Le binge-watching, binge-viewing ou marathon-viewing (visionnage boulimique selon la Commission d'enrichissement de la langue française[1] et visionnage en rafale, visionnement en rafale ou écoute en rafale[2] selon l’OQLF[3]), est la pratique qui consiste à regarder la télévision ou tout autre écran pendant de plus longues périodes de temps que d'habitude, le plus souvent en visionnant à la suite les épisodes d’une même série[4]. L'expression est construite par référence au binge drinking.

Dans une enquête menée par Netflix en décembre 2013, 73 % des personnes définissent cette frénésie par le fait de « regarder entre deux et six épisodes de la même émission de télévision en une seule séance »[5].

C'est un phénomène culturel observé qui a été médiatisé (et est donc devenu à la mode et courant) avec la montée des services en ligne de médias tels que Netflix et Prime Video, avec lesquels le spectateur peut regarder des programmes audiovisuels à la demande. Netflix, notamment, a mis en place dans les paramètres par défaut des comptes clients un enchaînement des épisodes[6], appelé « Postplay »[7].

Historique

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L'expression « binge-watch » a déjà été utilisée dans la fin des années 1990[8]. Ce terme a été inventé par des cercles de fans de séries télévisées qui se regroupaient pour regarder plusieurs épisodes à la suite d'une même série sur des DVD.

L'usage de l'expression a été popularisé avec l'avènement de la VàD en ligne. En 2013, l'utilisation de l'expression a « explosé » quand Netflix a commencé à sortir tous les épisodes d'une saison d'une série en même temps. Dans le sondage mentionné ci-dessus[5], 61 % des abonnés à Netflix ont dit qu'ils pratiquaient régulièrement le « binge-watching ».

Depuis 2015, plusieurs chaînes américaines essayent de surfer sur cette mode en mettant à disposition une saison entière avant de la diffuser de façon classique[9] :

Profil du binge-watcher et modes de consommation

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Selon une autre étude menée par Netflix et publiée le 8 juin 2016, trois types de profil de binge-watchers[17] se démarquent :

  • il y a le spectateur « très rapide » : il visionne une saison entière en très peu de jours (environ 3 ou 4). La durée passée devant un écran est de deux heures et demie à chaque fois, mais ceci ne se fait pas forcément de manière quotidienne. Le spectateur enchaîne généralement trois ou quatre épisodes. Les genres les plus appréciés par ces spectateurs sont les séries d’horreur, de science-fiction et les thriller ;
  • le spectateur « plutôt rapide » : il met un peu plus de temps à terminer une saison que le spectateur rapide, environ cinq jours. Il passe également deux heures devant son écran pendant chaque visionnage. Ses genres sériels favoris sont les comédies dramatiques, les super héros et les séries sur le milieu du crime ;
  • le « spectateur assez lent » : c’est le binge-watcher le plus lent, il termine une saison entière en presque une semaine. Contrairement aux spectateurs « rapides » et « plutôt rapides », il ne passe qu’une heure et quarante cinq minutes devant son écran à chaque fois et il termine une saison en six jours. Il préfère les séries politiques, les comédies et les séries historiques.

Toujours selon cette étude, Netflix annonce que cette surconsommation dépend de la nature du programme regardé. Les thrillers tels que Breaking Bad, Sons of Anarchy ou encore Prison Break sont les séries que l’on dévore le plus rapidement. Les séries d’horreurs sont elles aussi visionnées très rapidement, suivie de près par les séries d’action.

Ce sont les séries plus légères, comédies satiriques ou drames politiques tels que House of Cards, How I Met Your Mother ou encore BoJack Horseman qui sont consommés le plus lentement. En effet, il s’agit de séries feuilletonnantes dont les épisodes ne se suivent pas et se suffisent à eux-mêmes, il y a donc un faible taux d’addiction.

Risques pour la santé

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Une étude menée par deux doctorants de l'université de Toledo[18]parvient à montrer que le binge-watching ne serait pas sans effet sur notre santé. L'enchaînement d'un grand nombre d'épisodes dans une période réduite nécessite de rester de longue heures assis les yeux rivés vers un écran ce qui, tout comme le visionnage excessif de la télévision, peut mener à des problèmes d'obésité.

Jacqueline Limberg, doctorante en nutrition à l'Université du Missouri a démontré lors d'une étude que rester immobiles deux-trois jours d'affilée pouvait causer des problèmes cardio-vasculaires et une augmentation du taux d'insuline menant au diabète.

Cette même étude a révélé l'existence d'une corrélation entre le binge-watching et des troubles psychologiques, tels que le stress, la dépression et l'anxiété.

Il aurait également des conséquences négative sur la circulation sanguine.

Le binge-watching n'est cependant pas directement incriminé dans cette étude puisqu'une hypothèse inverse y est développée. Cette pratique peut également être l'occasion d'évacuer son stress et de faire face à son anxiété.

D'autres recherches sont nécessaires sur le sujet afin de réellement déterminer la dangerosité ou non du binge-watching.

Références

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  1. [PDF] Commission d'enrichissement de la langue française, « Vocabulaire de la culture et des médias (liste de termes, expressions et définitions adoptés) », Journal officiel de la République française no 0084 du [lire en ligne].
  2. L'écoute en rafale de ses morceaux de musique ou ses podcasts préférés correspond au binge listening. Cf (en) Ellen McCracken, The Serial Podcast and Storytelling in the Digital Age, Taylor & Francis, , p. 60.
  3. « visionnage en rafale », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  4. « “Binge watching” : vous avez dit accro aux séries?! », Les Inrockuptibles, 25 février 2014.
  5. a et b Netflix Declares Binge Watching is the New Normal, Netflix, 13 décembre 2013.
  6. J’ai testé Netflix : la révolution a un goût d’inachevé, Le Monde, 6 juin 2014.
  7. Centre d'aide de Netflix sur la fonction de lecture automatique de l'épisode suivant , Netflix, consulté le 7 novembre 2014.
  8. Françoise Laugée, « Binge viewing », sur La revue européenne des médias et du numérique (consulté le )
  9. (en-US) Daniel Holloway, « Networks Challenge Netflix With New Binge-Streaming Strategy », sur Variety (consulté le )
  10. (en-US) Andrew Wallenstein, « Will NBC’s ‘Aquarius’ Be Just the First Binge Bow in Primetime? », sur Variety (consulté le )
  11. « NBC unlikely to repeat binge-watch test for 'Aquarius' », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en-US) Nellie Andreeva, « Starz To Release Entire Seasons of ‘Da Vinci’s Demons’ & ‘Flesh and Bone’ On Premiere Day », sur Deadline (consulté le )
  13. (en-US) « Starz plays around with release format for call girl series The Girlfriend Experience », sur Digital Trends (consulté le )
  14. « TNT Lets Viewers Binge Watch 'Public Morals' | Broadcasting & Cable », sur www.broadcastingcable.com (consulté le )
  15. (en-US) Brian Steinberg, « PBS Binge-Watching Experiment Boosts Ken Burns’ ‘Roosevelts’ », sur Variety (consulté le )
  16. (en-US) Daniel Holloway, « Showtime to Debut ‘Dice’ Full Season Ahead of Cable Premiere », sur Variety (consulté le )
  17. « Binge-watching: Netflix sait quelles séries vous rendent le plus accro », sur Slate.fr, (consulté le )
  18. (en) Monita Karmakar, « Viewing Patterns and Addiction to Television among Adults Who Self-Identify as Binge-Watchers », APHA Annual meeting (conférence), APHA,‎ (lire en ligne, consulté le )