Citadelle gallo-romaine de Vésone

citadelle à Périgueux (Dordogne)
Citadelle gallo-romaine de Vésone
Vestiges des anciens remparts de la citadelle.
Présentation
Type
Destination initiale
Fortifications
Destination actuelle
Monument
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La citadelle gallo-romaine de Vésone était une citadelle dont l'enceinte fut construite vers 284 apr. J.-C. par les habitants de Vesunna, site antique de la ville actuelle de Périgueux.

Plusieurs de ses vestiges sont classés au titre des monuments historiques.

Histoire modifier

Antiquité modifier

 
Plan des vestiges de Vésone dans le tracé de la ville de Périgueux, en 1906.
 
Les vestiges de la porte Normande, une des trois portes de l'enceinte de Vésone.

Les troubles dans l'empire romain entre les prétendants au titre d'« Auguste » et les attaques sur les frontières ont affaibli la défense de la frontière du Rhin. Aurélien a conduit l'armée romaine combattre contre les Perses après avoir battu Tetricus en 273, mais il est assassiné en septembre 275. Marcus Claudius Tacite est alors désigné empereur par le Sénat mais il meurt en 276. Son frère ou demi-frère Florien qui combat les Goths en Pannonie est alors proclamé empereur, mais il se heurte à l'opposition de Probus et est tué en septembre 276. Probus devient empereur par acclamation de ses troupes en juin 276. À partir de 274-275, des bandes de Francs et d'Alamans ont profité de cet affaiblissement des défenses le long du Rhin pour faire des incursions en Gaule. Aucune région n'est épargnée, pillant 70 villes et les campagnes. Seules des villes fortifiées comme Toulouse, Cologne ou Trèves ont été épargnées. Après sa victoire contre les Perses, Probus est revenu en Occident et a entrepris plusieurs campagnes le long du Rhin contre les Marcomans, les Burgondes les Vandales Sillings, les Alamans et les Francs proches de Cologne et de Trèves avant d'être lui-même assassiné en octobre 282.

Le rattachement de la construction de l'enceinte gallo-romaine à ces incursions a été confirmé par l'absence dans le sol et dans l'enceinte de toute monnaie et inscription postérieure à 273[1].

À la fin du IIIe siècle, à la suite de l'invasion attribuée aux Alamans, la cité romaine se rétrécit sur cinq hectares et demi[2], en se retirant sur un petit plateau derrière des remparts[3],[4]. Intégrant la moitié nord-ouest de l'amphithéâtre de Vesunna[2], ces murailles sont construites vers 284 apr. J.-C. par remploi d'éléments des monuments de la ville (des vestiges subsistent de ces remparts) et cette troisième cité prend le nom de Civitas Petrucoriorum (« cité des Pétrocores »)[5], lieu qui va devenir « la Cité » à la fin de l'Antiquité[4],[6]. Cette restructuration de la cité antique s'explique principalement par le manque d'entretien du patrimoine, l'effervescence de l'évergétisme et l'intendance plus indulgente de la fiscalité locale[7]. Cette enceinte compte à l'époque vingt-quatre tours de 8 m de diamètre, vingt-trois courtines et trois portes[Note 1],[4],[8], le long d'un rempart mesurant 950 m, sur 5 à 6 m de largeur et 9 m de hauteur[7]. Toutefois, malgré ce réflexe de peur appuyé par l'instabilité politique de l'Empire et la crise économique, la capitale des Pétrocores gère toujours son territoire[7].

Parmi les trois portes, la porte dite de Mars, édifiée entre la fin du IIIe siècle et le début du IVe siècle, reste l'entrée principale et monumentale de la cité la mieux conservée[9]. Aujourd'hui située dans un jardin privé du quartier de la Cité, elle est découverte en 1858 par le célèbre archéologue Arcisse de Caumont[9]. D'après Hervé Gaillard, le responsable scientifique des fouilles effectuées entre 2005 et 2009 ainsi qu'en 2011 autour de la porte, celle-ci est composée de « deux tours semi-circulaires, ornées de pilastres coiffés d'un grand entablement adapté du style toscan »[9]. Seule une partie de la porte de Mars est encore debout, soit environ 9 m, dont 4 m enfouis sous-terre[9].

Moyen Âge modifier

D'après les fouilles archéologiques effectuées au château Barrière en 2008 et 2013, les vestiges des remparts sont retaillés au Moyen Âge[10]. La tour semi-circulaire romane du château est construite entre la seconde moitié du XIIe siècle et le tout début du XIIIe siècle[11]. Peu confortable, elle présente davantage un aspect symbolique que défensif[11].

La façade méridionale du Centre national de la Préhistoire (CNP) repose sur les vestiges de l'enceinte[12]. Atteignant en épaisseur 5 à 6 m en moyenne, les fondements des remparts peuvent atteindre jusqu'à 9,40 m de hauteur, sous les élévations successives réalisées à partir du XIe siècle[12].

Protection modifier

Les vestiges de la citadelle gallo-romaine de Vésone ont été classés au titre des monuments historiques à cinq reprises depuis 1886[4].

Monument Adresse Coordonnées Notice Protection Date Illustration
Porte romaine dite porte Normande rue de Turenne 45° 10′ 56″ nord, 0° 42′ 44″ est « PA00082727 » Classement
 
Fragments romains rue de Turenne 45° 10′ 54″ nord, 0° 42′ 43″ est « PA00082727 » Classement
 
Restes des remparts sis dans les propriétés de la congrégation Sainte-Marthe, de deux particuliers et de la ville de Périgueux rue de la Cité, rue Émile-Combes, rue Romaine et rue de Turenne à géolocaliser « PA00082727 » Classement
 
Partie de l'enceinte gallo-romaine appartenant au Centre national de la préhistoire, dépendant du ministère de la Culture rue du 26e R.I. 45° 10′ 51″ nord, 0° 42′ 47″ est « PA00082727 » Classement
 
Partie de l'enceinte gallo-romaine située dans une propriété privée, l'Hôtel de Lestrade 5 rue Romaine 45° 10′ 50″ nord, 0° 42′ 51″ est « PA00082727 » Classement
 

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Deux des trois portes sont aujourd'hui encore debout : la porte Normande et la porte de Mars.

Références modifier

  1. Marquis de Fayolle, Congrès archéologique de France. Périgueux. 1927, p. 12.
  2. a et b Penaud 2003, p. 122–123.
  3. « Petit tour d'horizon de la Ville », sur le site de la mairie de Périgueux, (consulté le ).
  4. a b c et d « Vestiges de la citadelle gallo-romaine de Vésone », notice no PA00082727, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture (consultée le 27 décembre 2014).
  5. Penaud 2003, p. 573–574.
  6. Penaud 2003, p. 120.
  7. a b et c Pénisson 2013, p. 51.
  8. Lachaise 2000, p. 103.
  9. a b c et d Pénisson 2013, p. 58–59.
  10. Pénisson 2013, p. 52–53.
  11. a et b Pénisson 2013, p. 54.
  12. a et b Pénisson 2013, p. 55–56.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Par ordre chronologique de publication :

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
  • Édouard Galy, « Enceinte murale gallo-romaine de la Cité, à Périgueux », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1874, tome 1, 1re livraison, p. 59-61 (lire en ligne)
  • Adrien Blanchet, « Périgueux (Dordogne). Vesunna (Civitas Petrocoriorum) », dans Les enceintes romaines de la Gaule, Ernest Leroux éditeur, Paris, 1907, p. 180-185 (lire en ligne)
  • Marquis de Fayolle, Congrès archéologique de France (90e session) : Vésone, la ville romaine, le mur d'enceinte, le château Barrière, les arènes, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 9-29.
  • Marquis de Fayolle, Congrès archéologique de France (90e session) : La tour de Vésone, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 30-44.
  • Charles Lafon, « La porte Bouchère de la Cité », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1963, tome 90, 2e fascicule, p. 87-89 (lire en ligne)
  • Bernard Lachaise (dir.) et al., Histoire du Périgord, Périgueux, éditions Fanlac, , 322 p. (ISBN 2-86577-216-0).  
  • Guy Penaud, Le Grand Livre de Périgueux, Périgueux, éditions la Lauze, , 601 p. (ISBN 2-912032-50-4).  
  • Sous la direction de J.-P. Bost, F. Didierjean, L. Maurin, J.-M. Roddaz, « Périgueux », dans Guide archéologique de l'Aquitaine. De l'Aquitaine celtique à l'Aquitaine romane (VIe siècle av. J.-C.-XIe siècle ap. J.-C.), Éditions Ausonius, Pessac, 2004, p. 141-147, (ISBN 978-2-910023-44-7)
  • Participants du PCR Porte de Mars, « La porte de Mars à Périgueux : une relecture historiographique à partir d'un document inédit », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2008, tome 135, 1re livraison, p. 43-56 (lire en ligne)
  • Élisabeth Pénisson (dir.) et al. (préf. Michel Moyrand et Bernard Cazeau, ill. Garance de Galzain), Quoi de neuf chez les Pétrucores ? : Dix ans d'archéologie en Périgord gallo-romain, Périgueux, Éditions Fanlac, , 128 p. (ISBN 978-2-86577-278-0).  
  • Hervé Gaillard, « Enceinte de la Cité », dans Hervé Gaillard, Hélène Mousset (dir.), Périgueux, Ausonius (collection Atlas historique des villes de France no 53), Pessac, 2018, tome 2, Sites et Monuments, p. 25-33, (ISBN 978-2-35613241-3)
  • Hervé Gaillard, « Porte de la Boucherie », dans Hervé Gaillard, Hélène Mousset (dir.), Périgueux, Ausonius (collection Atlas historique des villes de France no 53), Pessac, 2018, tome 2, Sites et Monuments, p. 40-41, (ISBN 978-2-35613241-3)
  • Hervé Gaillard, « Porte de Mars », dans Hervé Gaillard, Hélène Mousset (dir.), Périgueux, Ausonius (collection Atlas historique des villes de France no 53), Pessac, 2018, tome 2, Sites et Monuments, p. 42-46, (ISBN 978-2-35613241-3)
  • Hervé Gaillard, « Porte Normande, Bourelle, Sarrazine », dans Hervé Gaillard, Hélène Mousset (dir.), Périgueux, Ausonius (collection Atlas historique des villes de France no 53), Pessac, 2018, tome 2, Sites et Monuments, p. 47-49, (ISBN 978-2-35613241-3)
  • Hervé Gaillard, « Porte Romaine », dans Hervé Gaillard, Hélène Mousset (dir.), Périgueux, Ausonius (collection Atlas historique des villes de France no 53), Pessac, 2018, tome 2, Sites et Monuments, p. 50-51, (ISBN 978-2-35613241-3)

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