Face nord des Grandes Jorasses

La face nord des Grandes Jorasses, dans le massif du Mont-Blanc, est l'une des trois grandes faces nord des Alpes, avec celles du Cervin et de l'Eiger. « Cette magnifique et gigantesque muraille, l'une des plus belles et des plus sévères des Alpes, est aussi l'une des plus célèbres »[1]. Elle fait 1 200 m de haut, du pied de l'éperon nord de la pointe Walker (3 010 m) jusqu'à son sommet qui est le point culminant des Grandes Jorasses (4 208 m).

Vue de la face nord des Grandes Jorasses

Les voies les plus classiques sont l'éperon de la pointe Croz (ou éperon Croz), gravi en 1935 par Meier et Peters, et l'éperon de la pointe Walker (éperon Walker, ou simplement la Walker), gravi en 1938 par Cassin, Esposito et Tizzoni, qui est l'une des voies les plus célèbres et les plus réputées des Alpes. Elles sont respectivement les no 96 et 97 des 100 plus belles courses du massif du Mont-Blanc de Gaston Rébuffat.

Plus récemment, avec les progrès de l'escalade glaciaire, le Linceul et les goulottes Colton-McIntyre sont également devenues relativement classiques.

Le point de départ habituel est le refuge de Leschaux.

Les voies principales modifier

Tentatives modifier

La première tentative connue a été faite par Geoffrey Winthrop Young avec Joseph Knubel[2], en 1907, sans qu'on ait de détails sur cette tentative en avance sur son temps[3].

Le , les guides Armand Charlet et Évariste Croux avec leurs clients Leopoldo Gasparotto, Alberto Rand Herron et Piero Zanetti, font une tentative sur l'éperon Walker, gravissent le socle et renoncent aux premières difficultés[4]. Le , Anderl Heckmair et Gustl Kröner empruntent le couloir central entre les pointes Walker et Whymper jusqu'à 100 m au-dessus de la rimaye, également tenté par Hans Brehm et Leo Rittler le [5].

Éperon Croz modifier

Voie classique modifier

No Siesta modifier

No Siesta, sur l'éperon Croz, à gauche du « monolithe » de Manitua, a été ouverte par les Tchécoslovaques Stanislav Glejdura et Jan Porvaznik, du 21 au . Elle fait 1 100 m pour une cotation ED+, 6a, A2, 90°.

  •  : Ascension controversée de Tomo Česen en solitaire, en 14 heures
  • 26- : François Marsigny et Olivier Larios, avec une légère variante. Marsigny affirma ne pas croire à l'ascension de Cesen[6].
  • au  : Yannick Graziani et Stéphane Benoist
  • et  : Alexander Ruchkin et Rinat Zaitov
  •  : Sergey Tarassov et Vladimir Starov, en deux jours et demi
  • 27 au : première ou seconde solitaire par Patrice Glairon Rappaz[7] (nommé au Piolet d'or 2000[8] )
  • 17-: Première en libre, en hivernale, (et à vue) par Robert Jasper et Markus Stofer, qui donnent pour la cotation en libre VI+, M8, E5, en 18 longueurs de 70 m[9]
  • 2007 : Mikael Dubois Bedin et Pascal Ducroz, avec deux variantes
  • 7 au : Patrick Pessi, Basile Ferran, Damien Tomasi[10],
  • 22 au : Stéphane Benoist et Sébastien Ratel, (en libre sauf 5 m)[10]
  • 11 au : Romain Wagner et Pierre Labbre[11],
  • 17 au : Marko Lukić et Andrej Grmovšek, en hivernale et en libre[12]
  • Jean-François Mercier et Corrado Pesce , en libre avec une variante[13]
  • 1 au 3 octobre 2011: Christophe Moulin, Robin Revest et Jérémy Stagnetto[14]
  • topo dans Vertical No 105

Manitua modifier

Slavko Svetičič ouvre en solitaire, du 7 au , Manitua qui passe dans le monolithe rocheux qui forme la partie gauche de l'éperon Croz. Il cote la voie : VII+ (~6c en cotation française), A3+, 70º, 1 100 m[15]

  • Les Polonais Stanisław Piecuch, Jacek Fluder, Janusz Gołąb et Bogdan Samborski en , première hivernale par des alpinistes polonais, en 3 jours également
  • J-M. Clerc, Rémi Escoffier, T. Gentet et Alain Ghersen, en libre jusqu'à la longueur en A3+[16]
  • 1997 : deux Tchèques[réf. souhaitée].
  • 1998 : Les Russes Alessandro Rutshkin et Zaitov Rinat
  • Pascal Ducroz, Vanessa François et Benoît Drouillat Du 19 au [17]
  • Cédric Perillat et Sébastien Ratel et Sébastien Bohin du 16 au [18]
  • Stéphane Roguet et Frédéric Gentet[19] en libre sauf la longueur en A3+, sortie du monolithe par la longueur en 7c du Nez
  • Hélias Millerioux et Catalan Ferran Martinez 2010[20]
  • Oriol Baro et Sidarta Gallego (Catalans) en (revue desnivel).

Le Nez modifier

En 2005, Mauro "Bubu" Bole et Mario Cortese ont ouvert, en 10 jours répartis de fin juillet à début septembre, Le Nez, sur l'éperon Croz. Elle fait 38 longueurs pour 1 100 m, dont une en 7c et quatre en 7b. Elle a été ouverte entièrement en libre et autant que possible à vue, en utilisant des cordes fixes pour les aller-retour, cinq pitons à expansion dans les longueurs, plus quelques-uns aux relais[21]. Elle croise la voie classique de l'éperon Croz et le chemin des étoiles dans le bas, ainsi que Manitua à la 23e longueur.

Éperon Walker modifier

La Walker modifier

L'éperon nord de la pointe Walker, point culminant des Grandes Jorasses, aussi appelé Éperon Walker, ou simplement la Walker, est la plus connue des voies de la face. Sa première ascension, par les Italiens Riccardo Cassin, Luigi Esposito et Ugo Tizzoni, du 4 au « a constitué, avec la première de la face nord de l'Eiger, la plus grande réalisation de l'alpinisme de l'entre-deux-guerres »[22].

Voie Gousseault modifier

Une première tentative en 1971 par René Desmaison et Serge Gousseault se termina par la mort d'épuisement de Gousseault, et le sauvetage in extremis de Desmaison, qui fit le récit dans 342 heures dans les Grandes Jorasses.

  • René Desmaison, Giorgio Bertone et Michel Claret, 10 au
  • Boh Mrozek et Jurek Splichal, 25 au (avec une variante de départ)
  • Stéphane Benoîst et Patrice Glairon-Rappaz, 13 au (par l'itinéraire original)
  • Patrick Berhault et Philippe Magnin, 24 et (en commençant par la goulotte de droite du Linceul)
  • François Marsigny et Olivier Larios, en 4 jours de , (par la variante de départ)
  • Yannick Graziani et Patrick Wagnon, en 3 jours de
  • Benoît Drouillat, Pascal Ducroz et Franck Henry, 7 au
  • Pete Benson et Guy Robertson, 13 au  : première en libre, par la variante de départ
  • Neil Brodie et Marc Challamel, 1 et (variante de départ)
  • Pierre Labbre, Romain Wagner et Mathieu Détrie, 3 au (première en libre de l'itinéraire original)
  • Didier Jourdain, Sébastien Ratel et Sébastien Bohin, 25 au

Voie Rolling Stones modifier

Éperon Marguerite modifier

Des trois principaux éperons de la face nord des Grandes Jorasses dans le massif du Mont-Blanc, seul l'éperon Marguerite reste encore vierge en 1958. En août, Jean Couzy et René Desmaison réussissent sa première ascension[26].

Éperon Whymper modifier

Une première tentative a été faite en 1933 par Brehm et Rittler[27].

La première ascension de l'éperon Whymper a été réussi en par Walter Bonatti et Michel Vaucher[28].

La directissime de la face nord en hiver a été réalisée en 1974 par Yannick Seigneur et Michel Feuillarade.

Le Linceul modifier

Liste chronologique des voies modifier

 
Tracé des voies des Grandes Jorasses
  • Éperon Croz : Martin Meier et Rudolf Peters, 1935
  • Éperon Walker : Riccardo Cassin, Luigi Esposito et ugo Tizzoni, du 4 au
  • Éperon Marguerite: Jean Couzy et René Desmaison, du 5 au
  • Voie Cavalleri-Mellano ou Éperon nord-ouest : Enrico Cavalieri et Andre Mellano, les 13 et
  • Bonatti-Vaucher : Walter Bonatti et Michel Vaucher, du 6 au (ED, VI, A3)
  • Le Linceul : René Desmaison et Robert Flematti, du 17 au
  • Voie Polonaise directe : Henryk Furmanik, K. Zdztowiecki et Andrzej Heinrich, du 29 au
  • Voie Polonaise 70 : Jacek Poręba, Wojciech Wróż, Eugeniusz Chrobak, du 24 au
  • Couloir central ou couloir japonais : Toku Nakano, Hideo Miyazaki, Kazuhide Seito, Yasuo Kato et Yasuo Kanda, du 19 au (ED-, 70º, Vº, A1)
  • Voie Gousseault : René Desmaison, Giorgio Bertone et Michel Claret, du 10 au
  • Directe de l'Amitié : Louis Audoubert, Michel Feuillarade, Marc Galy et Yannick Seigneur, du 19 au
  • Voie Polonaise 75 Wojciech Kurtyka, Jerzy Kukuczka et Łukaszewski, du 3 au
  • Petite McIntyre ou Goulotte McIntyre de gauche : Alex McIntyre, Tim Rhodes et William Todd,
  • Voie Yougoslave : Janez Gradisar et Igor Herzog, du 4 au
  • Goulottes Mc Intyre-Colton : Nick Colton et Alex MacIntyre du 6 au (EX, VI, A1, 90º)
  • Scala di Seta : Smith et Sorenson, 1977
  • Voie Slovène : Vanja Matijevec, Joze Zupan, Iado Vidimar et Frank Knez, du 17 au
  • Rolling Stones : Kutil, Prochazka, Slechta et Svejda, du 24 au
  • Knez-Skok : F. Knez et J. Skok, du 23 au
  • Magic Line Christophe Profit et Dominique Radigue, 1983 - départ de gauche du Linceul et sortie directe (ouverte par Hervé Sachetat et Dominique Séguier les 21 et )
  • Voie Espagnole : Pedro Pablo González et Paco Aguado, 1983
  • Coulée douce : Philippe Delmas et Godefroy Perroux, le (D, 60°, 400 m)
  • No Siesta, Stanislav Glejdura et Jan Porvaznik, du 21 au (ED+, 6a, A2, 90ª)
  • Extreme Dream : Jean-Marc Boivin et Gérard Vionet-Fuasset, du 29 au
  • Directissime Gabarrou Hervé Bouvard et Patrick Gabarrou du au (ABO inf, 7a, A2)
  • Manitua : Slavko Svetičič, du 7 au (ED, 70º, 6c, A3+.)
  • Cristal Palace : Ivano Ghirardini, du 16 au
  • L'Enfant et la Colombe, Marc Batard, du au (V+, A2)
  • Le Chemin des Étoiles : Jean-Christophe Lafaille, du 23 au
  • Gabarrou-Appertet : Christian Appertet et Patrick Gabarrou, du 19 au
  • Alexis Patrick Gabarrou et Benoît Robert du 23 au
  • Rêve éphémère d'alpiniste, Ivano Ghirardini, du 23 au
  • Michto : Françoise Aubert et Jean-Christophe Lafaille, hiver 1997
  • Eldorado : Valery Babanov, du 16 au (ED+ 80º, A3/A4, 6b)
  • Décalage : Jean-Christophe Lafaille, 8 jours en
  • La Belle Hélène : Andy Parkin, 1999
  • A Leï : Patrick Gabarrou, Philippe Batoux et Benoit Robert, 2003
  • Voie Desecures-Robach : Desecures et Robach - 2003
  • Ma-Ika : Sokołowski et Włodarczak, 2004
  • Le Nez : Mauro "Bubu" Bole et Mario Cortese, 10 jours de juillet à
  • Heidi : Philippe Batoux, Christophe Dumarest et Patrick Gabarrou, 2005
  • Hugues d'en haut : Patrick Gabarrou et Michel Coranotte, le

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Labande 1987, p. 38
  2. Geoffrey Winthrop Young, On high hills: memories of the Alps, Methuen, 1947, p. 75 : « on an occasion when Knubel, Gabriel Lochmatter, and I had failed in a freak attempt upon the north face of the Grandes Jorasses »
  3. Frendo 1981, p. 19
  4. Frendo 1981, p. 19-20
  5. Frendo 1981, p. 20
  6. (es) José Isidro Gordito, François Marsigny. Arquitectura alpina, Desnivel no 140
  7. Alpine Journal, 2001, p. 220
  8. FFME / OMt, « Piolet d'or 2000 », sur Wikiwix (consulté le ).
  9. No Siesta for Jasper and Stofer sur planetmountain.com
  10. a et b (en) « Nice-Climb.com is for sale / HugeDomains », sur HugeDomains (consulté le ).
  11. « BEAL – The Dynamic Company », sur bealplanet.com (consulté le ).
  12. « . : . grmoclimb.net . : . », sur grmoclimb.net (consulté le ).
  13. « Face Nord des Grandes Jorasses, "No Siesta" », sur blogspot.fr (consulté le ).
  14. « No Siesta, Grandes Jorasses : Chamonix Topo », sur www.chamonixtopo.com (consulté le )
  15. http://www.faceauvide.com/IMG/pdf/Manitua-Sveticic.pdf
  16. « Winter Success on the North Face of the Grandes Jorasses - Alpinist.com », sur alpinist.com (consulté le ).
  17. http://pascalducroz.canalblog.com/archives/2008/06/06/9475313.html - http://www.ukclimbing.com/articles/page.php?id=1518
  18. http://www.faceauvide.com/IMG/pdf/Manitua.pdf
  19. « Face au vide - Manitua Grandes Jorasses », sur faceauvide.com via Wikiwix (consulté le ).
  20. « Répétition de Manitua en face N des Grandes Jorasses », sur over-blog.com via Wikiwix (consulté le ).
  21. Le nez, Punta Croz, Grandes Jorasses. New route for Bole and Cortese sur planetmoutain.com
  22. Labande 1987, p. 40
  23. Bonatti 1997, chapitre XIV Dans la face nord des Grandes Jorasses en hiver (1963)
  24. Desmaison 2005, chapitre 18 « Tempête sur les Grandes Jorasses »
  25. « Exploit à Chamonix : Charles Dubouloz entre dans la légende après son ascension des Grandes Jorasses », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. Desmaison 2005, chapitre 10 « Margherita, notre dernière cordée »
  27. Bonatti 1997, p. 293
  28. Bonatti 1997, chapitre XV Éboulements et tempêtes à l'éperon Whymper (1964)

Liens externes modifier

Tracé des voies modifier