Groupe de libération homosexuel

collectif français

Les Groupes de libération homosexuels[1] (GLH) sont des groupes militants apparus dans les années 1970-1980 dans les principales villes de France pour porter les revendications homosexuelles.

Photo d'une manifestation du GLH. Frank Arnal, cofondateur du journal Le Gai Pied est au milieu.

Historique modifier

En 1971 des activistes créent le Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR), mouvement radical et autonome revendiquant un changement de société en faveur de l'homosexualité. Le FHAR tient ses assemblées générales aux Beaux-Arts de Paris. Lorsqu'en 1974 la police interdit l'accès aux Beaux-Arts, le FHAR cesse alors progressivement d'exister. Des militants décident de se regrouper dans une nouvelle structure qui prend le nom de Groupe de libération homosexuelle (GLH.) dont la première action sera la distribution de tracts provocateurs sur le marché de la rue de Bretagne (Paris)[2]. Les premiers militants du GLH sont essentiellement des anciens du FHAR (notamment du FHAR-Jussieu) et des jeunes d'Arcadie exclus pour « politisation excessive » en 1973.

En 1971 se constitue au sein d'Arcadie un « groupe jeune » qui permet aux intéressés de discuter de problématiques qui leur sont propres. En 1973, un numéro de la revue leur est confié. Contrairement aux numéros habituels, celui-ci prend des positions politiques et parle de marxisme. Après un débat organisé au club par les jeunes qui suscite la plainte de quelques vieux Arcadiens, les dirigeants de la commission jeune, Jean-Pierre Januel et Jean-Pierre Mateï, sont exclus d'Arcadie. La commission jeune se scinde en deux : la tendance arcadienne disparaitra rapidement, et la tendance en opposition prendra le nom de Philandros. En avril 1974, après avoir été rejoins par d'autres militants, le groupe prend le nom de GLH, sur la proposition d'Alain Leroi[2].

Des GLH se créent alors progressivement dans les principales villes de France. Il s'agit la plupart du temps d'associations de fait autour d'un militant local, quelques GLH déposeront néanmoins des statuts selon la loi de 1901. Le sigle lui-même est décliné différemment : Groupe de libération homosexuel, Groupe de libération homosexuelle, Groupe des lesbiennes et homosexuels, etc. Chaque groupe s'organise de manière autonome, certains sont mixtes et d'autres ne le sont pas. Certains revendiquent une radicalité dans la continuité du discours du FHAR, d'autres se positionnent comme groupes de parole ou de rencontre, d'autres adoptent un discours plus intégrationniste que la rupture prônée du temps du FHAR.

Ces différentes sensibilités s'exacerbent au sein du groupe parisien, le plus important et, le , le groupe scissionne en trois groupes distincts :

  • Le GLH- Politique & Quotidien (GLH-PQ) avec une orientation plus radicale et politique.
  • Le GLH-Groupes de Base (GLH-GB) avec une orientation plus réformiste et plus axée sur la convivialité interne.
  • Le GLH- (GLH-14XII) qualifié de libertaire[3].

Parmi les fondateurs des différents GLH on trouve Michel Heim (Paris), Jean Le Bitoux (Paris), Georges Andrieux[4] (Bordeaux), Alain Huet (Paris), Gilles Barbedette (Rennes), Pierre Gandonnière (Lyon), Jean-Paul Montanari (Lyon) ou encore Jacques Fortin (Marseille).

Actions modifier

À Paris, le GLH-PQ est le groupe qui aura la plus grande visibilité. En 1978, du 16 au , il organise au cinéma La Pagode la quinzaine du cinéma homosexuel. Le ministre de la Culture de l'époque, Michel d'Ornano, fait interdire à la projection dix-sept films[5]. En outre, le au soir, un groupe se réclamant du groupuscule d'extrême-droite Jeune Nation pénètre dans le cinéma et agresse les spectateurs[6]. Le cinéaste Guy Gilles sera blessé. Ces événements donnent une large couverture médiatique à l'action du GLH-PQ.

À Bordeaux, le GLH est créé en 1975, en liaison avec la tendance parisienne Politique et Quotidien (PQ). L’amitié entre Georges Andrieux et Jean Le Bitoux, originaires de Bordeaux, favorisera une interpellation des partis politiques et la convergence des GLH de province. Le GLH Bordeaux initiera des Bulletins GLH visant au regroupement national des homosexuels. Ces échanges contribueront à la rencontre nationale de Lyon en , préfigurant les Universités d’été euroméditerranéennes des homosexualités initiées en 1979. Le GLH Bordeaux devient le Groupe homosexuel de Bordeaux (GHB) en 1979, avant de disparaitre un an plus tard.

À Lyon, un GLH est créé en 1976 à l'initiative de Pierre Gandonnière sur le campus de Bron avec Jean-Paul Montanari et Alain Neddam[7]. Il s'autodissoudra en 1978 mais reprendra sous le nom de GILH (Groupe d’information et de libération homosexuelle). Il animera notamment l'émission gay et lesbienne Mauvaises Fréquentations sur la radio pirate Radio Léon jusque dans les années 1980.

À Rennes, un festival de films programmé en avril 1979 dans la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de la Paillette sera confronté à la même interdiction de projection que le festival de la Pagode à Paris. Le GLH occupe alors les locaux de la MJC pour poursuivre le festival malgré l'interdiction[8].

À Marseille, le GLH organise à l'été 1979 une Université d'été homosexuelle. À cette occasion sera créée une structure fédérative, le Comité d'urgence anti-répression homosexuelle qui prendra le relais des actions menées par les différents GLH.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. Massimo Prearo, « Chapitre 4. Naissance d’un mouvement homosexuel », dans Le Moment politique de l’homosexualité : Mouvements, identités et communautés en France, Presses universitaires de Lyon, coll. « Sexualités », , 135–188 p. (ISBN 978-2-7297-1130-6, lire en ligne)
  2. a et b Mathias Quéré, Qui sème le vent récolte la tapette: une histoire des groupes de libération homosexuels en France de 1974 à 1979, Éditions Tahin party, (ISBN 978-2-912631-35-0)
  3. Homosexuality in french history and culture, ouvrage collectif, Jeffrey Merrick, Michael Sibalis éditeurs, 2001.
  4. Site web sur le GLH de Bordeaux.
  5. Charlie Hebdo, 2 février 1978.
  6. Libération, 30 janvier 1978.
  7. « "Dissidanse Rose" : une plongée dans le Lyon gay des années 70 », Hétéroclite,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Libération, 27 avril 1979.