Famille Al-Boustany

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Les Boustany sont l'une des plus anciennes familles catholiques subsistantes du Proche-Orient.

Originaire de Jablé et installée à Deir-el-Qamar et Debbiyeh au Liban à partir du XVIe siècle[1], elle a par la suite compté un grand nombre d'hommes d'état, d'ecclésiastiques et de lettrés au sein de ses branches qui sont demeurées au Liban et de celles qui ont émigré aux États-Unis, en France, au Brésil, etc.

Étymologie modifier

Le nom Al-Boustany (arabe : بستاني / ALA-LC: Bustānī ) apparaît sous les formes occidentalisées Bustani, Boustani, Bestani. Il dérive du persan بوستان (Bostan) qui signifie verger[2]. La famille Al-Boustany tire son nom du fief qu'elle occupait au XVe siècle en Syrie, Al-Basstine, qui se trouvait à proximité de Lattaquié.

Origines modifier

Les origines médiévales de la famille sont mal documentées à cause des nombreuses migrations qu'elle a connues avant les années 1580. Il est cependant attesté, notamment grâce à des actes d'achat de terres au cours du parcours de la famille, que ce sont les ottomans qui poussent les Boustany à quitter leurs terres syriennes, vers 1500, pendant la conquête du Proche-Orient. Ils migrent donc au sud, en direction de l'actuel Liban. La région dont ils sont originaires, celle du littoral syrien, était un foyer maronite important sous les Mamelouks. La migration des familles chrétiennes de la Syrie vers le Mont-Liban est bien connue pour l'époque moderne[3]. Le départ des Boustany, dès la fin du Moyen Âge, anticipe ces mouvements de populations.

Le premier ancêtre de la famille ayant vécu au Liban est Muqim Al-Boustany, qui a quitté Geblé pour aller d'abord s'installer à Bqerqacha, au pied des Cèdres, dans les premières années du XVIe siècle. Il est accompagné de ses fils Mahfouz, Abd-el-Aziz et Nader. Vers 1520, Abd-el-Aziz partit s'installer à Deir-el-Qamar et Nader, passant contrat avec les autres seigneurs locaux du Chouf pour constituer son domaine, fonda le village de Debbiyeh. Deir et Debbiyeh sont les deux fiefs traditionnels de la famille au Liban, et les deux branches aînées de la famille y résident jusque dans les années 1860, où la diaspora familiale commence, et éloigne une partie de la famille de ces deux domaines. Le troisième fils, Mahfouz, retourne dans le Nord du Liban, et fonde une troisième branche qui gardera son nom.

Dès la fin du XVIIe siècle, une partie de la famille quitte Deir-el-Qamar pour s'installer à Alep en Syrie. Cette branche, qui subsiste aujourd'hui, est demeurée orthodoxe.

Deir-el-Qamar, capitale de l'émirat du Mont-Liban, garde une trace importante de l'héritage familial: un buste de Fouad Ephreim Al-Boustany se trouve à l'entrée de la ville depuis 2010[4]. La demeure familiale, reconstruite à partir de la fin du XVIIIe siècle, appartient toujours aux descendants de Fouad Ephreim. Par ailleurs, la famille Boustany a acquis au début du XXe siècle le palais Nicolas El Turk, qui se trouve au centre de la ville[5], à quelques mètres de la maison Boustany.

Membres notables modifier

La famille Al-Boustany compte plusieurs personnalités qui ont joué un rôle important dans la vie politique, culturelle, et religieuse du Proche-Orient. Dès le XVIe siècle, ils font partie des élites cultivées de la Montagne libanaise, qui se partagent notamment les plus hautes fonctions de la hiérarchie maronite : Les premières promotions au collège maronite de Rome, qui ouvrait aux étudiants les carrières épiscopales, comptent quatre membres de la famille. Au cours des siècles suivants, les Boustany continuent d'occuper ces fonctions qu'ils se transmettent parfois d'oncle à neveu. Ainsi, entre le début du XIXe siècle et 1957, se succèdent sur le trône épiscopal de Tyr et Sidon Abdallah, auteur de la lettre aux Françaises pour le soutien des maronites en 1847[6], son neveu Pierre[7], et Augustin[8].

  • Abdallah Al-Boustany (1780-1856) : archevêque maronite.
  • Boutros Ibn Boulos Al-Boustany[9] (1819-1883) : auteur de la fin du XIXe siècle, animateur de la Renaissance Intellectuelle arabe (Nahda), et préfigurateur du nationalisme arabe.
  • Boutros Al-Boustany (en)[10] (1819-1899): archevêque de Tyr et de Sidon, archevêque in partibus de Saint-Jean-d'Acre (de), père conciliaire (Vatican I), assistant au trône pontifical et comte de Rome.
  • Salim Al-Boustany : fils de Boutros Ibn Boulos, continuateur de son œuvre.
  • Cheikh Abdallah Al-Boustany (1856-1930): linguiste, poète, dramaturge, auteur du dictionnaire arabe Al Bustan. Maître de littérature arabe à l'école de la Sagesse, il eut notamment comme élève l'émir Chakib Arslan.
  • Sleiman Al-Boustany (en)[11] (1856-1925): poète, linguiste, auteur de la première édition versifiée de l'Iliade en arabe, juriste, député de Beyrouth et ministre des Finances de l'Empire ottoman.
  • Augustin Al-Boustany (1875-1957) : archevêque, instigateur de la paix entre les druzes et les maronites du Mont Liban.
  • Fouad Ephreim Al-Boustany (1904-1994) : historien, auteur de l'Encyclopédie en langue arabe, fondateur et recteur de l'université libanaise. Il préface l'ouvrage Étude sur la poésie dialectale au Liban de Jabbour Abdelnour[12].
  • Émile Al-Boustany (en) (1909-2002) : commandant en chef de l'armée libanaise.
  • Antoine Loutfallah Al-Boustany (1940- ) : médecin psychiatre et professeur à l'université libanaise, fondateur du premier centre médical spécialisé dans le traitement de la toxicomanie au Liban et au Moyen-Orient, il a été président de l'ordre des médecins du Liban. Il est également auteur de nombreux ouvrages.
  • Charles Al-Boustany (1956- ) : homme politique américain, représentant républicain de Louisiane à la Chambre des représentants des États-Unis de 2005 à 2017.
  • Majid Boustany : copropriétaire de l'Hôtel Métropole à Monte-Carlo et fondateur de la Francis Bacon MB Art Foundation Monaco[13],[14].

Notes et références modifier

  1. « History | Boustani Congress », sur web.archive.org, (consulté le )
  2. Boustan (Saadi)
  3. Bernard Heyberger, Les Chrétiens du Proche-Orient au temps de la réforme catholique., École française de Rome, (ISBN 978-2728303090), chap. 1.
  4. « Un buste de Fouad Ephrem Boustany à Deir el-Qamar », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Palais du poète Nicolas El Turq - BEAGG », sur www.deirelqamar.com (consulté le )
  6. Abd Allah Boustani, Lettre de Mgr l'archevêque de Saïda (Abd Allah Boustani, au sujet du massacre des Maronites par les Druses). : Notice historique sur les Maronites..., impr. de J.-B. Gros, (lire en ligne)
  7. David M. Cheney, « Archbishop Pierre Bostani [Catholic-Hierarchy] », sur www.catholic-hierarchy.org (consulté le )
  8. David M. Cheney, « Bishop Augustin Bostani [Catholic-Hierarchy] », sur www.catholic-hierarchy.org (consulté le )
  9. « Buṭrus al- Bustānī (1819-1883) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  10. Les Pères du concile du Vatican : biographie illustrée complète de tous les pères du concile..., Administration du Concile Illustré, (lire en ligne)
  11. https://www.worldcat.org/identities/lccn-n91099156/
  12. « Abdel nour, jabbour (1913-1991) عبد النور, جبور », sur idref.fr (consulté le ).
  13. Majid Boustany, « Les missions de la fondation: L'Inspiration »
  14. « Rencontre avec Majid Boustany - Fondateur de la Francis Bacon MB Art Foundation Monaco »

Lien externe modifier