Ioan Zalomit

philosophe roumain
Ioan Zalomit
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Ion Zalomit
Nationalité
Activité

Ioan Zalomit (1823[1][a]–1er mai 1885) est un philosophe roumain, professeur et recteur de l'Université de Bucarest.

Biographie modifier

Ioan Zalomit naît à Bucarest, dans une famille de marchands. Ses parents, probablement d'origine grecque, sont nés en Valachie[2].

Il commence ses études dans des écoles privées, probablement françaises, et achève sa formation en France, à l'Université de Paris et plus tard en Allemagne, à l'Université de Berlin. Il obtient le titre de docteur ès philosophie de cette dernière université, en 1848, avec une thèse sur la philosophie de Kant.

Ioan Zalomit commence à enseigner la philosophie à l'Académie Saint-Sava[3] . Lors de la création de l'Université de Bucarest, en 1864, il est nommé professeur de philosophie à la Faculté de lettres. Il y occupe le poste de recteur entre mai 1871 et avril 1885. En 1882, il devient membre du Conseil permanent de l'instruction publique et, en 1885, il est élu vice-président de cette institution.

Apports philosophiques modifier

Comme d'autres traducteurs, Ioan Zalomit contribue à la création d'un corpus terminologique moderne de philosophie en roumain et à la diffusion des idées philosophiques dans la société roumaine. Il traduit le manuel d'Antoine Charma (1801-1869), introduisant ainsi en Roumanie l'éclectisme de Victor Cousin, dont Charma fut le disciple. Cet ouvrage propose le découpage de la philosophie en cinq disciplines : psychologie, logique, morale, théodicée et histoire de la philosophie. Par sa traduction du manuel de Charma, Zalomit introduit pour la première fois en Roumanie l'histoire de la philosophie comme discipline philosophique.

Sa thèse de 1848 est la première exégèse de la philosophie de Kant rédigée par un Roumain. Bien que le kantisme soit à cette époque connu des Roumains à partir de différents cours et manuels (de Daniil Philippidis, Gheorghe Lazăr, Eufrosin Poteca, Eftimie Murgu, August Treboniu Laurian, Simeon Bărnuţiu, et bien sûr celui de Ioan Zalomit lui-même), les monographies à ce sujet étaient alors inexistantes. Zalomit situe Kant dans le contexte historique de la philosophie moderne, présentant les principales figures des traditions empiriste et rationaliste. Il considère Kant comme un successeur de l'esprit cartésien, en ayant accompli le programme énoncé, mais non réalisé, par Descartes.

Ioan Zalomit propose dans sa thèse une critique de Kant, sur plusieurs sujets. Par exemple, il critique la prééminence épistémologique que Kant attribue au sens visuel, arguant que le toucher doit être au moins aussi important que la vue pour la connaissance du monde extérieur, puisque la catégorie de substance est pratiquement indissociable de ce sens. Zalomit soutient ensuite que Kant n'a pas analysé de manière critique les trois idées de la raison pure, qui, selon lui, ne sont que des applications distinctes de l'idée d'infini, ou d'absolu, et peuvent donc être réduites à cette idée. Ensuite, il fait remarquer qu'en parlant des choses en soi, Kant franchit les limites de sa propre philosophie.

Ioan Zalomit considère que la plus grande difficulté de la philosophie de Kant est le distinguo entre nature et liberté. Il pense que cette séparation ne peut se maintenir, et il soutient qu'une identification de la nature et de la liberté n'est pas à craindre. Les lois morales ne peuvent en être affectées, car la liberté est naturelle, elle est inhérente à la notion de nature. Ainsi, les préceptes moraux pourraient être considérés comme des devoirs de la nature. Par cette naturalisation de la liberté, Ioan Zalomit entend sauver la « véritable harmonie des choses naturelles », le « véritable organisme de l'Univers », afin de sauver à la fois la liberté humaine et la validité du concept de Divine Providence. Cette conception chrétienne et organiciste témoigne de l'influence de l'orthodoxie orientale sur sa vision du monde, mais aussi de sa connaissance de la philosophie de la nature de Schelling.

« … dico naturae notioni inesse jam libertatem, libertatique inesse, quod sit ipsa naturalis. Tum demum organismus mundi ac vera omnium in natura rerum concordia restituitur; qua sine re ne dei quidem notio pura ac sincera servari potest[b] ». -- I. Zalomit[1]

Bibliographie modifier

Œuvres modifier

  • De Kantianae philosophiae principiis ac dignitate. Dissertation inauguralis philosophica, Berolini, [1848]
  • Principes et mérite de la philosophie de Kant[4], dissertation inaugurale, Berlin, Gustav Schade, 1848 (version française du titre précédent)
  • Anuarul general al instrucţiunei publice din România pe 1861-62) Discurs la distribuirea premiilor. 29 Iunie 1862[5],(« L'état de l'instruction publique en Haute-Roumanie à la fin de l'année académique 1861-1862.) Discours prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise des prix le 29 juin 1862 », Bucarest, Typographia Statului Sf. Sawa şi Niphon, 1862

Traductions modifier

  • Elemente de filosofie, Bucarest, Tipografia lui Eliade, 1854, traduction roumaine de Réponses aux questions de philosophie retenues dans le programme adopté pour l'examen du baccalauréat ès Lettres[6], d'A. Charma, Paris, Librairie Classique et Elémentaire de L. Hachette, 1835.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. NdT. Selon Bogdan Rusu : Bien que de nombreux auteurs donnent 1820 comme date de naissance (et certains 1810), Zalomit lui-même déclare être né en 1823 (vita annexée à la dissertation inaugurale donnée à Berlin, De principiis ac dignitate philosophiae Kantianae, Berlin, G. Schade, 1848)
  2. NdT. « ... Je dis que la liberté existe déjà dans le concept de nature, et que la liberté existe parce qu'elle est elle-même naturelle. Alors finalement l'organisme du monde et la véritable harmonie de toutes choses dans la nature des choses sont restaurés ; sans quoi l'idée même de Dieu ne peut être maintenue pure et sincère » -- I. Zalomit

Références modifier

  1. a et b (ro) Bogdan Rusu, « FILOSOFIE ROMÂNEASCĂ - PROBLEMA MINTE–CORP LA ELEVII LUI ION ZALOMIT », Bucarest, (consulté le ) : « Deși mulți autori dau 1820 ca dată de naștere (iar unii 1810), Zalomit însuși a afirmat că s-a născut în 1823 (vita anexată disertației inaugurale susținută la Berlin, De principiis ac dignitate philosophiae Kantianae , Berlin, G. Schade, 1848 -- Bien que de nombreux auteurs donnent 1820 comme date de naissance (et certains 1810), Zalomit lui-même déclare être né en 1823 (vita annexée à la dissertation inaugurale donnée à Berlin, De principiis ac dignitate philosophiae Kantianae, Berlin, G. Schade, 1848 ) »
  2. Gheorghe Lazăr, Les marchands en Valachie : XVIIe – XVIIIe siècles, Bucureşti, Institutul Cultural Român, , 437 p. (ISBN 978-973-577-520-9 et 973-577-520-4, OCLC 234257368, lire en ligne)
  3. (ro) « Ioan Zalomit » (consulté le )
  4. (ro) Principes et merite de la Philosophie de Kant. Dissertation inaugurale philosophie ecrite le XXV mars, avec l'autorisation de la Facultá Philosophique de Berlin, par Jean Zalomit, docteur en philosophie. Berlin (Impr. de Gustave Schade), 1848. (21 x 13,5). 46 p. (II 410184)
  5. (ro) Starea instrucţiunei publice în România de Sus, la finitul annului scolariu 1861-1862. Discursu pronunçiatu cu ocasiunea solemnităţei de împărţirea premieloru în 28 Iunie 1862, de Direct. scóleloru Ion Zalomitu. Bucureşti (Typografia Statului, Sf. Sava şi Niphon), 1862. 15, 19 p., 3 f. tab. (BCS IV 16870)
  6. Antoine Charma, Réponses aux questions de philosophie contenues dans le programme adopté pour l'examen du baccalauréat ès-lettres, Paris, L. Hachette, , 203 p. (lire en ligne)