El Hadj Ag Gamou

général touareg malien

El Hadj Ag Gamou
Naissance (59 ans)
Tidermène
Origine Malien, Touareg imghad
Allégeance Drapeau de la Libye Libye (1980-1988)
ARLA (1990-1995)
Drapeau du Mali Mali (depuis 1996)
Grade Général de division
Conflits Guerre du Liban
Conflit tchado-libyen
Rébellion touarègue de 1990-1996
Guerre civile sierra-léonaise
Rébellion touarègue de 2007-2009
Guerre du Mali
Faits d'armes Combat de Tinsalane
1re Bataille de Kidal
4e Bataille de Gao
2e Bataille d'Anéfis
2e Bataille de Kidal
3e Bataille de Kidal
4e Bataille de Kidal
Bataiille d'Andéramboukane
Distinctions Ordre national du Mali
Médaille de la valeur militaire
Autres fonctions Gouverneur de la région de Kidal (depuis 2023)

El Hadj Ag Gamou, né le à Tidermène[1], est un général de division touareg malien.

Biographie modifier

La Légion verte modifier

El Hadj Ag Gamou est né dans une famille de bergers en 1964 à Tidermène, dans le cercle de Ménaka. C'est un touareg Imghad, une tribu vassale selon l'organisation traditionnelle de la société touarègue. En 1980, à l'âge de 16 ans, il rejoint l'armée libyenne au sein de la Légion verte, il y rencontre notamment Iyad Ag Ghali. Après une année d'entraînement en Libye, puis six mois en Syrie auprès des forces spéciales, il est engagé dans la guerre du Liban aux côtés des Palestiniens. Après plusieurs années de guerres, il regagne un temps la Libye, puis il prend part au Conflit tchado-libyen[1],[2].

La rébellion de 1990-1996 modifier

Gamou regagne le Mali en 1988. Lors de la rébellion touarègue de 1990-1996, il rejoint les rebelles et combat au sein de l'Armée révolutionnaire de libération de l'Azawad (ARLA)[1].

En 1994, il se brouille avec Iyad Ag Ghali, chef du MPA. La première femme d'Ag Gamou s'était par la suite remariée avec Ag Ghali, mais la cause de cette dispute trouverait plutôt son origine dans des rivalités et des ambitions personnelles. En février, Gamou kidnappe Intallah Ag Attaher, l'Amenokal des Ifoghas, la tribu d'Ag Ghali. L'Amenokal est ensuite relâché mais cette action n'est pas pardonnée par les Ifoghas[1],[2].

L'armée malienne modifier

Satisfait de accords de paix de 1996, Ag Gamou rejoint la même année les forces armées maliennes. Formé à l'école militaire de Koulikoro, il est affecté à sa sortie, à la région de Ségou en tant qu'officier d'état-major[1],[3].

En 1999, lors de la guerre civile sierra-léonaise il prend part en tant que casque bleu à la Mission des Nations unies en Sierra Leone. De retour au Mali en 2000, il est décoré de la médaille de la valeur militaire et est promu au grade de lieutenant-colonel[3].

En 2001, il est affecté à Gao, puis il prend le commandement de Kidal en 2005[1].

La rébellion de 2007-2009 modifier

De 2007 à 2009, dans la région de Kidal, Gamou affronte la rébellion touarègue de l'ATNM menée par Ibrahim Ag Bahanga. Il mène l'opération Djiguitugu et détruit les bases des rebelles[4],[5].

Homme de confiance du président Amadou Toumani Touré, il est nommé en 2010 chef d'état-major particulier adjoint. Il encourage le président à nommer des Arabes et des Touaregs à des postes clés dans le Nord[1].

Selon des sources militaires et diplomatiques, il aurait cependant couvert des personnes liées au trafic de drogue. En 2012, des habitants de Gao l'accusent notamment d'avoir laissé filer un grand commerçant arabe Lemhar, Baba Ould Cheikh, le maire de Tarkint[6] lié à l'affaire d'« Air Cocaïne », lorsqu'en novembre 2009, un Boeing 727 venu du Venezuela chargé de cocaïne avait atterri dans la région de Gao[1],[7]. En 2015, la fille de Gamou épouse Chérif Ould Taher, un autre Arabe Lemhar également lié à l'affaire d'« Air Cocaïne »[8],[9].

La rébellion de 2012 modifier

En 2011, lors de la guerre civile libyenne, 2 000 à 4 000 soldats touaregs ayant quitté l'armée de Khaddafi regagnent le Mali. Le président Amadou Toumani Touré charge alors le colonel Ag Gamou de rallier ces hommes à l'armée malienne afin d'éviter qu'ils ne rejoignent les groupes rebelles. La mission réussit partiellement, de nombreux « Libyens » rallient l'état malien, mais d'autres contribuent à la formation du MNLA[10],[11].

El Hadj Ag Gamou est colonel-major au nord du Mali lorsque débute la Rébellion de 2012, il commande alors la garnison de Kidal. Le 18 janvier, Aguel'hoc est attaquée, elle tombe aux mains de rebelles le 24 et sa garnison est massacrée. Le lendemain, les renforts venus de Kidal et commandés par Gamou reprennent la ville, que les rebelles abandonnent sans combattre[12].

Début février, Gamou tente de briser le siège de Tessalit et, le 11 février, venu de Kidal, il affronte les rebelles lors du combat de Tinsalane. Les deux camps revendiquent la victoire[13],[14]. Mais un mois plus tard, Tessalit tombe aux mains des insurgés[15].

Fin mars 2012, il commande les forces maliennes à Kidal, fortes de 500 à 600 hommes, lorsque la ville est attaquée le 26 par Ansar Dine et le MNLA. Le 29, Ag Gamou abandonne la ville et se replie avec ses forces vers le sud. Le 31, alors que le même jour, Gao était envahie par les rebelles, les forces de Gamou sont encerclées par les combattants du MNLA[16]. Gamou fait alors savoir qu'il accepte la proposition du MNLA de rejoindre ses rangs. Il s'agit cependant d'une ruse[17], Gamou refuse que les 204 soldats de sa troupe originaires du sud du Mali soient livrés comme prisonniers de guerre. Puis il se porte avec ses hommes vers le Niger. Arrivé à 100 kilomètres de la frontière, il appelle le consul du Mali au Niger par téléphone satellitaire pour lui demander de préparer l’arrivée de ses hommes originaires du sud afin qu'ils puissent être rapatriés vers Bamako, via le Burkina Faso[18]. Par la suite, Gamou se replie lui-même au Niger avec sa famille et sa milice touarègue, il fait alors savoir au gouvernement malien que son allégeance au MNLA déclarée sur RFI était une manœuvre ayant pour but de s’enfuir et qu'il est prêt à reprendre le combat[18].

Le 2 décembre 2012, à Niamey, Ag Gamou est la cible d'une tentative d'assassinat par un jeune djihadiste. L'homme tire trois ou quatre balle, deux blessent à la cuisse le garde du corps du colonel, l'autre ricoche sur son téléphone portable. L'assaillant, qui se réclame d'AQMI, est cependant maîtrisé par Gamou, son garde du corps et son chauffeur[19],[20].

Contre-offensive de 2013 modifier

Gamou reste 10 mois au Niger, mais en janvier 2013 l'armée française lance l'Opération Serval au Mali. Il prend alors part à la reconquête du nord du Mali à la tête de sa milice forte de 700 hommes, dont 500 Touaregs Imghad, progressivement intégrée à l'armée régulière[1]. Le 15 janvier 2013, il prend Ménaka sans combattre avec une colonne de 77 pick-up et huit blindés BRDM-2[21].

Vers fin janvier ou début février, il arrive à Gao, prise quelques jours plus tôt par les Français[1]. Le 12 février, les forces maliennes du colonel Ag Gamou et les troupes françaises reprennent le contrôle de la ville de Ménaka sans livrer de combats avec le MNLA qui abandonne la ville après y être entré le 5 février. Quatre rebelles sont cependant arrêtés le 9 février[22]. Le MNLA accuse la France d'avoir tendu un guet-apens à Abdoul Karim Ag Matafa, ministre de la Santé du conseil transitoire de l'État de l'Azawad, et trois autres combattants rebelles et menace d'user de représailles avant de se rétracter quelques heures plus tard[23],[1].

Le 21 février, Gamou est engagé directement avec sa milice conte les djihadistes du MUJAO lors de la quatrième bataille de Gao[24].

Fin février, il détache 19 hommes de sa milice qui servent de guides aux soldats français dans l'Adrar des Ifoghas, lors de la bataille de Tigharghâr[25].

En mars, il est un temps rappelé à Bamako[26].

Le 5 juin, avec le colonel-major Didier Dacko il s'empare d'Anéfif, défendue par le MNLA[27].

Le 2 septembre 2013, El Hadj Ag Gamou est élevé à la dignité d'Officier de l'Ordre national du Mali[28]. Le 18 septembre, il est promu au grade de général de brigade[29].

Dans la nuit du 18 au 19 novembre dans le village d’Intakabar, à Djebok, deux membres de sa famille sont assassinés ; un vieillard de 70 ans et une petite fille de 3 ans. Une femme d'environ 70 ans et une petite fille d'une dizaine d'années sont également blessées. Alors présent à Bamako, Ag Gamou affirme que les meurtriers sont des Peuls du MUJAO[30].

Combats à la tête du GATIA modifier

Les 17 et 21 mai 2014, il commande les forces maliennes lors des deuxième et troisième bataille de Kidal. Il est cependant battu, et les groupes armés rebelles reprennent le contrôle de la ville de Kidal. Le 21, Gamou perd son principal lieutenant, le colonel Fayçal Ag Kiba qui est tué lors des combats[31].

En août 2014, Gamou fonde une nouvelle milice loyaliste pour s'opposer aux rebelles, le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA). Il demeure cependant général dans l'armée régulière et ne revendique pas officiellement son appartenance au GATIA[32],[2],[33],[34],[35]. Cependant il est critiqué par plusieurs membres du gouvernement et de l'armée qui lui reprochent d'agir sa guise en fonction de ses intérêts et de ceux de sa tribu[9]. Si le président Ibrahim Boubacar Keïta se méfie de lui, il garde cependant le soutien du général Didier Dacko, chef d'État-major général des armées[9].

Après des affrontements sanglants, le GATIA et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) concluent la paix le lors des de « pactes d'honneur ». Les 1er et 2 février 2016, entre plusieurs centaines et un millier d'hommes du GATIA menés par Ag Gamou entrent à Kidal avec le consentement de la CMA[36],[37]. Gamou s'établit lui-même à Takalote, à 30 kilomètres au sud-est de Kidal[38]. Cependant après une phase d'apaisement, la situation dégénère à nouveau en juillet 2016, et des combats éclatent entre les Imghads du GATIA et les Ifoghas du HCUA. Ces derniers prennent l'avantage et chassent les troupes de Gamou de la ville[2].

Le , après une attaque contre un poste de militaire à Abala, au Niger, les djihadistes de l'État islamique se replient au Mali. Mais ils sont alors attaqués par l'armée malienne, l'armée française et les miliciens touaregs du GATIA et du MSA. En réponse Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, le chef de l'EI au Sahel, accuse dans une missive les Touaregs imghad et daoussahak d'être les complices de la France et du Niger, et menace particulièrement les chefs du MSA et du GATIA : Moussa Ag Acharatoumane et El Hadj Ag Gamou[39],[40].

Le , le général de division Ag Gamou est nommé Inspecteur général des armées et services maliens[41]. Il est débarqué de son poste par Assimi Goïta en décembre 2021[42].

Au cours de l'année 2022, il participe aux combats contre l'État islamique dans le Grand Sahara , lors des offensives de Ménaka. Début juin, prend part à la bataille d'Andéramboukane, où certaines rumeurs l'annoncent blessé, ce qu'il dément[43],[44]. Début novembre, il lance un appel à tous les jeunes Touaregs « d'Algérie, Libye et d'ailleurs » à rejoindre les environs de Gao pour prendre part à la lutte contre les djihadistes[45].

Le 22 novembre 2023, il est nommé gouverneur de la région de Kidal[46],[47].

Liens externes modifier

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j et k Rémi Carayol, « Mali : Gamou, la revanche dans la peau », Jeune Afrique,
  2. a b c et d Célian Macé, « A Kidal, la lutte fratricide des Touaregs du Mali », Libération,
  3. a et b « Afribone : El Hadj Ag Gamou : patriote dans l’âme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  4. « Offensive tous azimuts contre Bahanga à Kidal : 20 bandits armés tués, 25 prisonniers dont 15 blessés », Malijet
  5. « Mali: la principale base du rebelle Ibrahim Ag Bahanga "détruite" », Malijet
  6. Boris Thiolay, « Mali: la guerre de la cocaïne », l'express,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Air Cocaine » refait surface : Le «service de sécurité malienne » accuse Ould Medou, Colonel Gamou et Sadou Diallo Et pourtant, d’autres suspects ont été libérés après le 22 mars 2012 », Mali Actualités,
  8. (en) Frederic Wehrey, Perilous Desert : Insecurity in the Sahara, Brookings Institution Press, , 224 p. (ISBN 0870034030), p. 72-73
  9. a b et c Rémi Carayol, « Mali : à quoi joue le général Gamou ? », Jeune Afrique,
  10. Malika Groga-Bada, « Nord-Mali : qui sont les rebelles du MNLA ? », Jeune Afrique,
  11. Baba Ahmed, « Rébellion au Nord-Mali : ces "Touaregs de Kadhafi" qui soutiennent Bamako », Jeune Afrique,
  12. Baba Ahmed, « Nord-Mali : l'armée découvre les corps d'une quarantaine de militaires à Aguelhok », Jeune Afrique,
  13. Baba Ahmed, « Nord-Mali : à Tessalit, l’armée frappe un grand coup contre les rebelles du MNLA », Jeune Afrique,
  14. Ikhlou Ag Azzezen, « L'armée multiethnique du MNLA détruit un convoi de l'armée Malienne vers Tessalit », ToumastPress,
  15. « Nord-Mali: Le MNLA abandonne Tessalit, mais les interrogations demeurent »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Bamanet
  16. « Colonel Alhaji Ag Gamou : Les raisons d’une désertion »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Maliweb
  17. « EXCLUSIF : à Gao, avec le colonel major touareg El Hadj Ag Gamou », France 24,
  18. a et b Baba Ahmed, « Mali : comment Ag Gamou a échappé au MNLA et à Ansar Eddine », Jeune Afrique,
  19. AFP, « El Hadj Ag Gamou échappe à une « tentative d’assassinat » à Niamey », Jeune Afrique,
  20. « Col. Major El Hadj Gamou : « Aqmi avait planifié mon assassinat à Niamey » »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Afridone
  21. « Avec ses 500 éléments : Le colonel Gamou marche vers Ménaka », Le Matin,
  22. Le Monde avec AFP, « Mali : Ménaka sous contrôle de l'armée malienne après le départ du MNLA »,
  23. « Mali : le MNLA menace de s'en prendre aux militaires français puis revient sur sa décision »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), La Nouvelle Tribune
  24. « Nord-Mali : les islamistes reprennent les armes à Gao », L'Humanité,
  25. « Ce vendredi dans l'Humanité : le Mali s'interroge sur les buts de la France », L'Humanité,
  26. Baba Ahmed, « Mali : le colonel-major Ag Gamou rappelé à Bamako », Jeune Afrique,
  27. Baba Ahmed et Benjamin Roger, « Mali : après des combats, l'armée malienne reprend Anefis au MNLA », Jeune Afrique,
  28. « COMMUNIQUE DE LA GRANDE CHANCELLERIE DES ORDRES NATIONAUX DU MALI », Diasporaction,
  29. « Le colonel El Hadji Ag Gamou promu Général », Bamada,
  30. « Mali: au moins deux membres de la famille du général Ag Gamou tués », RFI,
  31. AFP et MaliActu, « décès du colonel Fayçal Ag Kiba (bras droit du général El Hadj Ag Gamou) dans les combats à kidal »
  32. Dorothée Thiénot et Benjamin Roger, « Nord du Mali : le Gatia, une milice loyaliste qui veut monter... jusqu'à Alger », Jeune Afrique,
  33. « Mali: le général El Hadj Ag Gamou affirme appartenir au Gatia », RFI,
  34. « Mali: Kidal, cœur du conflit », RFI,
  35. Rémi Carayol, « Mali : le vrai-faux coming out du général Gamou », Jeune Afrique,
  36. Le Monde avec AFP, « Mali : des combattants loyalistes entrent sans heurts dans Kidal »,
  37. « Mali: des hommes d'un groupe pro-Bamako sont entrés dans Kidal », RFI,
  38. Baba Ahmed, « Mali – Kidal : à quoi joue le général El Hadj Ag Gamou ? », Jeune Afrique,
  39. BARKHANE, « Point de situation des opérations du 8 juin 2017 », Ministère de la Défense,
  40. « Le chef jihadiste Al-Sahraoui accuse et menace deux communautés du Mali », RFI,
  41. Secrétaire général du Gouvernement, « Conseil des Ministres: Le Général Gamou nommé inspecteur général des armées et le Colonel Hassan Ag Mehdi comme Haut fonctionnaire de la défense », sur kibaru.ml,
  42. Bokar Sangaré, Mali : Gamou, un général aussi incontrôlable qu’indispensable, Jeune Afrique, 7 mai 2022.
  43. David Baché, Mali: violents combats contre le groupe jihadiste EIGS à Anderamboukane, RFI, 6 juin 2022.
  44. [vidéo] Mali : tensions politiques à Bamako et échec d’une opération contre le groupe État islamique, France 24, 8 juin 2022.
  45. Au Mali, un commandant appelle tous les Touareg à se battre contre le groupe Etat islamique, Le Monde avec AFP, 8 novembre 2022.
  46. David Baché, Mali: le général El Hadj Ag Gamou nommé gouverneur de Kidal, RFI, 22 novembre 2023.
  47. Kidal. Le Général El Hadji Gamou nommé Gouverneur de la Région, maliweb.net, 22 novembre 2023.