Le calendrier slave d’avant la christianisation nous est peu connu, sinon par une reconstruction étymologique et des usages disparates. Il était probablement luni-solaire puisque le vieux slave мѣсѧць, měsęcĭ signifie à la fois « lune » et « mois » et que l’année commençait au 20 mars avec l’équinoxe du printemps.

Alors que dans de nombreuses langues slaves, le nom latin des mois de l'année du calendrier grégorien est en usage, il existe également un ensemble de noms plus anciens pour les douze mois qui sont d'origine slave. Dans certaines langues, comme la langue serbe, ces noms traditionnels ont depuis été archaïsés et sont donc rarement utilisés. Les noms slaves des mois de l'année suivent de près les événements naturels tels que les conditions météorologiques et les activités agricoles les rendant assez proches, conceptuellement, du calendrier révolutionnaire français.

La correspondance entre le calendrier slave et le calendrier grégorien n'est pas exacte : selon les pays, certains noms slaves désignent des mois différents, alors qu'à l'inverse, certains noms de mois ont un haut degré de synonymie, y compris au sein d'une même région (plusieurs noms désignent le même mois).

Comparaison des noms des mois entre les différentes langues

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Les noms slaves des mois ont été conservés par un certain nombre de peuples slaves. On note l'influence du calendrier germanique (en particulier en slovène, sorabe et polonais)[1], un système mixte (certains noms sont slaves, d'autres latins, en particulier en polonais) et le fait que .

Dans la langue lituanienne, les noms baltes des mois sont conservés, qui coïncident en partie avec les noms slaves, ce qui suggère que certains de ces noms peuvent remonter à l'époque de l'unité balto-slave. Les noms lituaniens sont également indiqués dans ce tableau à des fins de comparaison.

Comparaison des noms des mois dans les différentes langues slaves[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9]
Langue Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
Vieux-slave просиньць
prosinĭcĭ
сѣчьнъ
sěčĭnŭ
соухъ
suhŭ
брѣзьнъ
brězĭnŭ
трѣвьнъ
trěvĭnŭ
изокъ
izokŭ
чръвлѥнꙑи
črŭvljenyi
заревъ
zarevŭ
роуинъ
ruinŭ
листопадъ
listopadŭ
гроудьнъ
grudĭnŭ
стоуденъ
studenŭ
Biélorusse студзень
studzen′
люты
ljuty
сакавік
sakavik
красавік
krasavik
травень
traven′
чэрвень
čèrven′
ліпень
lipen′
жнівень
žniven′
верасень
verasen′
кастрычнік
kastryčnik
лістапад
listapad
сьнежань
snežan′
Ukrainien січень
sičen′
лютий
ljutyj
березень
berezen′
квітень
kviten′
червень
červen′
липень
lypen′
серпень
serpen′
вересень
veresen′
жовтень
žovten′
листопад
lystopad
грудень
hruden′
Rusyn лютый
ljutyj
цвітень
cviten′
жолтень
žolten′
Russe (archaïque) сечень
sečenʹ
березозол
berezozol
цветень
cvetenʹ
липец
lipec
листопад
listopad
грудень
grudenʹ
студень
studenʹ
Bulgare (archaïque) сечен
sečen
люти
ljuti
сухи
suhi
брезен
brezen
тревен
treven
изок
izok
червен
červen
зарев
zarev
руен
ruen
листопад
listopad
груден
gruden
просинец
prosinec
Macédonien (archaïque) коложег
koložeg
сечко
sečko
цутар
cutar
тревен
treven
косар
kosar
жетвар
žetvar
златец
zlatec
житар
žitar
гроздобер
grozdober
студен
studen
снежник
snežnik
Serbe (archaïque) дерикожа
derikoža
лажитрава
lažitrava
цветањ
cvetanj
трешњар
trešnjar
жетвар
žetvar
гумник
gumnik
коледар
koledar
Croate siječanj veljača ožujak travanj svibanj lipanj srpanj kolovoz rujan listopad studeni prosinac
Slovène (archaïque) prosinec svečan sušec mali traven veliki traven rožnik mali srpan veliki srpan kimavec vinotok listopad gruden
Slovaque (archaïque) veľký sečeň malý sečeň brezen duben kveten lipen červenec klasen malý rujen veľký rujen prosinec
Tchèque leden únor březen květen červen srpen září říjen
Polonais styczeń luty marzec
(latin)
kwiecień maj
(latin)
czerwiec lipiec sierpień wrzesień październik grudzień
brzezień (archaïque) trawień (archaïque)
łżykwiat (archaïque)
Cachoube stëcznik gromicznik strëmiannik łżëkwiat môj
(latin)
czerwińc lëpińc zélnik séwnik rujan lëstopadnik gòdnik
luti kwiecéń gòran miodownik serzpiéń wrzeseń pazdzérznik grëdzéń
Bas sorabe (archaïque) wezymski swěckowny pózymski jatšownik rozhelony smažki žnjojski jacmjeński požnjenc winski młośny zymski
Haut sorabe (archaïque) wulki róžk mały róžk nalětnik jutrownik róžownik pražnik žnjenc winowc nazymnik hodownik
Polabe (langue morte) ledemån rüzac zürmån chåidemån laisemån pąťustemån zeminik haimån jisinmån vaińamån zaimamån trübnemån
Lituanien (non slave) sausis vasaris kovas balandis gegužė birželis liepa rugpjūtis rugsėjis spalis lapkritis gruodis

Signification et étymologie

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Mois du printemps

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Mars en vieux slave (соухъ, suhŭ), slovène et bulgare a le sens de « mois sec », il est équivalent au lituanien sausis qui a signifie « janvier ». Dans la plupart des autres langues ont un équivalent de брѣзьнъ, brězĭnŭ qui désigne avril en vieux slave et dont le sens est « mois du bouleau », cette période étant celle de l’éclosion des chatons des bouleaux.

Avril et mai adoptent indifféremment l’équivalent de квітень, kviten, « floréal, mois des fleurs » ou травень, traven, « mois de l’herbe, prairial ».

Mois de l’été

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À part le bulgare, aucune langue slave n’a adopté изокъ, izoku, « mois des sauterelles » pour désigner juin, adoptant plutôt l’équivalent de чръвєныи, črŭvenyi qui désigne le mois de juillet en vieux slave dont le sens est « mois rougissant, quand rougissent, murissent les fruits, fructidor ».

Les mois de juillet et aout sont indifféremment construit sur la base de липень, lypen (« mois du tilleur, quand fleurit le tilleul » ou srpen, « mois de la serpe, mois des moissons à la serpe », équivalent pour le sens de notre messidor.

Mois de l’automne

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Le vieux slave роуинъ, ruinŭ qui désigne septembre est partagé par le bulgare, le croate, le slovaque, le tchèque říjen, langue où il désigne octobre et signifie « mois du rut ». Le polonais, le biélorusse et l’ukrainien optent pour un équivalent de вересень, veresen, « mois des bruyères ».

Désignant indifféremment octobre ou novembre, листопадъ, listopadŭ est le « mois de la chute des feuilles », l’abscission marquant cette période de l’année. Le slovène (vinotok) et le sorabe (winski) ont opté pour un mot équivalent de notre vendémiaire.

Le mois de гроудьнъ, grudĭnŭ est littéralement celui des mottes de terre ; il désigne novembre en vieux slave, vieux russe et bulgare ; et décembre en ukrainien, polonais et slovène. C’est également le sens du lituanien ''gruodis, preuve que les peuples balto-slaves partageaient un même concept calendaire.

Mois de l’hiver

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Le mois de стоуденъ, studenŭ, « mois froid », équivalent slave de notre frimaire est celui de décembre en vieux slave, celui de novembre en serbo-croate et macédonien. Le biélorusse сьнежань, snežan et le macédonien снежник, snežnik ont le sens de « mois de la neige, nivôse ».

Le mois de просиньць, prosinĭcĭ désigne janvier en vieux slave et décembre en tchèque, croate et bulgare ; son sens est « mois de la faible lumière », cette période étant marquée par des jours très brefs.

Février, enfin, se dit сѣчьнъ, sěčĭnŭ, « mois de la coupe [du bois] » en vieux slave, mot adopté pour désigner janvier en ukrainien, vieux russe, croate, bulgare, polonais… Le tchèque, pour sa part, a opté pour leden, « le mois de la glace, du gel » pour désigner janvier.

Les raisons de ce désordre apparent

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Cet apparent désordre dans la nomenclature des mois s’explique par deux faits concomitants :

  1. L’année - et le décompte des mois - commençait avec l’équinoxe du printemps, le 21 mars, habitude qui a survécu dans le calendrier russe jusqu’au XVIIe siècle. Lorsqu’il a fallu « caler » le calendrier slave et le nouveau calendrier chrétien qui commence au premier janvier, neuf jours de décalage expliquent qu’on a choisi le mois d’avant ou d’après en fonction de ce qui paraissait le plus idoine.
  2. De plus, au moment même où la christianisation des tribus slaves s’opère, entre les Xe et XIIe siècles, une partie du monde chrétien adopte le calendrier grégorien, l’autre restant fidèle au calendrier julien, l’un et l’autre ayant deux semaines de décalage.

Les jours de la semaine

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Contrairement aux noms des mois, les jours de la semaine présentent une grande régularité. Les étymologistes penchent pour une création au moment de la christianisation des tribus slaves[10] et le mot pour « semaine » diffère fondamentalement entre les Slaves de l’ouest convertis au catholicisme (Tchèques, Polonais, Slovaques, Croates…) qui ont un équivalent de týden, les Slaves de l’est, convertis à l’orthodoxie utilisant l’équivalent de неделя, nedélja qui avait le sens de « dimanche » en vieux slave.

Comparaison des noms des jours dans les différentes langues slaves
Langue Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Vieux slave понєдѣльникъ
ponedělĭnikŭ
въторъкъ
vŭtorŭkŭ
срѣда
srěda
четврьтъкъ
četvrĭtŭkŭ
пѧтъкъ
pętŭkŭ
сѫбота
sǫbota
недѣлꙗ
nedělja
Russe понедельник вторник среда четверг пятница суббота воскресенье
Biélorusse панядзелак ауторак серада чацвер пятніца субота нядзеля
Ukrainien понеділок вівторок середа четвер п’ятниця субота неділя
Bulgare понеделник вторник сряда четвъртък петък събота неделя
Tchèque pondělí úterý středa čtvrtek pátek sobota neděle
Slovaque pondelok utorok streda štvrtok piatok sobota nedeľa
Polonais poniedziałek wtorek środa czwartek piątek sobota niedziela
Slovène ponedeljek torek sreda četrtek petek sobota nedelja

Notes et références

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  1. Reindl, « Evidence for the Germanic Origins of Some Slovene Month Names », Slovene Studies Journal, vol. 15, no 1,‎ , p. 169–178 (DOI 10.7152/ssj.v15i1.4179, lire en ligne  ).
  2. (sr) Nedeljković, « Zimski znak vatre letnji znak sunca i Perunova munja », Srpsko nasleđe, no 9,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (sr) Mile Nedeljković, Godišnji običaji u Srba, Belgrade, Vuk Karadžić, .
  4. Jezici podunavskih zemalja (i ruski), Belgrade, YU Marketing Press and Verzalpress, (OCLC 443031481).
  5. (cs) Jarmila Gleichova et Anna Jenikova, Česko-srbocharvatsky a srbocharvatsko-česky slovnik na cesty, Prague, Statni pedagogicke nakladatelstvi, .
  6. « Carpatho-Rusyn month names », rolandanderson.se (consulté le ).
  7. Serbska protyka, Bautzen, Domowina, .
  8. (sr) Dragan Јacanović, Srpsko kalendarsko znanje u epskim narodnim pesmama, Rača,‎ .
  9. Zaroff, « Measurement of Time by the Ancient SlavsMerjenje časa pri starih Slovanih », Studia mythologica Slavica, vol. 19,‎ , p. 9–39 (DOI 10.3986/sms.v19i0.6614, lire en ligne  ).
  10. Jiří Rejzek, Dictionnaire étymologique tchèque, Leda, Prague, 2001.

Liens externes

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