Anne-Marie Budes de Guébriant

Anne-Marie Budes de Guébriant
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 23 ans)
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Blason

Anne-Marie Budes de Guébriant ou Anne-Marie-Jeanne-Angélique Budes de Guébriant ( à Rennes[A 1] - [B 1],[A 2] à Rennes[1]) est une noble bretonne.

Elle est à l'origine de la fondation de l'ancien couvent de la Retraite à Rennes. Elle était pensionnaire puis religieuse au couvent de la Visitation de Rennes.

Biographie modifier

Elle est la fille de Jean Budes, conseiller au Parlement[2], et de Jeanne Brandin de Belhair[B 1], devenue Jeanne Budes, issue d'une vieille famille de parlementaires[3]. Elle est la petite-nièce du neveu du maréchal de Guébriant[4]. Sa mère devenue veuve très jeune, confia Anne-Marie âgée de 5 ans au couvent de la Visitation comme pensionnaire, pour qu'elle y soit éduquée.

Il est dit d'elle qu'« au moment des projets de mariage, elle eut la vision d'un ange venant du ciel percer son cœur que Dieu voulait se réserver. »[3]

Elle avait le projet d'établir un Institut pour l'instruction des filles pauvres. Mais craignant de mourir avant d'avoir pu la fonder, elle légua par testament des sommes pour fonder un couvent de la Retraite. Selon dom Morice, l'objectif était d'accueillir les calvinistes converties pour les instruire et les abriter[4]. Anne-Marie tomba malade, et la mère supérieure du couvent de la Visitation accepta de la laisser prononcer ses vœux. Anne-Marie Budes de Guébriant mourut deux jours plus tard au monastère du Colombier[B 1], à l'âge de 23 ans en présence de sa mère[3].

Fondation posthume du couvent modifier

Anne-Marie Budes avait fondé le couvent par testament. C'est sa mère, madame Budes, qui deux ans plus tard (en 1676) concrétisa la fondation de sa fille en édifiant ce couvent[5], souvent appelé « petit séminaire » de Rennes[Note 1],[B 2]. Elle fonda en même temps les petites écoles de l'association des « Filles de la Sainte Vierge », dites « les Dames Budes »[B 2],[6], du nom de leur fondatrice[7], Jeanne Budes. L'association eut comme vocation l'éducation et l'encadrement de femmes. Une lettre patente de Louis xiv l'approuve en 1678[8]. Il s'y joignait l'œuvre des retraites féminines, d'où leur autre nom de dames de la Retraite[B 3]. Les jésuites y assurèrent d'abord les prédications[B 3], mais furent remplacés à partir de 1698 par les eudistes qui dirigèrent le petit séminaire, prenant la succession de Julien Bellier (prêtre qui influença notamment Louis-Marie Grignion de Montfort et Claude Poullart des Places)[Note 2]. Des prêtres de la ville étaient aussi désignés pour donner des instructions : l'abbé Boursoul avait été directeur ecclésiastique de la maison. Adelaïde de Cicé y suivit plusieurs retraites[B 4].

Madame Budes, mère de Anne-Marie, se donna à l'établissement de la communauté de la Retraite[1]. Elle fit édifier une chapelle en 1682. C'est cette même année que les Filles de la Sainte Vierge s'installèrent dans une maison de la rue de Toussaints[8]. Un portrait en l'hommage de la bienfaitrice madame Budes est classé monument historique[9] et porte en mention sa date de décès : 1683[9],[B 1].

« La fondation porte également la marque d’une spiritualité centrée sur l’amour divin et commune à François de Sales et aux jésuites : en témoignent les trois tableaux du XVIIe siècle conservés dans la chapelle de la Retraite de la rue Saint-Hélier, en particulier celui d’Anne-Marie Budes sur son lit de mort. [...] Les Dames Budes ne portent pas non plus de costume religieux : leurs statuts prescrivent des habits « comme ceux des plus modestes du siècle, samblables les uns aux autres[10] », proches sans doute de la tenue noire de Mme Budes sur le portrait de la Retraite. »[A 3] Elles ne vivent pas en clôture.

Les religieuses quittent en 1760 l'ancien couvent qui était rue du Pré-Botté, près de la place des Ponts-Neufs qui est frappée par l'alignement de la ville selon le plan de Robelin, pour un établissement neuf, construit en 1758 sur un terrain de la rue Saint-Hélier[8] que la ville leur offrait en compensation[B 1]. Elles en seront expulsées en 1792. Après le départ des religieuses, l'édifice est transformé en filature puis en dépôt de mendicité et de prostituées entre 1792 et 1825[8]. Elles se réinstallèrent vers 1821[3].

Le couvent de la Retraite est à l'origine de la Fraternité Notre-Dame de Rennes. Cette Fraternité fusionne en 1989 (décret émis le ) avec l'institut appelé "sœurs du Sacré-Cœur de Jésus"[1]. L'édifice abrite de nos jours une clinique et une maison de retraite, et la fondation religieuse, rattachée aux sœurs du Sacré-Cœur de Jésus, n'en occupe qu'une petite partie[8].

Voir aussi modifier

Portraits d'Anne-Marie Budes modifier

En 1890, une supérieure de la communauté de la Retraite découvre une circulaire racontant la vie d'Anne-Marie Budes, ainsi que 3 tableaux qui avaient été roulés au moment de l'expulsion du couvent un siècle plus tôt (un qui représente Jeanne Budes, mère de Anne-Marie, et deux qui représentent Anne-Marie). Elle les fait restaurer et entreprend de retrouver le corps de la sœur Anne-Marie. Son corps est désormais enterré dans la chapelle de la rue Saint-Hélier[3].

Deux tableaux venant de l'ancien couvent de la Retraite de Rennes (de nos jours clinique Saint-Hélier[3]) représentant Anne-marie sont inscrits "Monuments historiques" dans la base Palissy :

Voire les photographies de ces tableaux (et le troisième : “Jeanne Brandin, douairière de Budes” inscrit "Monument historique"[9]) p.88 de cet article de Georges Provost.

Bibliographie modifier

  • Fonds des Sœurs de la Fraternité Notre-Dame de Rennes : fonds Clos. CFDN. Une partie des Archives a été remise à la ville de Rennes. (La partie déposée à la Maison Mère de Saint-Jacut n'a pas d'inventaire, sauf une description sommaire sur chaque boîte. 7,50 ml, 1676-1990)[11].
  • Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, Série H ; 34 H (1 à 4)[8].
  • Cf. section Références documentaires dans : Couvent des Dames Budes de patrimoine.region-bretagne.fr
  • Retraite de Vennes, ou la façon dont la Retraite des hommes se fait dans Vennes, sous la conduite des Pères Jesuites, & les grands biens que Dieu opère par elle, Vannes, Galles, 1678.
  • Les Filles de la Sainte Vierge à Rennes depuis leur fondation jusqu'à nos jours, Édouard Frain de la Gaulayrie, Rennes, 1877[12].
  • Les Dames Budes. Annales de la maison de retraite de Rennes (Filles de la Sainte Vierge), Comte de Palys, Rennes, J. Plihon et L. Hervé, 1891, in-8, 234p.
  • Georges Provost, « Les “maisons de retraite” dans les diocèses de Rennes, Dol et Saint-Malo (fin XVIIe-XVIIIe siècle) », Bulletin et Mémoires de la SAHIV, t. CXIV, 2010, p.83-107. Lire en ligne Lire en particulier la section “De Vannes à Rennes” p.86-90.

Lien(s) externe(s) modifier

Articles connexes modifier

En lien avec la fondation des Maisons de la Retraite :

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Un « petit » séminaire, sous l'Ancien Régime, reçoit les « pauvres clercs ». Les élèves peu fortunés y demeurent tout le temps nécessaire à leur formation cléricale. À Rennes, ils suivaient les cours du collège des jésuites, et pouvaient être une centaine dans les années 1730[B 2].
  2. Voir Ordonnance de Mgr l'évêque de Rennes pour l'établissement d'un second séminaire pour les pauvres écoliers et clercs originaires de son diocèse, Rennes, 1709[B 2].

Références modifier

  1. a b et c http://www.soeursdusacrecoeurdejesus.com/Faire-Memoire.html : Site des sœurs du Sacré-Cœur de Jésus.
  2. Colette Cosnier et Dominique Irvoas-Dantec, Parcours de femmes à Rennes, Rennes, Ed. Apogée, , 175 p. (ISBN 978-2-84398-096-1, BNF 37710879, lire en ligne) Voir Page sur Google Book
  3. a b c d e et f « Notice biographique », notice no PM35000999, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  4. a et b « Dames Budes », dans Hyacinthe Morice et François Marie Tresvaux, L'église de Bretagne ou histoire des sièges épiscopaux..., Paris, Méquignon, 1839, p. 627.
  5. B. Pocquet du Haut-Jussé, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au XVIIe et au XVIIIe siècles, p. 24, 1916
  6. Charles Molette, Guide des sources de l'histoire des congrégations féminines françaises de vie active, Éditions de Paris, 1974, p. 116 et 215.
  7. Abbé Trésvaux, L'Ami de la religion,L'église de Bretagne depuis ses commencements jusqu'à nos jours, vol. 109, p. 548, Éd. A. Le Clere, 1841
  8. a b c d e et f Couvent des Dames Budes, dit séminaire des Filles de la Sainte-Vierge ou des Dames de la retraite
  9. a b et c (« Tableau : Dame Jeanne Brandin », notice no PM35001001, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture)
  10. statuts du Séminaire de la Sainte Vierge, partie II, 9e article.
  11. Association des Archivistes de l'Église de France, « Annuaire des archives pour la Congrégation des Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Jacut », sur Association des Archivistes de l'Église de France.
  12. D'autres sources donnent le titre : Les Filles de la Sainte Vierge (Dames Budes), depuis leur fondation jusqu'à nos jours.

Références bibliographiques modifier

  • Georges Provost, « Les “maisons de retraite” dans les diocèses de Rennes, Dol et Saint-Malo (fin XVIIe-XVIIIe siècle) », Bulletin et Mémoires de la SAHIV, t. CXIV, 2010, p.83-107.
  1. Date à lire sur l'“Illustration 2. Anne Marie Budes en costume de Visitandine, XVIIe siècle” p. 88.
  2. Date à lire sur l'“Illustration 4. Anne Marie Budes sur son lit de mort, huile sur toile, XVIIe siècle” p. 88. Le tableau précise même : « le vendredi à 10h du matin ».
  3. p. 86-90.
  • André Rayez, Formes modernes de vie consacrée, Editions Beauchesne, coll. « Bibliothèque de spiritualité » (no 5), , 458 p. (lire en ligne)
  1. a b c d et e p. 196
  2. a b c et d p. 138
  3. a et b p. 198
  4. p. 199