Butor étoilé

espèce d'oiseaux

Botaurus stellaris

Le Butor étoilé (Botaurus stellaris) est une espèce d'oiseaux échassiers de la famille des ardéidés (hérons, aigrettes). Considéré d'après les recensements effectués comme une espèce très menacée, sa population est en déclin rapide en Europe et aurait chuté de 35 à 45 % en France en 30 ans[1].

Aspect modifier

C'est un grand et gros héron, massif, au plumage brun chaud strié de brun plus foncé, très similaire au butor américain (Botaurus lentiginosa). Sa tête présente une calotte sombre et un bec en poignard. La tête est surmontée d’une aigrette que l’animal relève ou abaisse à volonté. Le cou est court et fortement garni de plumes susceptibles d’érection. Cette particularité établit une certaine ressemblance entre le butor et le hérisson : ainsi doit probablement s’expliquer la désignation de deux animaux si différents par le même mot hébreu qippôd[2]. Une bande noire descend du coin du bec vers la gorge, en passant en dessous de la joue. Le cou est épais, les pattes courtes pour un échassier, mais avec de longs doigts légèrement palmés à la racine. En vol, on distingue plus nettement les rayures sombres sur la gorge et une zone plus pâle sur le dessus de la première moitié de l'aile. Sa longueur varie de 69 à 81 cm et son envergure de 120 à 130 cm ; son poids varie entre 900 et 1 100 g[3].

Très mimétique, il est difficile à observer dans son habitat, les roselières.

Comportement modifier

Locomotion modifier

 
Quand un butor étoilé se sent menacé, il se fige dans une posture allongée verticalement

Les vols se font généralement sur de courtes distances. Sa silhouette est alors typique, ressemblant à un mélange de grand hibou et de héron. Le vol est en effet lent et lourd. Les ailes sont tenues arquées et les longs doigts traînent à l'arrière de l'oiseau.

Ses déplacements au sol sont lents et discrets. Il marche avec la tête légèrement dans les épaules et avec un léger mouvement latéral afin de mieux cibler ses proies. S'il se sent menacé, il devient immobile, allonge son cou et pointe son bec vers le haut, de manière à se fondre dans les roseaux environnants. Il est capable de rester dans cette position et de s'incliner avec les roseaux agités par le vent pendant plusieurs heures, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de risque.

Cet oiseau se déplace facilement entre les tiges de roseaux, avec ses longs doigts lui permettant de marcher sur la végétation flottante.

Alimentation modifier

Il se nourrit de poissons, amphibiens et invertébrés (notamment des insectes aquatiques). Il peut parfois chasser des oiseaux ou de petits mammifères. C’est donc un hôte des marais et des rivages. Cet animal se défend contre toute espèce d’ennemis, même contre l’homme, à l’aide de son bec et de ses ongles. Il pousse un cri qui rappelle le mugissement du taureau, avec quelque chose de plus intense et de plus perçant[4].

Plus actif à l'aube et au crépuscule, le butor se nourrit dans les eaux, en pêchant à l'affût. Il marche lentement dans l'eau près de la rive de la roselière, s'arrêtant fréquemment. Il reste immobile de longs moments, à la recherche de proies, approche avec des mouvements très lents, tendant le cou, et soudain, il saisit ou perce la proie avec son bec. Elle est frappée à plusieurs reprises avant d'être avalée la tête la première.

Comportement social modifier

Habituellement solitaire. Sa présence est surtout confirmée par l'écoute de son chant très puissant (audible jusqu'à 5 km) et ressemblant à une " corne de brume ", un son très profond et caverneux souvent émis sur deux tons. Le chant s'entend surtout de nuit. Les cris d'appel émis en vol sont des sortes de "ho !" expirés.

Reproduction modifier

 
Botaurus stellaris - MHNT

Le butor niche dans les roseaux en avril-mai. Le nid est une plate-forme flottante, formé de morceaux de roseaux morts et les plantes aquatiques, et garni de fines matières. Le nid est bien caché dans la végétation et construit par la femelle.

La femelle dépose quatre à six œufs brun verdâtre, brun tacheté, à des intervalles de deux à trois jours. L'incubation commence avec le premier œuf pondu. Elle dure environ vingt-six jours, et est assurée par la femelle. Les poussins sont couverts de duvet brun-rougeâtre. Ils sont nourris uniquement par la femelle avec de la nourriture régurgitée au fond du nid. Les jeunes commencent à quitter le nid après deux à trois semaines, et se cachent dans la végétation.

Cette espèce a une durée de vie d'une dizaine d'années[3].

Aire de répartition et habitat modifier

Il est présent en Europe, en Afrique et Asie.

En hiver, il migre plus au sud, où l'eau ne gèle pas.

Habitat modifier

Le butor étoilé vit dans les zones humides avec une végétation palustre jouxtant des surfaces en eau libre peu profonde et à faible variation de niveau. Il se trouve notamment dans les marais, marécages, grands étangs, rives de lacs et grandes roselières. Le butor étoilé se dissimule dans les roseaux communs des roselières des zones humides.

Distribution modifier

Le butor étoilé est une espèce typiquement européenne se répartissant de l'Espagne à la Russie. L'effectif européen est estimé entre 20 000 et 43 000 mâles chanteurs dont 10 000 à 30 000 pour la Russie.

En France, la population actuelle est estimée entre 300 et 400 mâles chanteurs répartis sur trois zones : le littoral méditerranéen, la Loire-atlantique et les départements du nord et du nord-est de la France.

Systématique modifier

Taxinomie modifier

Décrite sous le nom Ardea stellaris par le naturaliste suédois Carl von Linné dans la 10e édition de son Systema naturæ, en 1758, l'espèce fut rebaptisée Botaurus stellaris en 1822 par le naturaliste allemand Friedrich Boie.

Étymologie modifier

Le terme latin pour butor, Botaurus, fait référence au taureau. L'autre partie de son nom scientifique, stellaris en latin, signifie étoile en référence à son plumage.

Menaces et mesures de protection modifier

L'Union internationale pour la conservation de la nature classe le butor étoilé comme préoccupation mineure. En Wallonie, l'espèce est jugée en danger critique[5].

Sa population est en forte régression dans toute l'Europe à cause de la disparition des zones humides[réf. nécessaire]. Beaucoup des zones de nidifications traditionnelles ont été drainées ou bien, la densité de la végétation palustre a fortement diminué. Dans certains endroits, la chasse est un autre danger pour l'espèce. Dans toute l'Europe subsistent entre mille et deux mille couples[réf. nécessaire].

En Europe, l'espèce est considérée comme "vulnérable". La population européenne aurait en effet subi un déclin de 20 % entre 1970 et 1990.[réf. nécessaire]

En France, l'espèce est considérée comme "vulnérable" également. La population française était estimée à 500 couples en 1968. Entre 1968 et 1983, la population a subi un fort déclin d'environ 40 % avec 320 couples estimés. Les experts estiment qu'il ne restait que 320 mâles chanteurs en 2008 (survivant dans sept régions (administratives) seulement). Ce constat en fait une des espèces les plus menacées de France[réf. nécessaire].

L'espèce fait l'objet d'un plan de restauration coordonné par la DREAL Basse-Normandie, avec la LPO comme opérateur national. Ce plan[6] vise, via seize mesures nationales classées en trois domaines (étude, protection, communication/sensibilisation) à retrouver en quinze ans une population comparable en nombre d'individus, si ce n'est en diversité génétique, à celle de 1970 (500 mâles chanteurs). Un diagnostic des roselières; des opérations de gestion conservatoire et de restauration d'habitats; ainsi que des contractualisations sont prévues.

Le butor étoilé bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Il est inscrit à l'annexe I de la directive Oiseaux de l'Union européenne[7]. Il est donc interdit de le détruire, de le mutiler, de le capturer ou de l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter.

Répartition modifier

 
  • zone de nidification
  • résident permanent
  • non nicheur

Notes et références modifier

  1. Plan national de restauration du Butor étoilé 2008 - 2012.
  2. H. Lesêtre et F. Vigouroux (dir.), Dictionnaire de la Bible, vol. I, « Butor », p. 1079.
  3. a et b Hume R., Lesaffre G. et Duquet M. (2004) Oiseaux de France et d'Europe p. 43, Larousse, (ISBN 2-03-560311-0)
  4. D’Orbigny, Dictionnaire universel d’histoire naturelle, vol. VII, Paris, Langlois & Masson,, (réimpr. 2e), p. 137, dit que son nom de botaurus ou de bos taurus, lui vient de là. Toutefois Littré n’admet pas l’étymologie de d’Orbigny, et fait dériver botaurus du bas-latin bitorius ou butorius, d’origine inconnue : cf. Littré, Dictionnaire de la langue française, vol. I, p. 442.
  5. « Liste rouge | Oiseaux | Espèces | La biodiversité en Wallonie », sur biodiversite.wallonie.be (consulté le )
  6. Plan national de restauration du butor étoilé 2008-2012
  7. Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Références taxinomiques modifier

Liens externes modifier

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Concernant les Plans de restaurations

Bibliographie modifier

  • Étude d'incidence sur les milieux naturels du parc de la Courneuve au regard de la directive européenne du 2 avril 1979 - Juillet 2005 par le bureau d'étude Biotope, annexée au dossier d'enquête publique de la ligne 11 Express du tramway d'Île-de-France.
  • Pascal Provost et Grégoire Massez, « La Migration prénuptiale du butor étoilé Botaurus stellaris mise en évidence en France », Ornithos, Rochefort, Ligue pour la protection des oiseaux, vol. 15-3,‎ , p. 181-186 (ISSN 1254-2962)
  • Karel Šťastný (trad. du tchèque par Dagmar Doppia), La grande encyclopédie des oiseaux, Paris, Gründ, , 494 p. (ISBN 2-7000-2504-0), « Butor étoilé », p. 54