Groupes antiterroristes de libération

escadron de la mort espagnol

Les Groupes antiterroristes de libération (espagnol : Grupos Antiterroristas de Liberación, GAL) étaient des commandos para-policiers et paramilitaires espagnols, actifs d'octobre 1983 à 1987, ayant comme objectif la lutte contre l'ETA, principalement sur le territoire français.

Groupes antiterroristes
de libération
GAL
Idéologie
Objectifs Assassinat des militants ETA en France, provocation d'une action de l’État français contre ETA
Statut Dissous
Fondation
Date de formation Vers 1983
Pays d'origine Drapeau de l'Espagne Espagne
Actions
Victimes (morts, blessés) Plus de 34 morts et 50 blessés
Zone d'opération France, Espagne
Période d'activité 1983-1987
Organisation
Chefs principaux Plusieurs chefs dont le ministre de l'intérieur José Barrionuevo et le directeur de la sécurité de l’État Rafael Vera, l'organigramme remonterait au plus haut niveau de l’État espagnol entre 1983 et 1987
Financement L’État espagnol par détournement de budget
Groupe relié Honneur de la Police, Triple A, Guérilleros du Christ Roi, le Bataillon Basque Espagnol, Comandos Antimarxistes, Groupes Armés Espagnols, Antiterrorisme ETA
Conflit basque

Tenant compte de ces visées antiterroristes, les GAL ont constitué, au moins dans l'esprit de ceux qui les ont créés et dirigés, une forme de lutte étatique antiterroriste clandestine, quand ses détracteurs les dénonçaient comme un véritable terrorisme d'État.

Historique

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Origines

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Les GAL s'inscrivaient dans une mouvance anti-terroriste clandestine. Durant la dictature de Franco et pendant la transition démocratique (gouvernements de l'Union du centre démocratique, UCD), différentes organisations recouraient déjà à des méthodes illégales pour combattre l'ETA, comme Triple A, les Guérilleros du Christ roi, le Bataillon basque espagnol (BVE, actif de 1975 à 1980), les Commandos antimarxistes, les Groupes armés espagnols (GAE) et Antiterrorisme ETA (ATE, actif de 1973 à 1975)[1]. Certaines d'entre elles bénéficiaient d'appuis politiques. Des membres des corps de sécurité de l'État n'hésitaient pas non plus à pratiquer une « guerre sale » contre le terrorisme[2].

Une fois la transition démocratique achevée, et l'autonomie accordée au Pays basque espagnol, la lutte armée de l'ETA pour l'indépendance du Pays basque prit de l'ampleur. Une grande partie des membres de l'organisation s'était réfugiée au Pays basque français, où elle pouvait organiser ses attentats (une moyenne de quarante assassinats par an, entre 1983 et 1987). Pour diverses raisons, notamment la volonté d'éviter toute extension de la violence au territoire national, les autorités françaises fermaient en effet les yeux sur le problème.

Naissance des GAL

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En 1982, le président du gouvernement espagnol, le socialiste (PSOE) Felipe González, tenta une dernière fois d'obtenir la collaboration de l'État français, sans succès[1].

Des groupes clandestins furent créés peu après par de hauts fonctionnaires du ministère espagnol de l'Intérieur, dirigé par José Barrionuevo, membre du gouvernement González. Disposant de fonds secrets, ils étaient composés de membres des services secrets espagnols (CESID-Centro Superior de Información de la Defensa), de la Guardia Civil (équivalent de la gendarmerie) et de la Police nationale (Policía Nacional). Ceux-ci recourraient eux-mêmes aux services de criminels de droit commun pour leurs opérations.[réf. nécessaire]

L'objectif des GAL était d'éliminer des terroristes basques espagnols (ETA) vivant au Pays basque français (ouest du département des Pyrénées-Atlantiques). Le sentiment d'insécurité ainsi généré en France obligerait, selon eux, les autorités de ce pays à engager une véritable lutte contre les groupes terroristes basques.[réf. nécessaire]

En juin 2020, la CIA déclassifie des informations confirmant que Felipe Gonzalez a autorisé la création des Groupes antiterroristes de libération[3].

Attentats anti-terroristes de 1983 à 1987

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De la fin 1983 à la fin 1987, les GAL ont commis une quarantaine d'attentats, dont vingt-sept assassinats[4] (certaines sources évoquent 27 ou 34 morts ; il est difficile de savoir quels crimes peuvent être imputés aux GAL, plutôt qu'à d'autres groupuscules ayant les mêmes objectifs, ou à des rivalités internes à ETA[5]) et des enlèvements. La grande majorité de ceux-ci a été perpétrée au Pays basque français (notamment dans le quartier du Petit Bayonne, à Bayonne).

En plus des objectifs « officiels » susmentionnés, les GAL ont également commis des attentats contre des militants de la gauche indépendantiste et écologiste basque. Ils sont également responsables de la mort d'une quinzaine de citoyens français sans aucune appartenance politique connue[6].

Fin des GAL

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Les GAL cessèrent officiellement toute activité en 1987, lorsque Charles Pasqua débuta une véritable politique de collaboration avec les autorités espagnoles. L'année suivant la vague d'arrestations et d'expulsions vers l'Espagne déclenchée par le ministre de l'Intérieur français, le nombre de victimes de l'ETA fut divisé par deux, alors que l'action des GAL, outre sa complète illégalité et ses multiples bavures, n'avait pas réduit le nombre d'attentats.

Les GAL ont fait l'objet d'enquêtes journalistiques (notamment de la part des quotidiens espagnols Diario 16 et El Mundo), qui ont fait découvrir à l'opinion publique leur organisation, leur sources de financements et leur connexions politiques, même si celles-ci demeurent encore en grande partie secrètes.

Des procès ont également permis, depuis 1987, d'un peu mieux comprendre le fonctionnement des GAL. Le plus fameux, en France pour le moins, est celui auquel a donné lieu l'un des premiers crimes des GAL : l'enlèvement du citoyen hispano-français Segundo Marey, relâché après quelques jours, quand les ravisseurs constatèrent qu'ils s'étaient trompés de cible. À l'issue de ces procès, de hauts responsables militaires et politiques espagnols, comme le ministre de l'intérieur de l'époque, ont été condamnés à des peines de prison et de privation de droits.

En France, une trentaine de membres des GAL ont été incarcérés[5]. La question de l'éventuelle aide apportée par les autorités françaises aux activités des GAL reste ouverte. Les députés du PCF ont réclamé en vain, le , la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la question. Chargé d'instructions sur les GAL quand il était en poste à Bayonne, le juge d'instruction Christophe Seys a, de sa nouvelle affectation à Vannes, publiquement dénoncé les entraves mises à son travail par sa hiérarchie et la police française. L'ex-commissaire Lucien Aimé-Blanc a aussi fait quelques révélations sur l'implication de la France dans les activités du GAL[7].

Action en France

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L'action des GAL en France résulte du fait que les autorités espagnoles considéraient que le Pays basque français servait de base arrière aux combattants de l'ETA, que le président Mitterand refusait d'extrader. Le recrutement français des GAL se fait dans les milieux mafieux et d'extrême droite. Une trentaine de meurtres sont commis par les GAL en territoire français. Charles Pasqua a directement accusé le gouvernement espagnol de ces meurtres[8]. Huit français ont été tués par les GAL[9].

Chronologie des attentats

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  •  : disparition des activistes José Ignacio Zabala Artano « Joxi » et José Antonio Lasa Arostegi « Joxean », rue des Tonneliers à Bayonne.
  •  : enlèvement à Hendaye de Segundo Marey. Il est libéré le , une fois l'erreur d'identité constatée.
  •  : assassinat au bar Kaietenia de Bayonne de l'activiste Ramon Oñaederra Bergara « Kattu ».
  •  : Mikel Goikoetxea Elorriaga dit « Txapela » meurt des suites d'un attentat contre sa personne quatre jours plus tôt à Saint-Jean-de-Luz.
  •  : Angel Gurmindo Lizarraga « Stein » et Bixente Perurena Telletxea « Peru » sont assassinés à Hendaye.
  •  : Eugenio Gutierrez Salazar est assassiné à Mauléon-Licharre.
  •  : assassinat à Hendaye d'un jeune cheminot, citoyen français, Jean-Pierre Leiba[9].
  •  : Un mercenaire du GAL, Jean-Pierre Chérid, meurt à Biarritz dans l'explosion de la bombe qu'il manipulait.
  •  : assassinat à Biarritz de Xabier Perez de Arenaza.
  •  : Ramon Basanez Jauregi est blessé à Bayonne. Plusieurs voitures piégées explosent à Biarritz et Bayonne.
  •  : Rafaël Goikoetxea Errazkin est assassiné sur la route de Baigorri. Jésus Zugarramurdi Huitzi qui l'accompagnait est grièvement blessé.
  •  : attentat au bar La Consolation à Saint-Jean-de-Luz blessant José Luis Oliva Gallastegi, Bonifacio Garcia Nuño et Juan Vicente Jauregizuria Uria.
  •  : mitraillage du bar Etxabe, rue Pannecau à Bayonne, quatre blessés légers.
  •  : Tomás Pérez Revilla meurt à la suite des graves brûlures provoquées par l'attentat du à Biarritz, dans lequel fut blessé son compagnon Roman Orbe.
  •  : incendie à l'entreprise Urkide d'Hendaye.
  •  : incendie à la coopérative Denek de Arrosa.
  •  : incendie à l'entreprise Collectivité Service à Bayonne.
  •  : incendie à la coopérative Alki d'Itxassou.
  •  : Christian Olaskoaga, citoyen français, est assassiné à Biriatou.
  •  : Santi Brouard, parlementaire de Herri Batasuna, est assassiné dans son cabinet de pédiatre de Bilbao.
  •  : Juan José Iradier est blessé à la suite d'un attentat à Hendaye.
  •  : Xabier Manterola, est blessé dans un attentat à la bombe.
  •  : à Bayonne le jeune Christian Casteigts est grièvement blessé par une bombe qui le laisse handicapé physique.
  •  : Josu Amantes et Gotzon Zabaleta sont grièvement blessés par balles à Bayonne dans un attentat au bar Lagunekin, rue Pannecau.
  •  : mitraillage et jets de grenade au restaurant Briketenia de Guéthary. Les propriétaires, les frères Ibarboure sont légèrement blessés.
  •  : Ramon Basanez est blessé dans un attentat à Ciboure.
  •  : deux membres du GAL tirent dans un bar à Ciboure, deux morts.
  •  : attentat au café des Pyrénées, rue Pannecau à Bayonne. Benoît Pécastaing, citoyen français, est tué ; Kepa Pikabea et Jean-Marc Mutio sont blessés. Un des tueurs, Pierre Baldès, est arrêté.
  •  : Xabier Galdeano Arana, photographe du journal Egin en Iparralde, est assassiné à Saint-Jean-de-Luz.
  •  : assassinat à Ciboure des citoyens français Émile Weiss et Claude Doerr.
  •  : assassinat à Bayonne de Santos Blanco Gonzalez.
  •  : Fernando Egileor Ituarte est blessé à Anglet.
  •  : Juan Carlos Lezertua est blessé dans un attentat à Ciboure.
  •  : Dominique Labeyrie, citoyen français, est blessé à Saint-Jean-de-Luz.
  •  : Juan Mari Otegi Elizegi « Txato » est assassiné alors qu'il allait en voiture à Saint-Jean-Pied-de-Port.
  •  : Sabin Etxaide Ibarguren, Augustin Irazustabarrena Urruzola « Legra », Inaki Asteasuinzarra Pagola « Beltza » et José Maria Etxaniz Maiztegi « Potros » sont assassinés au café « Mon bar » à Bayonne, rue Pannecau.
  •  : attentat à Hélette contre Fernando Biurrun qui en sort indemne.
  •  : attentat à l'atelier Argilo (Hendaye).
  •  : grièvement blessé à Biarritz, Robert Caplanne, citoyen français, meurt le .
  •  : Frédéric Haramboure, Juan Zabaleta, José Cau, Carmen Otegi et les enfants A. Zabaleta et N. Otegi sont blessés dans un attentat au bar Batxoki de Bayonne, quai Chaho.
  •  : Ramon Basanez est à nouveau blessé dans un attentat à Saint-Jean-de-Luz.
  •  : assassinat à Bidarray des citoyens français Christophe Machicotte et Catherine Brion.
  •  : Juan Carlos Garcia Goena est assassiné à Hendaye.

Selon certaines sources, il faudrait aussi ajouter une centaine d'attentats supplémentaires durant ces années, contre des biens matériels ayant un lien avec des réfugiés politiques basques[non neutre] et leur entourage en Pays basque français ou avec Herri Batasuna en Pays basque espagnol.

Les GAL ou, plus exactement, une organisation clandestine antiterroriste qui leur préexistait, sont aussi soupçonnées d'avoir tué Pierre Goldman, en collaboration avec Tany Zampa.

Membres présumés des GAL

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Les personnes suivantes furent condamnées par le Tribunal suprême espagnol pour l'enlèvement (erreur sur la personne) du citoyen français Marey[10] :

  • José Barrionuevo, ministre de l'Intérieur pour enlèvement et abus de fonds publics à 10 ans de prison et 12 d'inhabilitation.
  • Rafael Vera, secrétaire d'état à la sécurité, pour enlèvement et abus de fonds publics à 10 ans de prison et 12 d'inhabilitation.
  • Ricardo García Damborenea, secrétaire général du PSOE en Biscaye, pour enlèvement à 7 ans de prison et 7 d'inhabilitation.
  • Francisco Álvarez, chef de la lutte antiterroriste, pour enlèvement et abus de fonds publics à 9 ans et 6 mois de prison et 11 d'inhabilitation.
  • Miguel Planchuelo, chef de la Brigade d'information de Bilbao, pour enlèvement et abus de fonds publics à 9 ans et 6 mois de prison.
  • José Amedo, sous-commissaire de la police, pour enlèvement et abus de fonds publics à 9 ans et 6 mois de prison.
  • Julián Sancristóbal, gouverneur civil de Biscaye, pour enlèvement et abus de fonds publics à 10 ans de prison et 12 d'inhabilitation.
  • Michel Domínguez, policier, pour complicité d’enlèvement à 2 ans, 4 mois et un jour de prison et d'inhabilitation.
  • Enrique Rodríguez Galindo, général de la Guardia Civil, pour détention illégale et assassinats de José Antonio Lasa et José Ignacio Zabala, à 75 ans de prison et d'inhabilitation. Il fut d'abord condamné à 71 ans de prison[11], mais le Tribunal suprême éleva à 75 ans de prison la condamnation de Galindo en se basant sur le fait que se prévaloir d'une charge publique dans la constitution d'un délit était une charge aggravante[12].
  • Ángel Vaquero, ex-lieutenant-colonel de la Guardia Civil pour détention illégale et assassinats de José Antonio Lasa et José Ignacio Zabala, à 69 ans de prison et d'inhabilitation[11].
  • Julen Elgorriaga, ex-gouverneur civil de Guipuscoa, pour détention illégale et assassinats de José Antonio Lasa et José Ignacio Zabala, à 71 ans de prison et d'inhabiliation[11].

Faits ultérieurs

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En , un ancien membre des GAL responsable du meurtre d’un employé français des chemins de fer en 1984, est arrêté alors qu'il préparait un attentat contre un bus en relation avec le groupe Daech[13].

Notes et références

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  1. a et b http://www.lexpress.fr/informations/la-veritable-histoire-des-gal_602551.html Article de L'Express intitulé La Véritable histoire des GAL
  2. http://www.elmundo.es/cronica/2003/427/1072098707.html Témoignage d'un des tueurs du responsable de l'attentat de l'ETA contre l'amiral Carrero Blanco, dans le quotidien El Mundo
  3. Ludovic Lamant, « Espagne: Felipe González de nouveau pointé du doigt pour avoir soutenu des mercenaires anti-ETA », sur Mediapart,
  4. (es) Fonseca, Carlos, « Informe sobre la situación procesal de los atentados perpetrados por organizaciones terroristas con resultado de muerte entre 1960 y 2014. Caso vasco », Secretaría General para la Paz y la Convivencia, Gobierno vasco,‎
  5. a et b http://www.lexpress.fr/actualite/des-complices-francais_495111.html Article de L'Express intitulé Des complices français
  6. « La véritable histoire des GAL », LExpress.fr,‎ (lire en ligne)
  7. Lucien Aimé-Blanc et Jean-Michel Caradec'h, L'Indic et le commissaire, 2006 Plon.
  8. Emmanuel Fansten, « Les GAL hantent toujours l’Espagne », sur Libération (consulté le )
  9. a et b Par I. de C. Le 25 mai 1998 à 00h00, « Ils assassinaient en France », sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. Sentencia íntegra del "Caso Marey"
  11. a b et c YANEL, Agustín: «Galindo y Elgorriaga ingresan en la cárcel por una condena de 71 años», en El Mundo : 10 mai 2000.
  12. «Galindo cumplió cinco de sus 75 años de condena», en Diario Ibérico: 3 mars 2007
  13. « Espagne. Un ancien membre des GAL arrêté pour djihadisme », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

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Sources

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Filmographie

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Articles connexes

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Liens externes

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