Discussion:Antigone (Anouilh)

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"Et Antigone, face à cela, refuse la facilité" modifier

Est-ce lui, Antigone est jeune, pratiquement une enfant, et se comporte de manière radicale en vertu de principes et d'idéaux personnels (lors de sa discussion avec Créon, elle avoue même que si elle cherche à enterrer Polynice, même quitte à mourir, c'est entièrement pour elle-même), Créon, lui, est un roi (au sens où son action n'est pas dirigée par ses envies personnelles mais par ce qu'il estime être son devoir envers son peuple), embourbé dans des compromis dont l'amertume n'égale que la nécessité. Si vous êtes d'accord, j'infléchirais volontiers le commentaire de l'oeuvre dans ce sens. Au besoin je mets les références exactes des citations. --EcceAngelo 23 décembre 2006 à 05:19 (CET)Répondre

Je suis du même avis (si c'est pas un peu tard pour le dire...). L'interprétation «Créon = Pétain, Antigone = la résistance» est classique, mais me semble bien facile, voire complaisante justement envers Pétain. On peut aussi bien voir Antigone comme représentative d'une violence orgueilleuse, cruelle et quasi fascisante, et Créon qui essaye d'améliorer le monde en le prenant tel qu'il est, ce qui après tout le mieux que l'on puisse attendre non seulement d'un dirigeant, mais aussi de toute personne.
Je n'ose retoucher le texte moi-même, n'ayant pas lu la pièce depuis plus de 35 ans. Mais quand je l'avais étudiée au lycée elle m'avait beaucoup frappé; et m'avait frappé le traitement injuste si souvent réservé à Créon...
David Olivier (d) 15 juin 2008 à 00:49 (CEST)Répondre

L'Affiche rouge modifier

Il me semble difficile que "les petites affiches rouges" de la 4e de couverture (qui sont certainement l'Affiche rouge) puissent avoir vraiment été le motif de l'écriture : les dates ne collent pas bien. Bon, je remets une note invitant le lecteur à se faire une idée lui-même... Dfeldmann (d) 16 juillet 2009 à 10:55 (CEST)Répondre

Créon n'est pas un monstre modifier

Dans cet article, Créon est beaucoup décrit comme une sorte de tyran insensible. Pourtant, il n'est pas si sombre. Tout d'abord, il aime beaucoup Antigone, il se reconnait en elle. Après tout, ce pourrait bien être lui à sa place. Il fait tout pour la sauver, mais elle s'obstine et le force à la faire tuer. Tout le monde l'accuse, Antigone lui crache presque son mépris, il déçoit profondément Hémon et même le Chœur n'est pas de son côté. Mais il a raison, il faut quelqu'un pour se salir les mains et prendre les décisions difficiles que personne au monde n'échangerait avec lui. Ne pas enterrer Polynice était une de ces décisions. On l'a détesté pour cela, mais s'il l'enterrait, si la bataille n'avait aucun héros, le peuple n'aurait pas été content. peut-être même aurait-il perdu toute confiance en son roi. Et, parce qu'Antigone s'entêtait à ne rien vouloir entendre, il a dû la faire tuer, car il ne pouvait pas laisser un fauteur de trouble crier librement ses actes sur les toits.

Antigone, quant à elle, ne veut pas devenir adulte. Toute son attitude le crie: elle refuse de comprendre, d'écouter... Elle veut garder ses convictions jusqu'au bout, et tant pis si on lui démontre qu'elles étaient fausses. Elle est fière de ce qu'elle a fait, un peu comme un enfant reste fier malgré les conséquences de ses pires bêtises, de défier l'autorité de Créon, et même d'aller mourir. Ainsi, "la fille noiraude et renfermée", celle en qui personne ne croyait, était prête à mourir pour ses convictions.

Créon dit à Antigone qu'il est plus facile de dire non, et beaucoup le considèrent à cause de cela comme une tyran insensible et presque cruel, mais il dit vrai. Il justifie ses paroles, en disant qu'il a accepté de gouverner, de se faire haïr, de prendre des responsabilités alors qu'il souhaitait tout sauf cela. Il serait en effet beaucoup plus difficile à Antigone de renoncer à ses convictions, de voir le monde différemment, moins beau, moins brillant, d'accepter de devoir se mentir à elle-même pour vivre heureuse, alors que là, elle refuse simplement la vie et meurt.— Le message qui précède, non signé, a été déposé par l'IP 89.94.202.28 (discuter), le 2 mai 2014 à 15:01 (CEST)Répondre

Prologue modifier

A quelles activités se livrent les personnages sur scène lors du Prologue?— Le message qui précède, non signé, a été déposé par l'IP 78.244.249.125 (discuter), le 26 décembre 2015 à 09:49 (CET)Répondre

Analyse de la pièce modifier

Le Chœur modifier

Le chœur n'est pas vraiment un chœur à part entière, c'est l'âme de la pièce qui raconte ce qui se déroule et les émotions des villageois.

Créon, Antigone, le Messager font partie de ceux qui savent tout, sans aucun doute. Créon, inconsciemment, sait très bien le risque qu'il prend en décrétant une telle interdiction, et il se doute bien qu'elle sera transgressée. Il sait aussi que ses actes ne sont pas justifiés, il le reconnaîtra même plus tard dans la pièce. Il l'a simplement fait pour donner une leçon, un exemple à la population. Antigone, elle, sait très bien ce qu'elle a l'intention de faire, contre le gré de tous, pour ensevelir Polynice malgré l'interdiction, et elle sait qu'elle va mourir, qu'elle doit mourir. « Elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout. » Le Messager lui, sait déjà aussi. « C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà… »

La nourrice d'Antigone, les gardes, le page, Eurydice, ne savent rien. Ils sont complètement ignorants et se contentent de jouer bêtement leur rôle. La Nourrice est seulement là pour apaiser, les gardes pour accomplir le destin d'Antigone, le page pour accompagner Créon, et Eurydice quant à elle, n'a pas d'autre rôle que de mourir (« Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. »).

Hémon et Ismène quant à eux, sont assez ambigus, car aucun d'eux ne sait vraiment tout ce qui se trame, Ismène ne se doute pas que sa sœur ira au bout, Hémon ne se doute pas que sa fiancée va se rebeller jusqu'à la mort, mais ils savent et comprennent la situation, et au fur et à mesure que l'histoire avance, ils comprennent, et savent alors qu'Antigone va vraiment mourir.

Le Chœur commentera alors ironiquement toute la pièce : « C'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne un petit coup de pouce pour que cela démarre […] C'est tout. Après on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul ».

Débats modifier

Débat Créon / Antigone : Créon se retrouve seul face à Antigone, venant de commettre son crime, ayant tenté à deux reprises d'ensevelir son frère Polynice. S'étant fait arrêter pour avoir été prise sur le fait, il tente de la sauver. Il lui propose de faire accuser un garde, un complot, de faire mourir quelqu'un d'autre à sa place, et il essaie de la « ramener à la raison ». Mais elle reste sourde et impassible à ses arguments, elle « ne veut pas comprendre ». Il s'emporte alors, et fait ressortir ses propres défauts et ses faiblesses. Selon lui, il ne fait qu'accomplir son devoir, il n'a rien demandé… « Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est possible. »

Il lui reproche également de choisir la facilité, de dire non… On pourrait penser, nous, lecteurs, que ce n'est pas facile de dire non, mais Créon, lui, pense le contraire. Il pense que ça n'est pas facile de dire oui… De savoir que parfois ces lois sont injustes, ou stupides, mais de devoir dire oui… Ou d'avoir un rôle et un impact trop important pour se permettre de dire non à la légère, de se rebeller, par principe… Mais une fois de plus, Antigone repousse son argument. « Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire « non » encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge. » dit-elle, ou encore « Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. » Créon la traite alors d'« orgueilleuse. Petite Œdipe »… Il aborde alors le sujet de sa famille. Il reproche à Œdipe tout son orgueil qui a déteint sur Antigone… Et il dévoile la véritable personnalité d'Étéocle et de Polynice, deux voyous, ne valant pas mieux l'un que l'autre, n'aimant d'ailleurs même pas leurs sœurs, ni leur père, n'étant ni l'un un héros, ni l'autre un traître, mais tous deux des crapules, avides et cupides, s'étant bêtement entretués pour le pouvoir. Il avoue alors n'avoir aucune conviction que l'un est un héros ou l'autre un traître, c'est seulement pour le peuple… pour donner un bon et un mauvais exemple, le peuple a besoin d'un héros et d'un traître… Il avoue aussi qu'il ne sait même pas si le corps qui croupit là-dehors est bien celui de Polynice. Il reconnaît l'avoir pris tout à fait au hasard.

Devant l'absurdité de la religion, des rites, de tout cela, devant la stupidité de tant de conviction pour des choses que Créon lui prouve sans importance, Antigone est prête à céder… Mais Créon lui parle alors du bonheur qu'elle est si près d'atteindre si elle refuse de mourir pour son frère. Un bonheur avec quelques concessions, mais un bonheur tout de même… Mais Antigone se rétracte aussitôt, par fierté et par principe. Elle témoigne alors de son rejet de cette société qu'elle n'a jamais acceptée… « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte… Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage. » dans ce moment de l'histoire rien ne se passe

Créon est à court d'arguments et devant l'emportement grandissant de sa nièce qui menace d'ébruiter l'affaire, il cède… Antigone veut mourir, eh bien, elle mourra… Malgré les supplications de son fils qui l'implore de gracier sa fiancée, la sentence est appliquée. Antigone se pend dans la grotte où Créon l'a fait emmurer vivante. Hémon perd alors l'admiration qu'il avait pour son père qu'il considérait comme un homme puissant et juste. Non préparé à tant de désillusions et rendu fou de chagrin par la disparition d'Antigone, il la rejoint dans la mort en se poignardant avec son épée. Eurydice, apprenant le décès de son fils, se suicide à son tour. Sa famille décimée, Créon, abandonné de tous, continue de gouverner les hommes en attendant sa propre mort comme une délivrance.

Débat Ismène / Antigone : cette confrontation n'est pas idéologique, mais plutôt modale, avec d'un côté Ismène, avec son tempérament passif « Il est plus fort que nous, Antigone » sa peur de la souffrance, de la mort et son envie de vivre normalement. Puis de l'autre côté, il y a Antigone, au tempérament actif. Elle connaît son rôle dans cette histoire et veut l'accomplir jusqu'au bout, sans se plier à la « sagesse humaine » : « Je ne veux pas avoir raison », « Je ne veux pas comprendre un peu ». Sa foi en l'absurde lui fournit une forme d'égoïsme, qu'elle emploie même contre elle-même.

Outre ces deux principales confrontations, il y a également des divergences Nourrice / Ismène et Hémon / Créon. Mais elles n'ont pas d'impact sur le récit. Il n'y a par contre aucune opposition Étéocle / Polynice, car, même s'ils se sont entretués, ils sont sur la même longueur d'onde.

Comparaison avec l'Antigone de Sophocle modifier

L'adaptation de Jean Anouilh ne diverge pas, en somme, du texte d'origine écrit par Sophocle vers 441 av. J.-C. Mais certains détails font que nous avons affaire à deux styles différents. Et ce particulièrement en la personne de Créon : tandis qu'Anouilh le fait paraître comme un homme victime de sa souveraineté, Sophocle, lui, le représente plus comme un dictateur. Il existe également une différence au niveau du fond, alors qu'Anouilh n'appuie pas trop son texte sur le caractère religieux, ce dernier constitue un moteur essentiel dans la version originale de Sophocle. Le message que veut passer le mythe grec serait donc : « Il ne faut pas déshonorer la loi qu'imposent les dieux ».

Transféré depuis l'article par --FV (discuter) 25 mai 2016 à 09:09 (CEST)Répondre

ON parle de Antigone de Sophocle dans cet article, les deux sont confondus ! modifier

Tout est dans le titre. — Le message qui précède, non signé, a été déposé par l'IP 176.142.214.203 (discuter), le 29 mars 2021 à 17:13 (CEST)Répondre

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