El nora alila (hébreu : אֵל נוֹרָא עֲלִילָה) est le poème liturgique qui introduit l’office de clôture du Jour de l’Expiation dans les communautés juives séfarades et yéménites. Considéré comme l’une des seli'hot les plus populaires de ces répertoires[1], il a été plus récemment adopté dans certaines congrégations ashkénazes progressistes[2].

Présentation du poème

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Le poème a été écrit au XIIe siècle par le rabbin andalou Moïse ibn Ezra sur base d’une composition antérieure de Joseph ibn Abitur[3]. Comme la plupart des chants strophiques (shirei ezor), il se base sur air connu, populaire du temps de l’auteur. Le nom de celui-ci figure en acrostiche des six premières strophes (MoSH"E HaZa"Q, « Moïse, qu’il soit renforcé ») sur les huit du poème (les deux dernières strophes, absentes des rituels anciens, constituent par conséquent un ajout ultérieur). Chaque strophe comprend quatre vers dont trois pentasyllabiques de trois mots, et le quatrième fixe de deux mots, bišeʿat haneʿila, lesquels se rattachent au refrain chanté en chœur par les fidèles. Il semble délaisser les jeux de mots et évocations propres au genre du piyyout classique pour se concentrer sur des allusions bibliques ou midrashiques facilement reconnaissables, dont l’intitulé même, fondé sur Psaumes 66:5 (nora alila al bnei adam « Merveilleuse est son action sur les fils de l’homme. »)[1].

Texte hébraïque et traduction

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# Traduction française Transcription Hébreu
Refrain Dieu de redoutable action (*2),
trouve pour nous le pardon à l’heure de la conclusion
ʾEl noraʾ ʿalila (*2)
hamṣi lanou meḥila bišeʿat haneʿila
אֵל נוֹרָא עֲלִילָה
הַמְצִיא לָנוּ מְחִילָה בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Quelques hommes sont appelés, les yeux vers toi élevés
Tressautant d’appréhension à l’heure de la conclusion
Metei mispar qǝrûim lekha ʿayin nośǝim
ûmǝsaldim bǝḥilâ bišeʿat haneʿila
מְתֵי מִסְפָּר קְרוּאִים, לְךָ עַיִן נוֹשְׂאִים
וּמְסַלְדִים בְּחִילָה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Épanchant vers toi leur âme, renis et fautes, efface-les
Trouve pour eux le pardon à l’heure de la conclusion
Šop̄ḥim lekha nap̄ǝšam mǝḥe pišʿamʿ vǝḳaḥǝšam
vǝhamṣiʾem meḥilâ bišeʿat haneʿila
שׁוֹפְכִים לְךָ נַפְשָׁם, מְחֵה פִּשְׁעָם וְכַחְשָׁם
וְהַמְצִיאֵם מְחִילָה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Sois pour eux une sauvegarde laquelle du malheur les garde
Signe-leur gloire, consolation, à l’heure de la conclusion
Heye lahem lǝsitra, vǝḥalṣem mimǝara
vǝḥatmam lǝhod ûleǵilâ bišeʿat haneʿila
הֱיֵה לָהֶם לְסִתְרָה, וְחַלְצֵם מִמְּאֵרָה
וְחָתְמֵם לְהוֹד וּלְגִילָה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Grâcie-les et prends pitié mais oppresseur et guerrier
Fais sur eux condamnation, à l’heure de la conclusion
Ḥon ʾotam vǝraḥem vǝḵol loḥeṣ vǝloḥem
ʿaśe bahem p̄ǝlilâ bišeʿat haneʿila
חוֹן אוֹתָם וְרַחֵם, וְכָל לוֹחֵץ וְלוֹחֵם
עֲשֵׂה בָּהֶם פְלִילָה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
La justice des pères, rappelle-t-en et renouvelle comme avant
les [beaux jours de la nation], à l’heure de la conclusion
Zǝḵor ṣidḳat ʾaḇihem vǝḥadeš et yǝmeihem
kǝḳedem ûtǝḥilâ bišeʿat haneʿila
זְכֹר צִדְקַת אֲבִיהֶם, וְחַדֵּשׁ אֶת יְמֵיהֶם
כְּקֶדֶם וּתְחִלָּה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Une bonne année, appelle-donc et ramène les quelques moutons
à Oholiba, Ohola, à l’heure de la conclusion
Ḳǝrâʾ nâʾ šǝnat raṣon vǝhašeḇ šǝerit haṣon
lǝʾoholiḇâ vǝʾoholâ bišeʿat haneʿila
קְרָא נָא שְׁנַת רָצוֹן, וְהָשֵׁב שְׁאֵרִית הַצֹּאן
לְאָהֳלִיבָה וְאָהֳלָה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Efface comme nuée les fautes et fais donc grand-grâce avec
les appelés de l’élection, à l’heure de la conclusion
Mǝḥe kaʿaḇ pǝšaʿim vaʿaśe na ḥeśed ʿim
mǝqoraʾim sǝgûlâ bišeʿat haneʿila
מְחֵה כָּעָב פְּשָׁעִים, וַעֲשֵׂה נָא חֶסֶד עִם
מְקֹרָאִים סְגֻלָּה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Méritez de longues années, les fils et leurs aînés
dans la joie, délectation, à l’heure de la conclusion
Tizkû lǝšanim rabot habanim vǝhaʾaḇot
bǝdiṣa ûḇǝṣaholâ bišeʿat haneʿila
תִּזְכּוּ לְשָׁנִים רַבּוֹת, הַבָּנִים וְהָאָבוֹת
בְּדִיצָה וּבְצָהֳלָה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה
Michaël, prince d’Israël, Élie et puis Gabriel
annoncez la rédemption, à l’heure de la conclusion
Miḵaʾel śar iśraʾel eliyahû vegaḇriʾel
baśǝrû na hagǝûlâ bišeʿat haneʿila
מִיכָאֵל שַׂר יִשְׂרָאֵל, אֵלִיָּהוּ וְגַבְרִיאֵל
בַּשְּׂרוּ נָא הַגְּאֻלָּה, בִּשְׁעַת הַנְּעִילָה

Version judéo-espagnole

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Notes et références

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  1. a et b (he) Aliza Moshe, « El nora alila », (consulté le )
  2. Cf. Philip Birnbaum, High Holyday Prayer Book, New York, Hebrew Publ'g Co, , p. 975 ; CCAR, Gates of Repentance : The New Union Prayer Book for the Days of Awe, New York, , p. 508 qui mentionne son inclusion dans l’Olath Tamid de David Einhorn (en) en 1858.
  3. (he) Omri Livnat, « Gilûyim miḳehilat ḳonstantin » [« Découvertes de la communauté de Constantine »], Tarbiz, Mandel Institute for Jewish Studies, vol. 87,‎ , p. 219-248 (JSTOR 26992754)

Annexes

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Liens externes

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