Ethmalosa fimbriata

espèce de poissons

Ethmalosa fimbriata est une espèce de poissons d'Afrique de l'Ouest, qui vit en eau douce, saumâtre et marine, et appartient à la famille des Dorosomatidae. À ne pas confondre avec Sardinella fimbriata (Valenciennes 1847) qui appartient à la même famille mais qui est présente dans le Pacifique indo-occidental, au Sud-Ouest de l'Inde, à l'Est des Philippines et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée[1].

Description

modifier

Par rapport aux autres Clupéidés, le genre Ethmalosa est caractérisé par la présence d'une échancrure médiane à la mâchoire supérieure et l'espèce fimbriata est reconnue par son corps élevé, comprimé latéralement. La paupière adipeuse est très développée et une tache noire est présente au-dessus de l'opercule[2].

Répartition

modifier
 
Répartition d’E. fimbriata d'après l'UICN (avril 2024.)

Ce poisson se rencontre le long des côtes ouest-africaines, dans les pays suivants[3] : Angola, Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Guinée, Liberia, Mauritanie, Nigeria, République arabe sahraouie démocratique, République du Congo, République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, Sierra Leone, Sénégal, Togo.

Habitat

modifier

Cette espèce euryhaline est rencontrée dans des salinités allant de 5 à 97[4],[5], ce qui en fait l'une des espèces des estuaires ouest-africains capables de supporter les salinités les plus élevées[5]. Elle est très courante dans tous les milieux saumâtres (estuaires et lagunes) d'Afrique de l'Ouest et elle est classée parmi les espèces « Estuariennes d'origine marine »[a] (Em) dans la classification d'Albaret[6] pour les poissons des milieux estuariens et lagunaires d'Afrique de l'Ouest[7] et « Estuarine migrant »[b] dans celle de Whitfield[8].

Reproduction

modifier

D'après la synthèse publiée par Milton[9] en 2009, tout comme d'autres espèces étudiées en Afrique de l'Ouest, Ethmalosa fimbriata semble être aussi abondante dans les estuaires hypersalins inversés comme le Sine-Saloum que dans les estuaires dont le gradient de salinité est « normal », comme par exemple celui du fleuve Gambie. Des études sur les effets de ces régimes de salinité contrastés sur la reproduction des poissons ont montré qu’Ethmalosa a une saison de reproduction plus longue et plus intensive dans l'estuaire hypersalé du Saloum[10],[5] que dans les estuaires « normaux ». Ces espèces semblent montrer une grande plasticité phénotypique dans leurs réponses aux changements des conditions environnementales[11]. Les Ethmaloses se développent néanmoins plus lentement dans les milieux hypersalins en raison des conditions plus défavorables. Cependant, elles se sont adaptées en arrivant plus tôt à maturité et en augmentant leur fécondité dans les zones hypersalines de l'estuaire du Saloum[10]. Ainsi, bien que la reproduction soit fortement liée à la saison humide et aux précipitations chez la plupart des poissons diadromes tropicaux, nombre d'entre eux semblent être capables d'adapter leur cycle biologique aux changements des conditions environnementales qui seront attendus avec les changements climatiques[9].

L'ethmalose est capturée principalement par les petites pêcheries artisanale côtières qui utilisent la senne à partir d'un bateau ou la senne de plage. Elle peut également être capturée à l'aide de filets maillants.

 
Données FAO (FishStat) pour les captures d’E. fimbriata entre 1975 et 2021.

Les petits poissons pélagiques constituent la majeure partie (60% environ) des débarquements réalisés le long des côtes d'Afrique de l'Ouest[12]. Selon les données de la FAO, l'Atlantique Centre-Est a connu une tendance générale à la hausse des captures, soutenue par celles des petits pélagiques, mais avec des fluctuations depuis le milieu des années 1970, atteignant 5,4 millions de tonnes en 2019, la valeur la plus élevée de la période 1950-2021[13]. La part des captures d’Ethmalosa fimbriata dans ce total a été de 383 485 tonnes en 2019 (voir figure). En 2015, l'espèce est considérée comme surexploitée dans l'ensemble de la sous-région ouest-africaine et localement pleinement exploitée en Guinée et Sierra-Leone[14].

Systématique

modifier

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Ethmalosa fimbriata (Bowdich, 1825)[15].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Clupea sous le protonyme Clupea fimbriata Bowdich, 1825[15].

Ce taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants : Ethmalose[3], Ethmalose d'Afrique[3], Sardine des estuaires[3], Sardinelle janne[3], Sardinelle jaune[3].

Au Sénégal elle porte le nom local de Cobo et de Fassou caba en Wolof[16].

Ethmalosa fimbriata a pour synonymes[15] :

Publication originale

modifier
  • (en) S. L. Bowdich, (1825). « Fishes of Madeira » in T. E. Bowdich, Excursions in Madeira and Porto Santo during the autumn of 1823, while on his third voyage to Africa, Londres, 1825, i-xii + 1-278, 11 pls. + 10 pls. Pp. 121-125 et 233-238 ([(en) lire en ligne (page consultée le 6 avril 2024)]).

L'espèce y est décrite sous le nom de Clupea fimbriata et la localité d'origine reportée dans la publication est le Cap-Vert (Praia), mais il s'agit sans doute d'une erreur, comme indiqué dans le Catalogue des poissons ECoF, car l'espèce n'a pas été trouvée sur place depuis.

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

modifier
  1. espèces d'origine marine parfaitement adaptées aux conditions estuariennes et lagunaires ayant en général une écophase obligatoire en mer. La reproduction a lieu en estuaire mais peut également survenir dans le milieu marin.
  2. « Estuarine migrant ». Espèces de poissons, généralement d'origine marine, qui se reproduisent dans les estuaires mais dont le cycle de vie comporte un aspect marin ou dulçaquicole. Les migrateurs estuariens ont souvent des populations reproductrices marines ou dulçaquicoles.

Références

modifier
  1. « CAS - Eschmeyer's Catalog of Fishes », sur researcharchive.calacademy.org (consulté le )
  2. J.-D. Mbega et G. G. Teugels, Guide de détermination des poissons du bassin de l’Ogooué, Namur, Belgique, Presses universitaires de Namur, , 172 p. (ISBN 978-2-87037-411-5)
  3. a b c d e et f UICN, consulté le 4 avril 2024
  4. (en) E. Charles-Dominique et J.-J. Albaret, « African shads, with emphasis on the West African shad Ethmalosa fimbriata », American Fisheries Society Symposium, vol. 35,‎ , p. 27‑48
  5. a b et c (en) J. Panfili, D. Thior, J.-M. Ecoutin, P. Ndiaye et J.-J. Albaret, « Influence of salinity on the size at maturity for fish species reproducing in contrasting West African estuaries », Journal of Fish Biology, vol. 69, no 1,‎ , p. 95‑113 (ISSN 0022-1112, DOI 10.1111/j.1095-8649.2006.01069.x)
  6. J. J. Albaret, Les peuplements des estuaires et des lagunes, Paris, IRD Éditions, , 512 p. (ISBN 978-2-7099-2042-1, lire en ligne), « Les poissons des eaux continentales africaines : diversité, écologie, utilisation par l’homme », p. 325‑349
  7. J. J. Albaret, M. Simier et O. Sadio, Suivi biologique des peuplements de poissons d’une aire protégée en zone de mangrove : le bolon de Bamboung (Sine Saloum, Sénégal) - Rapport final 2005, Dakar, Sénégal, IRD Dakar, , 80 p. (lire en ligne), p. 21
  8. (en) A. K. Whitfield, « Preliminary documentation and assessment of fish diversity in sub-Saharan African estuaries », African Journal of Marine Science, vol. 27, no 1,‎ , p. 307‑324 (lire en ligne  , consulté le )
  9. a et b (en) D. A. Milton, Living in Two Worlds: Diadromous Fishes, and Factors Affecting Population Connectivity Between Tropical Rivers and Coasts, Springer Netherlands, , 325‑355 (ISBN 978-90-481-2405-3, lire en ligne  ), « Ecological Connectivity among Tropical Coastal Ecosystems », p. 347-348
  10. a et b (en) J. Panfili, J.-D. Durand, A. Mbow, B. Guinand, K. Diop, J. Kantoussan, D. Thior, O. T. Thiaw, J.-J. Albaret et R. Laë, « Influence of salinity on life history traits of the bonga shad Ethmalosa fimbriata (Pisces, Clupeidae): comparison between the Gambia and Saloum estuaries », Marine Ecology Progress Series, vol. 270,‎ , p. 241‑257
  11. (en) B. Guyonnet, C. Aliaume, J.-J. Albaret, C. Casellas, A. Zerbi, G. Lasserre et T. Do Chi, « Biology of Ethmalosa fimbriata (Bowdich) and fish diversity in the Ebrie Lagoon (Ivory Coast), a multipolluted environment », ICES Journal of Marine Science, vol. 60, no 2,‎ , p. 259‑267 (DOI 10.1016/S1054-3139(03)00016-X)
  12. (en) Impacts of climate change on fisheries and aquaculture: Synthesis of current knowledge, adaptation and mitigation options, Rome, Italie, Food & Agriculture Org., , 627 p. (ISBN 978-92-5-130607-9, lire en ligne  ), p. 160
  13. (en) FAO, The State of World Fisheries and Aquaculture 2022. Towards Blue Transformation, Rome, Italie, FAO, , 266 p. (ISBN 978-92-5-136364-5, lire en ligne  ), p. 53
  14. (en) CCLME Project, Canary Current Large Marine Ecosystem (CCLME) Transboundary Diagnostic Analysis (TDA), FAO - CCLME Project Coordination Unit, , 177 p. (lire en ligne  ), p. 84 (tab. 7)
  15. a b et c World Register of Marine Species, consulté le 4 avril 2024
  16. M. Bonnin, I. Ly, B. Queffelec et M. Ngaido, Droit de l’environnement marin et côtier au Sénégal, IRD, PRCM, Dakar, Sénégal, , 532 p. (ISBN 978-2-7099-22670-8[à vérifier : ISBN invalide], lire en ligne  ), p. 199