Bataille de Dhu al-Qassah

La bataille de Dhu al-Qassah se déroule dans l'aire de Dhu al-Qassah, située à environ 36 km à l'est de Médine, dans la province de Médine, au centre-ouest de l'Arabie Saoudite, du 25 juillet au 30 juillet 632. Elle oppose les forces du Califat Rachidun dirigées par le calife Abou Bakr As-Siddiq à celles des rebelles apostats dirigées par le général Hibal ibn Khuwailid[1],[note 3].

Bataille de Dhu al-Qassah
(ar) معركة ذو قِصّة
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte situant toutes les batailles durant les Guerres d'Apostasie dans la péninsule Arabique où Dhu al-Qassah y est visible.
Informations générales
Date - [1],[2]
(5 jours)
Lieu Province de Médine, Arabie Saoudite[note 1]
Casus belli Décision d'Hibal ibn Khuwailid de marcher sur Médine[3],[2]
Issue Victoire du Califat Rachidun[1],[4],[5]
Changements territoriaux L'aire de Dhu al-Qassah repasse sous contrôle du Califat Rachidun[1],[5]
Belligérants
Califat Rachidun
Commandants
Abou Bakr As-Siddiq

Ali ibn Abi Talib
Talha ibn Ubayd Allah
Zubayr ibn al-Awwam
Abdullah ibn Masud
Khalid ibn al-Walid
Abd ar-Rahmân ibn Awf
Abdullah ibn Muqrin
Suwaid ibn Muqrin
Al-Nu'man ibn Muqrin (en)
Hibal ibn Khuwailid[note 2]
Forces en présence
Inconnu mais moins que l'ennemi Inconnu mais plus que l'ennemi
Pertes
Inconnu Lourdes

Guerres d'Apostasie

Batailles

Bataille d'Abraq - Bataille de Buzakha - Bataille de Ghamra - Bataille de Naqra - Bataille de Zafar - Bataille de Daumat-ul-Jandal - Bataille de Dibba - Bataille d'Al-Yamama - Bataille de Nujair

Coordonnées 24° 28′ 01″ nord, 40° 00′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Arabie saoudite
(Voir situation sur carte : Arabie saoudite)
Bataille de Dhu al-Qassah (ar) معركة ذو قِصّة

Cette bataille, composée de quatre confrontations[6],[7], est victorieuse pour le Califat Rachidun, marquant le début des Guerres d'apostasie[5], le retrait des rebelles apostats dans l'aire d'Abraq[1],[8],[note 4], et une consolidation de la légitimité d'Abou Bakr As-Siddiq dans son rôle nouveau de calife[5].

Contexte

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Situation suivant le décès du prophète Muhammad

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Après le décès du prophète de l'Islam, Muhammad, le 8 juin 632[9],[10], Abou Bakr As-Siddiq est désigné comme successeur pour diriger le nouvel état naissant[9]. Cependant, les tribus de la péninsule arabique, autrefois majoritairement soumises et musulmanes sous Muhammad à partir de 631[9],[note 5], abandonnent l'Islam à sa mort, expulsant les collecteurs de la Zakât[11], et provoquant une apostasie généralisée qui touche toutes les tribus de l'Arabie[12],[13], à l'exception notable des habitants de La Mecque, de Médine et des Banu Thaqif (en) de Taëf[12],[13]. Certains clans renient totalement la foi, tandis que d'autres sont divisés entre ceux qui abandonnent la croyance et ceux qui restent fidèles[12],[13],[note 6].

Deux prétendus prophètes, Tulayha ibn Khuwaylid (en) et Musaylama ibn Habib, ainsi qu'une fausse prophétesse, Sajah bint Al-Harith (en), alimentent cette apostasie[12]. Musaylama ibn Habib est déjà connu comme imposteur depuis longtemps, tandis que Tulayha ibn Khuwaylid commence à se proclamer prophète pendant la maladie de Muhammad[14],[12].

La principale menace pour Médine provient de Tulayha ibn Khuwaylid et des tribus d'Arabie centrale, occidentale et du nord qui le suivent.

Selon Agha Ali Ibrahim Akram ces tribus étaient les :
Banu Asad (en)[12],[15] Banu Ghatafan[12],[16],[17] Tayy[12],[18] Banu Hawāzin[12],[18]


Et selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari, ces tribus étaient :
Banu Asad (en)[12],[15] Tayy[12],[18]
Banu Hawāzin[12],[18] Banu Subay' (en)[15]

Déroulement

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Pré-bataille

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Selon Agha Ali Ibrahim Akram

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Dans son ouvrage Khalid Bin Al-Waleed Sword Of Allah[note 7], Agha Ali Ibrahim Akram relate qu'environ une semaine ou deux après le départ de l'armée d'Usama bin Zayd[12],[note 8], des délégués des apostats de Dhu al-Qassah[note 9] se rendent à Abou Bakr As-Siddiq à Médine[12],[15],[20],[21], et ils déclarent :

« Nous continuons à prier, mais nous ne payons plus l'impôt[12],[22],[note 10]. »

Cependant Abou Bakr As-Siddiq refuse cette proposition. Il répond avec fermeté :

« Par Allah, si vous retenez une seule once de ce qui vous est dû, je vous combattrai. Je vous accorde un jour pour donner votre réponse[12],[23],[22],[24],[note 11]. »

Le lendemain matin, avant l'expiration de l'ultimatum d'une journée, les émissaires quittent discrètement Médine, ce qui signifie un rejet des demandes d'Abou Bakr As-Siddiq[3],[15]. Peu après leur départ, Abou Bakr As-Siddiq envoie ses propres émissaires à toutes les tribus apostâtes, les exhortant à rester fidèles à l'islam et à continuer à payer leurs impôts, ce qui n'a pas l'effet escompté[3].

Les émissaires apostats de Dhu al-Qassah, observateurs et attentifs, remarquent avant de quitter Médine l'absence de combattants[3],[15],[25],[26]. À leur retour, ils rapportent à leurs compatriotes la conversation avec Abou Bakr As-Siddiq et la vulnérabilité apparente de Médine[3],[15],[25],[26], néanmoins, bien que l'armée principale d'Usama bin Zayd ne soit toujours pas revenue de son expédition, la ville n'est pas aussi sans défense que ne le pensent les apostats, car il reste encore de nombreux hommes valides, notamment du clan Banu Hâchim[note 12], qui sont restés pour pleurer leurs proches décédés[3].

Entre-temps, Tulayha ibn Khuwaylid (en), désormais à Samira (ar), renforce les apostats de Dhu al-Qassah avec un contingent dirigé par son frère Hibal ibn Khuwailid[3].

Après avoir entendu les rapports des émissaires, la tentation de détruire Médine, alors qu'elle est encore sans défense, devient trop grande pour les apostats[3],[15],[2]. Ils décident donc de marcher sur la ville[3],[27],[2],[26]. Depuis Dhu Husa[note 13], où les apostats établissent une base, une partie des forces de Dhu al-Qassah avance encore plus près de Médine et campe, se préparant à attaquer la ville[3],[27],[2],[26]. Nous sommes maintenant à la troisième semaine de juillet 632[3].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari

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Dans son ouvrage The History of al-Tabari Vol. 10: The Conquest of Arabia[note 14], Muhammad ibn Jarir al-Tabari relate qu'environ dix jours après le décès du prophète Muhammed[18], des délégations apostâtes des tribus des Banu Asad (en), renforcé par un contingent de Tulayha ibn Khuwaylid (en) dirigé par Hibal ibn Khuwailid[3],[15] ; Banu Ghatafan, Banu Hawāzin et des Tayy se rendirent auprès d'Abou Bakr As-Siddiq[18]. À leur arrivée à Médine, elles furent reçues par les chefs musulmans[18], à l'exception d'Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib[18]. Ces délégations proposèrent d'accomplir la prière rituelle tout en demandant à être exemptées de la zakât[18],[12],[22],[26]. Abou Bakr As-Siddiq rejeta cette proposition, en affirmant :

« S'ils me refusent ne serait-ce que le licol d'un chameau, je les combattrai pour cela[12],[23],[15],[note 15] »

Il émit un ultimatum[18],[3], accordant aux délégations un délai d'un jour et d'une nuit pour accepter ses conditions[18],[3],[note 16]. Après ce délai, les délégations, ayant refusé les conditions imposées[18],[3], retournèrent dans leurs tribus respectives[15],[3]. À leur retour, elles rapportèrent le faible nombre de défenseurs à Médine[15],[3],[26], suscitant ainsi la convoitise de la ville parmi leurs compatriotes et les incitant à engager des préparatifs pour l'attaquer[15],[3],[26].

Après avoir expulsé les délégations apostâtes[15], Abou Bakr As-Siddiq plaça des hommes pour surveiller les cols de montagne autour de Médine[27],[26], notamment Ali ibn Abi Talib, Zubayr ibn al-Awwam, Talha ibn Ubayd Allah, Abdullah ibn Masud[27],[28],[26], Khalid ibn al-Walid[26] et Abd ar-Rahmân ibn `Awf[26]. Il rassembla ensuite les habitants de Médine à la mosquée et leur déclara :

« Le pays est tombé dans l'incrédulité. Les membres de la délégation ont constaté que vous êtes en petit nombre et que vous pourriez être pris au dépourvu en cas d'attaque, que ce soit de jour ou de nuit. Les ennemis les plus proches ne sont qu'à une étape de vous. Ils espéraient que nous accepterions leurs demandes et que nous nous réconcilierions avec eux, mais nous avons rejeté leurs propositions et annulé leur traité. Préparez-vous donc[27]. »

En conséquence, les habitants se préparèrent[27],[26].

Bataille

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1re confrontation

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Selon Agha Ali Ibrahim Akram
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Abou Bakr As-Siddiq est informé de ce mouvement et entreprend immédiatement l'organisation de la défense de Médine[3]. Le calife rassemble une force de combat à partir de ces restes[7]. Ali ibn Abi Talib, Zubayr ibn al-Awwam, Talha ibn Ubayd Allah et Abdullah ibn Masud[28],[27], commandent désormais chacun une partie de la nouvelle armée[7].

Pendant trois jours, rien ne se produit. Les apostats, incertains par où commencer, n'entreprennent rien[28].

Abou Bakr As-Siddiq prend alors la décision, sur son ordre, de faire sortir les musulmans de Médine pour lancer une attaque rapide contre le camp avancé des apostats. Cette offensive réussie permet de repousser les apostats jusqu'à Dhu Husa[28].
Informés de ce succès, Abou Bakr As-Siddiq ordonne aux musulmans de rester sur place en attendant de nouvelles instructions[28].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari
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Moins de trois jours plus tard, les forces apostâtes lancèrent une attaque nocturne sur Médine, laissant la moitié de leurs hommes à Dhu Husa pour servir de réserve. Les cavaliers assaillants atteignirent les cols de montagne durant la nuit, où les combattants étaient déjà en position. Des éclaireurs à pied les précédèrent, alertant les défenseurs et envoyant un message à Abou Bakr As-Siddiq[27].

Abou Bakr As-Siddiq leur ordonna de tenir leurs positions, ce qu'ils firent, tandis que le calife se dirigea vers eux, menant les habitants de la mosquée, montés sur leurs chameaux de bât[note 17], les apostats, face à cette réponse, perdit sa détermination et fit demi-tour[27].

Selon Tamir Abu Suood Muhammad
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Dans son ouvrage Biographies of the Rightly Guided Caliphs[29] Tamir Abu Suood Muhammad relate qu'après trois jours, les rebelles apostats commencèrent à bouger activement dans le camp Dhu Husa. Les éclaireurs musulmans rapportèrent que les apostats prévoyaient d'attaquer Médine cette nuit-là. Abou Bakr As-Siddiq rassembla tous les hommes musulmans adultes dans la mosquée. Après la prière de Icha, ces hommes furent répartis en groupes pour monter la garde dans les différents quartiers de la ville. À la tête d'un contingent, Abou Bakr As-Siddiq prit position à un point stratégique en direction de Dhu Husa, d'où l'on s'attendait à ce que l'attaque survienne.

Les apostats lancèrent l'attaque à minuit, espérant prendre la ville par surprise. Convaincues qu'il n'y avait pas de force de combat à Médine, elles s'attendaient à ne rencontrer aucune résistance et envisageaient une victoire facile. Alors que les forces apostâtes avançaient dans l'obscurité de la nuit, le contingent d'Abou Bakr As-Siddiq se jeta sur elles, les prenant par surprise. De nombreux rebelles apostats seront tués au combat, tandis que les autres prirent la fuite dans une confusion totale jusqu'à Dhu Husa, où les musulmans les poursuivirent.

2e confrontation

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Selon Agha Ali Ibrahim Akram
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Le lendemain de cette première confrontation victorieuse par le Califat Rachidun, Abou Bakr As-Siddiq quitte Médine accompagné d'un grand nombre de chameaux de bât[note 18], car tous les chameaux de monte[note 19] ont été réquisitionnés pour l'Expédition d'Usama bin Zayd. À leur arrivée au camp abandonné des apostats, les musulmans qui les avaient expulsés montent sur les chameaux, et l'armée se dirige vers Dhu Husa, le camp de base des apostats[28].

Hibal ibn Khuwailid, anticipant l'approche des musulmans, fait preuve de ses compétences militaires en positionnant stratégiquement ses troupes derrière une pente, à une certaine distance de la base vers laquelle les musulmans avancent[28].

Les musulmans, montés sur leurs chameaux de bât, avancent sans méfiance, ignorant la présence des apostats embusqués derrière la pente[28]. Alors qu'ils approchent du sommet[28], les apostats surgissent et lancent de nombreuses peaux de chèvre remplies d'eau en direction des musulmans[19],[28]. Des bruits assourdissants résonnent parmi les rangs des apostats, certains tambourinant et hurlant[28]. Les chameaux de bât, non entraînés au combat et peu habitués aux bruits soudains ou aux objets inhabituels, paniquent et s'enfuient[19],[28]. Malgré les efforts des musulmans pour contrôler leurs montures, ils échouent[19],[28], et bientôt, toute la force musulmane se replie vers Médine[19],[28].

Hibal ibn Khuwailid, ayant repoussé les musulmans sans véritablement engager le combat, interprète leur retraite comme un signe de peur, sans comprendre que la panique des chameaux en est la véritable cause[6]. La partie de ses forces restant à Dhu al-Qassah est informée de ce succès et se prépare à avancer[6],[30]. Le même soir[6], la totalité des forces apostâtes avance et rétablit leur camp près de Médine, qu'ils avaient quitté la veille[6]. Le moral des apostats est renforcé par ce succès[6].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari
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Les musulmans poursuivirent les cavaliers apostats sur leurs chameaux de bât jusqu'à Dhu Husa[27], où les réserves ennemies surgirent avec des peaux de chèvre gonflées, attachées avec des cordes[31]. Ils les firent ensuite rouler avec leurs pieds en direction des chameaux[19],[28], chaque peau se déroulant dans sa longe[19]. Les chameaux de bât des musulmans, pris de panique comme jamais auparavant[19],[28], malgré les efforts des musulmans pour contrôler leurs montures, ils échouèrent[19],[28], et les ramenèrent jusqu'à Médine[19],[28]. Toutefois, aucun musulman ne fut éjecté ni blessé[19].

Les apostats, croyant que les musulmans étaient en position de faiblesse, envoyèrent des instructions aux troupes de Dhu al-Qassah, les incitant à avancer[30].

Face à cette situation, Abou Bakr As-Siddiq passa la nuit à réorganiser et à préparer son armée[30].

3e confrontation

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Selon Agha Ali Ibrahim Akram
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Les musulmans, furieux et déterminés à se venger, apprennent que les apostats sont retournés à leur camp près de Médine et décident de les attaquer avant qu'ils ne puissent finaliser leurs préparatifs de bataille. Sous les instructions d'Abou Bakr As-Siddiq, les musulmans passent la majeure partie de la nuit à réorganiser leur petite armée et à se préparer au combat[30],[1].

Pendant la dernière partie de la nuit, Abou Bakr As-Siddiq mène son armée hors de Médine et la déploie en formation d'assaut, avec un centre, deux ailes et une arrière-garde. Il garde le centre sous son commandement direct, place l'aile droite sous Al-Nu'man ibn Muqrin (en), l'aile gauche sous Abdullah ibn Muqrin, et l'arrière-garde sous Suwaid ibn Muqrin. Avant l'aube, l'armée avance vers le camp ennemi, où les apostats, confiants en une victoire facile le lendemain, dorment profondément. Cette fois, c'est Hibal ibn Khuwailid qui est pris par surprise[30],[1].

Avant que les premières lueurs de l'aube n'apparaissent, les musulmans lancent un assaut furieux sur le camp des apostats. Sans faire de quartier, ils tuent de nombreux ennemis[30],[1], tandis que la plupart des survivants prennent la fuite, ne s'arrêtant qu'à Dhu al-Qassah pour se reposer et se réorganiser[1].

Après cette attaque, le moral des apostats est considérablement affaibli. Abou Bakr As-Siddiq a opté pour une attaque surprise pour compenser son infériorité numérique, et cette stratégie s'est avérée un succès[1].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari
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Après avoir passer la majore partie de la nuit à réorganiser et préparer son armée. Abou Bakr As-Siddiq sortit en ordre de bataille dans la dernière partie de la nuit, avec Al-Nu'man ibn Muqrin (en) sur son flanc droit, Abdullah ibn Muqrin sur son flanc gauche, et Suwaid ibn Muqrin commandant les cavaliers à l'arrière[30],[1].

À l'aube, ils se retrouvèrent sur la même plaine que les apostats[30],[1]. Les musulmans avancèrent en silence, sans émettre un bruit, jusqu'à ce qu'ils attaquent les apostats à l'épée, les massacrant avant la fin de la nuit[30],[1]. Ainsi, avant que le premier rayon du soleil ne se lève[30], l'ennemi avait déjà tourné le dos aux musulmans et Hibal ibn Khuwailid fut tué[30].

Les musulmans s'empareront de tous leurs chameaux de selle[note 20] après la confrontation[30].

4e confrontation

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Selon Agha Ali Ibrahim Akram
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Après avoir remporté cette bataille, Abou Bakr As-Siddiq décide de ne laisser aucun répit à ses adversaires. Au lever du soleil, il dirige ses troupes vers Dhu al-Qassah[1].

Sur place, il réorganise son unité de combat de la même manière que la nuit précédente et lance une nouvelle attaque. Les apostats, avec un moral affaibli, opposent une résistance initiale avant de se replier vers Abraq, où d'autres membres des clans des Banu Ghatafan, des Banu Hawāzin et des Tayy se sont rassemblés[1].

Après la capture de Dhu al-Qassah[32],[1], Abou Bakr As-Siddiq envoie une petite force sous le commandement de Talha ibn Ubayd Allah pour poursuivre l'ennemi[1]. Talha ibn Ubayd Allah avance sur une courte distance et élimine quelques traînards[1], mais la taille réduite de son contingent limite ses capacités à infliger des pertes significatives aux apostats en retraite[1].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari
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Muhammad ibn Jarir al-Tabari ne relate pas les événements de la quatrième confrontation avec autant de détails que son homologue Agha Ali Ibrahim Akram. Cependant, il rapporte qu'Abu Bakr as-Siddiq poursuivit les apostats jusqu'à ce qu'il campe à Dhu al-Qassah, quartier général des rebelles apostats[32],[1].

Post-Bataille

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Selon Agha Ali Ibrahim Akram

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Dhu al-Qassah est occupée le 30 juillet 632[1],[note 21].
Abou Bakr As-Siddiq laisse Al-Nu'man ibn Muqrin (en) avec une unité pour occuper Dhu al-Qassah, tandis qu'avec le reste de son armée, il retourne à Médine[1],[33].
Le 2 août 632, l'armée d'Usama bin Zayd revient à Médine, mettant fin à la menace qui pèse sur la capitale de l'Islam[1].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari
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Abou Bakr As-Siddiq nomma Al-Nu'man ibn Muqrin (en) à la tête d'une partie des troupes à Dhu al-Qassah, puis retourna à Médine[33],[1].

Selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari, l'armée d'Usama bin Zayd revint entre 40 et 60 jours après son départ[34]. Son départ a été confirmé à la fin de Rabiʿ al-awwal[35], ce qui, en 632 apr. J.-C., correspondait à la fin juin. En ajoutant 40 à 60 jours, cela coïncide avec les récits d'Agha Ali Ibrahim Akram, qui situent le retour de l'armée d'Usama bin Zayd au 2 août 632[1].

Bilan & Conséquences

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La série de quatre confrontations au cours de cette bataille est marquée par des retournements stratégiques et des divergences dans les récits, bien que les issues des confrontations soient identiques.
En résumé : après une première victoire du Califat Rachidun, une tentative ultérieure échoue en raison d'une ruse habile des apostats. Cependant, Abou Bakr As-Siddiq parvient à mener une attaque nocturne réussie. Tirant parti de ce succès, la quatrième confrontation, dirigée par Abou Bakr As-Siddiq, aboutit à la retraite des rebelles apostats de Dhu al-Qassah dans l'aire d'Abraq.

Conséquences

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Une des conséquences de la bataille de Dhu al-Qassah est que les rebelles apostats[33],[36],[note 22], en représailles à leur défaite, attaquent les musulmans présents parmi eux et les massacrent[33],[36].
Abou Bakr As-Siddiq jure qu'en représailles pour chaque musulman tué, il éliminera dans chaque tribu un nombre équivalent, voire supérieur, de rebelles apostats[33],[36].

Une autre conséquence majeure de la bataille est qu'elle clarifie les positions des tribus neutres[2]. De nombreuses tribus envoient des délégations à Médine, prêtent allégeance aux autorités et paient la Zakât[2],[36],[37], tandis que les tribus opposées à l'Islam déclarent ouvertement leur apostasie[2]. La situation est ainsi clairement définie[2].
La zakât commence à arriver à Médine la nuit[37], apportée successivement par Safwan bin Safwan ibn Tamimi[37], puis Al-Zabarqan Bin Badr (ar)[37], et enfin Addy ibn Hatim[37]. Safwan bin Safwan ibn Tamimi arrive au début de la nuit[37], Al-Zabarqan Bin Badr (ar) au milieu de celle-ci[37], et Addy ibn Hatim à la fin[37]. À chaque apparition, les gens s'exclament :

« Il apporte un avertissement à propos de l'ennemi[37] ! »

Mais Abou Bakr As-Siddiq répond :

« C'est un porteur de bonnes nouvelles, c'est un protecteur, non pas quelqu'un épuisé par l'urgence[37]. »

Après avoir entendu la bonne nouvelle, ils déclarent :

« Longue vie aux bonnes nouvelles que tu annonces[37] ! »

Cette victoire d'Abou Bakr As-Siddiq et de son tout récent califat revêt une importance symbolique majeure à plusieurs niveaux : Il s'agit de sa première bataille en tant que calife[2], qui de plus est victorieuse[2] ; elle marque le début des Guerres d'apostasie[2], consolide sa position en tant que calife[2], et renforce sa légitimité parmi les musulmans au sein du Califat Rachidun pour poursuivre les Guerres d'apostasie[2].

Notes et références

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  1. Le lieu de la bataille n'est pas unique, car celle-ci s'est passé à Médine, Dhu Husa et Dhu al-Qassah.
  2. Selon Agha Ali Ibrahim Akram, Hibal ibn Khuwailid n'est pas mort au combat dans cette bataille mais, selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari, Hibal ibn Khuwailid est mort au combat.
  3. Frère de Tulayha ibn Khuwaylid (en).
  4. Lieu affilié à la tribu des Banu Dhubyan (en) dans la région de Nadjd en Arabie saoudite, et est maintenant un promontoire rocheux et abrupt à 8 km au nord d'Al Hinakiyah (en).
  5. L'Année des Délégations, en 631, marque l'apogée du pouvoir du Muhammad. Les soixante-dix tribus qui ont noué un accord avec lui envoient à Médine des émissaires pour confirmer leur sujétion.
  6. Muhammad ibn Jarir al-Tabari dit à ce sujet, pour être plus précis, dans son livre (The History of al-Tabari Volume 10 : The Conquest of Arabia), page 69 :

    « Les gens ordinaires de Tayy et des Asad (en) se sont rassemblés autour de Tulayha ibn Khuwaylid (en), tandis que Ghatafan a apostasié, à l'exception de ceux d'Ashja' (ar) et des leaders de groupes d'origines mixtes, et ils lui ont prêté allégeance. Les Banu Hawāzin sont restés ambivalents, retenant le paiement de la zakât, sauf pour ceux de Thaqif (en) et leur groupe. La majorité de Jadilah (en) et des groupes faibles les ont suivis. Quelques membres des Banu Sulaym ont apostasié, tout comme le reste des gens en divers endroits. »

  7. Khalid Bin Al-Waleed Sword Of Allah par A. I. Akram - 2009
  8. cf. l'expédition d'Usama bin Zayd.
  9. La concentration d'apostats la plus proche de Médine se trouve dans l'aire de Dhu al-Qassah, à environ 36 km à l'est de Médine.
  10. L'impôt ici, parle de la zakât.
  11. Les paroles exactes dites par Abou Bakr As-Siddiq sont à ce jour encore incertaines, mais le sens en reste le même qu'importe la source.
  12. Clan de Muhammad.
  13. Selon Yaqout al-Rumi, Dhu Husa se trouve à environ 160 km à l'est de Médine, juste à l'ouest d'Al-Rabadha (en).
  14. The History of al-Tabari Vol. 10: The Conquest of Arabia: The Riddah Wars A.D. 632-633/A.H. par Muhammad ibn Jarir al-Tabari - 1993
  15. Le licol était porté par les chameaux, qui, à cette époque, constituaient le principal moyen d'acheminer la zâkat. Dans certains cas, les chameaux eux-mêmes étaient directement considérés comme la zâkat, et il était exigé que les licols accompagnant les chameaux soient donnés en paiement. Le mot en est venu aussi à signifier, par extension, une année de zâkat elle-même.
  16. Accomplir la prière rituelle, tout en payant la zakât.
  17. Ces chameaux sont utilisés pour le transport de marchandises et, selon Muhammad ibn Jarir al-Tabari, les chameaux en questions étaient plus précisément utilisés pour le transport d'eau.
  18. Utilisés pour le transport de marchandises.
  19. Utilisés pour le transport de personnes.
  20. Ou chameaux de monte, utilisés pour le transport de personnes.
  21. 8 Joumada al-oula en 11 apr. J.-C.
  22. Muhammad ibn Jarir al-Tabari identifie les rebelles apostats comme les Banu Dhubyan (en) et les Banu Abs. Il affirme également que "leurs partisans font de même". Bien qu'aucune information complémentaire ne précise l'identité de ces partisans, il est probable qu'il s'agisse de ceux ayant participé à la bataille (cf. tableau dans la section "Contexte" et, page 76, dans son ouvrage The History of al-Tabari Volume 10 : The Conquest of Arabia).
    Agha Ali Ibrahim Akram, de son côté, ne mentionne pas de tribus spécifiques.

Références

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  2. a b c d e f g h i j k l m et n Biography of Khalifa Abu Bakr Siddiq par Supremeseerah Publisher - 2023 / Page 63
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Khalid Bin Al-Waleed Sword Of Allah par A. I. Akram - 2009 / Page 85
  4. Ansar's Role in the Suppression of Apostates in the Era of Caliphate of Abu Bakr par Ebrahim Khorasani Parizi - 2011 / Page 1
  5. a b c et d Biography of Khalifa Abu Bakr Siddiq par Supremeseerah Publisher - 2023 / Page 64
  6. a b c d e et f Biography of Khalifa Abu Bakr Siddiq par Supremeseerah Publisher - 2023 / Page 63 & 64
  7. a b et c Khalid Bin Al-Waleed Sword Of Allah par A. I. Akram - 2009 / Page 86 & 87
  8. Biography of Khalifa Abu Bakr Siddiq par Supremeseerah Publisher - 2023 / Page 65
  9. a b et c Treasures of Islam par Philip Bamborough - 1976 / Page 14
  10. The Arabs par Hodgkin E.C - 1966 / Page 28
  11. a b et c The Great Arab Conquests par Hugh Kennedy - 2008 / Page 108
  12. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Khalid Bin Al-Waleed Sword Of Allah par A. I. Akram - 2009 / Page 84
  13. a b et c The History of al-Tabari Vol. 10: The Conquest of Arabia: The Riddah Wars A.D. 632-633/A.H. par Muhammad ibn Jarir al-Tabari - 1993 / Page 69
  14. Les derniers jours de Muhammad par Hela Ouardi / Page 40 & 41
  15. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r The History of al-Tabari Vol. 10: The Conquest of Arabia: The Riddah Wars A.D. 632-633/A.H. par Muhammad ibn Jarir al-Tabari - 1993 / Page 72
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  17. a b c et d The History of al-Tabari Vol. 10: The Conquest of Arabia: The Riddah Wars A.D. 632-633/A.H. par Muhammad ibn Jarir al-Tabari - 1993 / Page 70
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Sources

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Bibliographie

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Liens externes

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  • (en) Ebrahim Khorasani Parizi, Ansar's Role in the Suppression of Apostates in the Era of Caliphate of Abu Bakr, Iran, Department of History, Faculty of Literature and Humanities, Baft Branch, Islamic Azad University, Baft, , 10 p. (ISSN 2090-4304, lire en ligne)
  • (en) Supremeseerah Publisher, Biography of Khalifa Abu Bakr Siddiq, , 180 p. (lire en ligne)
  • (en) Hugh Kennedy, The Great Arab Conquests : How the Spread of Islam Changed the World We Live In, Da Capo Press, , 421 p. (ISBN 978-0306817403), (ISBN 0306817403) [lire en ligne]

Liens internes

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