Maison de Bëor
Dans l'œuvre du romancier britannique J. R. R. Tolkien, la Maison de Bëor est la famille qui gouverne la première des Trois Maisons des Edain, les alliés des Eldar durant la guerre contre Morgoth, au Premier Âge.
Histoire
modifierPremier peuple humain à arriver en Beleriand, la Maison de Bëor est dite avoir été la plus petite des trois, ne comptant au moment de son arrivée que deux mille hommes adultes et mal équipés[1]. La plupart de ses membres sont bruns aux yeux marron ou gris. Ils sont plus grands en moyenne que le Peuple de Haleth, mais moins que le Peuple de Hador. Ils sont « passionnés, habiles de leurs mains, ils [ont] l'esprit rapide et la mémoire longue et la pitié leur [vient] plus facilement que la moquerie »[2].
Ils sont proches parents du Peuple de Hador, et leurs langues sont liées, celle d'un peuple pouvant être comprise de façon relativement claire par un membre de l'autre. Les deux peuples n'en forment à l'origine qu'un seul, qui fuit l'est de la Terre du Milieu après avoir rejeté la domination de Morgoth. Ils se séparent durant leur voyage et vécurent un certain temps sur les rives opposées de la Mer de Rhûn, les Bëoriens, le « Peuple Mineur » au sud-ouest, dans les collines, et les Hadoriens, le « Peuple Majeur », au nord-ouest, dans les bois[1]. Les deux peuples poursuivent leur route vers l'ouest, franchissent les Monts Brumeux et l'Eriador, où un grand nombre d'entre eux s'établit ; d'eux descendent notamment les habitants humains de Bree.
Le « Peuple Mineur », mené par Bëor l'Ancien, est le premier à franchir les Montagnes Bleues et à redescendre vers les bois de l'Ossiriand, dans le Beleriand oriental, en l'an 310 du Premier Âge[3]. C'est là que le roi Finrod Felagund les découvre et se lie d'amitié avec eux. Les Elfes Verts, troublés par la présence de ces nouveaux venus, lui demandent d'intercéder et il les conduit vers l'ouest, dans une région déserte qui prend le nom d'Estolad, « le Campement ». Le Peuple de Marach ne tarde pas à les y rejoindre. Là, certains Hommes, peut-être influencés par Morgoth, renient les Elfes et nient l'existence des Valar lors d'un grand conseil, tenu en 369[4]. Avec à leur tête Bereg, arrière-petit-fils de Bëor l'Ancien, un millier d'Hommes du Peuple de Bëor partent vers le sud pour n'être jamais revus.
Les rois des Ñoldor ne tardent pas à inviter les Edain à résider sur leurs terres, comprenant le formidable potentiel qu'ils représentent dans la guerre qu'ils livrent depuis trois siècles à Morgoth. La majeure partie du Peuple de Bëor, allié aux enfants de Finarfin, remonte vers le nord et s'établit en Ladros, au nord-est du Dorthonion, région tenue par Angrod et Aegnor, les frères de Finrod. Cette cession a lieu en 410. Une partie du Peuple de Bëor reste cependant en Estolad jusqu'à la fin du Premier Âge, après quoi ils reprennent la route de l'est.
Les Edain de Ladros ne vivent en paix qu'une quarantaine d'années à peine : lors de la bataille de Dagor Bragollach, Morgoth brise le Siège d'Angband, et nombre d'hommes du Peuple de Bëor, dont leur seigneur Bregolas, sont tués. Le Dorthonion est conquis par les Orques et rebaptisé Taur-nu-Fuin, « forêt sous la nuit ». Les femmes et enfants survivants quittent la région et se réfugient en Brethil, menés par Emeldir au Cœur d'Homme, la femme de Barahir, frère et successeur de Bregolas. Barahir lui-même reste avec douze compagnons et mène une guérilla désespérée qui s'achève avec la trahison d'un des leurs, Gorlim. Ils sont alors tous tués, sauf le fils de Barahir, Beren.
Les survivants du Peuple de Bëor se mêlent par la suite aux autres peuples des Edain et, après la guerre de la Grande Colère, font voile vers l'île de Númenor, don des Valar aux humains restés fidèles. Là, les descendants des Bëoriens forment pendant un certain temps une communauté particulière, particulièrement représentée dans l'ouest de l'île[5].
Arbre généalogique
modifierBëor1 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Baran2 | Belen | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Boron3 | Baranor | Beldir | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Boromir4 | Belegor | Bereg | Belemir | Adanel | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bregor5 | Andreth | Beril | Beren | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bregil | Hirwen | Bregolas6 | Gilwen | Barahir7 | Emeldir | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Beleth | Baragund | Belegund | Beren | Lúthien | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Húrin | Morwen | Rían | Huor | Dior | Nimloth | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Brandir | Túrin | Lalaith | Nienor | Tuor | Idril | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Eärendil | Elwing | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Elros | Elrond | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Membres
modifierEn gras, les seigneurs du peuple de Bëor. En italique, les personnages de sexe féminin. Sauf autre indication, les dates sont celles du Premier Âge.
- Andreth (361 – ?)
- Une Sage humaine, qui eut un long débat avec le Ñoldo Finrod Felagund, relaté dans l'Athrabeth Finrod ah Andreth.
- Baragund (420 – 460)
- Fils de Bregolas et neveu de Barahir, il fut l'un des douze résistants de Dorthonion après la Dagor Bragollach. Père de Morwen Eledhwen.
- Barahir (400 – 460)
- Fils de Bregor et frère cadet de Bregolas, à qui il succéda à la tête du peuple de Bëor en 455. En réalité, ce peuple ne se constituait plus que d'une poignée de résistants terrés dans les bois du Dorthonion. Tué en 460 par des Orques à la suite de la trahison d'un des résistants, Gorlim le Triste. Père du fameux Beren Erchamion.
- Baranor (317 – ?)
- Fils cadet de Bëor le Jeune et père de Bereg.
- Beldir (316 – ?)
- Fils de Belen et père de Belemir.
- Beldis (411 – ?)
- Fille de Bregil et d'Arachon. Elle épousa Handir de Brethil et lui donna un fils, Brandir (dit l'Infirme).
- Belegor (340 – ?)
- Fils cadet de Boron.
- Belegund (422 – 460)
- Fils de Bregolas et neveu de Barahir, il fut l'un des douze résistants de Dorthonion après la Dagor Bragollach. Père de Rían.
- Belemir (339 – ?)
- Fils de Beldir, il épousa Adanel, Sage de la maison de Hador. Père de Beren.
- Belen (292 – ?)
- Fils cadet de Bëor l'Ancien et père de Beldir.
- Beleth (417 – ?)
- Bëor l'Ancien (262 – 355)
- Bëor le Jeune (289 – 380)
- Bereg (340 – ?)
- Beren (374 – ?)
- Beren Erchamion (432 – 465, puis 465 – v. 501)
- Beril (365 – ?)
- Boromir (338 – 432)
- Boron (315 – 408)
- Brandir (409 – ?)
- Bregil (386 – ?)
- Bregolas (393 – 455)
- Bregor (359 – 448)
- Emeldir au Cœur d'Homme (406 – ?)
- Elros le semi-elfe (532 – 442 D. Â.)
- Gilwen (397 – ?)
- Hirwen (389 – ?)
- Morwen Eledhwen (443 – v. 500)
- Fille de Baragund et épouse de Húrin.
- Rían (450 – 472)
- Fille de Belegund et épouse de Huor. Lorsqu'elle apprit la mort de son époux lors de la bataille de Nírnaeth Arnoediad, elle abandonna son fils Tuor tout juste né aux Elfes Gris de Mithrim et alla mourir sur le Haudh-en-Ndengin.
Conception et évolution
modifierCritique et analyse
modifierAdaptations
modifierNotes et références
modifierRéférences
modifier- The Peoples of Middle-earth, p. 306–316.
- Quenta Silmarillion, chap. 17 : « La Venue des humains dans l'Ouest ».
- The War of the Jewels, p. 215.
- The War of the Jewels, p. 227.
- Contes et légendes inachevés, « Aldarion et Erendis ».
Bibliographie
modifier- J. R. R. Tolkien (trad. Pierre Alien), Le Silmarillion [« The Silmarillion »] [détail des éditions].
- J. R. R. Tolkien (trad. Tina Jolas), Contes et légendes inachevés [« Unfinished Tales of Númenor and Middle-earth »] [détail des éditions].
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The War of the Jewels, HarperCollins, , 470 p. (ISBN 0-261-10324-5).
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The Peoples of Middle-earth, HarperCollins, , 482 p. (ISBN 0-261-10348-2).