János Gálicz

(1890–1939)
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János Gálicz (en hongrois : Gálicz János, en russe : Янош Галич), né à Tótkomlós en 1890, mort à Moscou en 1939, est un militaire hongrois qui obtint la nationalité soviétique et qui, sous le pseudonyme de "Colonel Gal", ou "Général Gal", combattit aux côtés des Républicains pendant la guerre civile espagnole.

János Gálicz
Biographie
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Arme
Grade militaire
Conflits

Chef très controversé des Brigades internationales (en particulier de la XVe B.I.) il fut rappelé à Moscou et liquidé lors des Grandes Purges.

Biographie modifier

Jeunesse et adhésion au communisme modifier

Gálicz nait à Tótkomlós, alors ville de l’Empire austro-hongrois (actuellement dans le comitat de Békés, dans l’extrême Est de la Hongrie.

Fait prisonnier par les Russes sur le front oriental, il est envoyé en camp de prisonniers et devient communiste ; il participe avec les bolcheviques à la guerre civile russe[1].

Par la suite il sort de l’Académie militaire Frounze avec le grade de colonel.

Guerre civile espagnole modifier

Sous le pseudonyme de « général Gal »[2], il commande dès le la XVe brigade internationale[3] et se signale par son caractère intraitable.

Il est blessé le et remplacé par Vladimir Ćopić. Gal et Senko (Ćopić) alterneront par la suite à la tête de la XVe B.I.[4].

Après la bataille du Jarama, 6 au , les pertes ayant été énormes dans la XVe B.I., Gal réorganise les effectifs et entraîne ses troupes.

Pendant la bataille de Brunete, du 6 au , Gal commande la 15.ª División del Ejército Popular de la República, une troupe de choc composée de la XIIIe B.I. et de la XVe B.I.[5]. Les pertes sont énormes, les conditions extrêmes, les combats atroces - les Nationalistes ne font pas de prisonniers - et l’incompétence des chefs grande.

À Brunete, le chef d'état-major de Gal, George Montague Nathan, est tué.

Controverses modifier

Aucun historien n’a écrit de commentaire favorable sur l’action de Gálicz pendant la guerre civile espagnole[6].

En particulier, son ordre d’attaquer le cerro (colline) du Pingarrón pendant la bataille du Jarama a été jugé suicidaire et stupide[7] et a entraîné des pertes énormes dans la XVe B.I. : plus du tiers des anglophones[8].

Il semble que Gálicz a voulu à tout prix remporter des lauriers en Espagne, sans tenir compte du fait que ses soldats étaient des citoyens américains, britanniques et canadiens, ayant familles et correspondants - et non les combattants anonymes et innombrables de la guerre civile russe. De plus, le caractère du « plus mystérieux et incompétent des officiers soviétiques »[9] était imprévisible, et son incompétence évidente[10].

Herbert Matthews, reporter du New York Times, a décrit Gálicz comme « un Hongrois qui lutte pour l’Internationale communiste au lieu de lutter pour la République espagnole ». Selon Eby[Qui ?], Ernest Hemingway aurait dit que les conditions chez Gálicz étaient déplorables, et qu’il méritait d’être fusillé (voir infra le chapitre « Gal vu par Ernest Hemingway »).

Fin modifier

Fin 38, Staline, apparemment bien tenu au courant, entre autres par son envoyé spécial en Espagne Mikhaïl Koltsov, rappelle Gálicz à Moscou et le fait liquider[11]dans le cadre des Grandes Purges[12].

Gal vu par Ernest Hemingway modifier

Ernest Hemingway reprochait à Gal comme à son collègue Senko, Vladimir Ćopić, de sacrifier inutilement les combattants de la XVe brigade internationale (et en particulier les Américains du Lincoln Batallion et les Britanniques du British Battalion) en appliquant à la lettre la méthode russe de l'assaut massif dérivée des combats de la Première Guerre mondiale et de la guerre civile russe. De plus Hemingway pensait (et affirmait) que les Américains et Britanniques devaient avoir un chef d'origine anglo-saxonne et non hongroise ou croate.

Dans Pour qui sonne le glas, le héros, Robert Jordan, maquisard américain qui se bat aux côtés des Républicains espagnols, pense aux chefs soviétiques qu’il a rencontrés au Gaylord, leur hôtel de Madrid, et il ne cache pas son exécration pour Gal : "Et puis il y avait Gal, le Hongrois, qui aurait dû être fusillé si l’on ne croyait que la moitié de ce que l’on entendait sur lui au Gaylord. Même si l’on n’en croit que le dixième, d’ailleurs… "[13]

Hemingway a décrit aussi dans Pour qui sonne le glas comment, lors des conseils de guerre de l’état-major des forces républicaines, Massart (André Marty), le commissaire politique tout puissant mais incompétent en matière stratégique, décidait quel était selon lui le point faible de l’ennemi et pointait du doigt, au hasard, sur la carte, la position à attaquer. Alors que le général Golz (Karol Świerczewski) protestait contre l’ordre inepte, "Gall et Copic, qui étaient des politiciens ambitieux, approuvaient chaque fois et, plus tard, des hommes qui n’avaient pas vu la carte, mais apprenaient par ouï-dire le numéro de la colline avant de quitter leur point de départ, et à qui on avait juste montré le terrain ou les tranchées qui s’y trouvaient, escaladaient encore une fois la pente pour y trouver leur mort, ou, encore une fois arrêtés par des mitrailleuses placées dans des bosquets d’oliviers, ils devaient renoncer à atteindre le sommet. Ou bien, sur d’autres fronts, les hommes grimpaient aisément, et cela ne servait absolument à rien."[14].

Voir aussi modifier

Notes modifier

  1. Eby, Cecil D. Comrades and commissars: the Lincoln Battalion in the Spanish Civil War. Penn State Press, 2007. (ISBN 9780271029108), p. 65
  2. Il y eut en Hongrie un général Gál : Gál Sándor (hu), héros de la révolution de 1848, né en 1817, mort en exil dans une prison italienne (1866)
  3. SBHAC «Orden de batalla del Ejército Popular al cese de Lago Caballero: Abril - Mayo de 1937» Consultado el 14 de marzo de 2012
  4. Les chefs qui se sont succédé à la tête de la XVe B.I. sont :
    • János Gálicz, du 31 janvier au 15 février 1937,
    • Vladimir Ćopić, du 15 février au 10 juillet 1937,
    • Klaus Becker, du 10 juillet au 5 août 1937,
    • à nouveau Vladimir Ćopić, du 5 août 37 au 7 mars 1938,
    • Robert Hale Merriman, du 7 mars au 31 mars 1938
    • une dernière fois Vladimir Ćopić, du 1er avril au 15 mai 1938.
    Un Espagnol, José Antonio Valledor, puis un Cubain et un Brésilien commandèrent ensuite la XVe B.I. jusqu’à sa dissolution.
  5. SBHAC «Cronología de las Brigadas Internacionales»
  6. Eby, Cecil D. Voluntarios norteamericanos en la guerra civil española. Ediciones Acervo, 1974, p. 92.
  7. Ediciones Ruedo Ibérico «El asedio de Madrid (1936-1937)»
  8. Kitchen, Martin. Europe between the wars. Pearson Education, 2006. (ISBN 058289414X), p. 356
  9. Eby, Cecil D. Comrades and commissars: the Lincoln Battalion in the Spanish Civil War. Penn State Press, 2007. (ISBN 9780271029108), p. 65
  10. Petrou, Michael. Renegades: Canadians in the Spanish Civil War. UBC Press, 2008. (ISBN 9780774814171), p. 63
  11. Vladimir Ćopić, son collègue à la tête de la XVe B.I., subit le même sort en 1939.
  12. Mora, Juan Miguel de. Sólo queda el silencio. Univ de Castilla La Mancha, 2005. (ISBN 848427361X), p. 166
  13. Pour qui sonne le glas, milieu du chapitre 18. "Then there was Gall, the Hungarian, who ought to be shot if you could believe half you heard at Gaylord’s. Make it if you can believe ten per cent of what you hear at Gaylord’s… ".
  14. milieu du chapitre 42 de "For Whom the Bell Tolls" (Pour qui sonne le glas) : " Gall and Copic, who were men of politics and of ambition, would agree, and later, men who never saw the map, but heard the number of the hill before they left their starting place and had the earth or diggings on it pointed out, would climb its side to find their death along its slopes or, being halted by machine guns placed in olive groves would never get up it at all. Or on other fronts, they might scale it easily and be no better off than thay had been before."