Domitia Lucilla Minor

citoyenne romaine, mère de Marc Aurèle

Domitia Lucilla Minor, connue parfois sous le nom de Lucilla ou Domitia Calvilla, est une personnalité féminine romaine du IIe siècle. Elle est la fille de Publius Calvisius Ruso Tullus et de Domitia Lucilla Maior, ce qui fait d'elle une des plus riches héritières sous le règne d'Hadrien. De son union avec Marcus Annius Verus, elle est la mère de Marc Aurèle.

Domitia Lucilla
Biographie
Naissance
Décès
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
Activité
Famille
Antonins (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Publius Calvisius Ruso (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Conjoint
Enfants
Gens

Famille

modifier
 
La famille des Domitia Lucilla (maior et minor, mère et fille), à l'époque des Antonins. Arbre non exhaustif.

Ascendance

modifier

Son grand-père maternel est Cnaeus Domitius Curvius Lucanus, consul suffect sous Vespasien[1]. Sa mère est ensuite adoptée par le frère de Lucanus, Cnaeus Domitius Curvius Tullus, deux fois consulaire. Lucanus décède vers 93/94[2]. Curtilia Mancia, veuve de Lucanus, épouse vraisemblablement en secondes noces Lucius Catilius Severus. Tullus meurt sûrement en l'an 108 ou au début de l'année suivante, date du testament épigraphique dit « de Dasumius », qui lui est parfois attribué, et de la lettre de Pline se référant à son testament[1]. À la mort du dernier des deux frères, Domitia Maior hérite de la moitié de l'immense fortune, provenant de son grand-père maternel, Curtilius Mancia, de son père Lucanus, de son oncle et père adoptif Tullus, héritiers eux-mêmes d'un père adoptif richissime, Domitius Afer dont ils ont su faire fructifier les biens[3],[4],[5].

Son père est Publius Calvisius Ruso, consul éponyme en 109 sous le nom de Publius Calvisius Tullus Ruso, le rajout de Tullus dans le nom ferait suite à l'héritage[1],[6]. Lucilla Minor hérite de l'immense fortune de ses parents.

 
Marc Aurèle adolescent.
 
Commode jeune.

Descendance

modifier

Vers 118, elle épouse Marcus Annius Verus. Il est le fils de Marcus Annius Verus, triple consulaire (suffect en 97, éponyme en 121 et 126) et proche d'Hadrien, et le petit-fils d'un Marcus Annius Verus, sénateur prétorien sous Néron[7]. Sa mère est Rupilia Faustina, vraisemblablement une petite-nièce de Trajan. En effet, elle serait la fille d'un troisième et dernier mariage de Salonina Matidia, la nièce de Trajan et belle-mère d'Hadrien.

Sa belle-sœur est donc Faustine l'Ancienne, épouse d'Antonin le Pieux et impératrice romaine divinisée[4].

Lucilla et Verus ont deux enfants qui atteignent l'âge adulte, le futur empereur Marc Aurèle, né en 121 et une fille, Annia Cornificia Faustina, née en 123. Verus meurt dès 124 lorsque Marc Aurèle n'a que trois ans[4]. Après sa mort, son père, Marcus Annius Verus, adopte ses enfants Marc Aurèle[8] et Annia Cornificia Faustina[9],[10]. Il les élève avec Lucius Catilius Severus, leur bisaïeul maternel par alliance.

Dans ses Pensées pour moi-même, Marc Aurèle parle de sa mère en ces termes : « la piété et la générosité ; l’habitude de s’abstenir non pas seulement de faire le mal, mais même d’en concevoir jamais la pensée ; et aussi, la simplicité de vie, si loin du faste ordinaire des gens opulents[11] ».

Sa nièce, Faustine la Jeune, épousera Marc Aurèle. Les deux cousins ont entre autres pour fils Commode. Elle est donc la grand-mère de ce dernier et a aussi élevé dans sa propre maison un autre futur empereur, Didius Julianus[12].

Elle décède aux alentours de 155-161, avant que son fils ne devienne empereur. Sa fille épouse Caius Ummidius Quadratus Annianus Verus, consul suffect en 146, et a deux enfants, Marcus Ummidius Quadratus Annianus, consul éponyme en 167 et Ummidia Cornificia Faustina (en), et décède avant elle, entre 152 et 158. Son fils, Marc Aurèle, est empereur de 161 à 180. Outre Commode, il a douze autres enfants, dont seulement quatre filles atteignent l'âge adulte[13].

Fortune et biens

modifier

Domitia Minor hérite donc d'une considérable fortune foncière et notamment d'une importante figline, c'est-à-dire une briqueterie ou tuilerie. Cette industrie est considérée comme une activité agricole, et elle peut donc être menée par des sénateurs[14].

Aux Ier et IIe siècles, de très nombreux monuments de Rome sont construits en brique, qui est le matériau de base. Les deux frères et leurs héritières sont vraisemblablement à la tête des fabriques de briques les plus importantes de Rome. De nombreuses briques sont estampillées des frères Domitii puis des Domitia Lucilla, leur fille et petite-fille, puis de leur descendance impériale, notamment pour des briques du Panthéon et du mausolée d'Hadrien et même des thermes de Caracalla puis ceux de Dioclétien. L'entreprise produit des briques qui ont été retrouvées dans tout l'Empire romain[14].

Sources

modifier

Bibliographie

modifier
  • Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ? Ascension des élites hispaniques et pouvoir politique d'Auguste à Hadrien (27 av. J-C - 138 ap. J-C), Madrid, Casa de Velazquez, , 763 p.
  • Jo-Ann Shelton, The Women of Pliny's Letters, Routledge, 2012, pp. 288-292, « Domitia Lucilla ».
  • Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, éd. Flammarion, coll. GF, 1984, traduit et préfacé par Mario Meunier (ISBN 2-08-070016-2).
  • Christian Settipani, Continuité gentilice et Continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale, Linacre College, Oxford University, coll. « Prosopographica & Genealogica », , 597 p. (ISBN 1-900934-02-7)

Notes et références

modifier
  1. a b et c Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ?, Madrid, 2006, p. 493.
  2. Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ?, Madrid, 2006, p. 489.
  3. Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ?, Madrid, 2006, p. 177.
  4. a b et c Jo-Ann Shelton, The Women of Pliny's Letters, Routledge, 2012, pp. 288-292, « Domitia Lucilla ».
  5. Pline le Jeune, Lettres, VIII, 18.
  6. Ginette Di Vita-Evrard, « Le testament dit “de Dasumius” : testateur et bénéficiaires », Actas del coloquio internacional AEIGL, Epigrafia Juridica Romana, Pamplona, 1987, Pampelune, 1989, pp. 159-174.
  7. Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ?, Madrid, 2006, p. 163.
  8. Histoire Auguste, Vie de Marc-Aurèle, 1.
  9. Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ?, Madrid, 2006, p. 521.
  10. Anthony R. Birley, Marcus Aurelius: A Biography, New York, Routledge, 1966, revue en 1987, p. 33.
  11. Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, livre I, 3.
  12. Histoire Auguste, Vie de Didius Julianus, 1.
  13. Jona Lendering, « Marcus Aurelius », Livius.org.
  14. a et b Site empereurs-romains.net, Vox Populi, « Les richissimes frères Domitius, ancêtres de Marc Aurèle, et leurs briqueteries ».

Liens externes

modifier