Claudio Barbier

alpiniste belge
Claude Barbier
Description de cette image, également commentée ci-après
Claudio Barbier à Paris en février 1977
Biographie
Nationalité Drapeau de la Belgique Belgique
Naissance ,
Etterbeek
Décès (à 39 ans),
Yvoir
Surnom Claudio Barbier, il divino Claudio
Carrière
Disciplines Escalade, alpinisme
Ascensions notables Enchainement en solitaire de la voie Cassin à la Cima Ovest, la voie Comici à la Cima Grande, la Preuss à la Cima Piccolissima, la voie Dülfer à la Punta di Frida et la voie Innerkofler à la Cima Piccola

Claude Barbier, surnommé Claudio Barbier, est un alpiniste belge né à Etterbeek le et mort à Yvoir le . Claudio Barbier est un spécialiste de l'escalade solitaire et a été précurseur de l'escalade libre en Belgique au milieu des années 1960. Pur grimpeur, il a été l'un des meilleurs connaisseurs des parois des Dolomites dont il a parcouru la plupart des itinéraires les plus réputés et où il a réalisé plusieurs premières.

Biographie modifier

Né à Etterbeek le 7 janvier 1938[1],[2] dans une famille bourgeoise aisée, Claude Barbier est fils unique[3]. Brillant élève (il étudie le latin et le grec[3]), il fait ses études secondaires dans l'enseignement catholique dont il ne supporte pas la discipline[4]. Puis il entame à l'université des études de philologie romane qu'il ne terminera pas, préférant se consacrer à l'escalade[4].

C'est à l'âge de quatorze ans que Claude Barbier commence l'escalade[1] avant de découvrir l'alpinisme pendant ses vacances en compagnie de ses parents : la Vanoise d'abord en 1953, puis l'Oberland bernois en 1954 et les Dolomites en 1955 où il fait ses premières courses avec des guides[5]. À son retour des Dolomites, il s'inscrit au Club alpin belge[6]. Les débuts de Claude Barbier en escalade sont laborieux : il n'a pas la morphologie typique du grimpeur[3],[7],[6] et ne montre pas de prédispositions particulières pour cette discipline[6], ses chutes sont nombreuses[1],[8],[6]. Son obstination lui permet de dépasser ses difficultés et, à force de travail, il devient un brillant grimpeur[1],[3]. Claude Barbier se consacre à plein temps à l'escalade. À une époque où l’entraînement n'était pas une pratique courante en escalade, il étudie et travaille certains mouvements en recherchant l'efficacité du geste[6]. Plutôt que l'escalade athlétique, il préfère optimiser l'utilisation des prises et devient spécialiste du gratonnage[6]. Chaque année, Claude Barbier séjourne de mai à octobre dans les Dolomites et passe l'hiver en Belgique, fréquentant également les autres massifs des Alpes et les Pyrénées[4],[5]. Pour pouvoir mener cette vie, Claude Barbier trouve un arrangement avec ses parents qui acceptent de l'entretenir[3].

Claude Barbier devient l'un des meilleurs connaisseurs des parois des Dolomites[9]. Il est adopté par les Italiens et devient Claudio, « il divino Claudio », « il Maestro » également, car ses exploits sur les parois des Dolomites sont remarqués : Claudio Barbier ouvre plusieurs itinéraires, il grimpe souvent en solitaire et, grimpeur rapide, il pulvérise les temps d'ascension des voies qu'il répète[5],[6]. Parlant avec aisance l'italien, l'allemand et l'anglais, Claudio Barbier fréquente les meilleurs alpinistes européens de l'époque[6]. C'est le 24 août 1961 qu'il réalise son plus grand exploit, il enchaîne, en solitaire, dans la même journée, cinq voies extrêmement réputées sur les faces nord des Tre Cime di Lavaredo : la voie Cassin à la Cima Ovest, la voie Comici à la Cima Grande, la voie Preuss à la Cima Piccolissima, la voie Dülfer à la Punta di Frida et la voie Innerkofler à la Cima Piccola, soit un cumul de d'environ 2 000 mètres d'ascension en un temps cumulé de huit heures et quarante minutes[9]. En août 1965, il ouvre également deux très difficiles itinéraires dans la face ouest de la Cima Tosa et au Torre del Lago avec Jean Bourgeois, alpiniste belge renommé. Ses exploits en escalade lui valent une grande renommée dans le milieu de l'alpinisme mais sa notoriété ne dépasse pas le cercle des grimpeurs[6].

Spécialiste du rocher, Claudio Barbier pratique peu l'alpinisme dans les Alpes occidentales : il n'apprécie pas les courses de neige et de glace, les sacs lourds et les longues marches d'approche[6]. Il réussit cependant l'ascension du pilier Bonatti ou de l'éperon Walker des Grandes Jorasses[6]. De cette dernière course, il gardera un mauvais souvenir, étant resté bloqué quarante heures dans le froid à un bivouac après avoir été surpris par le mauvais temps[6]. Claudio Barbier était membre du GHM depuis 1969[6],[10],[11].

Au milieu des années 1960, Claudio Barbier développe l'escalade libre en Belgique[12] : il décide de peindre en jaune, sur les falaises belges, les pitons qu'il n'est pas nécessaire pour lui d'utiliser pour parcourir la voie[13]. On parle alors de « jaunissement » d'une voie[14] et réussir un passage « en jaune » signifie le réussir en escalade libre[15]. Très bon connaisseur des sites d'escalade belges, Claudio Barbier prend une part prépondérante dans la rédaction du deuxième Guide des rochers belges[6].

Méthodique et méticuleux dans la préparation de ses ascensions[5], Claudio Barbier « est d'une rigueur qui frôle le puritanisme »[3]. Bien qu'il grimpe en compagnie de nombreux alpinistes parmi les meilleurs de son époque[16], son caractère difficile et ses brusques changements d'humeur le marginalisent et rendent parfois délicates ses relations avec ses contemporains[1],[3],[5],[6] ; il change régulièrement de compagnon de cordée et préfère souvent l'escalade en solitaire[6]. Claudio Barbier refuse les propositions qui lui permettraient de compléter ses revenus telles que la participation sur les rochers de Freÿr à un film publicitaire ou un travail de conseiller technique pour un magasin de sport allemand ; il ne donne pas suite à la demande du roi Léopold III de l'emmener grimper[4]. Si Claudio Barbier a parfois le « verbe acide »[1], il est aussi grand amateur de calembours[7].

En plus de l'escalade, Claudio Barbier a la passion des livres. Outre des ouvrages de littérature, il possède dans sa bibliothèque plus de mille livres de montagne. Bibliophile, il est toujours à la recherche des livres d'alpinisme les plus rares. À partir de 1970, il se lance dans le commerce des livres de montagne, transformant le coffre de sa voiture en petite librairie. Il n'en fera cependant jamais un métier[3],[17],[18].

Le 27 mai 1977, alors que Claudio Barbier prépare seul l'ouverture de nouvelles voies sur les rochers du Paradou près d'Yvoir, au bord de la Meuse (il « nettoie » le rocher de sa végétation), l'ancrage de l'échelle de corde à laquelle il est suspendu lâche. Claudio Barbier est retrouvé mort au pied de la falaise sur laquelle il travaillait[1].

Principales ascensions modifier

Claudio Barbier a effectué plus de six-cent-cinquante courses[5],[19], il a réalisé environ cent-soixante ascensions solitaires et a ouvert plus de quarante voies nouvelles. Il a répété pratiquement toutes les grandes voies des Dolomites et, en dehors des Dolomites, Claudio Barbier a grimpé dans toutes les Alpes (massif du Mont-Blanc, Kaisergebirge, Rätikon, etc.)[9].

Répétitions remarquables modifier

Premières solitaires modifier

Ouvertures modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g « L'alpinisme belge en deuil après la mort de Claudio Barbier » dans le quotidien Le Soir du 13 juin 1977 p. 8
  2. Faire-part de décès de Claudio Barbier
  3. a b c d e f g et h Christine Grosjean, « Claudio Barbier : l'albatros », magazine AlpiRando no 102, 1987
  4. a b c et d Jean-Claude Legros, « Le barbier des Tre Cime », magazine Vertical no 28, juillet-août 1990
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Bernard Marnette, « Il divino Claudio », Cimes, 2003 (publication du GHM)
  6. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Jacques Borlée, De Freyr à l'Himalaya : Les grandes heures de l'alpinisme belge, éditions Didier Hatier, Bruxelles, 1987 (ISBN 2-87088-604-7), chapitre 15 « « Il divino Claudio » le virtuose des Dolomites » p. 133 à 140
  7. a et b Jacques Ramouillet, « Encordé avec des solistes - Mémoires picaresques », Cimes, 2003 (publication du GHM)
  8. Jean-Claude Legros, « Ma Freyr », magazine Vertical, juin 1992
  9. a b et c Grande encyclopédie de la montagne, t. 2, Atlas, Paris, 1981, p. 312 (article « Claudio Barbier »)
  10. « Liste de courses présentée pour être admis au G.H.M », avec carte de membre du GHM, sur le site consacré à Claudio Barbier (consulté le 18 mai 2018)
  11. Claudio Barbier dans l'annuaire du Groupe de haute montagne
  12. Centre Fédéral de Documentation Lucien Devies, FFCAM
  13. Claudio Barbier, « Les pitons jaunes » dans le bulletin du CAB de janvier 1965
  14. À propos du guide des rochers belges ("La Montagne", octobre 1966) sur le site consacré à Claudio Barbier, consulté le 14 novembre 2011
  15. 1966 - "Jaune" dans le guide des rochers belges sur le site consacré à Claudio Barbier, consulté le 14 novembre 2011
  16. On peut citer Toni Hiebeler, Reinhold Messner, Georges Livanos, Heinrich Holzer, Cesare Maestri, Dietrich Hasse, Lothar Brandler, Chris Bonington, Jean Bourgeois ou Jacques Collaer[5],[6]
  17. « Commerce de livres à Freyr » sur le site consacré à Claudio Barbier (consulté le 18 mai 2017)
  18. Claudio et les livres site consacré à Claudio Barbier
  19. Liste des courses de Claudio Barbier revue par Pascale Binamé et recorrigée par Alberto Dorigatti en 2010 sur le site consacré à Claudio Barbier (consulté le 18 mai 2018)