Hippolyte Herménégilde Tell

Hippolyte Herménégilde Tell né le et décédé le à Cayenne en Guyane. Il fut le premier directeur noir de Guyane au Bagne de Saint-Laurent-du-Maroni.

Hippolyte Herménégilde Tell
Fonction
Directeur
Bagne de Saint-Laurent-du-Maroni
Administration pénitentiaire française
Guyane
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 65 ans)
CayenneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Herménégilde Philippe Hippolyte Athénodore TellVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Administrateur, commisVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Enfant
Parentèle
Félix Éboué (gendre)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions

Biographie

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Herménégilde Philippe Hippolyte Athénodore Tell est né le à Cayenne au 23 rue de Choiseul - actuelle avenue du Général de Gaulle - fils de Hippolyte Tell âgé de vingt-sept ans à sa naissance, tonnelier, et de Eudora Résumé[1].

Son père Hippolyte avait 10 ans en 1844 lorsque fut aboli l'esclavage dans les colonies françaises. La fiche provenant des Archives nationales d'outre-mer précise que Tell Hippolyte, alors âgé de 10 ans, était esclave à l'Habitation La Ressource, chez la veuve Lemarinier, à l'Île de Cayenne, quartier de Remire avec toute sa famille. Hippolyte était le fils de Guillaume (42 ans) et de Cécile Base (45 ans) et avait deux autres frères et une sœur : Édouard (17 ans), Auguste (15 ans), et Rosillette (7 ans) au moment où ils furent déclarés « nouveaux libres » en 1848[2].

Hippolyte Tell, père d'Herménégilde, était lui-même tonnelier de 2e classe dans l'administration pénitentiaire depuis le au magasin des subsistances à Cayenne. Il est notamment cité dans une décision du Gouverneur en date du qui détermine la solde et le supplément des boulangers et des tonneliers employés à Cayenne et sur les établissements pénitentiaires. Il y est indiqué que la solde annuelle des tonneliers passait de 1,080 francs à 1,095 francs au .

Une autre décision du Gouverneur daté du , précise qu'Hippolyte Tell, distributeur de vivres de 1re classe, est nommé à partir du 1er juillet suivant, second commis aux vivres de 2e classe, à la solde annuelle de 1,700 francs, soit 900 francs pour la solde d'Europe et le supplément colonial de 800 francs. Alors qu'il était affecté à Saint-Laurent-du-Maroni depuis , il est nommé le commis aux vivres de 2e classe au pénitencier de Cayenne, en remplacement du sieur Carrera, qui a reçu une autre destination. Le , le sieur Tell Hippolyte est nommé second commis aux vivres de 1re classe avec une solde annuelle de 2,175 francs.

Hippolyte Tell, commis aux vivres de la Marine, est décédé le à l'âge de 47 ans à son domicile de Cayenne, au numéro 78 rue de la Provence (actuelle rue du Lieutenant Goinet).

Nota : Le , le Gouverneur accorde à Herménégilde Tell, ainsi qu'à d'autres élèves, vraisemblablement en raison des faibles revenus de son père, la gratuité exceptionnelle pour poursuivre ses études au Collège de Cayenne. Cette Décision portait concession de bourses au Collège de Cayenne et à l'externat des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny.

Carrière professionnelle

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Herménégilde Tell entre dans l'administration pénitentiaire le à l'âge de 17 ans comme commis de 3e classe sur décision ministérielle, notifiée le du même mois. Il sera appelé sur décision du directeur de l'administration pénitentiaire à servir à Saint-Laurent-du-Maroni le , en remplacement de M. le Teste, employé du même grade, rappelé au chef-lieu. Il sera désigné au choix et à l'ancienneté commis de 2e classe le avec une augmentation de solde de 200 francs.

Il est à noter qu'un commis débutant de 3e classe de l'administration pénitentiaire avait en 1882 une solde annuelle de 2,500 francs alors qu'au sommet de la hiérarchie, un directeur de l'administration pénitentiaire dans les colonies gagnait 14,000 francs par an.

De commis rédacteur de 3e classe le , il avancera progressivement les échelons pour devenir commis rédacteur de 1re classe le . Le , il est nommé sous-chef de bureau de 3e classe pour atteindre le grade de sous-chef de bureau de 1re classe le .

Le , il est nommé chef de bureau de 3e classe avant de devenir chef de bureau de 1re classe le . Il sera nommé sous-directeur de l'administration pénitentiaire le . En juillet 1914 alors qu'il n'est alors que chef de bureau de 1er classe, puis en et en , Herménégilde Tell est nommé « directeur p.i » de l'administration pénitentiaire de la Guyane en remplacement du titulaire (retraite / maladie).

Il devient directeur de l'administration pénitentiaire coloniale de Guyane le jusqu'au , date de son départ à la retraite, à l'âge de 60 ans.

Il est à noter qu'un arrêté du Gouverneur de la Guyane du nommait Herménégilde Tell, en sus de ses fonctions de directeur de l'administration pénitentiaire, Président du Conseil du contentieux administratif pour l'année 1923. Aujourd'hui, ce Conseil s'appellerait Tribunal administratif ... Herménégilde Tell a aussi exercé diverses fonctions de juge au tribunal de première instance aussi bien à Cayenne qu'à Saint Laurent du Maroni.

Son départ à la retraite « forcé » est dû à l'insistance du gouverneur Chanel qui trouvait qu'Herménégilde Tell n'était pas à la hauteur du poste qu'il occupait. Ce revirement brutal des excellentes appréciations habituelles attribuées à ce directeur de l'administration pénitentiaire était-il dû à ses capacités devenues insuffisantes, au soutien de l'intéressé à Jean Galmot ou fait suite à la visite du journaliste Albert Londres en Guyane en 1923 ... ?

Dans son ouvrage « Au Bagne » (Bnf, p. 141), Albert Londres relate sa visite à Saint Laurent du Maroni en ces termes : « Saint Laurent du Maroni est le royaume de l'administration pénitentiaire. C'est une Royauté absolue, sans Sénat, sans Chambre, sans même un petit bout de conseil municipal. C'est la capitale du crime. Le roi règne et gouverne, c'est M. Herménégilde Tell, un nègre. Son premier ministre est M. Dupé, un blanc ».

Pour l'anecdote, les bagnards n'appréciaient pas beaucoup le directeur de l'administration pénitentiaire qu'il surnommait le « Machoiran », comme le poisson de Guyane du même nom, en raison semble-t-il de ses yeux un peu globuleux[3].

Activités diverses après sa retraite

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L'intéressé aurait tout d'abord exercé les fonctions d'avocat puis de conseiller général et de conseiller municipal de la ville de Cayenne en 1928 avec l'équipe de J. Galmot. Il a exercé, après le décès de J. Galmot, les fonctions de Secrétaire général du Parti de la Liberté. Dans un récapitulatif de sa carrière, il est indiqué qu'Herménégilde Tell était titulaire d'une licence en droit obtenu en 1894. On peut supposer qu'il aura préparé son diplôme universitaire tout en travaillant dans l'administration pénitentiaire. Il se rendra à cette occasion en France pour passer sa licence.

Herménégilde Tell avait cependant été battu lors du scrutin du devant élire un Conseiller général de la 2e circonscription (Approuague - Oyapoc - Kaw). Il avait été battu au premier tour par Paul Claire, élu avec 199 voix, contre 126 pour Herménégilde Tell.

Franc-maçonnerie et décorations diverses

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Herménégilde Tell a intégré la loge maçonnique de la France Equinoxiale en 1893. Cette loge a été créée à Cayenne en 1844. Il sera nommé Vénérable de la loge à deux reprises. L'intéressé avait atteint le haut « grade » de franc-maçon 33e degré...

Vie privée

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Herménégilde Tell se marie à Cayenne le avec la demoiselle Joséphine, Rose, Elisabeth Halmus, sans profession, née à Saint-Laurent-du-Maroni le . Celle-ci est la fille légitime d'André Halmus, commis aux vivres dans l'administration pénitentiaire et de dame Octavie Pollux, demeurant à Cayenne.

Le couple aura trois enfants : Guillaume né en 1889, Eugénie née en 1891 et Charles né en 1894. Eugénie Tell épousera Félix Eboué le . Après avoir été institutrice à Saint Laurent du Maroni, elle rejoindra son mari en Afrique (Oubangui-Chari) en 1923. Elle mènera une vie exceptionnelle aux côtés de son illustre mari et aura elle-même une très belle carrière politique jusqu'à sa mort survenue en 1972.

Au décès de son épouse en 1924, Herménégilde Tell aura deux autres enfants avec la demoiselle Julienne Félix : Roger né en 1926 et Charlotte née en 1928.

Il décédera le à son domicile de Cayenne, au 54 rue Mme Payé, à l'âge de 66 ans. Son domicile, qu'il avait acheté en 1890, deviendra bien plus tard en l'an 2000 une annexe du Musée des Cultures guyanaises qui se trouve au no 78 de la même rue.

Décorations

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L'intéressé a reçu au cours de sa carrière professionnelle un certain nombre de distinctions et de titres honorifiques :

Notes et références

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Références

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  1. Biographie de Herménégilde Tell[1]
  2. « Base "Esclaves et affranchis de Guyane" », sur manioc.org (consulté le )
  3. Gros plan sur la carrière professionnelle de Herménégilde Tell[2]

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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