Fait divers

type d'événement qui n'est classable dans aucune des rubriques qui composent habituellement un média d'actualité
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Le fait divers, orthographié aussi fait-divers (événements également surnommés « les chiens écrasés » en argot), est, en journalisme, un type d'événement qui n'est classable dans aucune des rubriques qui composent habituellement un média d'actualité (international, national, politique, économie, etc.)[1]. Par conséquent, les faits divers sont regroupés au sein d'une même rubrique, malgré l'absence de lien qui les unisse[2]. Il s'agit généralement d'événements tragiques, tels que les crimes, les accidents, les larcins énonçables en trois lignes.

Les Faits-divers illustrés, 10 décembre 1908
Les Faits-divers illustrés, .

Le fait-diversier est un journaliste qui tient la rubrique des faits divers.

En France

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En 1887 l'affaire du triple assassinat de la rue Montaigne déclenche l'activité des rédactions d'une importante partie de la presse où une part importante y est consacrée[incompréhensible]. Les journalistes sont en lutte avec les enquêteurs pour le contrôle de l’enquête judiciaire et les juristes sont mis sous pression par la population[3].

En France, la part des faits divers dans le traitement médiatique est en sensible hausse depuis les années 2000. Une enquête de l'Institut National de l'Audiovisuel fait état d'une augmentation de 73 % des faits divers dans les journaux télévisés en l'espace de 10 ans[4].

Si leur importance paraît souvent secondaire, les faits divers peuvent parfois avoir une portée plus large. C'est ainsi que l'affaire Paul Voise est régulièrement présentée comme ayant joué un rôle dans le résultat de l'élection présidentielle française de 2002.

Selon certains[Qui ?], les médias accorderaient une trop grande importance à la couverture des faits divers, en raison d'une attirance supposée du public pour ce type d'événements, et du bénéfice qui en découlerait en termes d'audience[5].

Certaines parutions sont spécialisées dans les faits divers : c'est par exemple le cas, en France, du magazine Le Nouveau Détective.

Critiques

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Critiques générales sur les faits divers

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  • Sur le rapport qu'ils auraient avec d'autres thèmes d'information : « Le fait-divers fait diversion », phrase du sociologue Pierre Bourdieu[6],[7].
  • Sur les faits divers de violence : « Depuis les années 80, les faits divers ont fait un retour en force par le biais de la télévision. » à la question : « Quel type de prisme les faits divers offrent-ils pour saisir la société, en particulier la criminalité ? », il répond « Un prisme totalement déformant, c'est bien le problème ! Il est normal que le débat public s'interroge sur les faits qui sortent de l'ordinaire. L'avion s'est écrasé, pourquoi ce terrible accident alors même que 99,9 % des avions décollent et atterrissent normalement ? Mais certains sujets comme le crime occasionnent beaucoup plus que cela. Loin de passer pour un accident de la vie quotidienne, l'érection du fait divers criminel en priorité de l'information le transforme en un fait de société. Il est promu au rang de symptôme des dérèglements de la vie sociale. Et lorsqu'il rencontre une ambiance générale de morosité et d'inquiétude sur l'avenir, il devient le révélateur d'une décadence. Ainsi, le fait divers criminel n'occasionne pas simplement un discours sur la violence qui est insupportable, mais aussi sur la violence qui augmente, qui rajeunit… Ce qui pourtant est tout aussi faux que l'idée selon laquelle les avions risqueraient de plus en plus de s'écraser. » Laurent Mucchielli, sociologue français spécialisé en criminologie[8].

Pour Roland Barthes, il s'agit d'un art de masse, « servant à préserver au sein de la société contemporaine l'ambiguïté du rationnel et de l'irrationnel, de l'intelligible et de l'insondable », donnant des signes (ce qui rassure l'individu), de contenu incertain (ce qui l'irresponsabilise). Offrant une certaine culture qu'il emplit in extremis, dont le sens demeure muet[9].

Critiques des faits divers accidents de la route

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Dans les années 1950, un accident de la route était considéré comme un fait divers dû au hasard par la presse régionale française, avant de devenir un acte se rappochant d'un acte criminel plus récemment[10].

Les fait divers présentent les accidents de la route comme un évènement sporadique sans lien avec la régularité de la mortalité routière: dans les premières pages de la presse écrite ou dans les journaux télévisés, les faits divers rapportent des accidents extraordinaires, par leur gravité, le nombre ou le type de véhicule impliqué ou par leurs auteurs ou victimes. En réalité, les accidents de la route, même évitables, obéissent à une régularité statistique, pour la mortalité routière comme pour la distribution sociale[11].

Les faits divers ont pu présenter le risque routier comme lié à des mauvaises conditions météorologiques ou titrer « la route tue ». Toutefois, les faits divers présentent maintenant des causes concrètes des accidents de la route, notamment liés aux comportements individuels et à des déviance de conduite. L’individualisation des responsabilités induit une stigmatisation de populations à risque: « personnes âgés », « jeunes » et « nouveaux conducteurs », « routiers », « motards », « cyclistes » et une stigmatisation des comportements déviants: conduite sous l’emprise de l’alcool et du cannabis, conduite sans permis, participation à des rodéos[12].

Dans la culture

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C'est arrivé près de chez vous est un film de fiction inspiré du traitement des faits divers, sorti en 1992[13].

Les Nouveaux Chiens de garde, un essai de Serge Halimi paru en 1997, aborde (parmi d'autres sujets) le temps d'audience accordé par les médias français aux faits divers, en comparaison du temps accordé par exemple à des mouvements sociaux. Il donne lieu à un documentaire français sorti en 2012[6]. « La question que pose le documentaire est la suivante : ce traitement de l'information ne joue-t-il pas un rôle sur la façon de penser du citoyen ? » remarque AlloCiné[6].

Notes et références

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  1. Définition de « fait divers » dans « Glossaire des termes de la presse écrite », sur le site du Clemi : « événement plus ou moins important qui ne relève ni de l'actualité mondiale, ni de la politique, ni de l'économie ».
  2. Définition de « fait divers », dans le Petit Robert : « événements du jour […] sans lien entre eux, faisant l'objet d'une rubrique dans les médias ».
  3. Chauvaud 2009.
  4. « En dix ans, le nombre de faits divers dans les JT a augmenté de 73 % », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  5. « Pourquoi les faits divers fascinent », rappel des faits du numéro du 7 mars 2003 de l'émission C dans l'air, sur le site de France 5, version archivée par Internet Archive.
  6. a b et c « Les Nouveaux Chiens de garde : Secrets de tournage », AlloCiné, 2012.
  7. Fiche sur Les Nouveaux Chiens de garde, L'Express Culture.
  8. Sylvain Bourmeau, « Les faits divers ont fait un retour en force par le biais de la télé », Libération,‎ (lire en ligne).
  9. Barthes 1964.
  10. Revue gabonaise d'histoire et archéologie N°2/2017 Les représentations du chauffard à travers les récits des accidents de la route dans la presse locale française : de la complaisance à la « criminalisation » (1955-2004)
  11. https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2010-4-page-38.htm#nn19
  12. Dominique Marchetti, Hugues Cunegatti (dir.) et Charles Suaud (dir.), L’État sur la route des médias. Le traitement du risque routier dans la presse française, La sécurité routière : enjeux publics et société civile. Une formation au radar, L’Harmattan, (ISBN 978-2-296-96260-6), p. 91-114 halshs-02379904
  13. Sébastien Homer, « Faits divers et fiction », L'Humanité,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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