Château de Montmorency

château français dans le Val-d'Oise

Château de Montmorency
Image illustrative de l’article Château de Montmorency
Château de Montmorency
édifiée par Pierre Crozat
Période ou style Architecture classique
Type château
Destination initiale maison de plaisance
Propriétaire actuel particuliers
Destination actuelle Château détruit
Coordonnées 48° 58′ 54″ nord, 2° 19′ 08″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Val-d'Oise
Commune Montmorency
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Montmorency

Le château de Montmorency était un château situé sur la commune de Montmorency, dans le Val-d'Oise. Il n'en reste de nos jours que de rares vestiges, dont l'Orangerie de Crozat (actuel conservatoire de musique de la ville).

Histoire du domaine modifier

Propriété de Nicolas Desnots (1629-1668) modifier

La grande époque des « châteaux » de Montmorency débute en 1629. Cette année-là, Nicolas Desnots, bourgeois de Paris et trésorier des bâtiments du roi, reçoit en don une mare dénommée « l'étang-vieil », au pied de la butte Saint-Martin, avec l'autorisation du duc de Montmorency de l'enclore avec les terres qu'il possède déjà. C'est ainsi que prend forme le « parc de Montmorency » ; Desnots le dote de bassins, de cascades et de jets d'eau.

Le , est signée de Henri II, duc de Montmorency, une donation en faveur de Nicolas Desnots, conseiller du roi, trésorier général des bâtiments du roi, concernant une ancienne « fourcière à poissons » (vivier) appelée "Etang vieil" que le bénéficiaire joint au lopin de terre qu'il possède déjà au pied de la collégiale Saint-Martin et à proximité de laquelle il se fait construire une maison de campagne de 8 pièces sur 2 étages.

Entre 1629 et 1635, Desnots acquiert des parcelles de terre qu'il réunit à l'Etang vieil pour former un jardin d'agrément sur le modèle italien au fond du vallon dans lequel il établit :

  • un bassin de réception des eaux de la source Saint-Valéry dans le haut du parc ;
  • une glacière, également dans le haut du parc ;
  • une grotte d'où jaillissent des fontaines d'eau vive à mi-pente ;
  • un grand bassin trapézoïdal ou grand canal à l'emplacement de la vieille mare.

En 1637, Desnots acquiert un fief de 10 ares jouxtant l'église paroissiale Notre-Dame et dénommé fief du Pressoir, puis fief de Thionville. Desnots et ses successeurs deviennent seigneurs de Thionville.

Maison de campagne de Charles Le Brun (1670-1690) modifier

 
Restitution du plan du jardin de Montmorency, en 1690, à la mort de Le Brun.

En 1670, Charles Le Brun, premier peintre du roi Louis XIV, acquiert dans le voisinage du parc de Desnots quelques terres sur lesquelles il bâtit sa maison de campagne (le « petit château »). En 1673, il agrandit sa campagne en achetant le parc et la maison de Desnots. Le « parc de Montmorency » occupe alors tout le fond du vallon, depuis la rue des Granges jusqu'à l'actuelle place Charles Le Brun.

Vers 1668/1669, Desnots meurt, le parc étant racheté par Nicolas Fardoil. Peu après, en 1670, propriétaire de quelques pièces de terre, séparées du domaine de Desnots par le grand chemin de Paris à Montmorency, Charles Le Brun, Premier Peintre du Roi et directeur de la Manufacture royale, construit sa maison de plaisance dans le prolongement des cascades et des bassins de Desnots.

En 1673, le fils de Fardoil revend le domaine à Charles Le Brun qui agrandit sa maison de campagne :

  • sur la façade côté parc, les deux ailes encadrant l'avant-corps en péristyle ajouré de 2 étages sont prolongées par des escaliers extérieurs droits ;
  • deux avant-corps à pans coupés sont plaqués sur la façade occidentale ;
  • une chapelle, 2 salles à manger, de grandes chambres d'apparat dont une chambre indienne sont aménagées.

En 1675, Le Brun obtient l'autorisation de réunir les deux parties de son domaine en détournant le grand chemin de Paris et en créant les actuelles rues de Saint-Denis et du Temple. Il reprend l'ensemble du système hydraulique et creuse de nouveaux bassins dont le total passe au nombre de 5 dont 2 reliés par 14 petites cascades ; le plan de la grotte est lui aussi modifié. Les parterres sont redessinés : Le Brun y fait placer des arbres exotiques en caisse (orangers, lauriers roses, grenadiers) et des statues (dont deux du sculpteur Sarrazin).

En 1679, Le Brun reçoit de nombreuses visites dont la plus célèbre est celle du prince de Condé, accompagné de La Rochefoucault et de Bossuet, relatée par Le Mercure Galant :

"On y fit jouer toutes les eaux dont ils admirèrent les beautés. Ils furent surpris d'y voir tant de canaux, de fontaines, de cascades, de grottes et surtout un grand canal qui est devant la façade de la maison du côté du jardin. Son altesse sérénissime se promena en bateau sur le canal et y reçut le divertissement d'une fort agréable symphonie."

En 1690, Charles Le Brun décède. Le domaine reste en indivis entre les mains des héritiers : sa veuve Suzanne Butay et son neveu Charles Le Brun II.


Château de Pierre Crozat (1702-1740) modifier

 
Plan du parc de Montmorency vers 1730, à son apogée. BNF (Gallica)

En 1702, Pierre Crozat, un richissime financier toulousain, acquiert le domaine et l'agrandit tout aussitôt. Et en 1709, il fait élever une nouvelle maison de campagne (le « grand château »), le long de l'actuelle avenue Charles de Gaulle. Le parc, entièrement recomposé, est à son apogée. En 1719, il s'orne d'une magnifique orangerie semi-circulaire. Le « petit château », après transformations, offre des appartements aux nombreux hôtes qui villégiaturent alors à Montmorency.

À partir de 1702, Pierre Crozat, trésorier de France pour la généralité du Haut Languedoc, acquiert le parc de Montmorency, puis l’agrandit en acquérant une quinzaine de parcelles. Le parc atteint sa dimension maximale : environ 15 ha. L'ancien parc Le Brun n'est pas modifié, mais un deuxième axe est ajouté au premier et 4 bassins supplémentaires sont creusés. Les allées rectilignes des jardins « à la française » sont complétées par un quinconce, un boulingrin et des cabinets de verdure.

Dans le même temps, il se fait construire par l’architecte Jean-Sylvain Cartaud dans la partie nouvelle du parc une nouvelle maison de 3 étages plus un entresol qui comporte 14 appartements, une chapelle décorée par le sculpteur Pierre Le Gros le jeune et un grand salon à l'italienne ovale dont le plafond est peint par Charles de La Fosse sur le thème de Phaéton, fils du soleil.

La maison de Le Brun est transformée: les ajouts de 1673 sont supprimés dégageant complètement le péristyle ajouré.

En 1719 a lieu la construction dans le style Régence de l'orangerie par le décorateur du Régent, Oppenordt.

Pierre Crozat s'éteint en 1740. Dix jours avant de mourir Pierre Crozat, célibataire sans descendance, fait une donation entre vifs à l'aîné de ses neveux, Louis François Crozat, marquis du Châtel. Ce dernier occupera le domaine durant dix ans, de 1740 à 1750, date à laquelle il meurt. La nue propriété du parc revient à son petit-fils, Armand louis de Gontaut, duc de Lauzun, qui n’a que 3 ans.


Seconde moitié du XVIIIe siècle modifier

 
Vue depuis Montmorency, dite vue de l'Ile-de-France, par Théodore Rousseau, 1830. On possédait à peu près cette vue depuis la demi-lune du château de Crozat.

En 1750, le maréchal Charles II Frédéric de Montmorency-Luxembourg, un descendant de la branche aînée des Montmorency, parente de celle des anciens seigneurs de Montmorency, devient usufruitier du domaine. Le château de Crozat prend alors, et gardera, le nom de château du Maréchal de Luxembourg. À la mort de ce dernier, en 1764, son épouse Madeleine Angélique Neufville de Villeroy quitte Montmorency. Le domaine passe alors de mains en mains.

En , pendant la durée des travaux qu’il est obligé d’effectuer au Mont-Louis, Jean-Jacques Rousseau, à l’invitation des Luxembourg s’installe «provisoirement» dans la maison de Le Brun :

"Ce fut dans cet édifice solitaire qu'on me donna le choix d'un des quatre appartements complets qu'il contient [...]. Je pris le plus petit et le plus simple au-dessus de la cuisine que j'eus aussi. Il était d'une propreté (raffinement) charmante, l'ameublement en était blanc et bleu."

En , décrété de prise de corps, Jean-Jacques Rousseau s'enfuit en Suisse et ne reviendra plus jamais à Montmorency. Les Luxembourg délaissent le domaine qui a perdu tout son attrait.

Dezallier d'Argenville donne une description de la propriété à cette époque[1].

En 1778, le prince Louis-Marie de Rohan Guéménée et la princesse Armande Josèphe Victoire de Rohan Soubise acquièrent la nue-propriété du parc.

En 1784, la maréchale vend son usufruit au prince de Rohan-Guéméné qui revend :

  • l'usufruit à Marie Reine Marguerite de Buttault de Marsan ;
  • la nue-propriété à sa fille Adélaïde Philippine de Durfort de Lorge.

Après la Révolution, déclin et destructions modifier

 
Plan du domaine vers 1810.

A la Révolution, en 1791, la pleine propriété du domaine est rachetée par le syndic d'une compagnie d'agents de change, Jean Nicolas Guesdon. Ce dernier, qui est agent de change à Paris, transforme le jardin "à la française" en parc "à l'anglaise". Des trois maisons qu'il contenait, outre l'orangerie, il ne conserve que celle de Crozat.

Mal entretenu, le parc est en piteux état : les eaux des fontaines sont taries ou stagnantes, la grotte les bassins et sont en ruines, souillés de ronces et de brouillasses, tout comme les allées et les gazons, les arbres, vieillis, sont courbés à leur sommet.

Guesdon entreprend de profondes modifications :

  • destruction de la maison de Desnots ;
  • destruction de la maison de Le Brun ;
  • comblement de la quasi-totalité des bassins, sauf le grand bassin qui est au contraire agrandi et dont les berges sont rendus à l'état sauvage ;
  • parc redessiné dans le style anglo-chinois.

En 1811, le comte Antonio Aldini, ministre d'Etat du royaume d'Italie, acquiert le parc de Montmorency. Il fait venir en 1812 un peintre décorateur célèbre, Felice Giani, dont le style enlevé, rapide, fougueux en un mot romantique est apprécié dans les termes suivants par Napoléon : « Peinture guère visible qu'à cheval ».

Chargé de la décoration intérieure de la maison de Crozat, Giani a laissé trois dessins préparatoires des décorations de plafond, mais surtout dix croquis du parc.

 
Emplacement de l'ancien domaine, sur le plan de nos jours, état en 2016.

En , visite de l'impératrice Marie Louise nommée régente, juste avant la campagne de Saxe. En , couvert de dettes, Aldini s'enfuit. Le parc est acquis par Durand Bénech, entrepreneur de travaux publics, qui entreprend la destruction du château de Crozat, l'utilisant comme carrière de pierre.

Fin 1818, démembrement du parc en 4 grands lots : jardin potager, parc de l'orangerie, grand parc, petit parc.

Vers 1878,  le banquier Isaac Sée achète une bonne partie de l'ancien parc et commence la construction de l'actuel château et de ses communs, à proximité du château disparu, et à l'emplacement exact des anciennes écuries.

En 1886, Charles Maurice Camille de Talleyrand-Périgord, duc de Dino, devient propriétaire du château et le conserve jusqu'en 1904.

En 1904, il est acheté par Pierre-Marie JUPPET[2], administrateur de la société Saint-Raphaël Quinquina, propriétaire de la Villa Bagatelle (Irigny)

Description détaillé des bâtiments et jardins modifier

Notes et références modifier

  1. Antoine Nicolas Dezallier d'Argenville, Voyage pittoresque des environs de Paris, ou bdescription des maisons royales, châteaux et autres lieux de plaisance, situés à quinze lieues aux environs de cette ville, Paris, Debure aîné, (lire en ligne), p. 392-396
  2. Annonce dans le journal Gil Blas du 13 avril 1905

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier