Francis Bousquet

compositeur français

Francis Bousquet (Marseille, 9 septembre 1890 - 21 décembre 1942, Roubaix) est un compositeur et pédagogue français.

Francis Bousquet
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 52 ans)
RoubaixVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Maillane (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions

Biographie modifier

Francis Bousquet a commencé ses études musicales à Marseille avant de s'inscrire au Conservatoire de Paris en 1907, où il a été l'élève de Xavier Leroux, André Gedalge et Charles-Marie Widor. Il remporte le premier prix d'harmonie du Conservatoire en 1909 et le premier prix de contrepoint en 1910 avant que la Première Guerre mondiale ne vienne interrompre ses études. Il sert alors dans un régiment de génie militaire de l'armée française[1],[2]. De 1915 à 1918, Nadia et Lili Boulanger, toutes deux diplômées du Conservatoire, publient la Gazette des Classes du Conservatoire, qui publie des nouvelles de la vie musicale française et des lettres des élèves du Conservatoire dispersés par la guerre. Dans une lettre publiée dans le numéro du 27 novembre 1916, Bousquet écrit depuis le front :

Nous avons lu attentivement ces nouvelles, jetées des quatre coins du front [...] Grâce à [la Gazette] nous voici réunis. La musique un instant assoupie au fond des mémoires se reprend à chanter et la vie musicale évoquée en quelques pages, avec les souvenirs exquis qui lui sont inhérents, accomplit un miracle en faisant naître parmi tant de désolation le désir violent des lendemains[3],[4]...

Bousquet retourne au Conservatoire après la guerre et poursuit ses études de composition. Il reçoit en 1920 le prix Lépaulle[note 1] de composition musicale pour Soirs Rouges, suite pour violon, violoncelle et piano[6]. Il se présente trois fois au concours du Prix de Rome, remportant le deuxième prix en 1921 et 1922 et le premier prix en 1923 pour sa cantate Béatrix[note 2]. Le premier prix était assorti d'une bourse qui permettait au lauréat de séjourner à la Villa Médicis à Rome pendant deux ans et de voyager jusqu'à trois années supplémentaires[1],[2],[8].

À son retour de Rome en 1926, Bousquet est nommé directeur du Conservatoire de Roubaix, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort. Dans les années 1930, il est l'un des fondateurs de l'Association des Directeurs d'Écoles et Conservatoires de Musique Nationaux, dont il devient plus tard le président d'honneur.

Il a également travaillé comme journaliste pour le journal artistique parisien Comœdia pendant l'Occupation[9],[10],[11]

Son premier opéra, "Zorriga", a été écrit pour le Théâtre des Arènes de Béziers et joué en 1925. Son deuxième, "Sarati le Terrible", a été créé au Théâtre de l'Opéra-Comique en 1928. Tous deux se déroulent en Afrique du Nord et contiennent des éléments de musique arabe. Ses dernières œuvres sont l'opéra-comique en trois actes Mon oncle Benjamin [note 3] et à la symphonie Hannibal. La première de Mon oncle Benjamin a lieu au Théâtre de l'Opéra-Comique le 10 mars 1942 avec Roger Bourdin dans le rôle-titre. La première de Hannibal a lieu le 30 novembre 1942 à Paris.

Bousquet meurt à Roubaix à l'âge de 52 ans, trois semaines après la première de Hannibal[2]. Dans sa nécrologie parue dans Comœdia, Tony Aubin écrit que les œuvres de Bousquet reflètent "une des natures les plus authentiques de notre temps" et témoignent d'un "art éclairé, sobre mais expressif, traversé de lumineux éclairs ou baigné de mélancolie hautaine"[13].

Bousquet a reçu la Croix de Guerre, et, en 1934, été décoré de la Légion d'honneur.

Œuvres modifier

Pour la scène

Œuvres instrumentales

  • Soirs Rouges, suite pour violon, violoncelle et piano (1920) ;
  • Poème, pour quatuor à cordes et piano, dédié au violoniste Roger Debonnet ; publié par les Éditions Maurice Senart, 1921[19]
  • Soirs d'Afrique, suite orchestrale ; créée par l'Orchestre Lamoureux, Paris, le 3 mars 1932. L'œuvre est basée sur la musique folklorique arabe et espagnole recueillie par Bousquet au cours d'un long voyage en Afrique du Nord[20],[21].
  • Concerto ibérique, concerto en ré mineur pour violoncelle seul et orchestre ; créé par le violoncelliste Maurice Maréchal et l'orchestre des Concerts Colonne, Paris, décembre 1937[22]
  • Argotera", concerto pour cor solo et orchestre ; publié par les Éditions Charles Gras, 1939. La pièce a été écrite pour le corniste Jean Devémy (1898-1969), qui l'a enregistrée pour le label Action Artistique[note 5] en 1943[24],[25].
  • Hannibal, symphonie ; créée par l'Orchestre de l'Association des Concerts Pierné, Paris, 30 novembre 1942[26]

Notes modifier

  1. Créé en juillet 1908 et destiné à un élève du Conservatoire "ayant produit dans l'année une œuvre quelconque remarquable". Les premiers récipiendaires furent Marcel Tournier (1909), Noël Gallon, Paul Paray, Jean Déré, Lili Boulanger, Paul Roussel, Marguerite Canal, Angèle Ravizé, Georges Migot[5].
  2. Lors de l'épreuve finale du Prix de Rome, les concurrents devaient tous mettre en musique le même texte sous forme de cantate. Le texte de la cantate finale de 1923, "Béatrix", est de Jean Gandrey-Réty (1901-1962). Cette année-là, le Grand Premier Prix est attribué conjointement à Bousquet et à Jeanne Leleu[7].
  3. Mon oncle Benjamin est basé sur le roman comique du même nom écrit par Claude Tillier (1842). Le roman a également servi d'inspiration au film français Mon oncle Benjamin (1969) avec Jacques Brel[12].
  4. "Belloni" peut faire référence à Joseph Belloni, danseur et chorégraphe d'origine italienne, auteur de plusieurs ballets pour le Théâtre des Arènes à Béziers et maître de ballet au Grand Théâtre de Bordeaux à la même époque[15].
  5. Le label Action Artistique était sponsorisé par le Gouvernement de Vichy et a produit, à partir de 1942, 40 enregistrements d'œuvres de compositeurs français[23].

Références modifier

  1. a et b s.n. (1 July 1923). "Le Prix de Rome de Musique". Le Petit Parisien, p. 1.
  2. a b et c Smith, Richard Langham (1992). "Bousquet, Francis ". Grove Music Online.
  3. Royal Northern College of Music (2018). "Paris-Manchester 1918: Conservatoires in time of war".
  4. « Gazette des classes de composition du Conservatoire », sur Gallica, (consulté le ).
  5. « Bulletin des lois de la République française », sur Gallica, (consulté le ).
  6. « Excelsior : journal illustré quotidien : informations, littérature, sciences, arts, sports, théâtre, élégances », sur Gallica, (consulté le ).
  7. Hamer, Laura (2018). Female Composers, Conductors, Performers: Musiciennes of Interwar France, 1919-1939, p. 143. Routledge. (ISBN 1315451476)
  8. s.n. (7 January 1943). "Le compositeur marseillais Francis Bousquet". Le Petit Provençal, p. 2.
  9. OFI (24 December 1942). "Mort du compositeur Francis Bousquet". Journal des débats, p. 1.
  10. Journal Officiel de la République Française (5 août 1934). "Légion d'honneur", p. 8137.
  11. Potter, Caroline (2017). French Music Since Berlioz, pp. 283–284. Routledge. (ISBN 1351566474)
  12. Yoken, Melvin B. (1978). "Claude Tillier". The Old Century and the New: Essays in Honor of Charles Angoff, pp. 228–229. Fairleigh Dickinson University Press. (ISBN 0838619541)
  13. Aubin, Tony (24 décembre 1942). "Le compositeur Francis Bousquet vient de mourir". Comœdia, p. 1.
  14. (OCLC 61892934)
  15. s.n. (1910). "Le Théâtre des Arènes". Le Théatre, Vol. 13, Part 2, p. 110
  16. (OCLC 725117621)
  17. a et b Casaglia, Gherardo (2005). "9 maggio 1928" and "10 marzo 1942". Almanacco Amadeus.
  18. « Comoedia - rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski », sur Gallica, (consulté le ).
  19. (OCLC 18594687)
  20. Mousnier, Jean-Philippe (2001). Albert Wolff–Eugène Bigot, p. 169. Harmattan. (ISBN 274751367X)
  21. s.n. Le Guide du Concert 1930–1938, p. 129. Médiathèque Musicale Mahler.
  22. Brussel, Robert (7 December 1937). "Chronique des Concerts". Le Figaro, p. 6.
  23. Fulcher, Jane F. (2018). Renegotiating French Identity: Musical Culture and Creativity in France During Vichy and the German Occupation, p. 60. Oxford University Press. (ISBN 0190681500)
  24. Seraphinoff, Richard and Dempf, Linda (2016). Guide to the Solo Horn Repertoire, p. 135. Indiana University Press. (ISBN 0253019354)
  25. Centre for the History and Analysis of Recorded Music (2016). Gray Catalogue number AA29.
  26. s.n. (5 December 1942). "Symphonie, de Francis Bousquet". Comœdia, p. 5.

Liens externes modifier