Jeanne Marais

pseudonyme de Lucienne Marfaing, autrice et collaboratrice des ''Annales politiques et littéraires'' notamment

Jeanne Marais, est le pseudonyme de Lucienne Marfaing, née le à Paris 5e[1] et morte le à Paris 7e[2],[3], romancière française.

Jeanne Marais
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Lucienne MarfaingVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Biographie modifier

Jeanne Marais est issue d'un milieu bourgeois. Née à Paris, elle passe sa jeunesse sur la Côte d'Azur, à Nice, où elle se mêle aux artistes et gens de lettres. Elle révèle très tôt le désir de mener une carrière littéraire. Vers ses 16 ans, elle publie des vers et des contes dans les journaux niçois sous le pseudonyme de Ludine[4].

Sa famille est de retour à Paris à partir de 1910, où elle prend le pseudonyme de Jeanne Marais - d'après le nom de la Rue des Marais où elle résidait alors avec ses parents. Son premier roman publié en 1911, La Carrière amoureuse, est remarqué par la critique : Gaston de Pawlowski écrit qu'il s'agit d'un « livre gentiment cynique ». À la mort de son père en 1912 d'une crise d'urémie, elle est sans ressources et doit vivre de sa plume pour subvenir à ses besoins et ceux de sa mère avec qui elle vit [5]. Elle travaille en tant que lectrice pour Adolphe Brisson aux Annales politiques et littéraires, où elle publie des nouvelles, ainsi qu'au Petit Journal.

Sa mère meurt le 13 octobre 1917, ce qui entraîne chez Jeanne Marais une grave dépression. Seule, n'ayant pas obtenu les succès escomptés, elle se suicide au gaz par asphyxie le 20 mai 1919 dans son appartement situé rue Lalo. Elle est trouvée agonisante, est transportée à l'hopital où elle décède quelques jours plus tard, le 25 mai 1919[6]. Elle est enterrée au cimetière des Batignolles.

Mlle Jeanne Marais a disparu en pleine jeunesse, dans l’éclat de sa beauté, au milieu d’une carrière brillante et qui semblait lui promettre de grandes satisfactions. Un talent chaque jour plus ferme et plus souple, une imagination riche en trouvailles, une frémissante sensibilité : voilà ce qui, le 20 mai 1919, fut anéanti. Les amis de Mlle Marais garderont d’elle un souvenir impérissable. Ils admiraient l’écrivain ; ils pleurent la femme douée de vertus viriles, en même temps qu’ornée de toutes les grâces, loyale, vaillante et tendre… (Adolphe Brisson, préface à Le Mariage de l'adolescent)

Écriture modifier

Ses romans sont d'inspiration autobiographique, mêlés de romanesque, audacieux par leur contenu libertin pour l'époque. Son cousin André Lang, dans son autobiographie Bagage à la consigne publiée en 1960, écrit qu’elle a été influencée très tôt par Jean Lorrain, que fréquente sa famille[5]. En particulier, La Maison Pascal rappelle par son titre La Maison Philibert, de Jean Lorrain, publié en 1904. La critique moraliste lui reproche d'être une écrivaine grivoise, écrivant que ses romans "… sont des gravelures. Le Huitième péché est plus propre que les précédents, c’est peu dire, car c’est encore assez vilain. Peau de Chamois est le pire : il est absolument sensuel." Elle envoya le manuscrit de La Virginité de Mademoiselle Thulette à Henry Gauthier-Villars (dit Willy), qui le remania légèrement avant de le faire publier sous leurs deux noms.

« Ma collaboratrice — que je n’ai jamais vue — est charmante, écrit à ce propos M. Willy, dans une lettre importante pour les biographes futurs. Elle m’a envoyé son manuscrit, je l’ai tripatouillé et bergsonifié de mon mieux — et c’est bien, je crois, le premier des humains avec lequel je travaille et qui dise du bien de mon apport. L'Eveil, 4 novembre 1918 [7]

Elle entretient jusqu'à la fin de sa vie une correspondance avec son cousin André Lang, dont des extraits ont été publiés par Adolphe Buisson dans sa préface à Le Mariage de l'adolescent publié en 1920 à titre posthume.

Œuvres modifier

Notes et références modifier

  1. Archives de Paris, page 9 acte 396
  2. archive du 7e arr. de Paris p.12/31 acte 1208 [1] Le vingt cinq mai mil neuf cent dix neuf à neuf heures trente du soir est décédée 42 rue de Sèvres, Lucienne Marfaing femme de lettres domicilié 4 rue Lalo (16e) née à Paris (6e) le douze février mil huit cent quatre vingt-huit fille de Eugène Marfaing et de Fany Amélie Caroline Dreyfus époux décédés. Célibataire. Dressé le vingt huit mai mil neuf cent dix neuf neuf heures du matin sur la déclaration de Eugène Gauthier trente cinq ans et de Emile Boulbin trente deux ans employés domiciliés 42 rue de Sèvres qui lecture faite ont signé avec nous Paul Louis André Gaté adjoint au maire du septième arrondissement de Paris
  3. Le Journal, le Matin du 29/05/1919 [2] [3] Les obsèques de Mlle Lucienne Marfaing, en littérature Jeanne Marais, décédée subitement à Paris, à l’âge de trente et un ans, auront lieu demain vendredi 30. De la part de Me Maurice Marfaing et Mme, ses frère et belle-sœur, de M. et Mme Ernest Lang et de M. André Lang, ses cousins. On se réunira, à midi, à la porte du cimetière des Batignolles. Cet avis tient lieu de faire part.
  4. Jeanne Marais, Le Mariage de l’adolescent, Grasset, (lire en ligne), Préface d'Adolphe Brisson
  5. a et b André Lang, Bagage à la consigne, Gallimard, , Première partie
  6. L'Excelsior, 30 mai 1919"Une jeune fille, qui s'était fait rapidement une place dams la littérature de romans, Mlle Jeanne Marais (de son nom ie lamine Lucienne Marfaines), s'est suicidée dans des conditions aussi mystérieuses que dramatiques. Dimanche matin, vers 8 heures, les voisins de Mlle Marais, qui habitait un appartement au premier étage du n° 4 de la rue Lalo, entendirent la jeune romancière pousser des gémissements. Ils prévinrent ,la concierge, qui monta sonner chez Mlle Marais, sans que celle-ci vînt ouvrir. Les gémissements continuant, il fallait aviser. On alla quérir une échelle pour l'appliquer le long de l'immeuble et pénétrer ainsi par la fenêtre dans la chambre de Mlle Marais. On trouva celle-ci râlant sur son lit, et Je visage méconnaissable. Elle s'était asphyxiée en détachant le caoutchouc de son radiateur. Mlle Marais vivant seule, on dut la transporter d'urgence à l'hôpital Laënnee, où tout fut immédiatement tenté pour la sauver. Mais les soins furent inutiles. L'intoxication, qui, on a pu l'établir, avait duré quatorze heures, avait fait son œuvre, et Jeanne Marais rendit le dernier soupir. La désespérée n'avait que trente -et un ans. A force de travail et d'énergie. elle avait connu le succès. Elle était lectrice aux Annales. Son dernier roman, la Nièce de l'oncle Sam, venait de paraître et partait bien. L'avenir s'ouvrait brillant devant Jeanne Marais. La vie lui souriait. On ne lui connaissait point de soucis matériels. Elle. était très affable. A quoi attribuer sa funeste décision, ce dégoût subit de l'existence ? Tristesses intimes, neurasthénie ? On en est réduit aux conjectures. La morte a emporté son secret avec elle."
  7. « Willy et ses collaborateurs », L'Eveil,‎ , p. 2 (lire en ligne)

Liens externes modifier

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Résumés et commentaires des romans de Jeanne Marais, par Jean-Louis Le Breton