Fer de lance commun (serpent)

espèce de reptiles
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Bothrops atrox

Bothrops atrox
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Bothrops atrox
Classification ReptileDB
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Reptilia
Sous-classe Lepidosauria
Ordre Squamata
Sous-ordre Serpentes
Infra-ordre Alethinophidia
Famille Viperidae
Sous-famille Crotalinae
Genre Bothrops

Espèce

Bothrops atrox
(Linnaeus, 1758)

Synonymes

  • Coluber atrox Linnaeus, 1758
  • Bothrops furia Wagler, 1824
  • Bothrops sabinii Gray, 1842
  • Bothrops subscutatus Gray, 1842
  • Trigonocephalus colombiensis Hallowell, 1845
  • Bothrops colombiensis (Hallowell, 1845)
  • Bothrops affinis Gray, 1849
  • Bothrops neuvoiedii venezuelenzi Briceño 1934
  • Bothrops isabelae Sandner-Montilla, 1979
  • Bothrops lanceolatus aidae Sandner-Montilla, 1981
  • Bothrops atrox aidae Sandner-Montilla, 1981
  • Bothrops lanceolatus nacaritae
    Sandner-Montilla, 1990

Bothrops atrox, le Fer de lance commun, appelé grage commun en Guyane[1], est une espèce de serpents de la famille des Viperidae[2]. Il est également appelé localement au Venezuela : Mapanare, Macagua, Jaracacá amarilla (en espagnol : jaracacá jaune), Barba amarilla (en espagnol : barbe jaune) ou Cuatronarices (en espagnol : quatre narines). En Martinique, une autre espèce, le Trigonocéphale (Bothrops lanceolatus), est également appelée « fer de lance ».

Répartition modifier

 
Répartition de Bothrops atrox

Cette espèce se rencontre en Colombie, dans l'est de l'Équateur, dans l'est du Pérou, dans le nord de la Bolivie, au Brésil, au Guyana, au Suriname, en Guyane, au Venezuela et sur l'île de Trinité[2].

Habitat modifier

Les Fers de lance communs sont des serpents terrestres qui habitent les forêts tropicales. On le trouve essentiellement au sol, mais il est capable de nager et de grimper dans la végétation à faible hauteur. Cette espèce s’adapte bien aux perturbations et peut être très fréquente à proximité des habitations humaines[3].

Description modifier

 
Bothrops atrox

Ce sont des serpents de taille moyenne, atteignant environ 1 m de longueur à l’âge adulte[3], mais ils peuvent atteindre deux mètres, on a déjà observé des tailles de 2,4 m [réf. souhaitée]. Les femelles sont plus grandes que les mâles. La tête est triangulaire et pointue comme un fer de lance. Du point de vue couleur, des variantes existent (en principe brun à olive), avec des dessins géométriques en forme de V ou de triangles sur le dos. La partie inférieure de la tête est jaune pâle, ce qui les fait appeler barba amarilla (barbe jaune) en espagnol. Les couleurs et motifs de ce serpent permettent un camouflage remarquable sur le sol forestier. Les fers de lance communs ont une durée de vie d'environ 20 ans.

Alimentation modifier

Il se nourrit principalement de petits animaux à sang chaud, mammifères et oiseaux, mais aussi de grenouilles et de lézards. Si un Fer de lance commun attaque une proie inhabituellement grande, il va rebrousser provisoirement chemin et attendre que le venin fasse son effet. Après quoi il va suivre, à l'odeur, la trace de l'animal nouvellement tué. Les Bothrops atrox sont généralement actifs la nuit, mais pas uniquement.

Reproduction modifier

La femelle fer de lance est vivipare. Elle peut donner jusqu'à 80 jeunes en une portée.

Ils vivent généralement en solitaires, mais se reproduisent annuellement. Après l'accouplement la femelle porte les embryons en elle, voyageant entre les zones d'ombre et les zones ensoleillées, afin de garder une température constante pour ses petits. En région équatoriale la période de gestation est d'à peu près 3-4 mois, et la portée moyenne est de 60 jeunes. Les jeunes une fois nés ont une taille de plus ou moins 30 cm. Ils sont colorés de manière plus claire que les adultes avec une robe jaune ou beige.

Les jeunes naissent avec des crochets et des glandes à venin déjà opérationnels.

Danger pour l'être humain modifier

Du fait de sa proximité avec l’homme, cette espèce est responsable de la majorité des envenimations dans son aire de répartition. Les Bothrops atrox sont connus pour chasser des rongeurs dans les plantations de café et de banane là où des travailleurs sont souvent mordus par des serpents, qui peuvent attendre camouflés pendant des heures, presque indécelables. Leurs attaques sont très rapides. Son venin est hémorragique, détruisant l'endothélium vasculaire et affectant les facteurs de coagulation par un mécanisme de "coagulopathie de consommation induite par le venin (en)"[4]. Ceci entraîne une rapide et forte perturbation des paramètres d'hémostase tels que le TP, le TCA et le fibrinogène. D'après une étude menée en Guyane, la rémission spontanée de l'hémostase s'observe dans les 14 à 30 heures après morsure. Un antivenin polyvalent mexicain y a été testé mais n'a eu aucun effet significatif sur cette rémission[5].

« De nombreux antivenins de qualité variable quant à l'efficacité et la tolérance sont commercialisés en Amérique centrale et méridionale. Le venin de B. lanceolatus provoque des micro-embolies diffuses qui peuvent se traduire par des infarctus viscéraux, cérébraux notamment. Pour cette espèce, endémique de Martinique, un antivenin spécifique est fabriqué en France »[6].

Publication originale modifier

Notes et références modifier

  1. Les fiches faunes de Terre de Guyane : le Bothrops atrox
  2. a et b Reptarium Reptile Database, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  3. a et b Fausto Starace, Serpents et amphisbènes de Guyane française : Edition français-anglais-portugais, Matoury, Ibis Rouge éditions, , 608 p. (ISBN 978-2-84450-407-4).
  4. S. Larréché, G. Mion et M. Goyffon, « Troubles de l’hémostase induits par les venins de serpents », Annales Françaises d'Anesthésie et de Réanimation, vol. 27, no 4,‎ , p. 302–309 (DOI 10.1016/j.annfar.2008.02.009, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Xavier Heckmann, Véronique Lambert, Georges Mion et Adrien Ehrhardt, « Failure of a Mexican antivenom on recovery from snakebite-related coagulopathy in French Guiana », Clinical Toxicology,‎ , p. 1–7 (ISSN 1556-3650 et 1556-9519, DOI 10.1080/15563650.2020.1786108, lire en ligne, consulté le )
  6. https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers09-03/010029665.pdf Venins de serpent et envenimations, page 55, (ISBN 2-7099-1507-3) (ISSN 1142-2580), ird éditions, 2002

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