38-8).
  • Service régional de l'Inventaire d'Auvergne, Les Escaliers de la gloire: le monument aux morts de Thiers, 2015, 12 p. ([PDF] en ligne).

Liens externes modifier