Le Dodécaschène (du grec : δυώδεκα σχοῖνοι, pays des douze schènes[1]) est le nom donné par les géographes de l'époque gréco-romaine[2] à la partie de la Nubie qui s'étend immédiatement au sud de Philæ. D'autres documents nomment ce même pays le Commilitonium (confins militaires de l'Égypte). La Nubie complète s'appela parfois vers le même temps, le Triacontaschène, c'est-à-dire le pays des trente schènes.

Égypte romaine

Histoire modifier

Créée sous ce nom sous Ptolémée IV (222-204 av. J.-C.), le Dodécaschène est rattaché au premier Nome vers 150 av. J.-C.[1]. Après cette date, l'autorité égyptienne s'estompe avec l'influence locale des rois de Méroé[3]. Il passe sous domination romaine à partir d'Auguste, lorsque Caius Cornelius Gallus installe des garnisons dans le Triacontaschène. Petronius en 25 av. J.-C. bat les Méroïtes qui avaient envahi la région jusqu'à Syène et fixe la frontière avec le royaume de Méroé[4] sur la zone moins étendue du Dodécaschène depuis Syène jusqu'à Hiera Sykaminos et occupe, au moins par intermittence, un avant-poste à Primis (Qasr Ibrim) à 25 km en aval d'Abou Simbel, permettant une surveillance partielle du Triacontaschène[5]. Auguste et ses successeurs se concilient les prêtres égyptiens en leur attribuant les revenus du Dodécaschène, principalement aux sanctuaires d'Isis qui prennent un rayonnement considérable au Ier et IIe siècles, avec l'apogée du temple de Philae. En retour, les empereurs sont figurés en pharaons, accomplissant les actes liturgiques tandis que leurs noms sont transcrits en cartouche[6].

Le Dodécaschène subit sous Decius (249-251) la pression des peuples du désert oriental connus sous le nom de Blemmyes[7], puis durant la seconde moitié du IIIe siècle leurs raids repétés, d'autant plus facilement qu'ils trouvent un accueil favorable auprès des habitants de la province de Thébaïde accablés d'impots. Dioclétien abandonne en 298 le Dodécaschène, province trop pauvre et couteuse à protéger, ramène la frontière au niveau de Philae[8] et confie, moyennant subsides, sa défense contre les incursions blemmyes aux Nobates[9].

Notes et références modifier

  1. a et b Labarre 2009, p. 211.
  2. Hérodote, Histoires, Livre II, 29 ; Claude Ptolémée, Géographie, IV, 5, 74.
  3. Labarre 2009, p. 212.
  4. Labarre 2009, p. 212-213.
  5. Desanges 1984, p. 249-250.
  6. Labarre 2009, p. 213.
  7. Desanges 1984, p. 256.
  8. Labarre 2009, p. 214.
  9. Roger Remondon, La crise de l’Empire romain, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes », , 2e éd. (1re éd. 1964), p. 284.

Bibliographie modifier

  • Jehan Desanges, « Rome et les riverains de la mer Rouge au IIIe siècle de notre ère. Aperçus récents et nouveaux problèmes », Ktèma : civilisations de l'Orient, de la Grèce et de Rome antiques, no 9,‎ , p. 249-260 (lire en ligne).
  • Gihane Zaki, Géographie, religion et histoire du Premier Nome de Haute-Égypte. : Le Premier Nome de Haute-Égypte du IIIe siècle avant J.-C. au VIIe siècle après J.-C. d’après les sources hiéroglyphiques des temples ptolémaïques et romains, Monographies Reine Elisabeth 13, Brépols, , 468 p..
Guy Labarre, « Notes de lecture de l'ouvrage de Gihane Zaki », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 35, no 2,‎ , p. 203-214 (lire en ligne).

Liens externes modifier