Jean II Stapleton

planteur esclavagiste français d'originaire irlandaise (1696-1776)

Jean II Stapleton, né en 1696 au Cap Français (Saint-Domingue), mort en 1776 à Nantes, est un négociant, planteur esclavagiste et armateur nantais, issu d'une famille des Irlandais de Nantes.

Biographie modifier

Origine et famille modifier

Créole de la colonie de Saint-Domingue, il est le fils du riche planteur esclavagiste Jean Ier Stapleton et de Helène Skerrett.

En 1733, il épouse à Nantes[1] Agnès O'Shiell, fille de Luc O'Shiell, grand négociant et armateur négrier d'origine irlandaise jacobite qui travaille avec sa mère devenue veuve[2]. Lors de ce mariage, la dot d'Agnès s'élève à 250 000 livres[3].

De ce mariage naîtront au château des Dervallières (paroisse Saint-Martin de Chantenay) plusieurs enfants, notamment : Luc-Edmond (1733[4]), Hélène Agnès et Anne.

Luc-Edmond épousera en 1766 Marie-Anne de Lannion, dame d’Arradon, près de Vannes, où le couple établit sa demeure principale.

Hélène Agnès épousera en 1767 le comte Pierre-André Gohin de Montreuil, gouverneur de Saint-Domingue.

Anne épousera le Pierre François de Bardon de Segonzac (1749-1816), propriétaire du château de Segonzac, vicomte et capitaine des vaisseaux du roi devenu ensuite contre-amiral et commandeur de l'ordre de Saint-Louis en 1816 peu avant sa mort[5].

Propriétés foncières modifier

Seigneurie des Dervallières

En 1701, son père a acheté la seigneurie des Dervallières à Nantes, pour le prix de 64 000 livres[6] et a agrandi le château.

La bibliothèque de Stapleton, aux Dervallières, se distingue par une plus forte proportion d’ouvrages de théologie que chez les autres négociants, et une part plus faible pour les sciences et les arts et surtout pour les belles-lettres. Elle contient plus d’écrits juridiques, ce qui est révélateur de son appartenance à la vieille noblesse[7].

Comté de Trèves

En 1741, Jean II Stapleton achète lui-même le fief de la Grande Durandière (à St-Martin de Chatenay, Nantes)[6],[8], puis, en 1747, le domaine et château de Trèves dans l'actuelle commune de Chênehutte-Trèves-Cunault (Maine-et-Loire)[9]. Dans l'achat figurent les châtellenies de Milly, Pocé, Villeneuve-Maillard, Sourches, Mardron, la Tour de Ménives. Le , Louis XV érige la baronnie en comté, en ajoutant à ces seigneuries les terres de Laillou (L'Aillou), Baucheron, Virollais, Saugré, la Mimerolle, les Noyers Aménard, Varennes-sous-Doué et Laleau. En 1762, le comté de Trèves est encore augmenté des terres du prieuré de Cunault.

En 1748, en relation avec cet achat, Jean II Stapleton emprunte 200 000 livres tournois, au denier 20 (taux d'intérêt de 5 % ; cf. l'article rentes) à l'armateur nantais Guillaume Grou, son beau-frère : "Le fils Stapleton opère la création d'un comté, l'ensemble des terres acquises par deux générations en l'espace de soixante années s'étend sur une superficie de 7 000 hectares" (analyse l'historienne Natacha Bonnet[10] qui a étudié le parcours de cette grande famille de l'armement nantais[7]). Les clauses du contrat notarié établissant le paiement à 400 milliers de sucres pesant, soit une année de la production de la plantation familiale.

Dès 1750, Jean II Stapleton fait reconstruire le château de Trèves, ne conservant que le donjon de l'ancien. Un immense escalier monumental donne accès au nouveau palais. L'escalier intérieur dessert diverses salles voûtées, nues et désertes. Des cuisines occupent le soubassement et plus bas figurent les prisons. Du château de Trèves, il ne reste véritablement que la tour jouxtant l'église. Sa litre seigneuriale orne l'église Notre-Dame de Cunault dont il est le seigneur[11].

Le total des patrimoines nantais et angevins s'élève à 790 262 livres tournois[7]. Les biens coloniaux de la famille totalisent 1,14 million de livres en 1789 contre 400 000 livres en 1751.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, 525 p. [ (ISBN 2-86781-362-X)]

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Acte de mariage de Jean II Stapleton et Agnès O'Shiell (16 février 1733) : Saint-Nicolas, vue 6 (difficile à lire) et Table décennale, vue 187. Cf. AMN Registres paroissiaux.
  2. Cf. [1]
  3. Cf. [2]
  4. Acte de naissance de Luc-Edmond Stapleton : Chantenay, 7 décembre 1733.
  5. Cf. [3]
  6. a et b Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, Patrick Clarke de Dromantin, p.144
  7. a b et c « http://economix.u-paris10.fr/pdf/colloques/2008_RTP/Bonnet_Natacha.pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  8. « Les testaments des réfugiés jacobites au XVIIIe s., p. 231--244, par Patrick Clarke de Dromantin : La Grande Durandière en Nantais, p. 238 », sur Itinéraires spirituels, t. II : Au contact des Lumières, dir. Anne-Marie Cocula et Josette Pontet, aux PUB (Presses universitaires de Bordeaux), 2005
  9. Le 23 mars 1747, la terre de Trèves est vendue par le maréchal Adrien Maurice de Noailles pour 510 000 livres à Jean II Stapleton, Adrien Maurice de Noailles ne l'ayant conservée que quelques jours, après l'avoir achetée au duc d'Estrées.
  10. Cf. Analyse de Natacha Bonnet
  11. Célestin Port, Dictionnaire historique : géographique, et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancien Anjou, t. 1, Angers, H Siraudeau, , 2e éd. (1re éd. 1876), 876 p. (lire en ligne), p. 866