Interglaciaire Mindel-Riss

période interglaciaire du Pléistocène moyen
(Redirigé depuis Holsteinien)

L'interglaciaire Mindel-Riss désigne une période interglaciaire qui sépare la glaciation de Mindel, qui le précède, et la glaciation de Riss, qui le suit. Il correspond au stade isotopique de l'oxygène 11 (SIO 11), qui s'étend de 421 000 à 395 000 ans avant le présent (AP).

Interglaciaire Mindel-Riss
Équivalent alpin Mindel-Riss
Équivalent nordique Holsteinien
Équivalent russe Likhvine (Лихвинский)
Équivalent sibérien Tobolsk (Тобольский)
DébutFin
421 000 ans 395 000 ans

Variation des températures et du volume des glaces durant les quatre derniers cycles glaciaires du Pléistocène (lecture de gauche à droite).
Une autre vision des cycles glaciaires du Pléistocène moyen, de 600 000 à 100 000 ans AP (lecture de droite à gauche).

Historique

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Interglaciaire Mindel-Riss est une terminologie alpine, introduite en 1909 par Albrecht Penck et Eduard Brückner, deux géologues allemands[1].

D'autres désignations ont été proposées au cours du XXe siècle pour d'autres régions d'Europe ou du monde, et qui se sont révélées équivalentes :

Ces systèmes de désignation traditionnels ne correspondent pas à la réalité des cycles glaciaires du Pléistocène moyen sur la planète, qui sont au nombre de 7 selon la chronologie isotopique (avec une périodicité d'environ 100 000 ans)[2], et non pas de 3 comme dans les terminologies traditionnelles. Tenter de mettre les deux systèmes en correspondance relève donc en partie de choix arbitraires, tempérés par le fait que certains maximums glaciaires ont été plus sévères que d'autres.

Chronologie

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On a attribué à l'interglaciaire Mindel-Riss différentes datations au fil du XXe siècle, avant que les techniques modernes permettent d'émettre des propositions plus précises.

Le stade isotopique de l'oxygène 11 (SIO 11) a été daté en 2005 de 424 000 à 374 000 ans AP[2]. Cet intervalle a été resserré de 421 000 à 395 000 ans AP en 2023[3].

Sites paléolithiques

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Plusieurs sites paléolithiques européens sont datés de cette période, au cours de laquelle le peuplement humain a pu s'étendre vers des latitudes plus hautes que pendant les phases glaciaires. Il s'agit généralement de sites acheuléens, puisque cet interglaciaire correspond à la fin du Paléolithique inférieur.

  • 414 000 ans AP : occupation du site de Beeches Pit, en Angleterre, par des humains employant un outillage acheuléen généralement en silex, constitué notamment de grattoirs, de denticulés et de bifaces. Les fouilles ont livré des sédiments rougis et noircis, des silex rubéfiés, et des os d'animaux brulés, dans des foyers de forme circulaire ou ovalaire, de dimensions importantes (environ un mètre de diamètre)[4].
  • 412 000 ans AP : début de l’occupation du site de Bilzingsleben, en Thuringe (Allemagne). Le site a livré des foyers attestant de l'usage du feu[4], datés vers 370 000 ans AP, et des vestiges fossiles et lithiques.
  • Vers 400 000 ans AP : datation de l'Homme de Swanscombe, nom donné aux fragments d'un crâne fossile néandertalien, découverts de 1935 à 1955 à Swanscombe, dans le Kent, dans le Sud de l'Angleterre[6].

Références

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  1. (de) Albrecht Penck et Eduard Brückner, Die Alpen im Eiszeitalter, Leipzig, Chr. Herm. Tauchnitz,
  2. a et b (en) Lorraine E. Lisiecki et Maureen Raymo, « A Pliocene-Pleistocene stack of 57 globally distributed benthic δ18O records »,‎ (DOI 10.1029/2004PA001071)
  3. (en) Sophie Fernández Arias, Michael W. Förster et Frank Sirocko, « Rieden tephra layers in the Dottinger Maar lake sediments: Implications for the dating of the Holsteinian interglacial and Elsterian glacial », Global and Planetary Change, vol. 227,‎ , p. 104-143 (DOI 10.1016/j.gloplacha.2023.104143, lire en ligne)
  4. a et b Henry de Lumley, La Domestication du feu aux temps paléolithiques, Paris, Éditions Odile Jacob, , p. 47-62
  5. Marc Azéma et Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , 420 p. (ISBN 978-2-10-075789-3, présentation en ligne).
  6. (en) Christopher Brian Stringer et Jean-Jacques Hublin, « New age estimates for the Swanscombe hominid, and their significance for human evolution », Journal of Human Evolution, vol. 37,‎ , p. 873–877 (DOI 10.1006/jhev.1999.0367, lire en ligne)
  7. (en) Patricia J. Ash et David J. Robinson, The Emergence of Humans : An Exploration of the Evolutionary Timeline, John Wiley & Sons, , 338 p. (ISBN 978-1-119-96424-7, présentation en ligne)
  8. Corinne Julien, Histoire de l'humanité, vol. 1, UNESCO, , 1658 p. (ISBN 978-92-3-202810-5, présentation en ligne)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste  :