Article 9 de la constitution japonaise

article de la Constitution japonaise

L'article 9 de la constitution japonaise, votée le , sous l'occupation américaine, et entrée en vigueur le , postule que le Japon renonce à la guerre. Cet article a fait couler beaucoup d'encre depuis chez les personnalités politiques japonaises, les journalistes et l'ensemble de la société.

Description modifier

Cet article dispose que le Japon renonce à jamais à la guerre :

« Chapitre II. Renonciation à la guerre

Article 9. Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.

Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu. »

Histoire modifier

Ce serait Kijūrō Shidehara, alors Premier ministre du Japon, qui aurait présenté l'idée pour la première fois à Douglas MacArthur lors d'une réunion le . Il est possible qu'il se soit inspiré d'une lettre de Toshio Shiratori, ancien ambassadeur du Japon en Italie et qui attendait son procès pour crime de guerre, à Shigeru Yoshida, alors ministre, qu'il lui a transféré le 20 janvier[1].

Le 4 février, Courtney Whitney, chef de la section gouvernementale du commandement suprême des forces alliées, transmet à ses subordonnés les dispositions de MacArthur, qui comprennent le renoncement à la guerre en tant que droit souverain de la nation[1].

Cette partie du projet ainsi que le nouveau statut de l'empereur sont sujets à controverse côté japonais, mais sont finalement approuvés par l'empereur le 22 février[1].

Débat modifier

La question en suspens reste de savoir ce qu'il en est de la défense. En effet, certains interprètent cet article comme interdisant totalement au Japon de maintenir une force armée, les Forces japonaises d'autodéfense (ou FAD) constituant donc une violation de cet article. Pour d'autres, l'article n'interdit pas le maintien d'une FAD, tant qu'elle n'est pas utilisée pour l'attaque. À cela vient s'ajouter le fait de savoir si cette FAD est à même de constituer un potentiel de guerre. Jusqu'à peu, la FAD relevait du ministère des Affaires intérieures ; ce n'est qu'en 2007 qu'elle s'est vu confier un ministère de la Défense.

Les débats ont été ravivés lors des interventions sous mandat de l'ONU. En effet, soutenir une offensive, affirmaient certains, était équivalent à faire la guerre, et donc interdit par l'article 9. Un autre problème majeur se posait en cas d'attaque contre les forces japonaises : pouvaient-elles légitimement contre-attaquer, alors qu'elles ne défendaient pas le territoire japonais lui-même ?

Ces débats se sont renouvelés à l'occasion de la participation de troupes japonaises à la coalition présente en Irak, à la suite de la deuxième guerre du Golfe. Ces troupes ont été envoyées à Samawa, dans le sud de l'Irak, du à , se chargeant principalement de traitement de l'eau.

La montée en puissance du lobby ouvertement révisionniste Nippon Kaigi a considérablement renforcé la pression sur la Constitution et en particulier cet article[2]. Créé en 1997, ce lobby constitue une force dominante dans la politique japonaise aujourd'hui[Quand ?] : En 2014 y étaient affiliés 289 des 710 membres de la Diète, et 15 des 19 membres du gouvernement, dont le premier ministre Shinzō Abe lui-même.

La loi japonaise de 2015 sur les Forces japonaises d'autodéfense inclut une clause dite d'autodéfense collective, en vertu de laquelle les forces d'autodéfense peuvent intervenir pour protéger un pays ami en difficulté dans un conflit, sans qu'il y ait une menace directe sur le territoire du Japon. Cette clause élargit ainsi l'interprétation de l’article 9.

Le médecin et intellectuel Shūichi Katō et le récipiendaire du Prix Nobel de littérature, Kenzaburō Ōe ont fondé en 2004 une association de défense de la Constitution pacifiste du Japon[3].

Notes et références modifier

  1. a b et c Vassili Molodiakov, « Qui est réellement l'auteur de l'article 9 de la Constitution du Japon ? », Une Constitution inchangée depuis 1946, (consulté le ).
  2. Politics and pitfalls of Japan Ethnography, Routledge, le 18 juin 2009, édité par Jennifer Robertson, page 66
  3. Philippe Pons et Pierre-François Souyri, « Shuichi Kato, intellectuel japonais, pacifiste et antinationaliste », Le Monde.fr,‎ , p. 21 (lire en ligne  , consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Filmographie modifier

  • Le Japon, l'empereur et l'armée, film documentaire écrit et réalisé par Kenichi Watanabe, 2009, édition DVD, Arte.