Gnoséologie

théorie de la connaissance
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« Gnoséologie » est un terme plus ou moins usité selon les pays, les langues et les époques, pour parler de la théorie de la connaissance.

Étymologie modifier

Le terme vient du grec ancien γνῶσις/gnosis « connaissance » et λόγος / lógos « discours ».

Origine modifier

Le terme fut introduit dans Sciagraphia encyclopaediae philosophicae en 1769 par Alexander Gottlieb Baumgarten pour désigner la connaissance de la connaissance[1],[2]. Pour lui, la gnoséologie comprend deux parties :

  1. La logique concerne la connaissance intellectuelle
  2. l'esthétique concerne la connaissance sensible.

Définitions modifier

Définition générale modifier

La définition donnée ensuite par Lalande pour « Gnoséologie » est : « théorie de la connaissance »[3],[4].

En citant le Trésor de la langue française, lequel T.L.F. se réfère à Lalande[5], le Dictionnaire historique de la langue française donne comme équivalent de « Gnoséologie » : « théorie de la connaissance »[6].

Le T.L.Fi donne également comme définition principale pour « Gnoséologie » : « Théorie de la connaissance en général » d'après Lalande (1968)[5].

Autres dictionnaires et ouvrages modifier

En 2023 la plupart des dictionnaires spécialisés ou non donnent gnoséologie comme un équivalent de théorie de la connaissance, c'est-à-dire de l'étude de la connaissance[7],[8],[9],[10],[11],[12].

Variations modifier

On retrouve également les variations suivante :

  • Le concept de gnoséologie est encore confondu avec l'épistémologie (qui en est une des composantes) ou l'ontologie (qui en est une des hypothèses constitutives)[13].
  • Théorie métaphysique de la connaissance[14].
  • Le Grand dictionnaire de la philosophie ajoute la nuance que la gnoséologie ne cherche pas à connaitre les limites de la connaissance mais décrit les processus d'élaboration de la connaissance[12].

Interprétation marxiste modifier

Henri Lefebvre, dans Problèmes actuels du marxisme (PUF, 1958), p. 122 :

« La « gnoséologie » distingue plusieurs lois : celle de l’interaction entre les « choses » et les processus déjà distingués par une analyse concrète ; celle des rapports entre quantité et qualité ; celle du bond qualitatif à un moment donné ; celle enfin des contradictions comme raison du devenir. »

Comparaison avec des notions proches modifier

Remarque de Lalande modifier

Dans la version de 1926 du Vocabulaire technique et critique de la philosophie, une remarque d'André Lalande précise en bas de page que le mot « Gnoséologie » nécessiterait « d'être précisé d'un commun accord[note 1], car il se fait beaucoup de confusions, surtout d'une langue à l'autre, entre Épistémologie, Erkenntnislehre, Gnoseology, Dottrina della conoscenza, etc., pour désigner cette partie de la philosophie qui étudie le fait de la connaissance dans ses conditions et dans ses résultats, a priori et a posteriori »[3].

Epistemology et Gnoséologie modifier

Le terme recouvre la traduction exacte de l'anglais epistemology, ce qui a entraîné et qui entraîne encore une confusion de la gnoséologie avec l'épistémologie qui « bien qu'elle en soit l'introduction et l'auxiliaire indispensable » se distingue de la première « en ce qu'elle étudie la connaissance dans le détail et a posteriori, dans la diversité des sciences et des objets plutôt que dans l'unité de l'esprit »[15].

D'après le Vocabulaire technique et critique de la philosophie, James Mark Baldwin (Dictionary of philosophy and psychology) entend par « gnosiologie » « “l'analyse systématique des concepts employés par la pensée pour interpréter le monde”, y compris la critique de l'acte de connaître, considéré quant à sa valeur ontologique », alors qu'il entend par « épistémologie » « la théorie de la connaissance au sens le plus général du mot : “origine, nature et limites de la connaissance” »[3]. Mais selon Lalande, l'étymologie ne correspondrait pas à cet usage : « Épistémologie désigne proprement l' étude des sciences, considérées comme des réalités qu'on observe, qu'on décrit et qu'on analyse »[3]. Il serait préférable de « fixer davantage le sens » du mot épistémologie en s'en servant « pour désigner l'étude a posteriori des concepts, méthodes, principes, hypothèses des sciences » et même « l'étude de leur développement réel et historique, en un mot tout ce qu'on réunit sous la désignation un peu vague de philosophie des sciences »[3].

Au contraire, gnoséologie « s'appliquerait bien par son étymologie à l'analyse réflexive de l'acte ou de la faculté de connaître, étudié en général et a priori par une méthode analogique à celle de Kant ». Toujours d'après le Lalande, ce sens est aussi plus conforme à celui qu'attribue Cesare Ranzoli (Dizionario di Scienze filosofiche) au terme italien Gnoseologia : « Gnoséologie, ou recherche sur les origines, la nature, la valeur et les limites de la faculté de connaître »[3].

Répartition géographique du terme modifier

Le Lalande donne comme équivalents au terme « Gnoséologie » ou « Gnosiologie » : en anglais Gnosiology ; en allemand Gnoseologie (Baumgarten; actuellement inusité) ; en italien Gnoseologia (très usuel)[3].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. André Lalande s'exprime dans le cadre de la Société française de philosophie.

Références modifier

  1. Christian Godin, Dictionnaire de philosophie, Fayard, (ISBN 2-213-62116-0 et 978-2-213-62116-6, OCLC 300404436, lire en ligne)
  2. (en) Jan Woleński, « The History of Epistemology », dans Handbook of Epistemology, Springer Netherlands, (ISBN 978-94-015-6969-9, DOI 10.1007/978-1-4020-1986-9_1, lire en ligne), p. 3–54
  3. a b c d e f et g André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, (1e édition : 1926), 3e édition « Quadrige », entrée : « Gnoséologie ou Gnosiologie », Paris, PUF, Volume 1, 1993, p. 387-388, (ISBN 2 13 044513 6)
  4. René Poirier et Société française de philosophie, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-058582-4 et 2-13-058582-5, OCLC 708380247, lire en ligne)
  5. a et b « Gnoséologie », sur www.cnrtl.fr (consulté le ).
  6. Alain Rey (dir.), Le Robert.Dictionnaire historique de la langue française (1e éd. 1992), édition petit format, 1998, réimpression, 2000, tome 1, entrée « Gnose » → Gnoséologie, p. 1601.
  7. « GNOSÉOLOGIE : Définition de GNOSÉOLOGIE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  8. Académie française, « Dictionnaire de l’Académie française », sur www.dictionnaire-academie.fr (consulté le )
  9. « Définition de Gnoséologique - Dictionnaire - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  10. « gnoséologie - Définitions, synonymes, conjugaison, exemples | Dico en ligne Le Robert », sur dictionnaire.lerobert.com (consulté le )
  11. André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, Humensis, (ISBN 978-2-13-080436-9, lire en ligne) :

    « En pratique et dans la tradition française, c'est la partie de la philosophie qui porte non sur le savoir (théorie de la connaissance, gnoséologie, anglais epistemology) »

  12. a et b Blay Michel, Dictionnaire des concepts philosophiques, Paris, Larousse -CNRS éditions, , 880 p. (ISBN 978-2-03-583957-2, lire en ligne), "Gnoséologie" : texte écrit par Gerbier Laurent, p. 475
  13. Jean-Louis Le Moigne, Les épistémologies constructivistes, Paris, PUF, coll. « Que sais-je? », 4e édition, août 2012, 127 p. (ISBN 978-2-13-060681-9), p. 4
  14. Gnoséologie, Alejandro Llano, EUNSA 1983, prologue
  15. Vocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande, cité par François Grison, Les sciences autrement : Éléments de philosophie à l'usage des chercheurs curieux, Quæ, , p. 18

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs :)

  • Anouk Barberousse (coordination), Précis de la philosophie des sciences, Paris, Vuibert, 2011, 720 p.
  • Hervé Barreau, L'épistémologie, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2013 (8e éd), 127 p. (ISBN 978-2-13-062607-7)
  • Jean-Michel Besnier, Les théories de la connaissance, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? »
  • Éric Bourneuf, « Pour une gnoséologie objective et applicable », Philosophiques, 23(2), 1996, p. 265–283, [1], [lire en ligne]
  • Laurent Gerbier, « Gnoséologie », dans Michel Blay (dir.), Dictionnaire des concepts philosophiques, Paris, Larousse -CNRS éditions, 2007, 880 p. (ISBN 978-2-03-583957-2)
  • Christian Godin, Dictionnaire de la philosophie, Paris, Fayard, 2004, 1534 p. (ISBN 978-2-213-62116-6)
  • Jean-François Goubet, « Gnoséologie », dans Dictionnaire de philosophie, Ellipse, (ISBN 9782729885953)
  • François Grison, Les sciences autrement : Éléments de philosophie à l'usage des chercheurs curieux, Quæ, 2011, p. 18
  • André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, (1e édition : 1926), 3e édition « Quadrige », entrées : « Épistémologie », « Gnoséologie ou Gnosiologie », Paris, PUF, Volume 1, 1993, p. 293-294, 387-388, (ISBN 2 13 044513 6)
  • Jean-Louis Le Moigne, Les épistémologies constructivistes, Paris, PUF, coll. « Que sais-je? », 4e édition, août 2012, 127 p. (ISBN 978-2-13-060681-9)

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