Amanishakhéto

reine nubienne
Amanishakhéto
Fonction
Reine de Koush
années 30-années 20 av. J.-C.
Titre de noblesse
Candace
Biographie
Sépulture
Activité
Prononciation
La pyramide d'Amanishakéto avant sa destruction par les pillards.

La reine candace Amanishakhéto (parfois orthographié Amanishakhété) serait née aux environs des années 35 à 20 av. J.-C. Elle serait la fille de la reine Amanirenas, (ou d'une noble dame au nom lacunaire de « Ar(...)tḫwit »), et l'épouse d'un frère à qui elle a survécu. Son nom signifie « Amon l'a conçue ». Sa succession est assurée par Nawidémak, puis, plus tard, Amanitore, l'une desquelles est mentionnée dans la Bible (Actes des Apôtres 8.27). Elle ne ferait qu'un avec la reine Shanakdakhété. Le règne d'un roi, probablement Amanakhabalé, s'est peut-être intercalé entre le sien et celui de Nawidémak.

Règne modifier

Le terme « Candace » renvoie, dans le royaume de Méroé, aux mères d'un roi. Lorsqu'un roi mourait, il n'était pas rare que sa mère lui succède. Les Candaces officiaient également en tant que régente sous le règne de leur fils. Le prince Akinidad, fils de la Candace Amanirenas, ne lui succède pourtant pas et ne deviendra jamais Qore (roi).

Pour une raison obscure, c'est Amanishakhéto qui devient Qore et Candace. Akinidad, peut-être son fils, son frère et/ou son époux, voire un individu hors de la lignée royale, n'occupe que les fonctions de pqr (prince) et de peseto (vice-roi). Il s'illustre toutefois dans le conflit qui oppose Méroé à Rome, en qualité de général.

Entre les années 28 et 21 av. J.-C., le Romain Auguste décide d'expédier en Nubie des légions, déjà postées en Égypte. Les Nubiens de Haute-Égypte se révoltent, renversant les monuments officiels, y compris les statues récemment érigées par Auguste lui-même. La tête de l'une d'elles, un bronze d'Auguste, est séparée de son corps et portée à Méroé, où elle est intentionnellement enterrée sous le seuil d'un des temples, de sorte que chaque fois qu'un Méroïte entre et sort, il piétine symboliquement la tête de leur ennemi.

On pense qu'Amanirenas a régné pendant cette période. Apparemment, elle partageait la puissance avec Akinidad, lequel a continué à régner après la succession d'Amanirenas à Amanishakhéto. Celle-ci refuse de se soumettre à Auguste et harcèle les légions romaines.

En 24 av. J.-C., elle ordonne une incursion en Égypte et envoie ses troupes en Thébaïde piller l’île de Philæ. Une armée de 30 000 Nubiens et Axoumites anéantit trois cohortes romaines en garnison à Syène[1], pillant toutes les villes sur son passage jusqu'à Éléphantine. Le préfet romain Gaius Petronius contre-attaque, mais la conquête de la Nubie par les Romains est stoppée par la reine.

Un traité est conclu à l'avantage des Nubiens par les ambassadeurs d'Amanishakhéto avec l'empereur Auguste à Samos en 21 av. J.-C. La frontière est fixée à Maharraqa et à dater de cette époque, les deux empires entretiennent des relations commerciales florissantes. Par la suite, le royaume de Méroé prospère encore durant quelque deux cents ans[2].

Amanishakhéto a vraisemblablement eu un fils dont on ignore le nom ; en témoignent les chatons sur ses bagues. Ce fils, qui ne lui a sans doute pas survécu, devait, comme pour les autres Candaces, légitimer son accession au trône en qualité de souveraine absolue.

Sépulture modifier

 
Bijoux de la reine Amanishakéto.

Amanishakhéto possède richesse et puissance, vu la pyramide[note 1] où elle est enterrée et les trésors qui l'entourent dans sa mort. C'est à Méroé que se trouve sa résidence, ainsi que plusieurs temples. Découvert en 1832 par l'explorateur italien Giuseppe Ferlini, son palais en brique est un des plus grands identifiés jusqu'à présent ; il mesure environ 61 mètres de longueur et couvre un domaine d'environ 3 700 mètres carrés. Le rez-de-chaussée comporte plus de soixante pièces. Un bas-relief la représente avec un arc, dominant une armée d'esclaves[2].

En 1839, les bijoux de la reine sont vendus au roi Louis Ier de Bavière[2].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La pyramide d'Amanishakéto porte le numéro N6 parmi les pyramides de Méroé.

Références modifier

  1. Jolly 1996, p. 64.
  2. a b et c Noyoux 2021, p. 80-87.

Bibliographie modifier

Article connexe modifier