Charles-François Langlois

Charles-François Langlois, est un ecclésiastique français, né le à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort le [1] au Séminaire des Missions étrangères à Paris. Il est membre de la Société des Missions étrangères de Paris, dont il est le supérieur au début du XIXe siècle, en pleine renaissance après la Révolution française.

Charles-François Langlois
Biographie
Naissance
Rennes
Ordination sacerdotale
Décès
Ancien 10e arrondissement de Paris
Autres fonctions
Fonction religieuse

Blason

Biographie modifier

Prêtre en secret modifier

Charles-François Langlois est ordonné prêtre le au Séminaire des Missions étrangères, mais secrètement, parce que l'église avait été fermée, par suite du refus des directeurs du Séminaire de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Son départ en mission le , avec 5 autres missionnaires, dont Jean-Antoine Dubois, est sans doute le dernier avant la grande crise causée par la Révolution. C'est aussi le dernier départ des missionnaires avec la Compagnie française des Indes orientales, qui sera aussi supprimée et jamais rétablie après la Révolution.

Missionnaire au Tonkin modifier

Après être arrivé au Tonkin, alors en prise à des persécutions contre les chrétiens, il participe au synode convoqué en 1795 par Jacques Longer. Au cours de ce synode sont rédigées des règles sur l'administration des sacrements, sur la discipline à observer par les missionnaires, par les prêtres indigènes, les catéchistes et les jeunes gens de la maison de Dieu. Il s'agit tantôt de la codification, tantôt de la rectification des traditions et des usages de la mission du Tonkin occidental ; ces dispositions seront en vigueur jusqu'au XXe siècle.

Les années suivantes, il doit se cacher et fuir la persécution à Thanh Hóa jusqu'à la fin de la Dynastie Tây Sơn.

Par un acte du , Langlois est rappelé en France où il est nommé député de la mission du Tonkin occidental au Séminaire des Missions étrangères.

Ouvrier du rétablissement de la Société des Missions étrangères modifier

Grâce aux négations qu'il conduit, Langlois obtient de Louis XVIII la signature d'une ordonnance le rétablissant la Société des Missions étrangères. En 1823, le roi Louis XVIII renouvelle les Lettres patentes de 1775.

En 1816, il découvre les statuts conservés aux Archives des Missions étrangères, qu'il contribue à reconstituer après le désordre laissée par la Révolution, d'une Association de prière et de bonnes œuvres pour le salut des infidèles. Il en connaissait l'existence avant son départ pour le Tonkin en 1792. Il va dès lors s'attacher à redonner vie à cette association en s'efforçant de la faire connaître dans tous les diocèses de France. Alors que l'Église en France se relève difficilement des ruines laissées par les persécutions de la Révolution française, Langlois a à cœur de rappeler que l'urgence missionnaire n'est pas moindre en Orient. Le pape Pie VII précise bien que « nous devons d'abord secourir les peuples qui nous entourent » et en 1823, le général des Jésuites, le Père Luigi Fortis, affirme que « Notre Inde est l'Europe »[2]. Le Père Langlois ne va cependant pas ménager ses efforts pour sensibiliser l'opinion publique à l'idée du devoir d'évangéliser. Il commence ainsi en 1818 la publication d'un ouvrage en huit volumes intitulé Nouvelles Lettres édifiantes des Missions et de Chine et des Indes orientales. Cet ouvrage est achevé en 1823 et le , le Père Langlois est élu supérieur des Missions étrangères. Peu après en 1824, son œuvre de prière pour les missions est reconnue et approuvée en 1824 par le pape Pie VII[3].

Supérieur et rénovateur des missions modifier

Élu supérieur du Séminaire des Missions étrangères le , il sera réélu à ce poste jusqu'à sa mort le , avec une interruption d'un mandat du au .

Le , le père Langlois, en présence de Eglée, vicaire général du Diocèse de Paris, de cinq docteurs, dont Joseph Récamier, et de membres du Conseil de la Congrégation pour la Propagation de la Foi, ainsi que du frère du martyr, reconnait officiellement les reliques de saint Pierre Dumoulin-Borie, rapportées de Corée après son exécution[4]. C'est ainsi qu'est commencée la Salle des Martyrs, qui deviendra un lieu de dévotion et de prière pour les jeunes missionnaires, morts en mission. Après leur mort, il incombe au père Langlois d'être le premier à promouvoir les procédures pour les Causes de canonisations des martyrs des Missions étrangères. Deux décrets pontificaux décidant l'Introduction de ces Causes sont ainsi rendus ; le premier en 1840 et le second en 1843.

Sa longue administration est marquée par des mesures nombreuses et importantes pour le progrès de la Société des Missions étrangères. Au cours de son mandat de 25 ans, il envoie 247 missionnaires en mission en Asie, soit presque autant que le nombre de missionnaires envoyés depuis le premier départ des missionnaires Pierre Lambert de la Motte, François Pallu et Ignace Cotolendi en 1660. Il ouvre ainsi de nouveaux champs de mission, confiées par le Pape Grégoire XVI; c'est ainsi qu'il envoie les premiers missionnaires au Tibet, comme Nicolas Krick, ou en Corée, comme Pierre Maubant.

Contributions modifier

Les œuvres de la Propagation de la Foi modifier

Pour encourager le renouveau missionnaire, la Société des Missions étrangères profite du développement de la presse écrite pour augmenter le rayonnement de son œuvre. L’Œuvre de la Propagation de la Foi est fondée dans le but de procurer des ressources aux missionnaires catholiques, à Lyon en 1822, par Pauline Jaricot, dont le frère Philéas, est aspirant aux Missions étrangères. Elle publie aussitôt des Nouvelles reçues des missions qui deviendront les Annales de la propagation de la foi à partir de 1826 qui fournirent une tribune aux missionnaires. Les premiers volumes renferment principalement des nouvelles des membres des Missions étrangères et des aperçus de leurs actions sous la plume du père Langlois. Des centaines de lettres, souvent in extenso, sont publiées par les missionnaires de la rue du Bac. La grande diffusion de cette revue trimestrielle contribue à développer un élan missionnaire qui est allé s’amplifiant jusqu'aux premières années du XXe siècle[5]. Son but est essentiellement de susciter des vocations et la générosité de ses lecteurs[6].

Missions en Océanie des Pères de Picpus modifier

Après des démarches de l'aventurier Jean-Baptiste Rives qui souhaite l'envoi des missionnaires en Polynésie, Charles-François Langlois se voit contraint de refuser sa demande par manque de vocations. En revanche, sur un mandat spécial du Pape Grégoire XVI, Langlois conseille à l'abbé Marie-Joseph Coudrin, fondateur de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, d'ouvrir l'œuvre missionnaire à Hawaï et en Polynésie française[7].

Références modifier

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 8/51.
  2. Cité par J.Cl. Baumont, « La Renaissance de l'idée missionnaire en France au début du XIXe siècle » in Les Réveils missionnaires en France du Moyen-Âge à nos jours, Paris, 1984, pp. 201-202.
  3. Marcel Launay, « Le Renouveau missionnaire au début du XIXe siècle », in Les Missions étrangères: trois siècles et demi d'histoire et d'aventure en Asie, Editions Perrin, Paris, janvier 2008, p. 139.
  4. Abbé Vermeil, Vie du vénérable serviteur de Dieu Pierre- Rose-Ursule-Dumoulin Borie, Sagnier et Bray, 1846, pp. 307-310.
  5. Marcel Launay, « Le Renouveau missionnaire au début du XIXe siècle », in Les Missions étrangères: trois siècles et demi d'histoire et d'aventure en Asie, Editions Perrin, Paris, janvier 2008, p. 141.
  6. Jean Comby, "L'appel à la mission à travers les Annales de la Propagation de la foi in Jean-François ZORN (dir.), L'appel à la mission, formes et évolutions, XIXe - XXe siècles, Actes des la IXe session du CREDIC (Nimègue, Pays-Bas, juin 1988), Lyon, Université Jean Moulin, 1989, p. 73.
  7. (en) Ralph M. Wiltgen, The Founding of the Roman Catholic Church in Oceania, 1825 to 1850, Volume 143 de Princeton Theological Monograph Series, Wipf and Stock Publishers, 2010, p. 7.

Liens modifier

Liens internes modifier

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